Bonjour Kimono
Le combat ordinaire raconte la vie de Marco, un photographe professionnel couvrant les conflits mondiaux. Lassé de toutes les horreurs, il part se ressourcer dans la campagne lyonnaise et y fait la connaissance d’Émilie, une vétérinaire locale, et de son voisin, un ancien soldat qui manifestement a traversé beaucoup d'épreuves durant la Guerre d'Algérie. En même temps, le jeune homme renoue avec ses parents et ses amis de jeunesse, tous employés des chantiers navals de Marseille. Alors que Marco reconstruit sa vie avec Émilie, il décide de couvrir la fermeture des ateliers, plombés par la concurrence asiatique.
Dit comme cela, la BD semble plutôt politique ou biographique. Autobiographique d'ailleurs car Marco, comme beaucoup des héros de Larcenet, emprunte beaucoup à son créateur.
Mais là n'est pas le propos de l'auteur. La BD vaut surtout par son ton. Le scénariste s’attache, avec un ton doux-amer, presque philosophique, à décrire la vie. Dans ce qu'elle a de beau, de tendre mais aussi d'âpre et de triste. Le cycle est poignant. Si vous souhaitez éviter la partie politiquement engagée (à gauche) de l’œuvre, je conseille le tome 3, Ce qui est précieux, l'opus le plus bouleversant et le plus poignant de la série. Bien que connecté aux autres tomes, il peut se lire indépendamment. .
Le graphisme diffère profondément de celui de Blast, du Rapport Brodeck ou de La Route. Larcenet, dessinateur perfectionniste s'il en est, pousse toujours plus loin les limites et explore en permanence de nouveaux domaines. Avec Le Combat ordinaire, le lecteur découvre un dessin de "jeunesse" plutôt paisible, plutôt classique, même si on y retrouve les célèbres gros nez de l'auteur.
Eléanore