J'ai découvert Larcenet avec
Le combat ordinaire, une très belle œuvre engagée, et en même temps remplie d'humanisme et soucieuse de réconciliation. Déjà l'auteur s'y met en scène.
Puis, ce fut le rire, la légèreté et la poésie du
Retour à la terre. Et le dessinateur, volontairement ou sur une idée de Ferri (?), est aussi présent dans cette BD.
Et bien évidemment, le créateur est de nouveau le héros de sa nouvelle série
Thérapie de groupe.
On pourrait même aller plus loin car Larcenet a pris l'habitude de d’auto-caricaturer avec un gros nez, une protubérance monstrueuse qui, dans un tout autre registre, caractérise l’anti-héros de
Blast. Du coup, on pourrait même s'interroger sur une loitaine parenté entre Polza...
Diderot souligne dans son
Paradoxe du comédien que le meilleur acteur est celui qui établit la plus grande distance entre son personnage et sa propre vie. Et je confie être gêné par cette omniprésence de Larcenet dans son œuvre. Certes, à l'instar d'un Fabcaro, l’autodérision est de mise. Mais je m'interroge sur cet égocentrisme monomaniaque.
Après, ce volume 3 de
Thérapie de groupe se veut humoristique. Le défi est-il atteint ? Je ne le crois pas. La BD est trop verbeuse et aucune des deux parties, celle relative à la contemplation et celle relative à la BD-reportage ne rattrape l'autre. L'auteur, peut être à l'instar de Blaise Pascal (toutes proportions gardées) nous fait part de ses pensées, dans une logorrhée verbale sans fin. Le scénario est absent et nous ne faisons que suivre la vie d'un bédéaste et de sa famille durant quelques mois. De plus, les critiques au vitriol des chaînes d’information en continu, de la presse à scandale et du monde de la BD détonnent. La démarche est certes méritante et justifiée mais le format et le lieu me semblent inadaptés.
Au final, l'humour, pourtant clairement visé, disparaît derrière un intellectualisme omniprésent et envahissant.
Heureusement le graphisme sauve un tant soit peu l’œuvre. Avec le talent fou qu'on lui connaît, Larcenet navigue entre la peinture antique égyptienne, les mandalas tibétaines, la
Cène de Vinci (les apôtres étant incarnés par des personnages de BD ! ), les paysages de Van Gogh, le style Fabcaro et les pages denses à la manière de
Où est Charlie. Et il ne faut pas oublier la peinture car Larcenet nous offre un un magnifique et fort réaliste portrait.
Dans cette encyclopédie picturale, les couleurs jouent leur rôle et nous avons aussi droit à quelques pages en noir et blanc.
Pour reprendre l'échelle de notation d'Eléanore, ce sera donc
EE.