Parlons un peu de
Blast. Le 1er tome était paru l'année dernière et il avait eu un certain retentissement.
De quoi s'agit-il ? Au départ, il y a une énigme policière. Un individu laid et obèse est interrogé dans un poste de police. Il se nomme Polza Mancini et les policiers cherchent à comprendre pourquoi il a assassiné une jeune femme. L'accusé reconnait sans détour son crime, mais lorsqu'on le somme d'expliquer son geste, il se met à raconter toute son histoire depuis le début. Le récit démarre donc un peu à la manière du célèbre film "
Garde à vue", qui montrait un face à face passionnant entre l'accusé Michel Serrault et le policier Lino Ventura.
Comme beaucoup de lecteurs, j'avais été séduit par la densité de ce premier tome, qui associait une énigme policière, une investigation psychologique et un essai de renouvellement graphique. En effet, pour illustrer cette histoire tristement morbide, Larcenet adopte un style grossièrement relâché, qui saisit l'instantané du croquis. Il refuse de purifier son trait ou de clarifier la forme, et pose sur une seule page deux ou trois images qui semblent parfois griffonnées avec raffinement.
J'attendais avec impatience la sortie du tome 2, et voilà qu'il est arrivé depuis 2 ou 3 semaines sur les rayonnages des librairies. Est-il à la hauteur du premier volume ?
Bien sûr, ce nouvel album continue d'explorer le monologue de Polza qui raconte sa déchéance. Il décrit en particulier un état hallucinatoire intermittent que Polza appelle le "blast", et qui ressemble à l'effet de flash que peuvent induire certaines drogues intraveineuses. En cherchant à tout prix à revivre cet état d'extase, le personnage abandonne son domicile et devient un clochard, puis un toxicomane. Le scénario du second livre se résume ainsi à l'histoire d'une déglingue.
Il me faut bien l'avouer, le récit de cette longue errance dans un monde hostile n'est pas très réjouissant à lire. J'apprécie l'effort que fait Larcenet pour expliquer comment on devient un clochard, puis un meurtrier, mais ce deuxième tome s'installe tout de même dans une histoire assez monotone. De plus, je n'éprouve pas un grand attrait pour cette logique de la déchéance. Cependant, il faut admirer tout de même l'habileté avec laquelle le dessinateur utilise les "possibilités du médium" (si j'ose utiliser ce terme
). Passant sans transition du grand dessin statique (en pleine page) vers les actions brutales, ou des séquences dialoguées aux petites suites d'images muettes, Larcenet compose toutes ses planches avec un art consommé. L'irruption d'images barbouillées de couleur vives, correspondant aux moments où le personnage ressent de nouvelles hallucinations, est une autre idée de mise en page qui est particulièrement ingénieuse. Polza est donc un homme qui essaie désespérément de mettre de la couleur dans sa vie.
Voilà où en sont les choses avec cette série qui m'enthousiasme un peu moins après le deuxième tome, mais qui se distingue tout de même par sa qualité et son originalité. Je ne sais pas si certains d'entre vous se sont intéressés à
Blast ?