L'âge d'eau est une BD écrite et dessinée par Benjamin Flao.
Dans un futur apocalyptique, la France est partiellement submergée. Les communautés rurales survivent tant bien que mal sur les rares terres émergées ou sur des bateaux. De leur côté, les villes se sont barricadées derrière des digues. Un pouvoir politique autoritaire cherche à déplacer les populations agrestes et à les parquer dans des centres d'hébergement. Jeanne, une vielle femme vivant à la campagne, avec son fils Groza, un colosse simplet, reçoit la visite de son deuxième enfant, Hans. Hans est accompagné d'un chien bleu doué de pouvoirs psychiques. Il lutte conte le despotisme des agglomérations et en sabote les installations technologiques. Il s'est séparé de son épouse et n'a gardé le contact qu'avec sa fille Vinee, qui étudie le droit en ville et est elle-aussi révoltée par la société. Hans et Groza partent à la recherche d'un endroit où pourrait se cacher leur mère mais dans cette société en pleine déliquescence, la violence et le crime sont omniprésents...
Flao nous livre une BD d'anticipation, âpre, où la catastrophe écologique se double d'une faillite de la démocratie et de la montée des névroses. On pense bien évidemment aux romans catastrophes de l'écrivain britannique J.G. Ballard et plus particulièrement au Monde englouti (https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Monde_englouti_(J._G._Ballard)). Si l'intrigue diverge, on retrouve la même folie, la même criminalité et la même dérive dans les deux ouvrages. Alors que le climat se dégrade inexorablement et que l'eau va finir aussi par monter dans notre monde, on ne peut qu'être inquiet devant ce cri d'alarme. Et il est à craindre que l'analyse sociologique imaginée par Flao soit bien trop proche de ce que nous ou nos descendants allons connaître. On peut noter que face au drame, l'auteur réfute le salut par la société et prône une vision individualiste et libertaire...
Le point fort de cet ouvrage réside dans son esthétisme et dans son atmosphère. Le monde apocalyptique est parfaitement rendu grâce à de grandes planches sans paroles. Et les innombrables et magnifiques vignettes nocturnes distillent une subtile ambiance mélancolique à l'image du drame. Par ailleurs, la présence du chien mutant confère à l'intrigue une puissante dimension intérieure, d'autant plus que le chien est le narrateur de l'histoire !
Les dialogues posent problèmes. Ils sont souvent vulgaires me faisant parfois penser à la prose de Bourgeon. Certes, ce monde est rude et on peut comprendre que le langage soit à l'aune de la civilisation mais cela choque.
Les paysages, oserais-je dire les marines (!), sont splendides. Je suis plus réservée sur le trait, nerveux, presque brouillon, où la colère et le militantisme de l'auteur semblent s'être déversés dans une multitude de petites touches. Les visages respirent la noirceur comme si la rage intérieure avait déteint sur leur représentation.
Au final, la BD est belle et triste. Et l'Homme ne sort par grandi de la peinture.
EEE
ActuaBD a beaucoup apprécié : https://www.actuabd.com/L-Age-d-eau-T-1-par-Benjamin-Flao-editions-Futuropolis
Eléanore
Dans un futur apocalyptique, la France est partiellement submergée. Les communautés rurales survivent tant bien que mal sur les rares terres émergées ou sur des bateaux. De leur côté, les villes se sont barricadées derrière des digues. Un pouvoir politique autoritaire cherche à déplacer les populations agrestes et à les parquer dans des centres d'hébergement. Jeanne, une vielle femme vivant à la campagne, avec son fils Groza, un colosse simplet, reçoit la visite de son deuxième enfant, Hans. Hans est accompagné d'un chien bleu doué de pouvoirs psychiques. Il lutte conte le despotisme des agglomérations et en sabote les installations technologiques. Il s'est séparé de son épouse et n'a gardé le contact qu'avec sa fille Vinee, qui étudie le droit en ville et est elle-aussi révoltée par la société. Hans et Groza partent à la recherche d'un endroit où pourrait se cacher leur mère mais dans cette société en pleine déliquescence, la violence et le crime sont omniprésents...
Flao nous livre une BD d'anticipation, âpre, où la catastrophe écologique se double d'une faillite de la démocratie et de la montée des névroses. On pense bien évidemment aux romans catastrophes de l'écrivain britannique J.G. Ballard et plus particulièrement au Monde englouti (https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Monde_englouti_(J._G._Ballard)). Si l'intrigue diverge, on retrouve la même folie, la même criminalité et la même dérive dans les deux ouvrages. Alors que le climat se dégrade inexorablement et que l'eau va finir aussi par monter dans notre monde, on ne peut qu'être inquiet devant ce cri d'alarme. Et il est à craindre que l'analyse sociologique imaginée par Flao soit bien trop proche de ce que nous ou nos descendants allons connaître. On peut noter que face au drame, l'auteur réfute le salut par la société et prône une vision individualiste et libertaire...
Le point fort de cet ouvrage réside dans son esthétisme et dans son atmosphère. Le monde apocalyptique est parfaitement rendu grâce à de grandes planches sans paroles. Et les innombrables et magnifiques vignettes nocturnes distillent une subtile ambiance mélancolique à l'image du drame. Par ailleurs, la présence du chien mutant confère à l'intrigue une puissante dimension intérieure, d'autant plus que le chien est le narrateur de l'histoire !
Les dialogues posent problèmes. Ils sont souvent vulgaires me faisant parfois penser à la prose de Bourgeon. Certes, ce monde est rude et on peut comprendre que le langage soit à l'aune de la civilisation mais cela choque.
Les paysages, oserais-je dire les marines (!), sont splendides. Je suis plus réservée sur le trait, nerveux, presque brouillon, où la colère et le militantisme de l'auteur semblent s'être déversés dans une multitude de petites touches. Les visages respirent la noirceur comme si la rage intérieure avait déteint sur leur représentation.
Au final, la BD est belle et triste. Et l'Homme ne sort par grandi de la peinture.
EEE
ActuaBD a beaucoup apprécié : https://www.actuabd.com/L-Age-d-eau-T-1-par-Benjamin-Flao-editions-Futuropolis
Eléanore