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951je viens de - Je viens de lire - Page 39 Empty Re: Je viens de lire Sam 7 Sep - 10:18

Kimono


license ès BD
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Je reviens, un peu tard, sur Idéal, qui me tente quand même un peu.
Evidemment, chère Eléanore, vous avez le droit de n'y pas croire, pourtant, quand il faut sauver le foyer... je prends des exemples connus, pour illustrer le laxisme des épouses un peu défraîchies (ou affublées d'un chaud lapin) essayant de gérer l'acceptation, voire l'intrusion de "chair fraîche" (sans détruire le foyer). Je crois cela banal, d'ailleurs dans un de mes couples amis l'épouse sait nouer amitié avec de jeunes musiciennes qui... bref. Il n'y a pas que le sexe qui compte dans un couple. Sur le papier - dans Ideal- une androïde séduisante ça paraît mieux qu'une jeune rivale, mais si je comprends bien, la jalousie y apparaît quand même ; ça met du piquant, mais en effet c'est assez étrange. La robotique est encore bien loin d'avoir un niveau convaincant, ce ne sont que poupées, même chez les Japonais qui y travaillent comme on sait, ces païens sans scrupules Smile . Bonne idée donc de situer cette S.-F. là-bas. Je la regarderai de plus près.

Je précise que ma très belle femme adorée n'a jamais eu à "regarder ailleurs" sur ma conduite ni à accepter une luronne ; elle est décédée  du cancer juste avant ses 40 ans... mais si j'étais l'époux de Ségolène Royal, en revanche ... !!! Laughing

952je viens de - Je viens de lire - Page 39 Empty Re: Je viens de lire Lun 9 Sep - 16:03

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

L'aventurier est une adaptation du roman éponyme d'Arthur Schnitzler (https://fr.wikipedia.org/wiki/Arthur_Schnitzler), écrite par Alessandro Tota, dessinée et coloriée par Andrea Settimo.

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Anselmo Ringardi est un jeune noble italien, issu d'une famille désargentée de la Renaissance. Ses parents souhaitent qu'il intègre la garde municipale et fasse un beau mariage. Mais la peste tue tous les proches de notre héros et il part sur les routes à la recherche de son destin. Il croise d'abord la route d'un personnage étrange, marié, qui lui impose de jouer aux dés, avec de l'argent puis son épouse pour enjeu ! Anselmo remporte la partie, passe la nuit avec son "gain" puis le lendemain doit combattre à l'épée son "joueur" de la veille... Le jeune homme poursuit son chemin et croise Lucrezia, une jeune femme éduquée, volontaire et bienveillante. Elle semble l'aimer puis le renie. Géronte, le père de Lucrezia, est un mage dont le talent lui permet de prédire la date exacte du décès de quiconque. Fou de rage face au "crime" d'Anselmo, le devin lui annonce qu'il mourra dans un an, jour pour jour. Puis la jeune femme rompt avec notre héros. Celui-ci, bouleversé par la brièveté de son destin, s'en va. Et il rencontre alors un jeune prince souhaitant défendre son royaume menacé par un puissant voisin. Après un duel subi au même titre que la partie de dés, Anselmo se retrouve roi. Il va alors mener la guerre. Connaissant la date de son décès, notre héros prend tous les risques et remporte bataille après bataille, sombrant en même temps dans une folie meurtrière. Pendant ce temps, Lucrezia, enceinte, part à sa recherche...

La BD traite essentiellement le sujet du libre-arbitre. Le scénario nous offre, "en guise de préliminaire", la vie que les parents d'Anlsemo veulent lui voir mener.
Et puis, le sujet prend une toute autre dimension avec la prédiction de Géronte qui va "tordre" et "influencer" la vie du héros. A ce sujet, les philosophes nous disent que la mort est certes inéluctable mais aussi indéterminée. Dès lors, cette prédiction modifie la vision du futur et ipso facto change en profondeur la vie. De même l'esprit de responsabilité se dissout et la peur du châtiment change. On pourrait presque d'ailleurs évoquer l'anneau de Gygès. Quoiqu'il en soit, Anselmo agit et vit autrement qu'il l'eut fait sans cette "maudite" connaissance. D'un autre côté, Schnitzler fut médecin et a connu l'essor de la psychanalyse. On peut donc aussi se demander si l'information communiquée au héros ne fait que libérer en lui des pulsions inavouées ?
Enfin et toujours dans le registre d'une vie subie, tant les parties de dés que le duel avec le prince sont imposés à Anselmo qui en perd donc sa liberté de choisir. Et il en est de même pour ses rencontres amoureuses. Bis repetita !
En tout cas, les amateurs de science-fiction penseront à Replay le roman de Ken Grimwood dont le héros, pris dans une boucle temporelle, vis différentes vies, toutes différentes et toutes semblables, toutes bornées par la date d'un décès connue par avance.

Sur un autre plan, l'auteur traite en profondeur de la relation du héros avec le genre féminin. Anselmo oscille entre la courtoisie, la naïveté et l’impulsivité. Là aussi, on retrouve une instabilité profonde, liée à sa nature.

Au global, Anselmo est-il fou ? Est-il rebelle ? Est-il en quête de son moi ? Le scénario ne tranche pas. Il nous contre un destin de plus en plus tragique. Il nous dépeint un jeune sensible, amateur de musique et respectueux des autres, qui se transforme en un aventurier, un guerrier ballotté par les évènements et surtout les autres.

On peut enfin signaler l'approche sociétale de la BD qui dénonce la guerre et la misère du peuple.

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Le graphisme se marrie avec bonheur à la narration. Les hallucinations graphiques reflètent les tourments de l'âme du héros. Le style réaliste et épuré concentre le regard du lecteur sur ses personnages même si quelques planches campent de superbes décors, comme par exemple la demeure de Géronte. On peut enfin saluer la qualité des couleurs. Je pense par exemple à celles décrivant les conséquences de l'épidémie de peste où l'usage d'une monochromie verte accentue l'oppression induite par la maladie.

La BD va bien au-delà de la littérature de genre. Elle questionne sur la liberté de l'existence, sur la relation aux autres. Et le dessin accompagne merveilleusement le parcours du héros, tourmenté dans et autour de lui. Je trouve aussi particulièrement juste la conclusion, conclusion où nous voyons Lucrezia partir avec son bébé, lui aussi nommé Anselmo. Vous avez dit déterminisme ?

Entre EEE et EEEE

Eléanore

953je viens de - Je viens de lire - Page 39 Empty Re: Je viens de lire Mar 10 Sep - 10:19

Raymond

Raymond
Admin

Merci de cette chronique, eleanore. Le scénario est indiscutablement intéressant et c'est donc un bon roman graphique.

Je ne l'ai pas encore vu sur les rayons des librairies samedi passé mais je pense que l'album va apparaître samedi prochain. Very Happy


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954je viens de - Je viens de lire - Page 39 Empty Re: Je viens de lire Sam 14 Sep - 10:03

Raymond

Raymond
Admin

ActuaBD dit en tout cas beaucoup de bien de l'Aventurier et cela confirme l'avis d'eleanore.  Wink

https://www.actuabd.com/L-Aventurier-Peut-on-vaincre-la-fatalite

J'espère le trouver cet après midi.


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955je viens de - Je viens de lire - Page 39 Empty Re: Je viens de lire Sam 14 Sep - 20:24

Kimono


license ès BD
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Cet Aventurier à la fine et riche présentation par Eléanore semble en effet valoir le détour !! Et puis, c'est du Arthur Schnitzler...
Il y a un paradoxe sur la mort : en connaître avec certitude la date (en dehors de toute foi en un Dieu rémunérateur et vengeur) nous mènerait à opprimer férocement autrui et le monde sans la moindre crainte pour notre peau : aucun risque avant la date ! Epicure a la thèse inverse : "comme tu ne peux absolument pas savoir quand ni de quoi tu mourras, tu n'as pas à t'en préoccuper le moins du monde, cette préoccupation est une pure perte du temps que tu ferais mieux de consacrer au plaisir". Ce qui rejoint un peu l'idée de date connue... en plus soft puisque cette fois ça n'élimine pas les risques sociétaux.

956je viens de - Je viens de lire - Page 39 Empty Re: Je viens de lire Lun 23 Sep - 21:27

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

Idéal a été sélectionné par les libraires du réseau Canal BD et peut concourir pour le prix de la meilleure BD 2024.

je viens de - Je viens de lire - Page 39 Screen76

Eléanore

957je viens de - Je viens de lire - Page 39 Empty Re: Je viens de lire Jeu 26 Sep - 8:51

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

J'ai aussi lu Happy Endings, une BD de Lucie Bryon, mise à l'honneur par les libraires du réseau Canal BD.

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Trois actes rythment la narration. Le premier moment raconte la création d'un tableau durant laquelle la peintre devient amoureuse de son modèle. Puis, l'autrice reprend le thème du voyage dans le temps et des pérégrins se retrouvant prisonnier dans une époque reculée. Des policiers du futur viennent d'arrêter un chat menaçant la trame spatio-temporelle (!) lorsque l’appareil leur permettant de communiquer avec leur quartier général et de retourner à leur base tombe en panne. Et pour survivre, les deux héros vont rouvrir un salon de coiffure abandonné. Enfin, le dernier sketch se passe dans un cimetière dont le jardinier va s’éprendre d'un étrange pleureur qui se lamente devant toutes les tombes.

Happy endings se traduit par fins heureuses. Chacune des scénettes se terminent donc bien. La deuxième règle du recueil, bien que non mentionnée dans le titre du livre, porte sur le genre littéraire : la comédie amoureuse. Et donc chaque acte traite d'une relation entre personnes de sexes opposés ou du même sexe, modernité oblige. Lucie Brion nous conte des histoires drôles, pleines d'humanité, sensibles et empreintes d'une très discrète poésie. L'autrice se veut l'aède de la vie, de l'insouciance et du bonheur. A  priori, cette posture a tout pour me plaire. Elle va à contre-courant du romantisme, du pathos et du culte d'un soi tragique. Néanmoins, la BD dégage une telle suavité qu'elle en devient légèrement pesante, ce qui constitue un comble pour un ouvrage se voulant léger et pleine de fantaisie.

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Le dessin vogue loin du style franco-belge. L'artiste regarde du côté du manga. Des personnages aux trognes simplifiées, parfois caricaturales, vont et viennent avec un certain dynamisme dans des décors épurés. Le trait constant affiche une maigreur presque indigente. Quant aux couleurs, elles varient d'une histoire à une autre, avec le plus souvent l'usage d'une bichromie de noir et de blanc, ou de bleu et de noir, voire d'orangé et de gris. Là encore, et bien que connaissant très mal le manga, il m'a semblé reconnaître certains codes.

En conclusion, les éditions Sarbacane nous offre une BD atypique. Le découpage en trois actes autonomes font de l'ouvrage un recueil. Le tout affiche une forte cohérence scénaristique et graphique. Lucie Bryon véhicule un message positif et puissant derrière sa douceur et une apparente insouciance. On peut aussi regretter que l'emphase médiatique actuelle sur les LGBT+ déteigne sur cette bande dessinée qui donne la part belle aux amours différents. Dans un autre registre, je n'ai pas, mais alors pas du tout, apprécié le graphisme. Celui-ci ne traduit ni la poésie ni la beauté des lieux et des scènes. Quel dommage.

Entre EE et EEE

Eléanore

958je viens de - Je viens de lire - Page 39 Empty Re: Je viens de lire Jeu 26 Sep - 14:02

Raymond

Raymond
Admin

Merci pour cette critique bien nuancée !  pouce

J'ai feuilleté l'album samedi dernier et je n'ai pas été séduit. Ton jugement me permet donc de décider de faire l'impasse, Il faut en effet plus qu'un "entre EE et EEE" en cette saison d'abondance pour mériter l'achat.  

Il y a de plus beaucoup d'incontournables qui se profilent à l'horizon. Wink


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959je viens de - Je viens de lire - Page 39 Empty Re: Je viens de lire Jeu 26 Sep - 14:59

Kimono


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J'ajouterais que malgré le côté sympathique de cet Happy Endings, en effet Shôgakukan n'accepterait sans doute pas un dessin si peu maîtrisé.

Moi je viens de lire Le Paris des Dragons par Joann Sfar (Tony Sandoval au dessin, dans un style proche du maître) Glénat.

je viens de - Je viens de lire - Page 39 Paris-19

Quel étrange album ! On se demande ce qu'a bien pu picoler Sfar, et en quelle quantité, pour mener cette "narration" ! Certes il a commis d'autres légendes abracadabrantesques, mais là...
Le "premier chevalier" étant endormi, avec son épée "genre, c'est son doudou" est admiré par "un jeune dragon, très beau, très excité", nous raconte une voix off, laquelle commentera pour quelqu'un d'autre tout au long de l'album. Le dragon tripote le chevalier qui, réveillé, lui plante son épée dans le ventre. Stupéfait, le dragon agonisant crache tout son feu : barbecue de chevalier, arrivée de leurs semblables mutuels et "boucherie-charcuterie, armées de veuves, surpopulation d'orphelins". Guerre éternelle. On zappe pour un Paris médiéval tout petit, groupé autour de l'église Saint Germain ; là le moine Mabillon (station de métro voisine) rencontre un dragon et le protège d'une armée de chevaliers. Mille ans plus tard, en 1900, Mabillon dans sa tombe est réveillé par son calendrier ! En effet, sur le ring de boxe d'un cirque des bas-fonds de Paris, une grande et forte femme hawaïenne, Kapa'akea, démolit tous les hommes qui la défient ; mais, trop efficace, elle est renvoyée par son employeur. Dans le bouge de "phénomènes" où elle aboutit elle prend sous sa protection amoureuse une sirène qui instinctivement tranche la tête du dragon à qui on devait la sacrifier avec l'épée légendaire... puis cela devient tout à fait inracontable, avec force statues connues de dragons dans Paris, dont Vole-Terre (Voltaire !) qui se réveillent, le monstre de Ctulhu dans les égouts, le moine Mabillon réveillé et sa "bonne du curé", en fait un dragon... ça se termine en orgie de sexe et de mort mêlée, mais sans nuire à l'heureuse histoire d'amour entre la boxeuse hawaïenne et la sirène.
Sans aucune contrainte logique, au fil de ses rêves, ici Sfar me rappelle complètement le romancier gallois John Cowper-Powis, dont le principe était de suivre sans autre préoccupation son imaginaire, quoi qu'il arrive d'invraisemblable. Ainsi dans Morwyn, le narrateur voit sa femme aspirée dans la faille d'une colline : il s'aperçoit que c'est l'entrée de l'Enfer. Aidé par son chien Pierre le Noir, il rencontre les damnés, au corps transparent torturé par des flammes le long des nerfs. Le peu fiable mais courtois Marquis de Sade le met alors sur la piste de Néron qui a enlevé sa femme en quadrige, d'où une course-poursuite "dantesque".
Ici aussi les références culturelles sur maintes légendes parisiennes ou autres pullulent.
C'est un style étranger à toute loi réaliste, baroque, sociale, sauf à celle du pur imaginaire ! Etonnant ! J'aime.

EEEE

960je viens de - Je viens de lire - Page 39 Empty Re: Je viens de lire Jeu 26 Sep - 15:23

Raymond

Raymond
Admin

Je me suis permis d'ajouter la couverture du Paris des Dragons à ton texte car je trouve que l'image apporte quelque chose en plus aux comentaires. Lorsque je découvrirai cette couverture en librairie samedi prochain, cela ne manquera pas de faire "tilt" et je repenserai à ce que tu as écrit. Wink

A te lire, en tout cas, je suis très tenté ! Very Happy


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961je viens de - Je viens de lire - Page 39 Empty Re: Je viens de lire Jeu 26 Sep - 19:16

Kimono


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Raymond a écrit:Je me suis permis d'ajouter la couverture du Paris des Dragons à ton texte car je trouve que l'image apporte quelque chose en plus aux commentaires. Lorsque je découvrirai cette couverture en librairie samedi prochain, cela ne manquera pas de faire "tilt" et je repenserai à ce que tu as écrit.   Wink

A te lire, en tout cas, je suis très tenté !   Very Happy


Merci pour la couverture, Raymond ! D'autant que le dessin plein de brio de Tony Sandoval s'accorde bien à cette histoire déjantée (mais riche en humour, j'ai oublié de le dire, et en traits d'esprit mais ça c'est Sfar !).

Pour ce qui est d'attentes spécifiques, je n'en ai qu'une en ce moment, le tome 4 de Scotland, de Léo (il se disperse ! le 3 date de 8 mois !!).

962je viens de - Je viens de lire - Page 39 Empty Re: Je viens de lire Ven 27 Sep - 10:07

Raymond

Raymond
Admin

Le Paris des Dragons est maintenant commenté sur ActuaBD par Didier Pasamonik !

je viens de - Je viens de lire - Page 39 Paris-20

Il doit l'avoir bien apprécié puisqu'il considère ce livre comme un des événements de la rentrée.

https://www.actuabd.com/Paris-libere-des-dragons-et-des-gargouilles-la-surprise-de-rentree-de-Joann


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963je viens de - Je viens de lire - Page 39 Empty Re: Je viens de lire Mar 8 Oct - 18:14

eleanore-clo

eleanore-clo
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Les Julys est un épais roman graphique de Nyslo.

je viens de - Je viens de lire - Page 39 9782494740099_1_75

Un père et son fils randonnent dans la campagne. Leur route s'entrelace avec celle des Julys, des minuscules génies de la forêt. L'enfant va d'ailleurs sympathiser avec un d'entre eux, ou plus exactement une d'entre elles.

Cette BD constitue avant tout une ode à la nature. L'auteur nous prend par la main et nous emmène dans une campagne régénératrice. Le père initie son père à la vie à travers un long parcours dans les champs et sur une rivière. Initiation ou éducation peut être car le héros se veut pédagogique et le lecteur pense bien évidemment à L’Émile, même si la bande dessinée ne porte pas la même ambition que le chef d’œuvre de Rousseau. Nous avons quand même droit à quelques belles références comme Camus ou Verne.
Par ailleurs, le roman se veut autobiographique car nous comprenons rapidement que Nyslo se met en scène au point qu'on peut se demander si le jeune homme n'est pas son fils.
Les Julys constituent à mon sens une métaphore de la société, avec ce contrat social entre les petits êtres, contrat n'empêchant d'ailleurs pas l'individualité puisqu'une d'entre elle s'isole dans une recherche du soi.
Le ton regarde du côté de la poésie et de l’onirisme. Construire une intrigue serrée avec un début et une fin ne constitue pas le but de l'auteur. Il propose un moment de vie, sans vrai début ni vraie fin. En ce sens, le caractère éphémère des Julys qui ne vivent que quelques semaines en été permet d'aborder le sujet du présent et de ce que représente le pouvoir de l'instant. Les enchaînements de pages et de scénettes n'ont pas vraiment de logique. On peut d'ailleurs se demander ce qu'apporte au texte le chapitre traitant des soins de l'enfant chez un psychiatre ou un psychologue ?
Pour en revenir à l'intonation du livre, celle-ci se veut douce et paisible. Aucune violence ne bouleverse ce monde et les ennuis se limitent aux pieds collés dans la vase d'un marais ou à une navigation agitée !  

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J'ai beaucoup apprécié le graphisme. Avec un simple trait, multiplié et démultiplié à l'infini, l'auteur crée un magnifique univers. La douceur de la narration se retrouve dans la délicatesse du crayon. On pense bien évidemment aux gravures anciennes. Et Nyslo fait le choix de représenter les personnages sous la forme de petites silhouettes, plus ou moins détaillées. Le père et son fils ont ainsi la même taille que les Julys ce qui constitue à mon avis une leçon d'humilité de l'homme face à la nature.
On peut aussi signaler que le dessinateur joue sur la page. Les planches peuvent occuper une petite partie de la page avec un gaufrier réduit, ou au contraire prendre toute la place disponible. Là encore, un symbole de la vie avec ses hauts et ses bas, de la nécessaire modestie face à la trame de l'univers.
Bien évidemment, aucune couleur ne vient troubler cet univers paisible car ce serait inutile et dérangeant.

En conclusion, j'ai beaucoup apprécié ce roman graphique, tendre et doux, poétique et rêveur.

Entre EEE et EEEE

Eléanore

964je viens de - Je viens de lire - Page 39 Empty Re: Je viens de lire Mer 9 Oct - 10:01

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

Pour compléter mon message précédent, je n'ai pas mis la note maximale en raison de la trop grande longueur, environ 320 pages, du roman graphique.  Le rêve et la poésie de l'histoire s'en ressentent. 

Eléanore

965je viens de - Je viens de lire - Page 39 Empty Re: Je viens de lire Mer 9 Oct - 10:34

Raymond

Raymond
Admin

Merci beaucoup pour cette lecture ! pouce

320 pages, cela peut être effectivement un peu trop long mais c'est quand même le genre de livre qui sort de l'ordinaire. Je vais probablement me laisser tenter.


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966je viens de - Je viens de lire - Page 39 Empty Re: Je viens de lire Mar 15 Oct - 10:03

Raymond

Raymond
Admin

eleanore-clo a écrit:Idéal est un roman graphique écrit par Baptiste Chaubard, dessiné et colorié par Thomas Hayman.

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En 2160, au Japon, une pianiste célèbre, Hélène, est victime d'un accident de la route. Sa main, blessée, ne lui permet plus de jouer, ce qui met en péril son poste au sein d'un prestigieux orchestre. L'artiste imagine alors de se faire remplacer par une androïde, afin de sauver sa carrière et le fruit d'années et d'années de travail acharné. Or notre héroïne est mariée avec Edo, un homme bon, un peu effacé, et elle imagine aussi que le robot pourrait aussi la remplacer dans le lit conjugal… En même temps, l'archipel édicte des lois isolationnistes interdisant aux ressortissants étrangers de travailler, mettant ainsi en péril le poste de notre instrumentiste….

L'intrigue aborde plusieurs thèmes ce qui complexifie la narration et le message. Il me semble que le premier sujet traite du contraste entre la tradition et la modernité. Tout voyageur dans le pays du Soleil Levant ne peut que remarquer la cohabitation entre des coutumes ancestrales et une vie technologique moderne. Le scénariste amplifie ce contraste et joue sur la science-fiction pour mieux souligner l'apparente contradiction sociétale. Le deuxième sujet traite de la musique et de l'engagement quasi monacal et extrémiste vécu au quotidien par les grands solistes. La présence dominante de l'art dans la vie des instrumentistes en devient dictatoriale. Souvenons nous de la cantatrice Régine Crespin décidant d'avorter pour sauver sa saison à Bayreuth ! Une troisième problématique évoque les relations intraconjugales. L'amour entre Hélène et Edo fait l'objet d'une analyse au scalpel. Que penser de Kai, l'androïde, la femme idéale qui bien évidemment n'existe pas ? Que pensez de cet amour par procuration entre les deux héros ? En passant, ce dernier sujet m'amène à traiter des personnages de la BD. Si Edo apparait bien pâle, Hélène domine de toute sa personnalité la narration. Le caractère ambigu, dynamique et complexe de la pianiste nous la rend profondément humaine. Sa fragilité voisine sa force. Et ses actes, parfois surprenants, relèvent toujours d'une logique absolue.

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Le graphisme surprend. Est-ce encore une bande dessinée ou une succession d'estampes japonaises ? Des chapitres entiers ne comportent aucun dialogue et nous invitent à contempler le Japon éternel, sa nature, ses jardins, ses maisons, ses pêcheuses d'ormeaux (https://fr.wikipedia.org/wiki/Ama_(plongeuse)), etc.
Même dans les planches où un peu de texte guide la narration, les mots sont réduits au minimum. Ils ne servent qu'à compléter les images.
Dans un autre registre, le dessin des personnages constituent clairement un point faible de l'ouvrage. Tant Hokusai qu'Hiroshige, tout en étant dans le carcan des conventions graphiques de leur temps, ont su représenter de magnifiques visages. Ceux d'Hayman ne respirent malheureusement pas la beauté…
Quant aux couleurs, les grands aplats de couleurs éclatantes rappellent encore et toujours les estampes.

Pour conclure, j'ai plutôt apprécié ce roman graphique original. Néanmoins, la longueur du livre et la complexité de certaines boucles narratives, notamment la relation entre Hélène et la pêcheuse d'ormeaux, desservent le projet.

Entre EE et EEE.

Eléanore

Les deux auteurs d'Idéal, qui se nomment Baptiste Chaubard et Thomas Hayman, ont été interviewés par ActuaBD.

je viens de - Je viens de lire - Page 39 Idzoal18

Leur entretien se trouve sur cette page,

https://www.actuabd.com/Ideal-par-Baptiste-Chaubard-et-Thomas-Hayman-dystopie-sur-le-deperissement-du

Le dessinateur y avoue son attrait pour les estampes japonaises ! Wink


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967je viens de - Je viens de lire - Page 39 Empty Re: Je viens de lire Mar 15 Oct - 11:10

Patrice

Patrice
lecteur émérite
lecteur émérite

Deux filles nues est un roman graphique de Luz.

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En 1919, dans une forêt de la banlieue berlinoise, le peintre tzigane Otto Mueller compose une nouvelle toile représentant deux femmes nues. L'œuvre séduit un riche collectionneur juif, Ismar Littmann (https://en.wikipedia.org/wiki/Ismar_Littmann_Art_Collection), qui criblé de dettes du fait de la crise de 1929 et épouvanté par la montée du nazisme, se suicide. Le tableau va alors entreprendre un long et surprenant périple. Tout d'abord, la veuve de Littmann essaie de le vendre aux enchères à Berlin mais la Gestapo saisit toutes les œuvres. Puis le catalogue est alors exposé dans toute l'Allemagne avant une nouvelle vente, sous l'égide cette fois des nazis. Après un aller et retour en Suisse, les Deux filles nues sont achetées par le marchand d'art Hildebrand Gurlitt, qui les revend à un collectionneur d'art moderne : Josef Haubrich. La toile traverse la guerre abritée dans une cave, avant de rejoindre en 1946 les collections du musée Ludwig de Cologne. Et en 1999, la fille de Littmann obtient la restitution du tableau et elle décide de le revendre au musée ! 
La BD raconte avec forces détails ce cheminement.

Luz, miraculeux rescapé du massacre de Charlie Hebdo, traduit dans cette BD son horreur et son mépris des extrémistes. Il mène ici une enquête fouillée sur le devenir d'une toile d'art moderne au sein du Troisième Reich, pour dénoncer l'affairisme, l'intolérance et la stupidité des dirigeants et sympathisants nazis. Depuis le peintre et un de ses modèles jusqu'à la fille du premier acquéreur, nous découvrons la kyrielle des possédants et proches de l'œuvre. Certains apparaissent perdus dans la tourmente de l'antisémitisme, d'autres profitent vilement d'une époque agitée. La fresque historico artistique se veut donc un combat politique.
On peut aussi voir dans la BD une ode à la résilience car les Deux filles nues survivent miraculeusement à tous les autodafés et toutes les destructions de la guerre. Le roman graphique souligne aussi l'importance de la tolérance et la relativité des points de vue. La toile adulée par des collectionneurs fut méprisée par les nazis avant de finir dans un musée ! L'art dégénéré (Entartete Kunst) de Goebbels est devenu aujourd'hui un art officiel et couru.
Et enfin, sur les premières pages, Luz focalise sur la liberté d'expression et notamment celle de l'artiste.

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je viens de - Je viens de lire - Page 39 Luz11
Zwei weibliche Halbakte (Deux filles nues) Otto Mueller

Pour le graphisme, le dessinateur adopte la réalité subjective. Et nous voyons les scènes à travers les "yeux" du tableau. Beaucoup de vignettes sont ainsi en contre-plongée ou représentent l'emballage de la toile vu de l'intérieur des boites ! Ce parti pris original centre la narration sur l'œuvre et il relativise aussi le regard des éphémères propriétaires.

L'actualité d'un tel sujet, avec la montée de l'antisémitisme et de l'extrême droite européenne, ne pouvait que séduire les médias dont les critiques sont dithyrambiques :
- Le Figaro : https://www.lefigaro.fr/bd/deux-filles-nues-l-odyssee-d-une-oeuvre-degeneree-au-temps-du-nazisme-retracee-par-luz-20241005
- France Inter : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/bistroscopie/bistroscopie-du-samedi-12-octobre-2024-7223529
- Les Inrockuptibles : https://www.lesinrocks.com/livres/notre-coup-de-coeur-pour-deux-filles-nues-de-luz-roman-graphique-historique-et-radical-629598-10-10-2024/
- Télérama : https://www.telerama.fr/livre/la-montee-du-nazisme-a-travers-deux-filles-nues-formidable-et-glacant-album-de-luz-7022549.php
- La Croix, Libération, Le Parisien (articles réservés aux abonnés)

EEEE pour un manifeste politique et artistique brillant.

968je viens de - Je viens de lire - Page 39 Empty Re: Je viens de lire Mar 15 Oct - 11:59

Patrice

Patrice
lecteur émérite
lecteur émérite

Petit complément suite à petit oubli  Smile : Luz recourt à la couleur directe et à un trait gras, ce qui semble parfaitement approprié pour une bande dessinée qui traite de la peinture  Very Happy

969je viens de - Je viens de lire - Page 39 Empty Re: Je viens de lire Mar 15 Oct - 12:48

Raymond

Raymond
Admin

Merci pour cette belle contribution ! pouce

Encore un achat à considérer ! Les choix vont être difficiles. Wink


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970je viens de - Je viens de lire - Page 39 Empty Re: Je viens de lire Mar 15 Oct - 17:51

Kimono


license ès BD
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Ah, voilà un album que je vais acheter ! D'abord le récit semble original, et même fascinant. Puis, j'adore les tableaux d'Otto Mueller, pleins d'un érotisme gracieux, ces jeunes gitanes en relation généralement saphique, et dès sa plus forte production en 1919 / 1922 typiques des "flappers" Art Déco, sveltes, aux cheveux souvent coupés courts... J'ai écrit (et publié, avec un modeste résultat de 720 exemplaires vendus par un petit éditeur) un roman situé au Japon et surtout en Allemagne de 1934 à 1937, et cela me remettra dans le bain. Sur cette page, on remarque qu'un des nazis propose l'élimination des tableaux de Rembrandt montrant des juifs, mais c'est Goebbels qui répond "Hansen, vous êtes sérieux ?" Et en effet, Goebbels bien qu'organisateur de l'expo Entartete Kunst en a profité pour mettre de côté certains tableaux qu'il appréciait en réalité, et il avait une vraie culture. C'est aussi lui qui offrit à Fritz Lang sur le départ de rester travailler en Allemagne, payé à prix d'or ; Lang lui dit alors : "Mais vous savez bien que je suis juif !" et il répondit "Et vous savez que c'est nous qui disons qui est juif et qui ne l'est pas..." Je trouve aussi la réplique de Hitler très bien vue, pesant le pour et le contre, lui haineux mais toujours dans le calcul, "La question mérite d'être étudiée". Luz connaît vraiment le contexte !

971je viens de - Je viens de lire - Page 39 Empty Re: Je viens de lire Mar 15 Oct - 19:03

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
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Luz s'intéresse au sort d'un tableau dans l'ouragan du nazisme. On peut rapprocher cette démarche de celle choisie par Émile Bravo dans L'espoir malgré tout. L'auteur y évoque notamment le destin tragique d'un peintre juif, Félix Nussbaum, décédé à Auschwitz : https://fr.wikipedia.org/wiki/Felix_Nussbaum.

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Et Bravo et Luz ont choisi tous les deux de nous faire découvrir le tableau qu'à la toute fin de la BD.

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Deux "grandes" BD pour parler avec sensibilité et subtilité de l'art durant la Seconde Guerre mondiale.

Eléanore

972je viens de - Je viens de lire - Page 39 Empty Re: Je viens de lire Hier à 18:03

Raymond

Raymond
Admin

Pasamonik présente avec empathie le dernier album de Luz, qui est bien sûr attirant !

je viens de - Je viens de lire - Page 39 Deux-f10

Sa critique élogieuse se trouve sur ActuaBD !

https://www.actuabd.com/Deux-Filles-nues-de-Luz-C-est-evident-ce-tableau-est-un-survivant


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