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Vercingétorix

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51Vercingétorix - Page 3 Empty Re: Vercingétorix Lun 15 Mar - 23:29

Khyron


alixophile
alixophile

Ah, Vercingétorix ! Le tout premier Alix que j'ai lu. En fait, "lu" est beaucoup dire à l'origine : on me l'a offert vers l'âge de 5 ans et je ne comprenais rien aux dialogues ni à l'histoire. Mais le dessin ! Mais la recréation d'un univers à des années-lumière de mon quotidien d'enfant ! C'est une des bases majeures de mon intérêt pour l'histoire et je dois beaucoup pour l'éternité à Jacques Martin.

Donc je ne suis pas objectif vis-à-vis de cet album. Avec le recul, je vois bien les quelques invraisemblances du scénario (déjà pointées plus haut) et des dialogues moins convaincants que ceux de La tour de Babel par exemple. Le dessin n'est pas sans défaut au sens où le trait martinien commence à se figer et la perspective à perdre en profondeur par rapport au Spectre de Carthage ou à L'empereur de Chine.

Il reste que le tableau global d'une Gaule à la croisée des chemins entre son passé celtique et son avenir latin est passionnant, tant sur le plan du scénario que du dessin : la densité documentaire de l'album (costumes, armes, décors) me laisse pantois à chaque lecture. Martin a réalisé une "mise à jour" de ses sources tout à fait remarquable et profite à fond des avancées archéologiques de l'après-guerre, rompant définitivement avec les images d'Epinal et les approximations qui truffaient sa vision de la guerre des Gaules dans Le sphinx d'or, album que j'apprécie aussi pour son souffle et son dynamisme mais qui n'a aucune dimension historique. En somme, il révise sa propre oeuvre. En grandissant et en me documentant, j'ai été stupéfait de la justesse notamment de la représentation de l'armée romaine de 50 avant J-C : elle tranche avec les anachronismes habituels en BD (cuirasses articulées qui n'apparaîtront qu'un quasi-siècle plus tard, boucliers rectangulaires, etc.).    

Il achève également de réviser ses personnages ; ni Alix ni César n'ont plus grand chose à voir avec ce qu'ils étaient dans Alix l'intrépide ou Les légions perdues : plus de jeune adolescent éperdu d'admiration, plus de général dérétinisant d'intelligence et sans défaut. Pompée y gagne également, ses motivations et son comportement étant un des éléments les plus crédibles du scénario, et très conformes à ce qu'on sait de son personnage réel : un politique avisé, pas spécialement fourbe pour la Rome de l'époque, plus adepte de la manoeuvre indirecte que de l'affrontement brutal (qui ne lui portera pas bonheur !). Quant à Vercingétorix lui-même, son caractère intransigeant et son orgueil presque mégalomaniaque constituent une clé intéressante et crédible pour comprendre son échec final ; on n'est pas très loin ici de Iorix ! Le résultat de cet échec, une Gaule au croisement du monde germanique et du monde gréco-romain qui en deviendra le point de rencontre pour des siècles, est finement décrit.    

En somme, une fresque, et le dernier Alix auquel j'adhère sans vraie réserve.



Dernière édition par Khyron le Ven 6 Aoû - 6:08, édité 1 fois

52Vercingétorix - Page 3 Empty Re: Vercingétorix Mar 16 Mar - 9:56

Raymond

Raymond
Admin

C'est vrai, Vercingétorix est un album très agréable à relire. Pour ma part, je l'avais découvert lorsque j'étais déjà adulte et je l'avais peu lu au moment de sa sortie, parce que j'étais intéressé par bien d'autres choses. Ce fût d'autant plus agréable de le relire tardivement car j'avais presque l'impression que c'était "du neuf". Graphiquement, Jacques Martin y maîtrise complètement son style.

Pour ce qui concerne la psychologie des personnages dans Vercingétorix, elle m'intéresse moins car César et Alix y deviennent en effet très différents. Jacques Martin les présente avec un nouveau regard qui est plus pessimiste, et on y perd une certaine cohérence par rapport aux albums de l'âge d'or. Cet Alix infidèle en amitié ne me plait pas beaucoup, en fait, et ce n'est donc pas un de mes albums favoris.


_________________
Et toujours ... Vercingétorix - Page 3 Charli10
https://lectraymond.forumactif.com

53Vercingétorix - Page 3 Empty Re: Vercingétorix Mar 6 Juin - 8:32

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grand maître
grand maître

Vilain goton a écrit:
Le "prince du nil",par exemple je n'ai pas accroché des masses non plus.Je me suis mis à détester le enak dans cet album aussi.Ce personnage est selon moi inutile dans alix,car il n'apporte rien,a part dans "le sphinx d'or".

C'est ce qui est finalement arrivé dans ALIX SENATOR. Quoique...

54Vercingétorix - Page 3 Empty Re: Vercingétorix Mar 6 Juin - 9:21

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grand maître
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Khyron a écrit:Ah, Vercingétorix ! Le tout premier Alix que j'ai lu. En fait, "lu" est beaucoup dire à l'origine : on me l'a offert vers l'âge de 5 ans et je ne comprenais rien aux dialogues ni à l'histoire. Mais le dessin ! Mais la recréation d'un univers à des années-lumière de mon quotidien d'enfant ! C'est une des bases majeures de mon intérêt pour l'histoire et je dois beaucoup pour l'éternité à Jacques Martin.

Donc je ne suis pas objectif vis-à-vis de cet album. Avec le recul, je vois bien les quelques invraisemblances du scénario (déjà pointées plus haut) et des dialogues moins convaincants que ceux de La tour de Babel par exemple. Le dessin n'est pas sans défaut au sens où le trait martinien commence à se figer et la perspective à perdre en profondeur par rapport au Spectre de Carthage ou à L'empereur de Chine.

Il reste que le tableau global d'une Gaule à la croisée des chemins entre son passé celtique et son avenir latin est passionnant, tant sur le plan du scénario que du dessin : la densité documentaire de l'album (costumes, armes, décors) me laisse pantois à chaque lecture. Martin a réalisé une "mise à jour" de ses sources tout à fait remarquable et profite à fond des avancées archéologiques de l'après-guerre, rompant définitivement avec les images d'Epinal et les approximations qui truffaient sa vision de la guerre des Gaules dans Le sphinx d'or, album que j'apprécie aussi pour son souffle et son dynamisme mais qui n'a aucune dimension historique. En somme, il révise sa propre oeuvre. En grandissant et en me documentant, j'ai été stupéfait de la justesse notamment de la représentation de l'armée romaine de 50 avant J-C : elle tranche avec les anachronismes habituels en BD (cuirasses articulées qui n'apparaîtront qu'un quasi-siècle plus tard, boucliers rectangulaires, etc.).    

Il achève également de réviser ses personnages ; ni Alix ni César n'ont plus grand chose à voir avec ce qu'ils étaient dans Alix l'intrépide ou Les légions perdues : plus de jeune adolescent éperdu d'admiration, plus de général dérétinisant d'intelligence et sans défaut. Pompée y gagne également, ses motivations et son comportement étant un des éléments les plus crédibles du scénario, et très conformes à ce qu'on sait de son personnage réel : un politique avisé, pas spécialement fourbe pour la Rome de l'époque, plus adepte de la manoeuvre indirecte que de l'affrontement brutal (qui ne lui portera pas bonheur !). Quant à Vercingétorix lui-même, son caractère intransigeant et son orgueil presque mégalomaniaque constituent une clé intéressante et crédible pour comprendre son échec final ; on n'est pas très loin ici de Iorix ! Le résultat de cet échec, une Gaule au croisement du monde germanique et du monde gréco-romain qui en deviendra le point de rencontre pour des siècles, est finement décrit.    

En somme, une fresque, et le dernier Alix auquel j'adhère sans vraie réserve.

Tout-à-fait d'accord avec cette analyse...

55Vercingétorix - Page 3 Empty Re: Vercingétorix Mer 7 Juin - 13:21

Alix-ze-Coup'

Alix-ze-Coup'
compagnon
compagnon

Martin a réalisé une "mise à jour" de ses sources tout à fait remarquable et profite à fond des avancées archéologiques de l'après-guerre, rompant définitivement avec les images d'Epinal et les approximations qui truffaient sa vision de la guerre des Gaules
Pas tout-à-fait car il persiste et signe (de façon inexpliquée) en ce qui concerne l'ignorance de l'usage de l'arc par les Gaulois alors que Jules César mentionne l'emploi d'archers par Vercingétorix dans La Guerre des Gaules ; les Gaulois ayant des archers de mêlée qui furent utilisés par la suite comme auxiliaires au même titre que les archers crétois. Un peu comme le sort réservé à Crassus dans un but de dramatisation alors que celui-ci fut décapité peu après sa capture par les Parthes, et de ce fait ne fut pas forcé d'ingérer de l'or en fusion, burp !...

56Vercingétorix - Page 3 Empty Re: Vercingétorix Mer 7 Juin - 15:26

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grand maître
grand maître

Quand Martin dit quelque chose, c'est parole d'Evangile. Donc si les Gaulois au début du SPHINX D'OR ignorent l'usage de arc, c'est que c'est vrai ! De même les menhirs sur lesquels ils font des sacrifices humains. Hugh !

Pour Crassus, les deux versions existent.

L'interviewant en 1979, je me suis fâché avec lui au sujet des nègres "pétrifiés" sur les flancs du volcan dans LA GRIFFE NOIRE. Il s'était basé sur les pompéiens pétrifiés que nous connaissons tous. J'eus beau tenter de lui faire dire qu'il avait fantasmé à partir des moulages réalisés par Giuseppe Fiorelli (1823-1896), archéologue et épigraphiste italien, rien n'y fit. Un volcan pouvait minéraliser un corps humain. Et voilà Madame pourquoi votre fille est muette...

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