Images peu connues d'Alix

En parlant d'images peu connues d'Alix, superbe Erik , ton Lefranc ! Il est de toi?

stephane a écrit:En parlant d'images peu connues d'Alix, superbe Erik , ton Lefranc ! Il est de toi?

Boah, trouvé sur le net. Dans le genre j'ai un Alix...

Alix et Enak complètement nus, cette fois, que Jacques Martin avait dessiné pour le journal Gay Pied.

 !!!
Étonnante participation à un journal à la ligne éditoriale bien connue.
Voilà qui ne risquait pas de faire la couverture du journal Tintin!
Et dire que sur certains sites on fait passer Jacques Martin pour un vieux réac un peu Facho 

Jacques Martin a toujours été assez large d'idée sur cette question. Il déclarait dans ses interviews que les rapports homosexuels étaient fréquents chez les romains, en particulier entre un homme d'âge mur et un jeune garçon, et qu'il n'était pas choquant d'envisager de telles relations entre Alix et Enak à cette époque. Attention il ne disait pas que leur relation était de ce genre, mais n'affirmait pas le contraire non plus.

Il existe un autre dessin de nus représentant Alix et Enak, mais celui-là, je ne sais pas d'où il vient ?

Je viens de le retrouver dans mon disque dur. Est-ce que Stéphane ou Bernard en savent plus ?

Les images non retenues pour les couvertures d'albums sont assez nombreuses. On a même édité un port-folio consacrés à ces dessins peu connus.

Voici un exemple qui concerne le Dieu Sauvage.

Raymond a écrit:Il existe un autre dessin de nus représentant Alix et Enak, mais celui-là, je ne sais pas d'où il vient ?

Je viens de le retrouver dans mon disque dur. Est-ce que Stéphane ou Bernard en savent plus ?

la seule fois où j'ai vu cette image publiée , c'est dans un livre rétrospective de la carrière des photographes Pierre et Gilles.

En tout cas, cette image est fort réussie.

Sinon, voici un autre essai de couverture, cette fois-ci pour la Tiare d'Oribal.

Un dessin paru en 1999 dans le Figaro, vraisemblablement dessiné par Christophe Simon.



L'image devait probablement accompagner un article consacré à Jacques Martin.

Autre image assez ancienne, parue dans le journal Tintin en 1957, pour célébrer la nouvelle année.



La même image en plus propre .

Voilà une image sur laquelle je ne sais pas grand chose. Elle provient d'une vente aux enchères. Je pense qu'elle est en relation avec l'Empereur de Chine. Qu'en pense Stéphane ?

Oui,exposée lors de la vente Berger a Bruxelles .

Et qu'était au départ cette image ?

Aucune idée ,je l'ai connue grâce au catalogue.

Cette image a déjà été montrée dans le forum, mais je ne sais plus où ? Elle est parue dans le journal Tintin en 1976, et elle a tout à fait sa place dans le recensement des images peu connues.



Elle plaira à jfty qui aime les images "anachroniques" d'Alix.   

Raymond a écrit:Jacques Martin a toujours été assez large d'idée sur cette question. Il déclarait dans ses interviews que les rapports homosexuels étaient fréquents chez les romains, en particulier entre un homme d'âge mur et un jeune garçon, et qu'il n'était pas choquant d'envisager de telles relations entre Alix et Enak à cette époque. Attention il ne disait pas que leur relation était de ce genre, mais n'affirmait pas le contraire non plus.

Attention à ne pas confondre, Raymond ! Les rapports pédérastiques, c’est dans le monde grec (Alcibiade et Socrate, p. ex. « partageaient la même couverture »). Encore étaient-ils fortement contingentés. Dans les gymnases un magistrat, le gymnasiarque, veillait à ce que les vieux pervers n’importunent pas les jeunes garçons. Mais il était admis qu’un adulte prenne sous son aile un jeune garçon « pour le bon motif », comme on dit.

Chez les Romains, c’était différent. Le sexe de la personne avec qui on couchait n’avait pas d’importance. En revanche la qualité des rapports et la condition sociale du partenaire était capitale. Le mâle citoyen romain devait être actif. La fellation (passive) était le fait des cinaedus ou des impudicus, bref des débauchés. En revanche l’irrumation (fellation brutale) était admise. « Pedicabo uos et irrumabo » (« Je vous enculerai et vous me sucerez », dit joliment le poète - Juvénal sauf erreur). Dans la pratique, un citoyen honorable ne pouvait avoir de rapport homosexuel qu’avec un esclave ou un étranger. Jamais avec un autre citoyen car le rôle passif était déshonorant pour l’un des deux. Bien sûr, tout le monde n’était pas honorable… ni n’avait souci de sa dignitas.
Il était courant au sénat de s’injurier en accusant l’adversaire d’être débauché ou incestueux. Clodius aurait couché avec ses sœurs… Jules César aurait servi d’échanson à la cour de Nicomède de Bithynie (lors de la guerre contre Mithridate), une casserole qu’il traînera toute sa vie (« le mari de toutes les femmes et la femme de tous les maris », chanteront ses légionnaires). C’est assez amusant, car les mémorialistes nous le décrivent plutôt comme un homme à femmes, avec une préférence marquée pour les épouses de ses ennemis politiques comme Mucia Tertia (femme de Pompée) ou Servilia (demi-sœur de Caton).

Au fait j’y pense… Enak est un étranger ! Autant que je sache, il n’est dit nulle part qu’il a acquis la citoyenneté romaine… Intéressant, ça.

Certes ! Ceci dit, qu'Enak soit adolescent et étranger ne m'empêchera pas de qualifier une éventuelle relation sexuelle entre les 2 héros comme "homosexuelle".   

Revenons aux images peu connues d'Alix !

Voici un autre projet de couverture.

Raymond a écrit:Certes ! Ceci dit, qu'Enak soit adolescent et étranger ne m'empêchera pas de qualifier une éventuelle relation sexuelle entre les 2 héros comme "homosexuelle".   

Sur ce point précis, j'aurais des pistes intéressantes, mais ne souhaite pas m'y attarder sur un forum. Chacun fait son lit comme il se couche. Je préfère m'en tenir aux faits historiques évoqués dans une BD historique. Martin lui-même a un jour déclaré dans une interview regretter d'avoir créé un héros gaulois, qu'il aurait préféré grec. Déclaration de circonstance, à la veille de lancer Orion. Reste qu'il mélange un peu grec et romain; or les Romains - justement - répudiaient les moeurs grecques. Hypocritement sans doute. La réalité sort probablement de la bouche de Cicéron qui a écrit quelque part : "Dans l'intimité, on fait ce que l'on veut. Ce qui est mal, c'est d'en parler."

Mais je ris chaque fois que je songe à ma plaquette ALIX & ALII, quand Martin m'a, entre autres, demandé de supprimer une note de bas de page où je signalais les interviewes qu'il avait accordées au GAI PIED et au SAMOURAI (rien de plus). Secret de polichinelle... ou regrets tardifs ?

Hem… ce que j’ai oublié de préciser, c’est l’ambiguïté de la pédérastie grecque. L’éraste est un citoyen adulte, l’éromène est un ado qui n’est pas encore citoyen mais le deviendra au terme, à Athènes, de son éphébie (service militaire comme garde-frontière, précédant son intégration au corps des hoplites/son inscription sur la liste des citoyens/son mariage – voyez P. VIDAL-NAQUET, « Le Chasseur Noir ») ou de son irénie (à Sparte). Ca n’a rien à voir avec l’homosexualité en général, qui se pratique le plus souvent entre adultes du même âge. Il y a dans ALEXANDRE d’Oliver Stone et dans la bouche d’Aristote un très beau passage qui parle de l’amour honnête des garçons.

L’anecdote de Socrate et Alcibiade concerne évidemment deux adultes, deux hoplites puisque ça se passe pendant une campagne militaire. Alexandre le Grand lui aussi a eu des rapports sexuels avec la plupart de ses gardes du corps, qui plus tard deviendront ses généraux. Notamment Héphestion (c’est dans Plutarque). D’un point de vue romain, ces moeurs grecques entre citoyens sont condamnables, évidemment…
Et de toute façon nous sortons du contexte « pédagogique » de la pédérastie qui aurait pu s’appliquer à Alix et Enak… s’ils avaient été Grecs.

Me rappelle aussi un passage de LA REPUBLIQUE DES LACEDEMONIENS du brave Xénophon, qui s’indigne et nie tout ce que l’on peut croire ou colporter sur la pédérastie des Spartiates. Il les connaissait bien, un peu trop même, pour avoir longtemps vécu parmi eux, et même combattu dans leurs rangs contre sa propre patrie, Athènes. J’en retiendrai seulement que même chez les Grecs, le sujet était sensible et ne se prêtait pas à la gaudriole. En dépit des céramiques coquines où sont complaisamment décrits des jeux érotiques homo- ou hétérosexuels…

Erreur : Enak est citoyen romain, c'est écrit pour le première fois dans "L'enfant grec", pages 8 et 13, et répété dans plusieurs autres albums.
Reste à savoir quand et comment il l'est devenu. Quand, ce n'est dit nulle part. Comment, compte tenu de son âge, ce ne peut être que par adoption, et seul Alix peut l'avoir adopté.
Dans "L'odyssée d'Alix", tome 1, page 22, Alix écrit qu'Enak est venu à Rome "comme son frère" ( et non pas comme esclave ), et cela est redit par Enak lui-même dans "L'ombre de Sarapis", page 29 : "ce n'est pas mon maître ( Alix ) mais mon ami et nous sommes égaux en tout".
Tout cela n'empêche pas l'affection réciproque, mais c'était sûrement autre chose que ce que les fantasmes modernes font supposer. Et il faut bien tout lire dans les albums !

Depuis LE PRINCE DU NIL, Enak aime aussi se dire prince égyptien... ce qui est difficilement compatible avec la citoyenneté romaine. Mais soit, c'est une sorte de coquetterie...

Un garçon de 14 ans peut-il prétendre à la citoyenneté ? Normalement il faut avoir 16 ans et quitter la toge prétexte ainsi que la bulla portée au cou par les enfants libres. Mais ni Alix ni Enak n'ont jamais porté de toge (ni de bulla), typés comme ils l'étaient dans l'uniforme rouge ou bleu que leur avait concocté Jacques Martin (autant priver Donald Duck de son costume de marin !). Seule Valérie Mangin osera faire porter la toge au blond gaulois. A la base, le journal TINTIN avait pour vocation de faire rêver les ados, d'où certaines séries où de très jeunes héros ont un statut spécial à la limite de l'adulte.

Bien sûr on pourra toujours ergoter entre la liberté que se doit prendre une fiction bédéique et l'adhérance à la réalité des usages romains. Merci de m'avoir signalé le passage où Enak est donné pour citoyen.

Quant aux fantasmes modernes, j'ai ma petite idée là-dessus mais n'insisterai pas. Je me bornerai à rappeler qu'à ce sujet Martin, dans ses interviewes, aimait tourner autour du pot avec une certaine délectation. Chacun donc y trouvera ce qu'il veut, moi ça m'est bien égal... j'ai seulement voulu rappeler - et sur un plan strictement historique - qu'il ne fallait pas confondre les Grecs et les Romains.

Soit !

Une autre image du journal Tintin, datant de 1969, qui accompagne un article sur Jacques Martin !

Et maintenant une image dessinée pour le tribolo, une sorte de jeu de loterie assez répandue en Suisse Romande.




C'est d'ailleurs une autre image humoristique d'Alix !