Raymond a écrit:Jacques Martin a toujours été assez large d'idée sur cette question. Il déclarait dans ses interviews que les rapports homosexuels étaient fréquents chez les romains, en particulier entre un homme d'âge mur et un jeune garçon, et qu'il n'était pas choquant d'envisager de telles relations entre Alix et Enak à cette époque. Attention il ne disait pas que leur relation était de ce genre, mais n'affirmait pas le contraire non plus.
Attention à ne pas confondre, Raymond ! Les rapports pédérastiques, c’est dans le monde grec (Alcibiade et Socrate, p. ex. « partageaient la même couverture »). Encore étaient-ils fortement contingentés. Dans les gymnases un magistrat, le gymnasiarque, veillait à ce que les vieux pervers n’importunent pas les jeunes garçons. Mais il était admis qu’un adulte prenne sous son aile un jeune garçon « pour le bon motif », comme on dit.
Chez les Romains, c’était différent. Le sexe de la personne avec qui on couchait n’avait pas d’importance. En revanche la qualité des rapports et la condition sociale du partenaire était capitale. Le mâle citoyen romain devait être actif. La fellation (passive) était le fait des
cinaedus ou des
impudicus, bref des débauchés. En revanche l’irrumation (fellation brutale) était admise.
« Pedicabo uos et irrumabo » (« Je vous enculerai et vous me sucerez », dit joliment le poète - Juvénal sauf erreur). Dans la pratique, un citoyen honorable ne pouvait avoir de rapport homosexuel qu’avec un esclave ou un étranger. Jamais avec un autre citoyen car le rôle passif était déshonorant pour l’un des deux. Bien sûr, tout le monde n’était pas honorable… ni n’avait souci de sa
dignitas.Il était courant au sénat de s’injurier en accusant l’adversaire d’être débauché ou incestueux. Clodius aurait couché avec ses sœurs… Jules César aurait servi d’échanson à la cour de Nicomède de Bithynie (lors de la guerre contre Mithridate), une casserole qu’il traînera toute sa vie (
« le mari de toutes les femmes et la femme de tous les maris », chanteront ses légionnaires). C’est assez amusant, car les mémorialistes nous le décrivent plutôt comme un homme à femmes, avec une préférence marquée pour les épouses de ses ennemis politiques comme Mucia Tertia (femme de Pompée) ou Servilia (demi-sœur de Caton).
Au fait j’y pense…
Enak est un étranger ! Autant que je sache, il n’est dit nulle part qu’il a acquis la citoyenneté romaine… Intéressant, ça.