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C'était à Khorsabad : les analyses

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Jacky-Charles
Raymond
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Raymond

Raymond
Admin

Jacky-Charles nous a préparé une analyse de C'était à Khorsabad et il me semble opportun d'ouvrir un nouveau sujet pour en parler. Vous avez déjà exposé ICI vos critiques parfois sévères, mais nous allons essayer de les mettre de côté. Il est souhaitable pour tenir un autre discours de repartir à zéro, et de voir ce livre en amateurs d'histoire.

Je me suis décidé à relire cet album et j'ai déjà dit combien le début (qui nous ramène juste avant Alix l'intrépide) est séduisant. Cedric Hervan dessine avec minutie cette ville parthe inconnue, située au bord de l'Euphrate. Les amateurs de vieilles pierres apprécieront.

C'était à Khorsabad : les analyses Khorsa14

Le voyage vers Khorsabad est malheureusement un peu court, mais le dessinateur nous laisse quelques images agréables. Cette traversée du monde parthe aurait peut être mérité quelques pages de plus.

C'était à Khorsabad : les analyses Khorsa15

L'arrivée d'Alix à Khorsabad nous offre encore quelques belles vignettes, puis l'aspect purement historique s'estompe avec le retour d'Arbacès. Je ne commenterai pas trop les péripéties qui s'en suivent, car ce n'est pas la meilleure partie du livre. Le changement de dessinateur autour de la 24ème planche fait par ailleurs basculer l'esthétique des pages. Avec Christophe Simon, il y a moins d'architecture, mais quel plaisir de retrouver des visages dessinés avec finesse. Je me souviens d'avoir eu l'impression à ce moment là de retrouver Alix.

C'était à Khorsabad : les analyses Khorsa16

Comme d'habitude, l'histoire soulève certaines questions. Où se passe le récit ? A quelle époque ? Que savons nous de ce redoutable royaume parthe ? Bref, où, quand et comment ? Je suis sûr que Jacky-Charles va nous apporter quelques idées intéressantes à ce sujet.



Dernière édition par Raymond le Jeu 23 Oct - 13:40, édité 2 fois


_________________
Et toujours ... C'était à Khorsabad : les analyses Charli10
https://lectraymond.forumactif.com

Invité


Invité

Entre les "analyses" et "les critiques" pour un même album, ça me paraît un peu difficile pour les lecteurs de s'y retrouver au départ C'était à Khorsabad : les analyses Icon_wink .
Peut-être faudrait-il intituler cette rubrique "les analyses historiques" ou quelque-chose du genre, bien que, à mon avis, un Alix doit s'apprécier dans sa globalité.

Jacky-Charles


docteur honoris causa
docteur honoris causa

"C'était à Khorsabad" est un album un peu inégal, cela étant dû, à mon avis, au changement de dessinateur en cours de route et à un scénario assez hésitant. C'est pourtant une histoire intéressante, dont certains aspects auraient mérité un meilleur développement, et je laisse chaque lecteur juge de ce qu'il aurait privilégié : la recherche de la famille d'Alix, la lutte contre Arbacès, les divergences politiques entre Orodès et Suréna, les plus ou moins bonnes fortunes d'Enak... A chacun son idée et son choix.

En ce qui concerne les commentaires, nous arrivons aux derniers albums publiés, de telle sorte que bien des renseignements vous ont déjà été donnés à l'occasion des analyses précédentes ; c'est le cas ici : j'ai déjà longuement parlé des Parthes et de la géographie régionale dans "La tiare d'Oribal", et je ne vois pas la nécessité d'y revenir.

Ces commentaires vous paraîtont donc peut-être un peu marginaux par rapport au récit, mais c'est la conception et le déroulement de ce dernier qui veulent cela. Quoi qu'il en soit, en route pour Khorsabad !

C'ETAIT A KHORSABAD


Vingt-cinquième aventure d'Alix




Le résumé

Nous retrouvons Alix en visite très officielle dans le royaume des Parthes où il est reçu par le roi Orodès et son général en chef et premier ministre Suréna. Les deux vainqueurs de Crassus à la bataille de Carrhes veulent confier à Alix un présent pour César. Alix veut en profiter pour retourner à Khorsabad et rechercher ce que sont devenus les membres de sa famille qui ont disparu après la bataille. A Khorsabad, il rencontre le gouverneur de la région, un étrange personnage : ce grec nommé Andrinoüs se fait appeler Sargon et joue au monarque Assyrien. Il ne tarde pas à découvrir qu'il s'agit en réalité de son vieil ennemi Arbacès, ce qui promet une nouvelle confrontation dont le premier acte n'est pas à l'avantage d'Alix...


Quand cela se passe-t-il ?

Toujours dans la même période de temps, entre -52 et -50, puisque César nous dit qu'il est toujours occupé par la pacification de la Gaule.


Où cela se passe-t-il ?


La ville où Orodès et Suréna reçoivent Alix, au début de l'histoire, n'est pas nommée : il s'agit probablement de la capitale du royaume des Parthes, Séleucie du Tigre, qui se trouve sur la rive droite du Tigre, au sud de Bagdad ; la nouvelle capitale, Ctésiphon, sur la rive gauche du fleuve, était encore en construction à cette époque juste en face de Séleucie et servit d'abord de résidence d'hiver aux rois Parthes. La plus grande partie de l'histoire se déroule ensuite à Khorsabad et dans ses environs. Après cela, Alix prend la mer à Tyr, passe à Rhodes, et nous le retrouvons sur la route de l'Italie, par le détroit de Messine, puis les îles Éoliennes et le volcan Stromboli. Le voyage s'achève à Herculanum, puis à Baïa ( Baies ).
Les villes en italique sont décrites dans l'article « Les lieux », ci-après. Voir aussi « Alix l'intrépide » pour d'autres articles sur Khorsabad et Rhodes.


Le contexte historique

Des articles ont déjà été consacrés aux Parthes et aux pays de la région : le lecteur les trouvera dans les commentaires sur « La tiare d'Oribal ».

La guerre entre les Romains et les Parthes s'étant donc achevée avec le désastre de l'armée de Crassus, le 28 mai -53, il ne restait plus qu'à négocier des conditions de paix honorables pour Rome et avantageuses pour les Parthes. Ces derniers, malgré leur incontestable victoire, ne devaient pas se sentir trop sûrs d'eux, car la conclusion des négociations fut que la frontière entre les deux empires serait fixée sur l'Euphrate, ce qui laissait à Rome la plus grande partie de l'Asie mineure, la Syrie et la Palestine, tandis que les Parthes gardaient le glacis protecteur du désert dont les légionnaires de Crassus avaient conservé un si mauvais souvenir lorsqu'ils s'y étaient aventurés.
Dans les années suivantes, le jeu diplomatique consista essentiellement à se disputer le royaume d'Arménie, qui tombera sous l'influence, tantôt de Rome, tantôt des Parthes, selon les rapports de force. En -36, Marc Antoine voulut mettre fin à cette situation et engagea une nouvelle campagne contre les Parthes. Celle-ci se termina piteusement, quoique pas de manière aussi catastrophique qu'avec Crassus. Marc Antoine se consolera en contrôlant l'Arménie ( il célèbrera, en -34, à Alexandrie, un triomphe aux dépends de son roi ), et surtout en épousant Cléopâtre.
Au moment où se déroule cette histoire, les négociations de paix doivent être terminées, car il n'y est fait aucune allusion. On peut seulement se demander pourquoi le roi Orodès tient à offrir un présent à César, alors que celui-ci n'était absolument pas concerné par les négociations en question, lesquelles étaient du ressort du Sénat et du consul en exercice, en l'occurrence : Pompée. L'un des négociateurs pour Rome était Cassius, qui fera partie plus tard du complot des Républicains pour éliminer César. Ce dernier avait-il déjà manifesté son intérêt pour la région ? On sait qu'il préparait au moment de son assassinat une expédition en Orient, celle que Marc Antoine ne réussira pas à mener à bien, et qui était destinée moins à venger Crassus qu'à se tailler un nouvel empire aux dépends des Parthes.
On voit aussi que l'empire Parthe était en fait une sorte de fédération assez lâche. Les Parthes n'oubliaient pas que, deux ou trois siècles plus tôt, ils étaient encore majoritairement des nomades, même s'ils sont à présent sédentarisés et vivent dans de belles villes qu'ils reconstruisent et améliorent. Outre le royaume Parthe proprement dit, l'empire était constitué de plusieurs petits États, plus ou moins autonomes, et, dans une province comme l'ancienne Assyrie, on voit que le gouverneur jouissait d'une grande liberté pour entreprendre ce qu'il voulait à sa manière, dès l'instant qu'il payait l'impôt au pouvoir central. Celui-ci, pour les mêmes raisons, n'était pas non plus très regardant sur les origines du dit gouverneur. Il ne fait en réalité que recopier un modèle existant dans la région depuis longtemps : bien avant cette époque, les satrapes perses étaient de véritables rois très indépendants, et c'est pour cela que le monarque supérieur portait le titre de « Roi des rois ».


Les lieux

Séleucie du Tigre

Comme Alix se rend de la capitale à Khorsabad par le fleuve, et que le voyage est assez long, cette ville est celle qui me paraît le mieux correspondre.
Elle fut fondée sur la rive droite du Tigre à la fin du -IV° siècle par Séleucos 1er, ancien général d'Alexandre le Grand et son héritier pour le royaume du Proche-Orient ( de la Méditerranée à l'Indus ). Ce fut l'une des plus grandes métropoles du temps, avec Rome et Alexandrie : elle occupait 500 ha. Ville royale au temps des souverains hellénistiques, elle le resta au temps des Parthes, qui l'agrandirent. Elle devait sa prospérité au commerce international et à ses activités artisanales, notamment de céramiques, de figurines et de sculptures en bronze. Dans les ruines de ses Archives, incendiées dans la seconde moitié du -II° siècle, on a retrouvé 30 000 cachets d'argile, cuits, mais des documents de papyrus et de parchemin, il ne restait évidemment plus que des cendres. La ville demeura le centre de la culture grecque le plus vivant de l'Asie non méditerranéenne.

Khorsabad

Cet album aurait dû s'intituler « C'était à Dour-Sharroukin », car tel était alors le nom de cette ville, soit : « la forteresse de Sargon ». Khorsabad n'est que le nom arabe, attribué beaucoup plus tardivement, au village voisin. A cette époque, elle était abandonnée depuis six siècles, et en ruines. Elle fut construite en tant que capitale à partir de -717 par Sargon II, qui avait pris le pouvoir en Assyrie à la suite d'un coup d'État, et abandonnée après sa mort en -705. On y a retrouvé des résidences de grands personnages, dont celle du prince héritier, Sennachérib, une ziggourat et plusieurs temples dont celui du dieu Nabou.

Tyr

Alix n'y fait qu'une brève escale pour s'embarquer vers l'Italie, mais la ville fut assez importante pour qu'on lui consacre un article.
La ville phénicienne ( « le rocher » ) se nommait Dura en égyptien, Tùrios en grec, Tyrus, Tyros ou Sarra en latin, Sur en syriaque. Ce dernier nom, repris par l'arabe, reste aujourd'hui en usage.
Selon Hérodote, elle aurait été fondée en -2750. Le plus curieux, c'est que cette date a été confirmée par l'archéologie.
Tyr occupa d'abord deux petites îles rocheuses qui furent unies et élargies au -X° siècle. Séparées de la terre ferme par un détroit de 700 m de large, elles mesuraient alors 4 km de périmètre et 1600 m de long, mais étaient dépourvues de sources : un système complexe de canalisations amenait l'eau potable depuis le rivage où des faubourgs ne tardèrent pas à s'élever. Tyr possédait de puissantes fortifications et deux ports. Ces travaux furent entrepris par le roi Hirôm 1er, un souverain bâtisseur, puisque ce fut aussi lui qui fournit à Salomon les matériaux et les ouvriers nécessaires pour construire le Temple de Jérusalem.
Tyr semble avoir longtemps eu de bonnes relations avec ses voisins, non seulement avec Israël, mais aussi avec les Égyptiens, les Assyriens et le royaume d'Ougarit. Elle maîtrisait la mer et fonda de nombreuses colonies en Méditerranée, dont Carthage. Puis les choses se gâtèrent avec les Assyriens et Israël : la région tombe alors sous la mainmise des Assyriens, puis des Babyloniens, et enfin des Perses, jusqu'à ce que Alexandre le Grand arrive par là. Après un siège de 7 mois, et la construction d'une digue dans le détroit, la ville tombe en -332 ; la partie insulaire est conservée, mais la partie terrestre est détruite.
La période romaine apportera à Tyr une nouvelle prospérité économique.

Les îles Éoliennes et le Stromboli

Nos voyageurs ne font que passer au large de cet archipel, également dénommé îles Lipari, du nom de l'île principale ; il comprend 17 îles, dont 7 sont habitées. Toutes sont d'origine volcanique, mais seules Stromboli et Volcano ont encore des volcans actifs.
La légende veut qu'Eole ait colonisé l'archipel pendant la guerre de Troie. C'est plus sûrement le fait d'Italiens méridionaux, et cela dès la Préhistoire, pour y exploiter l'obsidienne, pierre tranchante d'origine volcanique, et de Grecs qui y débarquèrent en -580. Une bataille y eut lieu entre les flottes romaines et carthaginoise en -260, que Rome perdit.
L'archipel est inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco, ce qui n'empêche pas les promoteurs immobiliers de s'y intéresser de près.

Herculanum

C'est là que débarque Alix à la fin de son périple maritime. Cette ancienne colonie grecque essaya d'obtenir le droit de cité romain pendant la guerre sociale de -90/-89, mais ne l'obtint finalement qu'en l'an 30 de notre ère. Comme toute la baie de Naples, c'était une station balnéaire appréciée des riches Romains. Elle fut détruite par l'éruption du Vésuve en 79, en même temps que Pompéi ; il y subsiste de nombreux et magnifiques vestiges, non seulement des constructions, mais aussi des peintures ( à voir sur plusieurs sites Internet ).

Baïa ( ou Baies )

Cette autre ville balnéaire, située au sud du golfe de Naples, était connue depuis longtemps pour ses sources thermales chaudes, sulfureuses ou salines, en raison du volcanisme de la région. A la fin de la République, de nombreux notables Romains s'y firent construire des résidences d'été, non seulement César, comme on le voit ici, mais aussi Marius, Crassus, Pompée et Cicéron.
Sous l'Empire, Baies aura d'autres résidents célèbres : Auguste, Ovide ( qui en parle dans « L'art d'aimer » ), Caligula, ( qui y reçut Hérode Antipas ), Agrippine, Néron et Hadrien ( qui y mourut ).
Le site antique est aujourd'hui en partie submergé en raison d'affaissements de terrains. Les vestiges encore visibles sont constitués principalement par un vaste ensemble thermal et le palais impérial.


Le souvenir de l'Assyrie

Il peut paraître étonnant qu'un aventurier ressuscite le souvenir des Assyriens dont l'Empire s'était effondré cinq siècles plus tôt. Pourquoi eux, puisque les Babyloniens, les Perses, les Grecs et les Parthes leur avaient succédé dans la région, et sans démériter ? A cause du costume aussi somptueux qu'impressionnant ? Ou de leur réputation guerrière et leur férocité qui n'étaient pas surfaites ? En tout cas, il semble que Sargon-Arbacès veuille effacer les cinq siècles d' « intérim » et recommencer comme si son prédécesseur homonyme venait juste de quitter la vieille citadelle de Sargon II... qui n'avait jamais servi. Mais qu'avait donc l'Assyrie d'aussi fascinant ?

L'Assyrie, le pays d'Assour ( Mat Ashshur en akkadien ) est la région qui entourait l'ancienne ville d'Assour ( aujourd'hui Qualat Sherquat, en Irak ), située sur la rive droite du Tigre, à 110 km au sud de Mossoul. Assour était aussi le nom du dieu local, seul « roi » légitime de cette région où prospéraient l'agriculture et l'élevage, mais aussi les échanges commerciaux ( métaux, minéraux, produits finis de l'artisanat ) avec les États voisins : Zagros, Anatolie, Syrie, Mésopotamie du sud.
A la fin du III° millénaire, la région dépend de l'Empire d'Akkad, le premier qui unifia la Mésopotamie, puis acquiert progressivement son indépendance contre un autre suzerain, l'Empire Mittanien, qui contrôle la Mésopotamie du nord, en devenant une grande puissance militaire qui utilise notamment le char de combat ( -XIII° siècle ).
L'Assyrie sera un royaume important dès le -XV° siècle, qui s'étendra et finira par dominer politiquement tout le Proche-Orient à partir du -IX° siècle : elle englobera les territoires de Babylone et de Suse, les vallées mésopotamiennes du Tigre et de l'Euphrate en entier, la Syrie, la Phénicie, la Palestine et enfin l'Égypte, mais les Mèdes finiront par abattre l'Empire Assyrien, affaibli, en -609.
L'Empire Assyrien était dirigé par un roi, représentant terrestre du dieu Assour, assisté par une puissante noblesse. L'armée était très bien organisée et encadrée, composée essentiellement de fantassins « conscrits », mais avec une cavalerie professionnelle.
La société ne se reconnaissait officiellement que deux classes : les libres et les non-libres, mais avec pour les premiers de nombreux niveaux de fortune et d'indépendance, les seconds étant des esclaves.
On cultivait des céréales, des légumes, des arbres fruitiers et la vigne. Les Assyriens exportaient de l'étain et des textiles, et importaient du cuivre, qui, avec l'étain, servait à fabriquer le bronze.
Les principales villes étaient Assour et Ninive, dont les palais étaient décorés de peintures et de bas-reliefs représentant notamment des scènes de batailles.


Les nomades de la « mer des herbes »

En mettant nos pas dans ceux d'Alix, nous avons eu l'occasion de croiser des représentants de nombreux peuples, mais assez rarement des nomades. Ce mode de vie est pourtant loin d'être rare à cette époque, y compris dans des régions où les vallées cultivées interrompent des étendues propices à l'élevage des troupeaux ou au déplacement des caravanes. En effet, ces nomades sont généralement des pasteurs, et n'ont plus rien à voir avec leurs ancêtres chasseurs-cueilleurs de la Préhistoire qui migraient pour accompagner le gibier et le mûrissement des fruits.

Ce nomadisme apparaît au début du -I° millénaire dans un milieu de gens issus de communautés pratiquant l'agriculture, mais qui, sous l'influence de facteurs divers et grâce à la maîtrise du cheval monté, entreprennent de se spécialiser dans l'élevage. Pour nourrir leurs troupeaux, ils renoncent à un habitat fixe et partent avec familles et biens pour exploiter les immenses territoires de pâture que constituent les steppes d'Eurasie, du Fleuve Jaune ( Huang He ) au Danube, et qu'ils appellent la « mer des herbes ».
Leurs formes de mobilité sont diverses : transhumance « verticale » entre plaine et montagne, déplacements horizontaux entre lieux d'estive et d'hivernage, parcours saisonniers en boucles, à moins que des évènements climatiques ou guerriers ne les contraignent à des migrations définitives. L'amplitude de ces déplacements peut atteindre des centaines, voire des milliers de kilomètres. Le nomadisme n'est pas une errance absolue et ne se conçoit qu'avec une étroite interdépendance avec les sédentaires sur les plans économiques et culturels ; l'enrichissement mutuel est d'ailleurs l'une des caractéristiques des contacts entre ces deux modes de civilisations.

En Mésopotamie, puisque c'est là que se déroule notre histoire, c'est l'utilisation du chameau, à partir du -I° millénaire, qui fera apparaître le grand nomadisme. Auparavant, les pasteurs ne s'éloignaient jamais beaucoup des lieux occupés par les sédentaires. Ces derniers, agriculteurs ou artisans, échangeaient leurs produits contre la viande et la laine fournie par les pasteurs. Il s'agissait d'ailleurs la plupart du temps des mêmes peuples dont une partie optait pour l'un ou l'autre mode de vie, de manière permanente ou non.
Les nomades mésopotamiens sont représentés dans les bas-reliefs assyriens. Certains groupes, contrôlant les grandes routes caravanières, créeront des entités politiques stables, mais la plupart continuèrent leur genre de vie qui était encore connu à l'époque de notre histoire et jusqu'à l'Hégire.

Les nomades que l'on voit ici semblent être originaires d'Asie centrale ( probablement des turco-mongols ) qui se seraient aventurés jusqu'en Mésopotamie, peut-être en suivant la route de la soie, ou tout simplement attirés par un espace libre et peu contrôlé au cours d'une période troublée.. En tout cas, l'intervention de la jeune fille prouve que la région leur est bien connue.


Le naphte

Le mot « naphte » désigne les affleurements de pétrole qu'on trouve fréquemment au Moyen-Orient et en Asie centrale. Ils proviennent d'un gisement souterrain dont une partie migre vers la surface par le biais d'une faille ou d'un sous-sol poreux. C'est un liquide noir, visqueux et inflammable. A ne pas confondre avec « naphta », mot récent désignant un produit issu de la distillation du pétrole.
Le mot français « naphte » est la traduction du grec « naphta », emprunté à l'iranien ancien, désignant une huile minérale plus ou moins raffinée, utilisée en Mésopotamie comme combustible. On retrouve la même racine dans l'arabe « naft » qui signifie lui aussi pétrole ou bitume.
Le naphte a vraisemblablement été distillé de longue date par les Arabes et d'autres peuples : au IX° siècle, Al-Razi décrit la distillation et l'alambic. Naft-Khaneh ( Maison du pétrole, en persan ) est l'endroit où l'on découvrit l'un des tout premiers gisements de pétrole en 1909, à la frontière Iran-Irak. De nombreux noms de villes sont construits à partir de cette racine : Maidan-I-Naphtun, premier site d'exploitation de l'Anglo-Persan Oil Company, Neft-Chala, au sud de Bakou, etc.
Dans l'Antiquité, Pline l'Ancien décrivait ainsi le naphte : « On appelle ainsi une substance qui coule comme du bitume liquide, dans les environs de Babylone et dans l'Astacène, une province de la Parthie. Le feu a une grande affinité pour elle et il s'y jette dès qu'il est à sa portée. C'est ainsi qu'on rapporte que Médée brûla sa rivale : celle-ci, au moment où elle s'approchait de l'autel pour y faire un sacrifice, eut sa couronne aussitôt envahie par le feu. »
L'huile de naphte a pu être l'un des composants du « feu grégeois », utilisé dans l'Empire Byzantin jusqu'au XIV° siècle.


Comment est racontée l'histoire ?

Dans « Avec Alix », je relève deux observations de Jacques Martin.
A propos d' « Alix l'intrépide » ( page 98 ) : « Il n'est pas exclu qu'Alix retourne à Khorsabad dans un épisode futur. Si je décide un jour de mettre un terme à ses aventures, j'aimerais assez qu'Alix se perde dans la ville même où il est apparu. Par ce retour aux sources, la boucle serait bouclée. »
A propos du présent album ( page 250 ) : « Le vrai retour aux sources puisque c'est dans cette ville que les lecteurs découvrirent Alix en 1948. Pour parfaire les retrouvailles, Arbacès sera là et fera enfermer les deux compagnons avec des lépreux. »
Bon, Alix est bien retourné à Khorsabad, mais il ne s'y est pas perdu, ce ne n'est pas encore pour cette fois-ci, et si Arbacès est bien là, en revanche les lépreux font défaut. Changement d'inspiration ou aléas de l'aventure éditoriale ?
Cette histoire est un peu une mal-aimée et on comprend pourquoi : le changement de dessinateur aux deux tiers de l'album ne plaide pas pour la cohérence de l'ensemble. Et pourtant, la prestation de C. Hervan reste honorable, même si elle n'atteint pas les sommets de Jacques Martin, ni la reprise par Christophe Simon qui conclut l'album ; il faut reconnaître que ce dernier, dans un style plus personnel, notamment par les soins apporté aux expressions des visages et des regards, approche de la perfection.
Reste l'histoire elle-même. Nous n'arrivons à Khorsabad qu'à la page 11 et nous quittons la ville page 29 ; autrement dit, plus de la moitié de l'aventure se déroule hors de la ville qui ne semble plus être qu'un prétexte pour fournir un titre parlant ; elle n'est qu'un point fixe provisoire, ni un départ, ni un aboutissement.
En fait, le véritable fond du récit, c'est la raison et le sort du vase d'or, offert par Orodès à César. On a donc deux histoires, serties l'une dans l'autre et sans grand rapport entre elles. Oui, mais me direz-vous : c'est déjà arrivé qu'Alix mène deux aventures simultanément dans le même album, avec le même décor et les mêmes comparses, par exemple dans « Le dieu sauvage », ou « Le cheval de Troie », qui sont des réussites. Ici, on a une simple juxtaposition qui à mon avis ne s'imposait pas et ce manque d'homogénéité dessert le récit. C'est le cas du récit d'Alix racontant son arrivée à Khorsabad : intéressant dans le cas d'un retour sur la présence, pas évidente, d'Alix en Orient, il n'est pas assez développé pour être explicatif et n'apporte rien à la suite de l'histoire.
On a l'impression que les enjeux de l'histoire incluse, c'est à dire le voyage privé d'Alix à Khorsabad, compliqué par la présence et la vengeance d'Arbacès, et qui propose une véritable trame dramatique plusieurs fois relancée ( le supplice qui attend Alix et Enak, le sort des esclaves, le pillage de la ville, la mort de Sirva ), alors que cela aurait pu faire l'objet de développements passionnants, sont négligés par rapport à l'histoire-support, qui reste assez banale malgré quelques efforts pour susciter l'intérêt ( le sort de la famille d'Alix, la scène sur le navire, l'attaque des pirates et l'éruption du Stromboli, la chute du vase ) et qui se conclut par l'attitude désinvolte de César, que le présent et l'avertissement d'Orodès n'impressionnent nullement.
Même une scène comme celle du marché et de la statuette ( pages 38 à 40 ), qui aurait pu être utile pour approfondir le caractère d'Enak, ne paraît pas ici à sa place, elle interrompt l'action sans la bonifier ni l'expliquer. Une piste intéressante, comme la recherche de la soeur d'Alix, est évoquée deux fois, puis simplement abandonnée ; alors, pourquoi aborder ce sujet, si c'est pour n'en rien faire ? Le récit n'est pas en manque de péripéties, mais leur exploitation n'est pas convaincante, l'accumulation ne suffit pas à faire une véritable histoire, on sent les coutures, et c'est gênant.
Plus encore que le changement de dessinateur en cours de route, les hésitations du scénario, qui ouvre une quantité de pistes et n'en exploite aucune à fond, sont la véritable faiblesse de cette histoire dont seul le titre est prometteur.





Les personnages

Alix : il s'est rarement posé autant de questions au début d'une aventure ; qu'est devenue sa famille, qu'il a perdu de vue après la bataille de Carrhes ? Que lui veut exactement le roi des Parthes avec cet étrange cadeau qu'il doit convoyer jusqu'en Italie ? Qui est ce non moins étrange gouverneur qui joue au monarque Assyrien ? Et quel est son but réel ? Si le premier point ne sera jamais élucidé au cours de ce récit ( nous prenons date pour une prochaine fois ), et si le deuxième se conclura par un voyage mouvementé, ce sont surtout les deux derniers qui lui poseront des problèmes, et quels problèmes, puisqu'il n'a jamais été aussi près de perdre la vue et peut-être la vie. Cette fois-ci, c'est lui qui aura besoin d'un sauveur, et il ne tardera pas à le trouver, sa qualité de citoyen romain et le prestige de Rome faisant assez de poids pour le tirer d'embarras. Et ensuite, c'est tout naturellement qu'il prendra la tête de l'opposition au faux Sargon, qu'il fera fuir, puis viendra à bout d'un capitaine de navire un peu trop avide. S'il se montre toujours aussi audacieux malgré l'adversité, au point de renverser au profit de sa cause des situations délicates ( pages 18, 21, 31, 37 ), on le voit confus devant César, comme un gamin pris en faute ( page 47, image 2 ), pour avouer que la mission confiée par Orodès n'a pas été entièrement réussie, mais il se ressaisit aussitôt pour plaider en faveur de son allié Scevolla. C'est bien toujours le même caractère, généreux avant tout.

Enak : suivre Alix n'est jamais une sinécure, il a eu maintes fois l'occasion de s'en rendre compte. Mais cette fois-ci, en marge d'aventures où il se conduit en garçon courageux, le pire ne lui sera pas épargné. Je ne veux pas parler du supplice que lui réserve Arbacès ( il faudrait s'interroger une bonne fois sur les raisons pour lesquelles Arbacès semble détester Enak encore plus qu'Alix ), mais de ces filles qui s'intéressent à lui d'un peu trop près. Même si on avait vu que le mariage n'était pas dans ses objectifs immédiats, on ne le croyait pas misogyne à ce point ! Il acceptera quand même l'aide de la gentille Sirva, ce qui sera fatal à la jeune fille. Plus positivement, il sera le premier à reconnaître Arbacès sous son accoutrement de Sargon, preuve qu'il est toujours aussi physionomiste. Mais son grand drame reste que personne ne le prend au sérieux quand il affirme être prince d'Egypte ; il est vrai qu'un prince avec seulement quatre sesterces sur lui... Alix ne lui donne donc pas d'argent de poche ? Une suggestion à une fille qui voudrait le séduire : commencer par le saluer du titre de prince, et on verrait bien !




Et, par ordre d'entrée en scène :

Crassus : je cite pour mémoire Marcus Licinius Crassus Dives, c'est à dire « le riche » ( -115/-53 ), puisqu'il a disparu bien avant le début de ce récit. Il est vrai qu'il l'avait bien cherché : à pied d'oeuvre en Orient dès l'automne -54 ( donc avec Alix et les autres cavaliers auxiliaires Gaulois ), il a perdu son temps ( mais pas son argent... ) à piller la région jusqu'en mai -53, avec les conséquences que l'on sait.

Suréna : ( voir la rubrique qui lui est consacrée dans « Alix l'intrépide » ). Ce grand seigneur Parthe faisait de l'ombre au roi Orodès, qui admettait difficilement qu'il soit plus heureux que lui à la guerre, et le fera assassiner pour éviter qu'il lui vienne l'idée de lui disputer le trône. Suréna est présenté ici comme un homme d'honneur, énergique, compréhensif et fiable.

Orodès : il fut roi des Parthes de -54 à -38. Pour lui, la victoire de Carrhes fut une divine surprise qu'il s'efforça de consolider par la suite, car il se doutait bien que les Romains n'en resteraient pas là. Il commença donc par éliminer Suréna, qu'il estimait son concurrent le plus dangereux en raison de sa victoire et de sa popularité dans l'armée et dans le peuple, et s'efforça de neutraliser son voisin le roi d'Arménie. Cela ne lui réussit pas mal, jusqu'à ce qu'il reçoive le paiement de sa traîtrise envers Suréna. En -40, il associa au trône son fils aîné, Pacorus, mais le fils cadet, Phraatès IV, les exécuta tous les deux, s'empara du pouvoir après avoir liquidé le reste de la famille, par prudence, et s'assura ainsi un règne de 40 ans. Un détail de sa rencontre avec Alix ( page 6 ) est assez peu vraisemblable : ces princes orientaux étaient cultivés et comprenaient au moins le grec, il n'aurait donc guère eu d'effort à faire pour suivre la conversation ! D'ailleurs par la suite ( page 33 ) il discute avec lui sans difficulté ni fatigue !

Claudius Marcellus Caravia : ce nouveau personnage est intéressant, et, malgré son infirmité, il n'hésite pas à rendre à Alix les services qu'il peut ; sans doute en conserve-t-il un excellent souvenir. Il est dommage que son rôle soit assez peu développé et qu'on l'abandonne avant la fin de l'histoire.

Arbacès, alias Andrinoüs, alias Sargon : trois noms pour lui tout seul, quelle richesse ! Il est vrai qu'il n'aime que ça, la richesse, et qu'il se démène une fois de plus comme un beau diable pour assurer sa fortune. Il y était presque arrivé, avec en plus la confiance – relative... - du roi Orodès, qui le considère comme un simple tueur à gages. Et une fois de plus, ça ne marchera pas. Nous l'avions laissé pirate déconfit à Ikarios, le voici qui rebondit en Assyrie, en jouant les Assyriens. Il faut dire qu'il mettait quelques chances de son côté : un pouvoir pas trop proche et pas trop regardant sur les moyens, une région excentrée à exploiter, un décorum qui le fait prendre au sérieux... Au moment où il croit pouvoir enfin se débarrasser d'Alix, voilà que la solidarité entre Romains retourne la situation à son détriment : s'il ne s'était pas méfié de ça, c'est qu'il est très mauvais politique. Il s'en tire plutôt bien, en se faisant couper la barbe, mais c'était ça ou recevoir une flèche. Dès lors, les jeux sont faits, il ne fait plus peur, et rien ne va plus pour lui. Si, avant de s'éclipser, sa vengeance finale semble le satisfaire, le résultat obtenu n'est pas grand chose par rapport à ce qu'il pouvait espérer. Que lui rapporte l'assassinat de Suréna, à part un sauf-conduit fourni par le roi ? Et le voilà qui disparaît bien avant la fin de l'histoire, pour une fois sans dommages pour lui ( il n'est ni noyé, ni écrasé, ni pendu ), et sans même vérifier si sa vengeance a réussi : les traditions se perdent...


Curius Scevolla : sans doute le personnage le plus intéressant de cet épisode. Ce soldat perdu est passé de la légion romaine au mercenariat, au service de Sargon, mais sa nostalgie du pays et de son armée le font se retrouver dès qu'il peut entrer en contact avec des compatriotes, et on peut compter sur Alix pour lui vanter la fidélité et la loyauté à Rome, même si son interlocuteur l'agace par son insistance. Aussi, lorsqu'il faut défendre des citoyens romains contre Sargon l'aventurier sans patrie, il n'hésite pas longtemps pour changer d'allégeance. Après cela, on va néanmoins le retrouver perplexe devant l'alternative que lui propose Albanus : vaut-il mieux tenir ( le vase d'or ) que courir ( après un hypothétique pardon de César ) ? Les choses n'ayant pas tourné à l'avantage du capitaine, il préfère rentrer dans le rang et livrer son complice d'un jour aux autorités. Mais c'était sans compter avec César qui a du service militaire une conception autrement moins souple que celle d'Alix : ce sera pour Scevolla le retour à la case départ.

Shar-Kal et Shin-Li : les chefs nomades sont les alliés de Sargon ou de ses adversaires selon ce qui les arrange, c'est à dire ce que leur propose le plus offrant ( en l'occurrence, Alix et Scevolla ). Voilà à quoi tient leur engagement, sachant qu'en plus il leur sera permis de piller Khorsabad. On peut regretter ici qu'Alix ait fait bon marché de la liberté et même de la vie des habitants de la ville. Ce n'est pas dans ses habitudes, même s'il invoque les lois de la guerre ( il sait à quoi s'en tenir à ce sujet ), et à voir les attitudes et à suivre les paroles de ses alliés occasionnels, on se doute qu'ils ne laisseront rien derrière eux qui ait de la valeur.

Sirva : la jeune fille nomade est le seul rôle féminin important de cette histoire. Elle a la fâcheuse idée de s'amouracher d'Enak, dont on a vu qu'il n'avait pas les mêmes intentions à l'égard de la gent féminine. Pour se faire bien voir de lui, elle voudra lui rendre un service qui lui coûtera la vie. Mais son sacrifice involontaire permettra de sauver la ville ( que les siens ont déjà mise à sac ). Un comble pour une nomade.

Arius Albanus : le capitaine du « Triton » est un marin dans la grande tradition de l'Antiquité : un peu commerçant, un peu pirate. Il compte mettre la main sur le vase d'or et s'assure un complice en la personne de Scevolla, en qui il a sans doute deviné le moins assuré de ses passagers pour ce qui est de l'honnêteté. Son stratagème échouera parce que son complice rejoindra pour la seconde fois le parti du droit, personnifié par Alix, dont il attend beaucoup pour soutenir sa loyauté renouvelée à Rome.

César : encore une fois, c'est lui qui conclut l'histoire. On le retrouve dans la baie de Naples, où il n'aurait pas dû se trouver, puisque son domaine, c'est la Gaule, et seulement elle pour l'instant. Passons sur cette entorse à l'Histoire et retrouvons-le tel qu'en lui-même. S'il est prêt à pardonner à Alix une maladresse dont ce dernier n'est pas responsable, il n'est pas le moins du monde convaincu par l'argumentation du roi des Parthes ; il comptait bien d'ailleurs aller le lui expliquer en personne. Et s'il réintègre Scevolla dans l'armée romaine, c'est à ses conditions et elles seules : il faut savoir qui est le maître !


Conclusion

Malgré les imperfections de cette histoire, la partie qui se déroule à Khorsabad reste la plus intéressante et aurait mérité un plus large développement. Les autres parties auraient pu être aussi passionnantes, à condition d'être mieux développées, à commencer par la recherche d'Alexia. Au total, une bonne occasion manquée partiellement.
J'aurais quand même bien aimé voir Alexia de plus près !...


Sources : mes supports habituels, à savoir « L'histoire du monde », de Jean Duché ( Flammarion ) et « Le dictionnaire de l'Antiquité », de Jean Leclant ( PUF ).


La prochaine fois : L'Ibère ( Ibérie, Hispanie ; la bataille de Munda ; une brève histoire de César ).


-oOo-











Raymond

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Admin

Moi aussi, j'aurai bien aimé voir Alexia de plus près ! Sad

Sinon, je suis d'accord avec Jean-Marc ! Il n'est pas toujours facile de distinguer l'analyse de la critique. L'une appelle l'autre, comme en témoigne ce passage de l'analyse qui résume très bien ce que je pense moi aussi de l'histoire Cool :

"Plus encore que le changement de dessinateur en cours de route, les hésitations du scénario, qui ouvre une quantité de pistes et n'en exploite aucune à fond, sont la véritable faiblesse de cette histoire dont seul le titre est prometteur".

On en revient toujours à cette constatation, hélas, mais j'adresse tout de même un grand merci à Jacky-Charles pour avoir essayé d'élargir le débat. pouce


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Raymond

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Une petite anecdote à propos de Suréna, ce grand général qui a l'honneur d'être assassiné par Arbacès lui-même. Ce personnage a été le héros d'une tragédie de Corneille qui est peu représentée sur scène (pour ma part je ne l'ai jamais lue ni vue). Est-ce que quelqu'un la connait ?

Sinon, pour ce qui concerne l'intrigue autour du vase, elle me semble parfaitement inintéressante, hélas ! Il me semble d'ailleurs que dans le monde antique, une offre de paix ou un avertissement à état rival ne s'accompagnait pas d'un simple "bibelot" de ce genre. Pour obtenir la paix, on envisageait des garanties plus solides, comme par exemple un contrat de mariage, pour être crédible. Rolling Eyes


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JYB


vieux sage
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Je ne donnerai pas d'avis personnel, m'y refusant parce que je suis moi-même scénariste (on ne peut pas être juge et partie...), et aussi - raison encore plus valable - parce que je n'ai pas lu cette histoire, mais vos réflexions m'incitent à rappeler qu'on peut aller lire tout ce que je disais de la difficulté de succéder à un auteur, à cette page du forum : https://lectraymond.forumactif.com/autres-bandes-dessinees-f7/reprise-d-une-serie-apres-la-disparition-de-son-createur-t401.htm
Je résume ici mon avis, que beaucoup ne partagent apparemment pas mais que j'affirme encore plus : à la mort d'un auteur, le mieux est de stopper sa série et ne pas lui trouver de suites.

Raymond

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Le problème n'est pas vraiment le même car le scénario de C'était à Khorsabad a été fait d'après un synopsis de Jacques Martin, du vivant de Jacques Martin et que l'écrivain était choisi par Jacques Martin. Par ailleurs, François Maingoval est semble t-il resté en contact avec Jacques Martin pendant l'écriture du récit et les importantes modifications qu'il a introduites (et que l'on déplore) aurait reçu l'assentiment du créateur de la série. Question

Il me reste tout de même l'impression que Jacques Martin n'était plus très impliqué dans de la réalisation de cet album. Même s'il était bien vivant (et qu'il gardait toute sa tête), il ne pouvait pas maîtriser tout qui se faisait. Rolling Eyes


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vieux sage
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Donc acte. J'ignorais ces détails (désolé, je suis trop versé dans l'oeuvre de Charlier et pas assez dans les arcanes de la création des histoires de Jacques Martin, me contentant de lire les BD). Il est vrai que j'aurais dû réfléchir : Jacques Martin est décédé il y a peu...
Cela dit, tout cela est fort intéressant à savoir et à considérer... Pour avoir les tenants et les aboutissants de l'affaire, ce serait intéressant aussi d'avoir le témoignage du scénariste qui a bossé sous le contrôle de Jacques Martin pour connaître le degré d'implication et d'intervention de ce dernier.
Je peux apporter mon témoignage personnel (en tant que scénariste moi-même) sur un fait : entre le synopsis que j'imagine au départ, et le résultat une fois l'album publié, il y a souvent des différences, et même de grosses différences, et même des choses qui n'ont rien à voir avec les données du départ. Car à partir de l'idée générale et des péripéties qu'on entrevoit "sur le papier", et selon la façon dont on oriente son scénario page après page, en fonction de pas mal d'éléments qui interviennent en cours de route et auxquels on n'avait pas pensé (auxquels on ne pouvait pas penser), en fonction des dialogues qu'on rédige et qui nous font prendre conscience que certaines choses ne passent pas ou ne sont pas logiques, le scénario final tel qu'il figure dans l'album est l'aboutissement d'une "cuisine", une alchimie assez extraordinaire qui témoignent de beaucoup de tâtonnements, de réflexions - je peux rester parfois pendant plusieurs jours, plusieurs semaines, à "sécher" sur une scène, parce que "ça ne vient pas". Je suis prêt à parier que c'est la même chose pour bon nombre de scénaristes. Et en outre, on n'est jamais sûr d'avoir fait le bon choix : écrire un scénario de fiction, ce n'est pas comme résoudre une simple équation mathématique, du genre 2 + 2 = 4... Donc, un synopsis n'est en fait qu'un brouillon, une proposition à la plausibilité non garantie, et qui sera presque sûrement revu et corrigé en cours de réalisation et d'écriture des textes et dialogues. Et on peut considérer que les tâtonnements, les allers et retours entre Martin et Maingoval, les discussions, les propositions de modifications, font partie de cette phase de construction où l'on remet cent fois son ouvrage sur le métier.
Alors si en plus deux scénaristes sont sur le coup (Jacques Martin et François Maingoval dans ce cas précis), l'histoire peut être triturée dans toutes les directions, en fonction des idées de l'un et de l'autre. Le résultat risque de ne pas être satisfaisant, d'autant que ce n'est pas facile d'apporter des modifications qui, par ricochet, entraînent d'autres changements dans la structure de l'histoire, les personnalités et réactions des personnages, etc. Juste parce que le système de pensée de l'un des deux scénaristes ne s'accorde pas au système de pensée de l'autre, et parce que certaines idées de prédilection chez l'un, certaines façons de voir les choses, ne sont pas les mêmes chez l'autre.
Personnellement - autre témoignage que je peux donner - je bosse seul sur mes scénarios - seul devant ma feuille blanche ou devant mon ordinateur - et ne pourrais pas bosser "à quatre mains". S'il m'arrive de solliciter tel ou tel (comme, en priorité, mes dessinateurs) pour avoir des idées de-ci, de-là, parce que je "sèche" comme dit plus haut, je reste le seul à contrôler l'écriture du scénario et des dialogues, à agencer les scènes les unes après les autres, etc. C'est peut-être ça qui a manqué à Jacques Martin : pouvoir contrôler seul, à 100%, le développement et l'écriture de ce scénario, à partir de son synopsis. Et peut-être aussi le temps et l'autorité de faire prévaloir son point de vue.
Cette affaire soulève pas mal de questions. Je n'en poserai que quelques-unes (j'enfonce peut-être des portes ouvertes, pour vous qui connaissez les coulisses de la série Alix) :
- sur quels critères Jacques Martin avait-il choisi François Maingoval pour mettre au propre son synopsis ?
- quelles consignes Martin a-t-il données à Maingoval ? Ce dernier devait-il suivre à la lettre le synopsis ? S'en inspirer de près ? De loin ?
- les scénaristes successeurs de Martin doivent-ils obéir à un "cahier des charges", une sorte de Bible comme on dit pour les scénaristes de feuilletons télé, qui stipule tout ce qu'il ne faut pas oublier pour respecter l'esprit et la lettre de chacune des séries ?
- depuis le décès de Martin, quelqu'un d'autre que les scénaristes attitrés surveille-t-il la réalisation des scénarios ?
- mais alors, les critiques qui sont émises ici contre le scénario de Cétait à Khorsabad, elles le sont donc contre Jacques Martin...? Est-il envisageable que Jacques Martin puisse être critiqué, lui qui fut et est toujours encensé...? C'était à Khorsabad : les analyses Icon_rolleyes

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JYB a écrit:Je résume ici mon avis, que beaucoup ne partagent apparemment pas mais que j'affirme encore plus : à la mort d'un auteur, le mieux est de stopper sa série et ne pas lui trouver de suites.
Je crois qu'on a tous bien compris ton avis sur la question C'était à Khorsabad : les analyses Icon_biggrin

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Raymond a écrit:Le problème n'est pas vraiment le même car le scénario de C'était à Khorsabad a été fait d'après un synopsis de Jacques Martin, du vivant de Jacques Martin et que l'écrivain était choisi par Jacques Martin. Par ailleurs, François Maingoval est semble t-il resté en contact avec Jacques Martin pendant l'écriture du récit et les importantes modifications qu'il a introduites (et que l'on déplore) aurait reçu l'assentiment du créateur de la série. C'était à Khorsabad : les analyses Icon_question
En tous cas, les premières planches ont encore été découpées et dialoguées par J Martin lui-même.



Dernière édition par Jean-Marc le Mar 1 Juin - 8:56, édité 1 fois

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JYB a écrit: Est-il envisageable que Jacques Martin puisse être critiqué, lui qui fut et est toujours encensé...? C'était à Khorsabad : les analyses Icon_rolleyes

Jacques Martin le disait lui-même : "Je n'ai pas fait que des chefs-d'oeuvre". Dans la carrière de n'importe quel grand auteur, il y a des hauts et des bas. Des albums comme L'ultimatum, Le fleuve de Jade ou El Paradisio sont des albums mineurs à mon avis. Ce qui différencie un Maître comme il était, d'autres bons auteurs, c'est le fait d'avoir inventé un genre, la BD historique, d'avoir eu une oeuvre riche, abondante et variée comportant des thèmes universels, et d'avoir créé de véritables chefs-d'oeuvre sur le long terme.
C'est aussi la rigueur dans son travail et le respect absolu des lecteurs et, en résumé, d'avoir marqué plusieurs générations. Mais aucun auteur de ce gabarit n'est à l'abri de quelques oeuvres moins réussies. Cependant, entre Le fleuve de Jade et La cité engloutie, je reprends 100 fois le premier C'était à Khorsabad : les analyses Icon_biggrin , entendons-nous bien, je veux dire qu'entre un album "Martin" moins bon et un album repreneur idem, à mes yeux, il n'y a quand même jamais photo à l'arrivée!

JYB


vieux sage
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Jean-Marc a écrit: Mais aucun auteur de ce gabarit n'est à l'abri de quelques oeuvres moins réussies.
Aucun auteur n'est à l'abri ? Et qu'entends-tu par "moins réussies" ? Discussion de marchands de tapis et coupage de cheveu en quatre à venir, mais si je prends au hasard des auteurs "de ce gabarit" : Pratt, Hergé, Goscinny, Charlier bien sûr, Jacobs, etc, OK, on trouve en effet des oeuvres moins connues, moins intéressantes, mineures, etc. Mais moins réussies (s'il faut entendre par là : techniquement, du point de vue de la narration, du découpage, de la façon d'amener les scènes, de captiver le lecteur, etc.), je ne crois pas (sauf à leurs lointains débuts, lorsque, comme tous les débutants du monde, ils tâtonnaient et apprenaient le métier "sur le tas"). Ces auteurs que je cite, et que je mets à un niveau à peu près équivalent à Martin (et même si je mets quand même Charlier, Hergé et Pratt un cran au-dessus, Goscinny étant un peu à part et n'étant pas tout à fait comparable...), savaient faire, savaient bien faire, et savaient toujours bien faire. Cette technique assimilée, ce professionnalisme, ce savoir-faire acquis une bonne fois pour toutes, permettaient de faire passer la pilule lorsque, éventuellement, il a pu leur arriver de trouver une histoire un peu moins solide que les autres (là, à chaud, je ne trouve pas d'exemples frappants chez les uns et chez les autres). Mais - ce n'est que mon avis... - il ne me semble pas qu'on puisse critiquer l'un ou l'autre autant que j'ai vu Martin critiqué un peu plus haut. Alors, faut-il admirer et apprécier Martin pour l'ensemble de son oeuvre sur le long terme, pour avoir inventé le genre BD historique, etc. ? Oui certainement.

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Jean-Marc a écrit:Ce qui différencie un Maître comme il était, d'autres bons auteurs, c'est le fait d'avoir inventé un genre, la BD historique, d'avoir eu une oeuvre riche, abondante et variée comportant des thèmes universels, et d'avoir créé de véritables chefs-d'oeuvre sur le long terme.
C'est aussi la rigueur dans son travail et le respect absolu des lecteurs et, en résumé, d'avoir marqué plusieurs générations. Mais aucun auteur de ce gabarit n'est à l'abri de quelques oeuvres moins réussies.

C'est pour ça que j'admire Martin.

Ce que j'entends par album moins réussi, ce sont des scénarios moins bien inspirés.
Pour les critiques dont tu parles, je pense que tu t'adresses à Jacky-Charles, qui critique une oeuvre et non pas J Martin, ce sont deux choses différentes. En outre, il a lu, et bien lu, l'album dont il parle et il argumente son avis, je ne vois pas du tout où se situe le problème.

Jacky-Charles


docteur honoris causa
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Raymond a écrit:Une petite anecdote à propos de Suréna, ce grand général qui a l'honneur d'être assassiné par Arbacès lui-même. Ce personnage a été le héros d'une tragédie de Corneille qui est peu représentée sur scène (pour ma part je ne l'ai jamais lue ni vue). Est-ce que quelqu'un la connait ?

Sinon, pour ce qui concerne l'intrigue autour du vase, elle me semble parfaitement inintéressante, hélas ! Il me semble d'ailleurs que dans le monde antique, une offre de paix ou un avertissement à état rival ne s'accompagnait pas d'un simple "bibelot" de ce genre. Pour obtenir la paix, on envisageait des garanties plus solides, comme par exemple un contrat de mariage, pour être crédible. Rolling Eyes

Je m'étais procuré le texte de cette pièce pour préparer mes commentaires sur "Alix l'intrépide" et sur "C'était à Khorsabad". Elle est publiée en Folio, et, plus que le texte lui-même, je recherchais plutôt les sources dont Corneille s'était inspiré en 1674, date de la pièce, sa toute dernière. Mais je ne me suis pas ennuyé à la lecture de ce merveilleux français de l'époque.

En voici la présentation : "La dernière tragédie de Corneille est l'une des plus belles, tant l'action s'y mêle à l'élégie, et à la poésie. On veut faire épouser à Suréna ( général d'Orodès, roi des Parthes ) Mandane, qu'il n'aime pas, et non Eurydice ( fille d'Artabase, roi d'Arménie ), qu'il aime ; on veut faire épouser à Eurydice Pacorus ( fils aîné d'Orodès ), qu'elle n'aime pas, et non Suréna, qu'elle aime. Mandane ( qui n'apparaît pas dans la pièce ) est la fille du roi des Parthes, que son lieutenant, Suréna, a rétabli sur le trône. C'est donc un drame de l'ingratitude du pouvoir, de l'amour impossible, et de la mort. Entre le politique, représenté par un roi emporté par la logique totalitaire du système dont il est le produit et le garant, et la liberté de la personne dont le héros est le défenseur, le combat est impitoyable et sans issue. La grandeur finale de la pièce est que les amants vaincus triomphent, et que leurs bourreaux sont oubliés."

A noter que la pièce se déroule à Séleucie, dont j'ai parlé dans mon commentaire, et que Corneille situe sur l'Euphrate, au lieu du Tigre.

En ce qui concerne les garanties de paix, à l'époque, on avait aussi l'habitude de prendre des otages, en général des jeunes gens appartenant aux familles des rois ou des chefs vaincus, et qui étaient élevés chez le vainqueur, à la fois pour s'imprégner de sa culture et pour répondre sur leur vie d'éventuels écarts de conduite du vaincu. Parmi les personnages connus de l'Antiquité, ce fut le sort de Philippe II de Macédoine, le père d'Alexandre le Grand ( à Thèbes ), et, plus tard, à Rome, du Germain Arminius, dont l'histoire fait l'objet de la BD "Les Aigles de Rome".

JYB


vieux sage
vieux sage

Jean-Marc a écrit:(...)Jacky-Charles, qui critique une oeuvre et non pas J Martin, ce sont deux choses différentes.
Certes, Jacky-Charles a critiqué l'oeuvre (il l'a très bien fait d'ailleurs ; un coup de chapeau à son texte érudit), mais dans ses commentaires, il y avait des critiques négatives contre le scénario et certains aspects du scénario ; aussi :
1) l'oeuvre en question étant créée par J Martin, c'est difficile de faire abstraction de l'auteur, ou de faire comme si l'auteur était inatteignable, ou comme si l'album était issu du néant, comme une génération spontanée et comme si J Martin n'y était pour rien ;
2) j'ai compris maintenant que c'est une oeuvre commune Martin + Maingoval ; donc, à qui s'adressent les critiques dans ce cas-là ?
A moins, bien sûr, de soutenir comme tu le fais que l'oeuvre et l'auteur (ou les auteurs) "sont deux choses différentes"... Alors que moi, je lie intimement les deux (il m'est arrivé de lire ou d'entendre des critiques négatives contre mes propres scénarios, je les ai prises pour moi, pas pour le voisin de palier... Dans ces cas (heureusement rares, il faut le dire...), je n'ai pas fait non plus abstraction de mon rôle dans l'affaire en disant des choses comme "Ah ben, l'inspiration n'était pas là...", ou "J'avais mangé des huîtres avariées la veille..." etc. Le lecteur Lambda s'en fiche pas mal et quand il a un reproche à faire, il regarde le nom de l'auteur sur la couverture de l'album, point). Et c'est parce que je lie intimement les deux que j'ai dit plus haut et ailleurs sur ce forum qu'à la disparition d'un auteur de BD, il vaut mieux que sa série (son oeuvre) s'arrête aussi.

Raymond

Raymond
Admin

Mmm ... c'est pourtant assez simple. C'était à Khorsabad : les analyses Icon_rolleyes

Jacky-Charles analyse (et critique) le scénario sans s'attarder sur la question de savoir qui en est l'auteur ! Cette attitude est fort sage car C'était à Khorsabad est une sorte d'oeuvre gigogne, un livre dans lequel plusieurs créateurs ont laissé chacun des couches successives (les dessinateurs ont aussi leur rôle). De ce travail d'équipe, il reste une histoire hybride qui ne satisfait personne, et il est difficile d'en définir le principal responsable. Ni Maingoval, ni Jacques Martin n'ont vraiment pu faire ce qu'ils voulaient, et le résultat aurait peut être été meilleur si il n'y avait eu qu'un seul scénariste.


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Pierre

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vieux sage
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Cet état de fait était du à quoi ? Les contraintes éditoriales ? Les rapports entre les principaux protagonistes ?

Raymond

Raymond
Admin

Pierre a écrit:Cet état de fait était du à quoi ? Les contraintes éditoriales ? Les rapports entre les principaux protagonistes ?
Non ! Cela découle probablement du fait que les responsabilités n'étaient pas claires dans cette collaboration. Qui était l'auteur véritable de cet album ? Etait-ce Jacques Martin ? Non, car il venait d'arrêter et faisait confiance à son successeur. Etait-ce François Maingoval ? Non, car il ne se sentait pas vraiment libre en reprenant des idées qui n'étaient pas les siennes. Je présume qu'en conséquence, personne ne se sentait complètement responsable du résultat.


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JYB


vieux sage
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Raymond a écrit:Jacky-Charles analyse (et critique) le scénario sans s'attarder sur la question de savoir qui en est l'auteur ! Cette attitude est fort sage (...)
Ah, alors je me suis peut-être fourvoyé dans ce sujet et j'aurais peut-être dû faire, dans un topic plus approprié sur ce forum, les remarques que j'ai énumérées précédemment ?
Et puis, j'ai le tort d'être scénariste et de m'intéresser à la partie "scénario" de toute BD.
Autre défaut (si on peut parler de défaut) : j'aime bien creuser et décortiquer les choses, et en particulier la fabrication d'une BD.
Cela dit, à moins qu'on me dise que ça suffit, je trouve cette recherche de paternité passionnante et, indépendamment de l'analyse du scénario comme l'a menée Jacky-Charles, je trouverais bien qu'on aille plus loin (et d'avoir au minimum le témoignage du co-scénariste Maingoval).

Jacky-Charles


docteur honoris causa
docteur honoris causa

Moi aussi, j'aurais bien aimé savoir ce qui, dans ce scénario, appartenait à Jacques Martin et ce qui appartenait à Maingoval, s'il veut bien le dire. Quoi qu'il en soit, l'album est paru, il est ce qu'il est, et on ne le refera sans doute pas, même s'il ne me satisfait pas entièrement. Aurais-je eu le tort de le dire ? Je ne le crois pas, car il y a eu bien d'autres critiques formulées ici. En tout cas, merci à ceux qui ont répondu pour moi !

Michel Jacquemart

Michel Jacquemart
bédéphile pointu
bédéphile pointu

Je me souviens que François Maingoval avait évoqué sa collaboration avec Jacques Martin pour cet album sur l'ancien forum qui s'est sabordé... Il y avait notamment expliqué qu'il avait longuement discuté de chaque détail avec Jacques Martin et qu'il avait respecté au mieux les idées de Jacques Martin...

En y réfléchissant, je me demande si ce n'est pas précisément là, dans cette attitude scrupuleuse et respectueuse, que réside la source du problème... (C'est juste une hypothèse de ma part.)

Je m'explique : Jacques Martin avait toujours de bonnes idées... Il débordait même d'idées ! Et il a accepté la collaboration de scénaristes pour finaliser ses synopsis, tout comme il avait engagé des collaborateurs pour finaliser ses dessins d'après les story-boards qu'ils continuait à dessiner lui-même...

Ce qui a très bien pu se passer, c'est que le "scénariste adjoint" n'ait pas eu l'audace ou l'envie de trancher dans les idées de Jacques Martin... Dans ses interviews, Jacques Martin expliquait que pour chaque album, il avait toujours plus d'idées que ce que l'on pouvait en mettre dans l'album, et qu'il opérait une sélection en cours de route... Comme cette fois il avait un "scénariste adjoint" pour finaliser les choses, il n'a pas effectué cette sélection... Et le "scénariste adjoint" n'a pas osé toucher aux idées du Maître...

Cela expliquerait pourquoi dans cet album on a une série de pistes, de directions, sans que l'on en choisisse vraiment une : recherche des parents d'Alix (c'est l'idée de départ), la soeur d'Alix, Arbacès, le message et le vase à César, le mariage d'Enak, les gisements de naphte, l'ancien ami devenu aveugle (que l'on oublie en cours de route)... Il y a en fait là des idées pour plusieurs albums !

JYB


vieux sage
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Suppositions fort intéressantes. J'ai eu raison d'insister il y a quelques jours pour avoir un début d'explication...

Jacky-Charles


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C'est aussi mon impression : beaucoup de pistes, la plupart excellentes, mais pas exploitées à fond, parce que trop indépendantes les unes des autres, il n'en reste qu'un survol et c'est frustrant.

Draculea

Draculea
vieux sage
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Je n'avais jamais lu cet album que j'ai découvert hier soir et je ne reprendrai pas toutes les analyses déjà formulées concernant le scénario quelque peu sinueux et le changement de dessinateur aux deux tiers de l'histoire, si ce n'est pour dire que je les partage. Il y a des moments de grand bonheur graphique dans les vues de villes et je trouve le style de Christophe Simon tout à fait digne d'éloge.
Un point me fait intervenir dans ce fil de discussion, sous la forme d'un étonnement et d'une question.
Dans Alix l'intrépide, notre héros est si je ne m'abuse un esclave survivant du massacre commis par les romains après le siège de la ville. Ici la version des circonstances qui l'ont conduit à Khorsabad sont différentes puisque c'est en fuyant les Parthes avec son jeune compagnon romain qu'il arrive à la dans la cité. La ville semble être en ruine depuis bien plus longtemps que ce que nous étions censés avoir compris dans le premier épisode de la série et elle sévère déserte alors que dans Alix l'intrépide, elle est jonchée de cadavres. N'est-ce pas là une légère contradiction de récit entre les deux albums ou est-ce que je me trompe ?

C'était à Khorsabad : les analyses Charli10

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Raymond

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Effectivement, Alix est désigné comme un "jeune esclave" dans la première page d'Alix l'intrépide. Toutefois, ce premier album contient aussi de nombreuses approximations (n'oublions pas comment il a été commencé), et il entre facilement en contradiction avec les albums suivants. J'aurais donc plutôt tendance à ne pas tout prendre au pied de la lettre.


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Et toujours ... C'était à Khorsabad : les analyses Charli10
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