Bon, je viens de relire "Khorsabad", et je ne vais pas en rajouter une couche. Tous les commentaires de Michel me semblent parfaitement justifiés.
Cela commence pourtant bien, avec ce récit de la bataille de Carrhes, et ce "flash back" qui explique combien Alix tient à retourner dans cette ville. Je me suis demandé au passage dans quel lieu pouvait se trouver notre héros, tandis qu'il cause avec le général Suréna. C'est une capitale parthe qui n'est pas nommée et qui doit se trouver au bord d'un fleuve. Cedric Hervan nous en donne quelques belles images.
Alix s'embarque ensuite sur un navire fluvial et vogue vers Khorsabad. Toute cette partie du récit possède une belle ampleur et on y reconnait le style de Jacques Martin.
Mais où est-ce que tout cela se situe ? Je crains que Jacky-Charles (sous le coup de la déception) ne nous écrive jamais une analyse de cet album, alors réfléchissons. Le fleuve qui mène vers Khorsabad ne peut être que le Tigre, donc la ville de départ n'est pas Babylone, ou Séleucie (qui se trouvent au bord de l'Euphrate). Il pourrait s'agir de Ninive, ou d'Assur, et il est curieux que le scénariste n'ait pas voulu être plus précis.
Le narrateur nous amène ensuite à Khorsabad, une capitale assyrienne qui est fort bien connue des archélogues, et on s'attend (logiquement) à ce que survienne une sorte de "visite guidée" des lieux, avec une belle reconstitution de la cité antique (c'est le genre de passage qui est presque obligatoire dans les récits de Jacques Martin). Cependant, si Alix découvre effectivement les murs (dans le chariot d'Arbacès) lors de son arrivée, tout semble ensuite s'arrêter ! Il y a l'intrigue, d'abord, qui "part en vrille", mais aussi et surtout les images qui deviennent banales. Finie la passion du monde antique et de la découverte. Le récit devient anecdotique et on a le sentiment que le narrateur ne s'intéresse pas à l'archéologie, et surtout qu'il ne sait pas vers quoi il va.
Une chose qui me gêne particulièrement, c'est que les personnages ne sont pas "habités". Ils n'ont pas de logique interne, pas de dynamisme, et pas de passion. C'est ainsi qu'Alix se désintéresse du but de son voyage et oublie la recherche de ses parents. C'est ainsi également qu'apparait ce curieux soldat romain nommé Scevolla, dont les motivations sont équivoques, et dont le portrait n'est pas très réussi. Et puis, il y a surtout cet Arbacès presque inexistant, passif et sans imagination, qui ne fait que subir les initiatives d'Alix et qui n'est vraiment pas reconnaissable. Il y a une séquence (que je trouve graphiquement râtée) qui me semble très représentative de cette inertie d'Arbacès.
Voir ainsi Arbacès sans réaction devant l'attaque d'Alix, humilié et incapable de combattre, voir même paralysé comme un vieillard, ne me semble pas cohérent avec la logique de ce personnage. Le grec n'est d'ailleurs pas plus efficace par la suite puisqu'il perd Khorsabad sans combattre, et on se demande ce qui se passe avec lui. Aucun des personnages, d'ailleurs, n'est vraiment compréhensible et cohérent.
Bon, j'arrête là ces quelques remarques en vrac, car le récit n'en vaut pas la peine. Je n'insisterai pas en particulier sur la deuxième partie du récit (le voyage de retour vers Rome) qui m'a semblée vraiment sans intérêt. A l'époque (lors de la sortie de l'album), j'avais été content d'y découvrir les dessins de Christophe Simon, tout en admettant que cette intrigue n'était pas captivante. La relecture confirme cette platitude du scénario.
Petite question : en relisant cette histoire, j'ai l'impression que la contribution de Jacques Martin s'arrête au moment où Alix arrive à Khorsabad ? Est-ce aussi votre impression ?