Les incunables d'Albert Uderzo

Raymond a écrit:Un incunable est un très vieux livre, qui date des premiers temps de l'imprimerie. Les incunables sont d'une très grande rareté et ils sont très recherchés par certains collectionneurs.

En parlant des "incunables" d'Uderzo, j'utilise bien sûr une métaphore.

J'aurai donc appris un nouveau mot, comme quoi il n'est jamais trop tard

Parmi les "incunables de Pilote", il faut tout particulièrement mentionner le numéro 230.



Dans ce numéro "spécial Pâques", Uderzo essaie de se transformer en animateur et il dissémine ses dessins dans le journal. Cela commence avec une petite fiction : un vénérable fonctionnaire se voit confier la mission de cacher un oeuf de Pâques au sein des pages de Pilote.



Vous remarquez qu'à la dernière case, le personnage sort du cadre de la BD. Il se promène ensuite dans les pages du journal et se fait à chaque fois remballer. Les impairs se multiplient et ce n'est qu'à la dernière page qu'il parvient à placer son oeuf, maladroitement.



Bref, le Pilote N° 230 est un indispensable.  

Raymond a écrit:Parmi les "incunables de Pilote", il faut tout particulièrement mentionner le numéro 230.

Je pense que tu l'avais vu, mais la couverture de ce 230 n'est pas d'Uderzo, mais de Louis Murtin, l'un des principaux illustrateurs des Pilotoramas.
Il faut aussi préciser que Uderzo lui-même signe, dans ce numéro de Pilote, un article d'une page, et ça doit être l'un des rares textes qu'il ait publiés dans sa longue carrière (toutefois, en le lisant, je retrouve - un peu - la patte de ses deux célèbres scénaristes de l'époque, Charlier et Goscinny ; bizarre...). Dans la même page, dans le coin en bas à droite, figure un de ces dessins amusants qu'il a semés au fil de la pagination du numéro, comme tu le disais plus haut, et ce dessin est un auto-portrait, à peine caricaturé, qui montre le dessinateur très, très en colère... Peut-être pourrais-tu montrer ici ce dessin ?

Oui, je l'avais remarqué car la signature de Louis Murtin est bien lisible.  

Par rapport à cette petite nouvelle intitulée "la poule", je l'ai moi aussi trouvée très bien écrite, et surtout très bien construite. Il y a une sorte de "géométrie du gag" dans ce texte, avec une idée idiote (Uderzo n'aime pas les oeufs) développée de manière méthodique et ironique, un début assez lent d'une banalité voulue, puis des gags et des jeux de mots qui apparaissent progressivement, puis une fantaisie presque délirante sur le sens de l'humour de la poule et enfin une conclusion en forme de jeux de mot. Ce splendide exercice de style est signé "Albert Uderzo" mais ... on y reconnait un autre style familier, celui de René Goscinny, et on peut penser que la signature en bas du texte est un ultime gag.

J'ai essayé de scanner cette page, qui est malheureusement un peu grande pour mon appareil. Mille excuses pour les bords un peu coupés.



On retrouve par ailleurs en bas à droite de la page le fonctionnaire qui cherche à cacher son oeuf. Il échoue une fois de plus. Le gag sur les oeufs est cette fois entièrement revendiqué par Uderzo.

Je pense aussi que c'est plutôt Goscinny qui a écrit le texte... Vu que Uderzo est essentiellement dessinateur, et qu'il a été sollicité pour bien remplir ce numéro spécial, c'est quasiment sûr qu'il n'a eu ni le temps ni l'envie d'écrire la petite nouvelle, qui est en outre très bien "tournée" (sous-entendu : car écrite par un habitué du récit concis et rigolo, suivez mon regard...).

Parmi les travaux peu connus d'Uderzo, il y a encore une oeuvre non signée qui raconte la vie de Ferdinand de Lesseps. C'est un récit complet de 4 pages qui a été publié dans le journal Tintin, édition belge, N° 26 du 27-6-1967 et il s'intitule "L'homme qui perça un continent". Il n'a pas été repris dans l'édition française de Tintin et je n'en ai pas d'image.

La publication tardive dans Tintin de cette histoire vraie est plutôt surprenante. C'était déjà la période de gloire d'Astérix mais je pense qu'il s'agit de la reprise d'une BD réalisé avec Charlier pour Pistolin. C'est une réalisation mineure, mais si quelqu'un d'entre vous possède ce numéro de Tintin ...

Encore une fois, va voir sur mon site jmcharlier.com, à la page : http://www.jmcharlier.com/grands_noms_histoire.php , et déroule jusqu'au récit numéro 6, il y a une explication et même quelques images.

Je me rends compte que cette animation du journal avait déjà été réalisée dans le N° 213 de Pilote, qui était un "spécial 5 ans". On y retrouve le même personnage et on pourrait intituler cette "série" les mésaventures du magasin Granlux (oui, je sais, la couverture n'est pas faite par Uderzo    ).



Dans ce N° 213, l'éditeur décide au départ de faire un cadeau aux personnages du journal. Il téléphone pour cela au magasin Granlux.



Malheureusement, le livreur est malade et le gérant doit faire lui-même la livraison, en utilisant le triporteur. Il part ainsi à l'aventure.

C'est à la fin de cette nouvelle animation au sein d'un numéro de Pilote qu'est présenté le cadeau pour JM Charlier, co-rédacteur en chef et scénariste prolifique : c'est une machine à écrire avec un très grand clavier pour écrire plusieurs histoires en même temps ; Charlier y est caricaturé par Uderzo, et le dessin avec cette caricature a paru dans mon site jmcharlier.com, dans la page des portraits de Charlier ; voir à : http://www.jmcharlier.com/portraits.php (là aussi il faut dérouler la page, jusqu'aux deux tiers à peu près, pour aller jusqu'à cette image).

Tu ne me laisses pas terminer ce que j'ai commencé à écrire.  

Donc, la suite se calque sur le contenu du journal. Le magasinier rencontre un par un les personnages de Pilote, à commencer par Astérix. L'image qui suit se place malicieusement juste à côté du bas de la page consacrée à ce personnage, au moment où, en quelque sorte, il a "terminé son travail".



Je résume bien sûr la suite, mais je vais montrer comment Uderzo insère habilement son personnage dans une page déjà composée. On le découvre par exemple dans une double page dessinée par Eddy Paape. Chaque personnage y essaie une voiture (offerte par l'éditeur ?) et le vendeur de Granlux essaie désespérément de faire son travail.




Les rédacteurs du journal font partie du staff des personnages. C'est ainsi que dans une rubrique qui leur est consacrée, on découvre Jean-Michel Charlier. Il ne reçoit pas un sandwich mais une machine à écrire, car Uderzo se souvient qu'on le surnommait "tape dur".



Goscinny a de son côté rédigé une double page de texte sur les voyages en paquebot. Tout naturellement, le vendeur de Granlux le rencontre en bas de cet article.



En dernière page, le vendeur offre le gâteau d'aniversaire à Obélix, et cette image immense n'est pas facile à scanner. Je vais donc en rester là.

Précisons pour finir que seules deux "animations" de ce genre ont été faites par Uderzo. Ces malicieux dessins retrouvent un peu l'humour de Gaston, un autre personnage qui a lui aussi commencé par "squatter" les pages d'un journal avant de devenir un héros. Le "squatter" de Granlux n'a pas connu la même fortune mais les Pilote N° 213 et 230 contiennent de beaux dessins à découvrir. Ils devraient faire partie de la bibliothèque de tous les admirateurs d'Uderzo.  

Raymond a écrit:Tu ne me laisses pas terminer ce que j'ai commencé à écrire.

S'cuse, je ne m'attendais pas à ce que tu mettes un maximum d'images...

A la fin des années 60, Uderzo devient presque uniquement le dessinateur d'Astérix, mais il lui arrive parfois parfois de dessiner de petites choses surprenantes. C'est ainsi qu'il dessine Bannix pour les pages d'actualité du journal Pilote, dans le N° 580 en 1970. Ce travail est bien oublié aujourd'hui, hormis un extrait que l'on trouve souvent dans les monographies, et qui met en scène Goscinny et Uderzo eux-mêmes.



Pour ce qui concerne les deux planches en entier, vous pourrez les trouver ici.

J'ai déjà parlé des "incunables d'Astérix", ou si vous préférez des planches rares et des histoires courtes qui n'étaient pas parues dans la collection d'albums. Certaines d'entre elles avait été reprises dans la Rentrée Gauloise, mais il restait encore de jolies planches inédites. En 1993 les amateurs se virent soudain comblés avec la parution d'un numéro hors série du journal d'Astérix, qui reprenait la plupart de ces pages introuvables.




Ce journal s'accompagnait d'une nouvelle histoire courte, la Naissance d'Astérix et il est rapidement devenu à son tour un collector. D'autres histoires complètes étant sorties par la suite, les éditions Albert-René ont astucieusement publié une version actualisée de la Rentrée Gauloise en 2003. Cet album reprenait de façon exhaustive toutes les histoires d'Astérix éparpillées dans diverses publications.



Ainsi, tout semblait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes, jusqu'à ce que ... en 2005 ... le journal Lire sorte un numéro spécial consacré à Uderzo.



Dans ce journal se trouvait une nouvelle BD de trois pages, intitulée Lire avec Obélix. C'est une simple histoire à gag, bien sûr, mais c'est tout de même un nouvel inédit.  



La saga des "incunables d'Astérix" n'aura jamais de fin.  

Raymond a écrit:Ainsi, tout semblait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes, jusqu'à ce que ... en 2005 ... le journal Lire sorte un numéro spécial consacré à Uderzo.
Dans ce journal se trouvait une nouvelle BD de trois pages, intitulée Lire avec Obélix. C'est une simple histoire à gag, bien sûr, mais c'est tout de même un nouvel inédit.
La saga des "incunables d'Astérix" n'aura jamais de fin.

Cette histoire a fait l'objet d'un petit album (format strip) cartonné offert par le magazine "J'aime lire"

Dans la série "Les Incunables d'Astérix", on trouve également un album distribué dans les stations services belges Chevron en 1976.

Il s'agit de l'adaptation en BD de 27 planches, du film "Les 12 travaux d'Astérix" et c'est à ma connaissance, la seule fois où cela a été édité.








Albert Uderzo n'est pas le dessinateur de cet album. Dans une interview, il l'attribuait à son frère Marcel.

J'ai posé la question à Marcel et ce dernier ne reconnaissait pas non plus en être l'auteur mais l'attribuait à Patrick Cohen des studios "Idefix"

Un autre incunable, le petit livre (13X18cm)de 32 pages réalisé pour le fabricant de biscottes et pain grillé Pelletier (contenant les histoires : la mascotte, comment Obélix est tombé dans la marmite du druide, le printemps gaulois, ce qu'il y a de vrai dans Astérix, la rentrée gauloise). Ce devait être vers 1970 (le dernier titre en date est Astérix chez les Helvètes). Je me rappelle trés bien découper gamin les vignettes Astérix sur les paquets (au grand dam de ma mère, car je mettais ainsi des miettes partout) et avec un certain nombre, il était possible d'avoir ce livre ou d'autres objets. J'ai conservé le livre, mais les figurines, avec lesquelles j'ai beaucoup joué, ont disparu dans les tourmentes de mes nombreux déménagements.
Voici quelques visuels de ce livre, dans lesquels on apprend qu'Astérix et Obélix sont passés à Romainville (ça ne s'invente pas), ville dans laquelle se trouvait l'usine Pelletier.
On y verra également les autres cadeaux que l'on pouvait gagner :

Merci pour les scans de ce petit album que je connaissais mais sans jamais l'avoir feuilleté et donc, j'en ignorais son contenu !

Continuons avec un album publicitaire cartonné de 1982 : Scope le Poteau Magique.

A l'évidence, les dessins ne sont pas d'Albert Uderzo et celui qui les a réalisés, s'est fortement "inspiré" des albums existants !

Merci à Jean-Luc et Bruno d'avoir prolongé le sujet !

Je ne connaissais pas cet album "Chevron" avec les 12 travaux d'Astérix au format BD. Il est bien tentant ... mais je suppose que c'est devenu un collector. Le style est assez proche de celui de Marcel Uderzo, et je suis surpris d'apprendre qu'il est dessiné par Patrick Cohen (dont je n'avais jamais entendu parler). Ce dernier a dû collaborer à d'autres BD d'Astérix car son dessin semble très au point.

Sinon, je ne connaissais que de réputation les deux albums publicitaires. Merci de nous en avoir révélé quelques extraits.

J'ai regardé sur eBay ! L'album des "12 travaux" se vend à 70 euros.

Raymond a écrit:J'ai regardé sur eBay ! L'album des "12 travaux" se vend à 70 euros.

J'ai dû l'acheter entre 10 et 20 francs français, il y a plus de 20 ans !

JYB vient de me transmettre quelques images peu connues d'Uderzo et je le remercie.

La première concerne Bil Blanchart, qui se retrouve en peine mer sur un canot en compagnie de Slim Jack. A nouveau, il ne semble pas être dans une situation confortable.



Vous pouvez noter au passage qu'il s'agit du bas de la planche 11. Cela vous permet un peu de combler les vides et d'imaginer ce qui manque.

Sur mon écran, l'image est coupée en bas sur toute sa longueur, et le numéro 11 a sauté...

Curieux. Cela voudrait dire que l'image n'a pas été chargée en entier sur ton ordi, mais pour moi, elle s'affiche normalement.

Essaie peut être d'abord d'appuyer sur la touche F5 (pour vider ton cache).