La grande lecture de ce week-end, c'est tout simplement Quai d'Orsay, le nouvel album de Christophe Blain. Cela me donne l'occasion d'ouvrir un sujet consacré à ce dessinateur, que je considère comme un des maîtres de la BD contemporaine.
Résumons d'abord l'intrigue ! Arthur Vlaminck est un jeune écrivain et il se fait embaucher comme responsable du "langage" par le ministre des Affaires étrangères, ce qui implique qu'il doit écrire ses discours. Il découvre alors le fonctionnement du ministère et essaie désaspérément de se faire une place entre le directeur du cabinet et les conseillers du Quai d'Orsay. Il est soumis à une pression constante et doit sans arrêt réécrire ses textes. Il affronte également l'ambition et les coups fourrés de son entourage, mais se retrouve fasciné par ce ministre qui parle en poète et qui laisse à ses subordonnés le soin de régler "les détails" (c'est à dire tout !).
Le dessin de Christophe Blain résume à lui tout seul le comportement et le caractère de ce ministre qui ressemble come un frère jumeau à Dominique de Villepin. Il parle sans arrêt, tourne dans tous les sens et devient insaisissable pour son entourage.
Le ministre passe son temps à lire Héraclite, et les phrases du philosophe lui servent de source d'inspiration. Ces citations n'ont généralement aucun rapport avec le problème politique qui lui est posé mais ... peu importe ! Le responsable du langage n'a plus qu'à trouver un lien logique avec la "maxime" pour que la pensée nébuleuse devienne (peut-être) une brillante idée. Lorsqu'un problème pratique se pose, par contre, le ministre se retrouve en panne. Il n'aime pas les contraintes du calendrier.
Vous l'avez maintenant compris, Quai d'Orsay est une parodie hilarante et indispensable. Elle prend pour cible avec une étonnante précision le monde politique actuel, et il faut pour cela rendre hommage au scénario d'Abel Lanzac, un ancien conseiller du ministère (ben voyons ! ). Ce récit est une fiction, bien sûr, mais il y a une telle véracité dans les détails que l'on ne peut pas s'empêcher de réfléchir et de s'interroger sur le modèle original. En y réfléchissant, il faut admettre que Quai d'Orsay est tout simplement un pamphlet.
Le dessin de Christophe Blain croque avec délectation ce monde diplomatique survolté. Son style enlevé ne doit rien à personne, mais on ne peut s'empêcher d'évoquer la première manière de Morris, une ressemblance que l'on retrouve avec encore plus d'évidence dans la série Gus. Que ce soit dans un western, une histoire de pirates, un récit d'heroic fantasy ou une parodie du monde moderne, le dessinateur privilégie toujours l'évidence et le mouvement. Certaines séquences ont une telle efficacité qu'elles pourraient devenir plus tard des images d'anthologie.
Je me demande quelle sera la réaction des politiques en face de cette farce qui dévoile (en l'exagérant mais .. on se demande jusqu'à quel point) une réalité bien cruelle. Ce genre d'oeuvre "au vitriol" est généralement publiée par des journalistes et c'est la première fois que je découvre cela en BD. C'est une réussite complète et cet album est un petit chef d'oeuvre que je vous vous recommande.
Résumons d'abord l'intrigue ! Arthur Vlaminck est un jeune écrivain et il se fait embaucher comme responsable du "langage" par le ministre des Affaires étrangères, ce qui implique qu'il doit écrire ses discours. Il découvre alors le fonctionnement du ministère et essaie désaspérément de se faire une place entre le directeur du cabinet et les conseillers du Quai d'Orsay. Il est soumis à une pression constante et doit sans arrêt réécrire ses textes. Il affronte également l'ambition et les coups fourrés de son entourage, mais se retrouve fasciné par ce ministre qui parle en poète et qui laisse à ses subordonnés le soin de régler "les détails" (c'est à dire tout !).
Le dessin de Christophe Blain résume à lui tout seul le comportement et le caractère de ce ministre qui ressemble come un frère jumeau à Dominique de Villepin. Il parle sans arrêt, tourne dans tous les sens et devient insaisissable pour son entourage.
Le ministre passe son temps à lire Héraclite, et les phrases du philosophe lui servent de source d'inspiration. Ces citations n'ont généralement aucun rapport avec le problème politique qui lui est posé mais ... peu importe ! Le responsable du langage n'a plus qu'à trouver un lien logique avec la "maxime" pour que la pensée nébuleuse devienne (peut-être) une brillante idée. Lorsqu'un problème pratique se pose, par contre, le ministre se retrouve en panne. Il n'aime pas les contraintes du calendrier.
Vous l'avez maintenant compris, Quai d'Orsay est une parodie hilarante et indispensable. Elle prend pour cible avec une étonnante précision le monde politique actuel, et il faut pour cela rendre hommage au scénario d'Abel Lanzac, un ancien conseiller du ministère (ben voyons ! ). Ce récit est une fiction, bien sûr, mais il y a une telle véracité dans les détails que l'on ne peut pas s'empêcher de réfléchir et de s'interroger sur le modèle original. En y réfléchissant, il faut admettre que Quai d'Orsay est tout simplement un pamphlet.
Le dessin de Christophe Blain croque avec délectation ce monde diplomatique survolté. Son style enlevé ne doit rien à personne, mais on ne peut s'empêcher d'évoquer la première manière de Morris, une ressemblance que l'on retrouve avec encore plus d'évidence dans la série Gus. Que ce soit dans un western, une histoire de pirates, un récit d'heroic fantasy ou une parodie du monde moderne, le dessinateur privilégie toujours l'évidence et le mouvement. Certaines séquences ont une telle efficacité qu'elles pourraient devenir plus tard des images d'anthologie.
Je me demande quelle sera la réaction des politiques en face de cette farce qui dévoile (en l'exagérant mais .. on se demande jusqu'à quel point) une réalité bien cruelle. Ce genre d'oeuvre "au vitriol" est généralement publiée par des journalistes et c'est la première fois que je découvre cela en BD. C'est une réussite complète et cet album est un petit chef d'oeuvre que je vous vous recommande.
Dernière édition par Raymond le Sam 4 Fév - 0:12, édité 1 fois