Merci pour ces scans !
Sinon, je suis monté au grenier pour exhumer une pile de vieux
Spirou de l'ère Thierry Martens. J'ai mis une partie du week-end à en extraire la "substantifique moelle", et j'ai fait quelques trouvailles.
Tout ceci m'a donné envie de reparler de
Haga, un fanzine dont je dis grand bien au début de ce sujet (en page 2). De son côté, Thierry Martens en parle d'une façon bien plus critique et cela mérite quelques développements.
En fait, cette revue a en fait connu une longue évolution, avec presque 60 numéros de 1972 à 1986. On peut y distinguer plusieurs périodes.
La première période s'étend en gros de 1972 à 1978.
Haga est alors l'émanation du "Bureau des amis de la bande dessinée", qui organise également le salon de la BD à Toulouse. Ces premiers numéros sont bizarres. Il faut admettre que le fanzine est impeccablement imprimé, en offset, mais le contenu n'est malheureusement pas toujours à la hauteur des attentes. On découvre ainsi dans le N° 4 quelques "fiches techniques" sur certains dessinateurs (d'un intérêt discutable actuellement), un panorama des journaux de BD, des planches de dessinateurs débutants, une rubrique "éducation nationale et bande dessinée" (tiens ! Comme dans
Bédésup !) et un dossier assez incomplet sur Tillieux avec une mini-interview.
Un tel sommaire rappelle furieusement un autre fanzine, et il suffit de chercher le nom du rédacteur en chef pour tout comprendre. Le "grand manitou" se nomme en effet Jean-Claude Faur, et cet homme est devenu par la suite le maître d'oeuvre de
Bédésup.
Haga n'est donc à cette période que la première version d'un autre autre fanzine pour lequel je n'ai pas de grande affinité (vous lirez en page 5 du présent sujet un billet qui décrit tout ce que j'en pense).
Bref, la première époque de
Haga n'est pas très brillante, et je ne peux que partager les réserves exprimées par Thierry Martens. Le contenu s'améliore légèrement au N° 10-11, consacré à Jacovitti, mais le dossier reste tout de même bien maigre.
Ce qui va paradoxalement "sauver"
Haga, c'est la désertion d'une partie de ses rédacteurs. En 1978 nait en effet
Hagasup, sous l'impulsion de Jean-Claude Faur, et ce nouveau fanzine prendre après quelques numéros le titre de
Bédésup. Cette équipe emporte avec elle certaines études oiseuses, les mini-dossiers frustrants, ou certaines rubriques sans intérêt telle que "BD et éducation nationale", et elle laisse finalement Jean-Claude Tiberi à la tête d'un titre pour lequel tout est à réinventer.
Commence alors une seconde période plus difficile pour Haga, qui doit continuer son parcours avec bien peu de moyens. Le papier devient alors moins luxueux, les feuilles deviennent ronéotypées et les pages sont simplement agrafées. Le contenu devient toutefois plus intéressant, et je vais détailler par exemple celui du N° 27, consacré à Brantonne.
Ce numéro commence avec une belle interview de Brantonne, suivie d'un petit "essai de bibliographie" (incomplète mais honorable) et de la réédition d'une histoire de Fulguros. Après ce dossier de 12 pages (assez bref mais correct) viennent une revue de presse très détaillée, une brève présentation d'Yves Chaland avec une de ses premières BD (Chaland est alors totalement inconnu), quelques pages de news, des critiques d'albums et d'autres BD de débutants.
En fait, c'est la description d'un fanzine assez standard, et
Haga a dès lors trouvé son style. Ce sera une revue préparée par des connaisseurs de la BD, et destinée aux passionnés de la BD. Elle s'intéresse aux auteurs anciens et peu connus, réédite de bonnes BD devenues oubliées, et publie des dossiers intéressants.
Cette deuxième époque, que l'on qualifiera de transition, dure du numéro 18 jusqu'au 42, au début 1980.
Haga devient ensuite une belle revue correctement reliée, et imprimée sur un papier dont la qualité s'améliorera progressivement. Au cours de cette dernière période, chaque numéro est consacré à deux ou trois auteurs contemporains, et les dossiers sont intelligemment conçus, en proposant souvent des bonus (c'est à dire des BD
) intéressants. C'est en fait surtout de cette période, qui s'étend de 1980 à 1986, dont je parlais dans mon premier billet consacré à
Haga.
Inutile de préciser que pendant la dernière période, tout les numéros sont très intéressants. Ils sont malheureusement devenus difficiles à trouver.