En somme, il s'agit non moins d'une aventure Lefranc à appréhender sur deux niveaux de lecture. Sur le fond, le substrat scénaristique s'appuie sur un fait divers, à savoir l'accident de Palmonares survenu en janvier 1966 au-dessus de l'Andalousie lors d'un ravitaillement en vol d'un B52 qui est entré en collision avec son avion ravitailleur. En la matière, ce fait divers qui constitue à tout le moins la trame de fond, est réadapté et recontextualisé dans le cadre de cette aventure Lefranc qui se déroule en 1963, en pleine guerre froide, sous le régime autoritaire du Général Franco. Sur la forme et c'est ce qui nous intéresse au demeurant, notre grand reporter, suite à un briefing de l'inspecteur Renard sur son oncle Antoine Lefranc, décide de partir en villégiature en Andalousie à Garrucha afin de jauger et remonter l'arborescence des déterminants inhérents à la mort mystérieuse de son oncle en 1938.
Arrivé sur les lieux, le hasard du scénario faisant bien les choses, Lefranc tombe immédiatement au pied du bus sur Soledad, la fille de la Senora Inès de la Cerna, aristocrate foncière, surnommée "La villa Francia", riche héritière gagnée aux idées politiques républicaines et anarchistes. Notre reporter ne tarde d'ailleurs pas à faire la connaissance de cette passionaria de l'aristocratie andalouse pour y apprendre la mort de son oncle médecin en 1946 mais aussi les grandes lignes de son engagement politique dans les brigades internationales au cours de la guerre civile. C'est au cours d'un déjeuner avec Soledad et Inès que notre héros est le témoin oculaire du fond de l'histoire avec le dysfonctionnement et l'accident lors du processus de ravitaillement du B52 qui entre en collision avec son ravitailleur et explose en plein vol.
La forme de l'histoire induisant le fond avec Roberto Manzanedo, nationaliste, ancien membre de la Phalange et chef de l'équipage de l'Alcazar, qui est également le témoin de cet accident, assiste à l'amerrisage subséquent d'une bombe sous parachute et décide de retrouver ce système d'arme qui pourrait servir ses desseins politiques. A l'aune de cet accident qui préfigure une immense pollution militaro-industrielle, l'enquête de Lefranc sur les causalités de la disparition de son oncle prend une nouvelle tournure et devient une course contre la montre. L'aventure commence alors réellement avec notre héros qui se retrouve en butte à l'omerta de l'US Army qui tente d'occulter l'affaire et au fanatisme d'un ennemi politique prêt à tout pour parvenir à ses fins.
En définitive, l'intérêt de cette histoire réside dans la combinaison subtile et dynamique entre investigations familiales, trajectoires démystificatrices sur les conditions de la disparition de l'oncle de Lefranc d'une part et la menace d'une pollution militaro-industrielle sur fond de terrorisme politique d'autre part. Roger Seiter joue habilement sur les clichés et stéréotypes pour recréer l'atmosphère et l'ambiance au sein de cette société franquiste sous le régime du Caudillo. Cela rappelle pour partie "L'enfant Staline" lors de l'aventure de Lefranc en URSS. Le dessin de Régric est magnifié par les couleurs de B Wesel et nous délivre de magnifiques panoramiques géographiques sur la sous-région andalouse. C'est un Lefranc de bonne tenue et j'ai vraiment bien aimé...
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De toute manière, s'il connaissait réellement le dossier Palomares, il aurait remarqué que pratiquement tout l'incident est raconté dans l'album. Les causes et les circonstances de l'accident sont exactement les mêmes. Ce sont les mêmes unités de l'armée américaine qui sont citées. Ce sont également les mêmes bases et le même matériel. Simplement, l'affaire de Palomares s'arrête quand les Américains repêchent leur bombe. Il n'y a rien de plus à raconter et cela ne pouvait bien évidemment pas faire l'objet d'un récit de fiction. Tout cela est d'ailleurs précisé dans le dossier de l'album Canal BD qu'il n'a visiblement pas lu. Ce qui m'interroge le plus, c'est pourquoi il se sent obligé de publier cette critique ? S'il n'aime pas l'album, ce que probablement ce genre de bd ne l'intéresse pas. Pourquoi alors ne pas simplement nous parler d'un album qu'il a aimé ? Ce ne sont pas les publications qui manquent ...
, y a juste un petit saut de 150 km 
