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Félix DELEP, un dessinateur prometteur

2 participants

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eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
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Bonjour

Le château des animaux est une série de BD scénarisée par Xavier Dorison (Undertaker) et dessinée par Félix Delep. Le premier tome s’intitule Miss Bengalore.

Félix DELEP, un dessinateur prometteur Anim_110

Cet ouvrage est une fable animalière décrivant une société animale. Le titre fait bien évidemment référence au célèbre roman de Georges Orwell, La Ferme des Animaux (https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Ferme_des_animaux). Et donc, cette société est bien évidemment dictatoriale. Le scénariste s’inspire mais ne copie pas le livre d’Orwell. Le despote ne s’appelle pas Napoléon et ce n’est pas non plus un cochon. C’est un taureau, nommé Silvio. Son pouvoir repose sur sa force mais aussi sur une milice de chiens, tous plus bêtes et féroces les uns que les autres. Les autres animaux vivent sous le joug du tyran. L’histoire raconte leur révolte pacifique, sous la houlette d’un rat, Azélar, adepte de Gandhi. Il est aidé en cela par une mère chatte, Miss Bengalore, et par un lapin-gigolo, César. Utiliser une mère comme héroïne inscrit d’ailleurs la BD dans la tradition des dessins animés, que ce soit Les Aristochats (https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Aristochats) ou encore Brisby et le secret de Nimh (https://fr.wikipedia.org/wiki/Brisby_et_le_Secret_de_NIMH). Notons aussi que les animaux de Dorison ne construisent pas un moulin comme ceux d’Orwell mais un château, d’où le titre de la saga. La fleur, symbole de la révolution, s’inscrit dans la grande tradition des autres emblèmes comme la croix de Lorraine de la France libre (https://fr.wikipedia.org/wiki/Croix_de_Lorraine) ou mieux encore les œillets de la révolution portugaise (https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_des_%C5%92illets).

Clairement Le château des animaux est un des titres attendus de la rentrée. En tout cas, Casterman y croit puisque la BD a déjà été publiée dans les trois premiers numéros d’une gazette, au format journal, ce qui donne à l’ensemble un petit goût de BD-feuilleton !

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L’œuvre relève du conte philosophique avec un mélange de pessimisme et d’optimisme. Pessimisme car les animaux imitent ce qu’il y a de pire dans l’homme, pessimisme aussi car les animaux n’ont pas réussi à s’affranchir de la tutelle de l’homme comme le démontre le commerce entre Silvio et de mystérieux inconnus. Notons sur ce point une référence au Far West car le taureau échange de la viande et des produits agricoles contre de l’alcool… D’un autre côté, la BD se veut optimiste car le ridicule se révèle une formidable arme contre la dictature. Et l’adversité fait naitre une incroyable force morale dans les personnages les plus humbles de la ferme.
L’humour n’est pas absent comme lorsque la poule Adélaïde est accusée d’avoir volé son œuf (qui vole un œuf, vole un bœuf ?) ou comme lorsque Silvio parade sur sa charrue tel un général romain revenant de ses victoires. A moins que Dorison fasse référence aux parades royales en carrosse !

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Delep est un tout jeune dessinateur âgé de 24 ans. Il fait ici preuve d’une maestria époustouflante. La couverture de l’album est grandiose. Elle fait clairement référence à l’art égyptien et ses statues colossales, bordées de rangées de pilastres. Ici, ce n’est pas une statue mais Silvio, vers lequel converge une double haie d’honneur composée des chiens de sa milice. Et l’usage de la contreplongée augmente l’écart de taille entre Miss Bengalore et son président, pour mieux symboliser l’écart politique entre le serf et le despote. L’image du minotaure s’impose et la couverture suggère aussi la violence du taureau.

Le découpage est d’une grande finesse. Je vous propose de regarder les deux planches ci-dessous. Dans la première, le dessinateur multiplie les points de vue pour mieux camper la diversité psychologique des personnages et leur relation à l’exécution. Notons un recours à la perspective et une incroyable contre plongée pour renforcer la petitesse de la condamnée face à ses bourreaux. Dans la deuxième planche, l’usage de quatre vignettes très larges est remarquable. La première campe le décor. Le recours à une plongée transforme la cour en une arène romaine. Suivent alors trois images de faible hauteur. Ce choix renforce l’impression d’écrasement, d’étouffement face à l’exécution d’Adélaïde. La multiplicité des gueules et leur réduction à des crocs génèrent une impression d’épouvante. Et la vignette suivante qui ne montre que les arrière-trains du peloton d’exécution est comme un voile pudique sur une scène d’horreur. Le recours à des couleurs chaudes, l'ocre et le rouge, nous renvoie au sang d’Adélaïde. La dernière vignette est celle des spectateurs, oserais-je dire de la lectrice (du lecteur) aussi. L'usage du blanc et du gris renforce le contraste avec les deux images précédentes, celui de la normalité face à l’anormalité.

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Les dessins respirent l’intelligence. Dans la page ci-dessous, Delep joue en permanence entre le corps de miss Bengalore et la pierre. On pense aux égyptiens, et notamment à Astérix et Cléopâtre, même si le registre est ici infiniment plus dramatique. Le travail sur les visages et sur le corps de la chatte est d’une justesse incroyable. On ressent la tristesse du bélier et la fatigue de la chatte.

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Au final, Le Château des Animaux est une des belles sorties de l’automne. L’œuvre n’atteint peut-être pas le niveau de Blacksad ou de la série De Cape et de Crocs. Elle n’en est pas d'une excellente facture, démontrant une ambition certaine, tant sur le scénario que sur le dessin. Et j’ai été très heureuse de vous en parler. Bonne lecture ?

Eléanore

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
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Bonjour

J'ai donc poursuivi la lecture du cycle, avec son tome 2, Les Marguerites de l'hiver.

Cet opus nous raconte la continuité du combat des animaux oppressés pour la liberté. Miss B a pris la tête du mouvement d'insurrection et impose une lutte non-violente, basée sur la désobéissance.

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Dorison poursuit ici son hommage au Mahatma Gandhi, incarnée avec brio par la jeune mère chatte, miss B. Le scénario nous rappelle, si besoin était, que la non-violence est synonyme de sacrifice pouvant aller jusqu'à la mort (volontaire ?). Et le décès de l’ânesse Bernadette souligne le courage, l'abnégation et les risques pris par les opposants à la tyrannie.

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Les dessins de Delep sont toujours aussi bien léchés ( Smile) et l’anthropomorphisme des animaux parfaitement équilibré, entre réalisme et imaginaire. Cet opus se déroule en hiver et on ne peut que saluer la qualité des paysages enneigés, que Monet n'eut pas reniés  Very Happy  . La couverture est vraiment remarquable et m'a fait penser à Tintin au Tibet où Josette Baujot, la coloriste d'Hergé, avait réussi à inventer toutes sortes de nuances de blanc cohabitant harmonieusement dans la même vignette.

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Je vous recommande donc cette belle série.

Eléanore
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eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
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La nuit des justes, le troisième tome du Château des animaux vient de sortir. Dorison en a écrit le scénario et Delep l'a dessiné.

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Avec l'appui de César, le lapin coureur de jupons, et d'Azélar, le vieux rat et théoricien de la non-violence, Miss B, la chatte poursuit son combat. Les "révolutionnaires" arbore désormais une marguerite en signe de leur engament et il la représente un peu partout. Mais Silvio, le taureau qui régit le château d'une main de fer, réagit. Il nomme un nouveau chef de la milice canine et la fleur devient interdite. Un attentat est commis contre Miss B qui désarme ses agresseurs sous une pluie florale. Face à tant d'oppression, l'insurrection pacifique s’essouffle. Pour maintenir le feu sacré, la chatte propose aux résistants de réfléchir à ce que sera leur future société. Et l'idée d'une élection émerge. Silvio réplique en emprisonnant notre héroïne et en essayant de la couper de ses amis....

Rien de bien nouveau donc dans ce nouvel épisode. Et c'est malheureusement là que le bat blesse. Dorison décline les mêmes recettes que dans les précédents opus et les scènes ont un air de déjà vu. On peut quand même signaler le travail sur la personnalité des oppresseurs et la fin de tout manichéisme. Les chiens doutent et Silvio démontre des qualité de dirigeant allant bien au-delà de sa force brute.

Heureusement, le dessin de Delep est toujours brillant. J'ai beaucoup apprécié sa représentation de la succession des saisons. Et puis, les cadrages restent superlatifs. Les plongées et les contre-plongées, tous aussi signifiants et émouvants les uns que les autres, se succèdent pour notre plus grand plaisir. De magnifiques plans d'ensemble alternent avec des plans rapprochés, rendant totalement crédible cette micro-société où de grands animaux côtoient de plus petits. Des vues subjectives ou rapprochées nous font découvrir le monde du château à travers les yeux de ses protagonistes. La technique est vraiment parfaite.

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Au final, je sors déçue par l'intrigue de ce nouvel opus. La série s'éternise. Certes Dorison essaie de raviver la flamme en semant de nouveaux indices sur les sombres pratiques de Silvio. Ainsi, que peut bien faire le dictateur du corps de ses victimes ? Mais, cela ne suffit pas et le dessin brillant de Delep ne peut à lui tout seul donner du dynamisme à une accumulation de répétitions. Après, peut être suis-je trop sévère ? Toute révolution prend du temps et surtout une se voulant pacifique. Le combat de Gandhi pour l'indépendance de l'Inde a bien duré 30 ans...

Entre EE et EEE

Eléanore

Raymond

Raymond
Admin

J'en suis pour ma part resté au premier épisode ! C'était pas mal, et surtout très original par son bizarre mélange de réalisme (un faux réalisme d'ailleurs) et de monde animalier.  J'avais tout de même de la peine à croire à cet univers (ou à cette fable) et je n'ai ainsi pas continué à suivre avec le tome 2 ! Est-ce que je devrais continuer ???


_________________
Et toujours ... Félix DELEP, un dessinateur prometteur Charli10
https://lectraymond.forumactif.com

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