J'ai finalement craqué et acquis hier la version collector.
Le dessin est vraiment bon, très fidèle à l'approche graphique des dessins animés japonais des années 70-80, avec jusque ce qu'il faut de modernisation pour ne pas paraître daté. Alexis Tallone s'en sort vraiment très bien et a su capturer des cadrages et des "poses" classiques de l'époque, pour accroître cette impression de familiarité. Le tout est exécuté avec bonheur et l'on sent tout le respect du dessinateur et l'hommage rendu aux artistes de l'époque.
Les physiques des personnages sont fidèles ou mis à jour de façon plutôt réussie : le héros est tout à fait conforme, mais avec un brushing un peu plus souple (je paraphrase A. Tallone
), l'androïde métamorphe Mala est doté d'un physique moins rond/humoristique et plus musculeux, mais c'est réussi et cela correspond bien au caractère intrépide du personnage, le policier Ezla arbore un look plus martial, qui tire davantage vers le comics, et moins senior que son inspiration dans le dessin animé, mais là aussi cela passe très bien.
Le personnage le plus différent demeure Johann Landor, la représentante du gouvernement, qui est désormais bien moins typée "anime des 70's" qu'à l'époque avec sa frange et ses cheveux raides et longs : quelque chose de moins radical aurait peut-être mieux convenu (certaines pistes présentées dans les pages bonus étaient selon moi plus heureuses), mais ce n'est rien de critique (affaire de goût personnel en tout cas) et le personnage est bien tourné.
La mise en couleur est très bien réussie : dans les entretien bonus de l'édition collector, Tallone évoque l'approche façon comics des années 70 retenue par la coloriste (alors que lui est davantage contemporain) : je pense que ça a été un très bon choix car les couleurs douces et l'absence d'effets farfelus sont du meilleur effet. On a également droit à de très belles scènes spatiales, toutes en délicatesse.
Le scénario reprend en fait la première aventure de Capitaine Flam dans le dessin animé (qui est accessoirement inspirée d'une série de romans SF des années 40, de Edmond Hamilton :
Captain Future), avec de légères variations. C'est à la fois une histoire humaniste et un space opera. On se laisse emporter avec plaisir.
Petit bémol : quelques mots très (trop ?) contemporains dans la bouche des personnages (hoax, fake news...), qui sonnent un peu faux et paradoxalement datés.
Je n'avais jamais vraiment suivi
Capitaine Flam à l'époque, j'ai donc découvert cela avec un œil assez neuf et vierge, sans attentes ni préjugés, sinon de retrouver quelque chose de l'atmosphère et de la scénographie des dessins animés de mon enfance, et de ce point de vue j'ai été gâté.
Je suis allé me renseigner sur l'aventure telle qu'elle était présentée dans l'anime original et quelques différences sont à noter (outre le fait d'avoir rendu le personnage féminin plus affirmé,
o tempora o mores obligent !
) : Runberg a ajouté une dimension "récit des origines" du héros dans son scénario et modifié quelques péripéties annexes, mais cela ne change pas fondamentalement le sens de l'ensemble et le récit s'en accommode très bien.
Après cette première lecture, je dirais presque que je trouve cette reprise un peu supérieure à celle de
Goldorak, car plus subtile et impressionniste, moins prêchi-prêcha, et avec un héros qui reste central tout au long du récit. Les modalités et enjeux ne sont bien sûr par les mêmes (il s'agissait d'une suite pour
Goldorak, ici on est sur un
reboot), mais c'est en tout cas l'impression que j'en retire.
Est-ce que cet opus ouvre la voie à d'autres épisodes ? — nous verrons bien, mais si c'est le cas, j'en serai.