Le maître de l'atome

stephane a écrit:Oui, c'est vrai, lors de sa sortie, Jean-Marc et moi 'avions qualifié "le maître de l'atome" album de l'année. Ceci dit, j'ai bien aimé Londres en péril.

Je rebondis sur cette remarque pour lancer un sujet dédié à cet album

Je ne suis pas sûr que le Maître de l'atome était le meilleur album BD de l'année 2006, car la concurrence était rude (plus de 3000 nouveautés tout de même) cette année là, mais c'était effectivement une excellente surprise. C'était surtout un coup de maître, car l'expérience a malheureusement montré qu'il n'est pas si facile de reprendre la suite d'une oeuvre de Jacques Martin.

L'adoption d'un style "ligne claire" a certainement permis de séduire le grand public. Un intelligent travail sur le scénario et l'incorporation réussie de vieilles planches dessinées de Jacques Martin a également stimulé l'intérêt des amateurs. Il y a surtout un très bel équilibre qui permet à cette histoire d'être un "thriller" tout en restant assez crédible.

Je me rappelle que Michel Jacquemart avait apporté de nombreux commentaires sur le "making of" dans un précédent forum d'Alix. Il faudra que je voie si il en reste quelque chose.

Je suis intrigué par la remarque de Jean-Marc au sujet d'un Lefranc "tourmenté et sombre", car je ne le ressens pas comme cela. Je le définirai plutôt comme un personnage passionné et intrépide.

Qu'en pensez-vous ?

Si c'était un très bon album, cela n'a jamais été pour moi l'album de l'année.

A cela, deux raisons :

. le dessin. Ca commençait très bien, je trouvais que Taymans avait travaillé son style de manière à coller au plus près au style de Jacques Martin de cette époque et puis au fur et à mesure, on a retrouvé de plus en plus le style habituel de Taymans avec une impression de rapidité sur certaines planches. Pourquoi ? Volonté délibérée ? Accélération pour finir l'album au plus vite ? Trop peu de temps donné par Casterman pour la finalisation de cet album ?

. le scénario trop rapide dans les dernières planches.Cela a déjà été dit ailleurs mais une histoire en 60 planches aurait permis un meilleur développement et donc une fin moins abrupte.
D'autres part, sur certaines planches, le texte est trop abondant et empiète donc trop sur le dessin (page 13 ou page 36 par exemple)

Je ne me souviens pas d'avoir écrit sur le blog d'Alix à l'époque ni sur le forum qu'il s'agissait de l'album de l'année, je ne lis pas 3000 BD par an, Raymond , je te rassure!
J'ai trouvé excellent cet album grâce au scénario très intelligent et subtil de M Jacquemart. On n'a pas affaire ici à un méchant qui veut détruire la planète, c'est beaucoup plus subtil et moins manichéen que ça en fait! C'est vrai que la fin est très rapide, Michel Jacquemart s'en était expliqué à l'époque, il comptait développer au départ son scénario sur plus de pages.
Je trouve Lefranc sombre et tourmenté autant par le dessin de Taymans (différent du Lefranc de Carin) que par certains passages de cet album, comme par exemple le cauchemar de Lefranc et autres, mais plus obstiné que passionné, je dirais...

ps : édité 2 fois pour corriger 2 fautes d'orthographe impardonnables , ça arrive quand on perd l'habitude d'écrire régulièrement

Effectivement, ça n' a jamais été écrit, simplement dit en discussion, et peut-être l'ai je dit seul, finalement..., et sans avoir lu les 3000 bd parues cette année là. Disons que nous étions contents de lire un bon Lefranc, voilà tout! Pour moi, le vrai plaisir de cet album reside dans la reprise de la planche de Martin et de l'excellent travail de racord du scénariste et du dessinateur, avec les crayonnés existants.

Il est évident que personne n'arrive à lire 3000 albums de BD en 1 année (même si on est critique professionnel). Quand j'y pense, cela représenterait une moyenne de 9 à 10 albums par jour. Il y aurait de quoi être définitivement dégoûté de la BD.

Le Maître de l'atome a été un grand succès et c'est une histoire agréable à lire. J'étais tout aussi content que vous de retrouver un bon Lefranc et il n'est pas anormal qu'un "martinophile" ait pu le considérer comme l'album de l'année lors de sa sortie

Par rapport au dessin, je n'ai pas trouvé que le niveau baissait au fil de l'histoire. Il est clair que c'est le style propre à Taymans, que l'on peut qualifier de "ligne claire". J'ai trouvé que cela convenait parfaitement aux aventures et à l'univers de Lefranc. Il permet de retrouver l'ambiance de la Grande Menace.

Par rapport aux commentaires sur Lefranc lui-même, il vaut mieux que je relise l'album d'abord. Je ne manquerai pas de donner suite aux remarques intéressantes de Jean-Marc.

Désolé si vous en avez déjà parlé ailleurs sur ce forum, mais dans les pages de garde du Maître de l'Atome, il est indiqué que la planche 2 ainsi que les crayonnés des planches 4, 5 et 6 sont de Jacques Martin. Avez vous des détails là dessus ?

La planche 2 était la seule encrée. Elle était déjà parue dans "Avec Alix". Elle doit dater de 1955, voire 1956, si on compare avec les Alix de cette époque (C'est au cours de l'épisode "La Griffe Noire" que Jacques Martin a mis des récitatifs collés au cadre de l'image; dans les albums précédents et les premières planches de la Griffe Noire, les récitatifs sont encore détachés). De plus, Jacques Martin a représenté une Peugeot 403, un modèle sorti en 1955. A remarquer qu'il n'y avait aucun texte sur cette planche! Quant aux seuls crayonnés, c'était bien ceux des planches 4, 5 et 6. Ils ne comportaient pas non plus de texte et il n'y avait rien sur la carte postale ou la photo que reçoit Lefranc ! (C'est moi qui ai pensé à la photo du missile de Borg)... Les seules indications étaient sur l'enveloppe: l'adresse de Lefranc en suite commençait par La (j'ai ainsi pensé à Lausanne) et le nom de l'envoyeur: Pierre Rovic, Brest. Sur ces crayonnés, les récitatifs étaient encore détachés du cadre, alors qu'il ne l'étaient pas sur la page encrée. Il n'y avait aucun synopsis.
Un certain Christophe Fumeux - au nom prédestiné! - avait échafaudé une théorie comme quoi le synopsis de cette histoire de Lefranc aurait été finalement repris par Hergé pour devenir "L'Affaire Tournesol" et que ce serait là la raison pour laquelle Jacques Martin n'a pas continué cette histoire. Ca ne tient pas debout: l'Affaire Tournesol a commencé à paraître en 1954 ! Mais cela n'a pas empêcher cet individu d'écrire dans un document de promotion des séries de Jacques Martin un long article décrivant la découverte de ce synopsis par la fille de Jacques Martin à l'occasion d'un déménagement ! Et André Taymans, pourtant au courant de la situation, de parler de moi comme "l'adaptateur du synopsis" ! Et tout cela bien sûr avec la bénédiction de Casterman, qui, avec la bêtise et le manque d'honnêteté qui font partie de sa culture d'entreprise, a vu là l'occasion de faire de la promotion en utilisant l'image d'Hergé ! Je précise que Monsieur Martin n'a jamais prétendu être l'auteur du synopsis de l'Affaire Tournesol et qu'il n'était pas au courant du contenu de cette campagne malhonnête de l'éditeur.

Michel Jacquemart a écrit:La planche 2 était la seule encrée. Elle était déjà parue dans "Avec Alix". Elle doit dater de 1955, voire 1956, si on compare avec les Alix de cette époque (C'est au cours de l'épisode "La Griffe Noire" que Jacques Martin a mis des récitatifs collés au cadre de l'image; dans les albums précédents et les premières planches de la Griffe Noire, les récitatifs sont encore détachés). De plus, Jacques Martin a représenté une Peugeot 403, un modèle sorti en 1955. A remarquer qu'il n'y avait aucun texte sur cette planche! Quant aux seuls crayonnés, c'était bien ceux des planches 4, 5 et 6. Ils ne comportaient pas non plus de texte et il n'y avait rien sur la carte postale ou la photo que reçoit Lefranc ! (C'est moi qui ai pensé à la photo du missile de Borg)... Les seules indications étaient sur l'enveloppe: l'adresse de Lefranc en suite commençait par La (j'ai ainsi pensé à Lausanne) et le nom de l'envoyeur: Pierre Rovic, Brest. Sur ces crayonnés, les récitatifs étaient encore détachés du cadre, alors qu'il ne l'étaient pas sur la page encrée. Il n'y avait aucun synopsis.
Un certain Christophe Fumeux - au nom prédestiné! - avait échafaudé une théorie comme quoi le synopsis de cette histoire de Lefranc aurait été finalement repris par Hergé pour devenir "L'Affaire Tournesol" et que ce serait là la raison pour laquelle Jacques Martin n'a pas continué cette histoire. Ca ne tient pas debout: l'Affaire Tournesol a commencé à paraître en 1954 ! Mais cela n'a pas empêcher cet individu d'écrire dans un document de promotion des séries de Jacques Martin un long article décrivant la découverte de ce synopsis par la fille de Jacques Martin à l'occasion d'un déménagement ! Et André Taymans, pourtant au courant de la situation, de parler de moi comme "l'adaptateur du synopsis" ! Et tout cela bien sûr avec la bénédiction de Casterman, qui, avec la bêtise et le manque d'honnêteté qui font partie de sa culture d'entreprise, a vu là l'occasion de faire de la promotion en utilisant l'image d'Hergé ! Je précise que Monsieur Martin n'a jamais prétendu être l'auteur du synopsis de l'Affaire Tournesol et qu'il n'était pas au courant du contenu de cette campagne malhonnête de l'éditeur.

Merci Michel !

Cette hypothèse me parait très vraisemblable.

Petite remarque à Olrik : il est possible de voir cette planche non coloriée telle qu'elle a été laissé par Jacques Martin dans le livre Avec Alix. Si tu n'as pas cette monographie, tu peux la trouver dans le N°6 des Enfants d'Alix qui est téléchargeable ICI

Nickel ! Je ne connaissais pas cette publication, je les téléchargerai ce soir !

Raymond a écrit:Cette hypothèse me parait très vraisemblable.

Petite remarque à Olrik : il est possible de voir cette planche non coloriée telle qu'elle a été laissé par Jacques Martin dans le livre Avec Alix. Si tu n'as pas cette monographie, tu peux la trouver dans le N°6 des Enfants d'Alix qui est téléchargeable ICI

merci pour ce lien.

Olrik74 a écrit:Nickel ! Je ne connaissais pas cette publication, je les téléchargerai ce soir !

Je vais faire de même.

je signale que le numéro 6 de cette revue "Les Enfants d'Alix spécial Lefranc" contient une histoire présentée comme authentique, mais échafaudée de toute pièce par un certain CHRISTOPHE FUMEUX - au nom vraiment prédestiné! C'est intitulé "La Véritable histoire d'un récit oublié":

"Coup de théâtre
En mai 2005, Frédérique, effectue quelques
recherches dans les archives de son père pour
retrouver quelques illustrations réalisées pour le
journal Tintin au cours de l’année 1953... Dans
une chemise, elle trouve trois feuillets jaunis et
recouverts d’une écriture dense et fine et avec
un titre jusqu’à ce jour inconnu : « Le Maître de
l’Atome». Un titre qui ne lui évoque rien de particulier
et pour cause, il n’a jamais été publié, ni
même été prononcé par son père. Pourtant une
lecture un peu plus approfondie ne lui laisse
aucun doute sur la parenté entre ces feuillets et
le récit inachevé de Lefranc… Le script venait
enfin d’être retrouvé !"

J'aurais bien aimé avoir un synopsis de Jacques Martin, mais hélas, il n'y avait rien, même pas le moindre texte sur les 4 planches de Jacques Martin (la 2 encrée, les 4,5 et 6 au crayon) !!

Le synopsis du Maître de l'Atome est une adaptation d'un synopsis que j'avais raconté à Jimmy Van Den Hautte environ 2 ans auparavant, il était prévu initialement pour Luc Orient ! Le titre provisoire lors de la présentation du projet pour Lefranc était "réaction en chaîne"; ensuite, l'histoire a été coupée en 2 albums; le titre "Le Maître de l'Atome" était celui prévu pour le deuxième tome de cette histoire, le titre prévu pour le premier tome étant "Le Réveil de Moloch-Baal"; ce titre du deuxième tome était un titre provisoire, car je le jugeais trop ressemblant au titre "Le Maître du Soleil", une aventure de Dan Cooper; mais ce titre a plu chez Casterman et ils ont choisi de l'utiliser pour le premier tome.

Le deuxième tome (finalement intitulé "Rendez-Vous à Shambhalla") a été écrit en même temps que le premier, pour finalement être refusé par Arnaud de la Croix, malgré le succès du premier, de sorte que le lecteur risque bien de ne jamais savoir comment cette histoire se termine!...

Jacques Martin m'a aidé à structuré mes idées. Ensuite, j'en ai beaucoup discuté avec André Taymans et nous avons choisi plusieurs solutions ensemble concernant une série de détails importants: l'aspect physique de Lefranc, le lieu du rendez-vous: le château de Chillon, ce qu'il y avait sur la photo que reçoit Lefranc car il n'y avait rien de dessiné sur la photo dont Jacques Martin avait seulement esquissé le contour!), où couper entre les 2 épisodes, etc... Enfin, en cours d'écriture, j'ai reçu les conseils des personnes qui m'ont aidé pour la rédaction (dont mon filleul, crédité pour Noël Noir) et mon vieil ami Didier "Rigebert" m'a aidé pour la documentation. J'ai aussi été conseillé et documenté par Jilali, un ami géologue qui a travaillé dans la mine de manganèse de Bouarfa et par Bouziane, un ami routier marocain...

Oui, la mine de manganèse qui sert de repaire à Borg dans le Maître de l'Atome existe réellement (je l'ai visitée en 2000 et 2002, en compagnie d'"actrices" -involontaires!- de cette histoire)... On peut la voir sur Google Earth: en bas de l'image, Bouarfa, en haut la mine et les installations pour les Français qui y travaillaient...

Je signale que ce soir sur Arte, on donne un téléfilm qui retrace l'histoire de l'accident nucléaire qui fut une de mes sources d'inspiration pour le Maître de l'Atome. Il s'agit du deuxième essai nucléaire dans le Sahara - nom de code "Opération Béryl", qui a mal tourné ...Je cite Télémoustique : "Une fiction explosive s'attaque aux vrais ratés d'un essai nucléaire français et à un mensonge d'Etat".

"Vive la Bombe!" ce mercredi 10 Février à 20h35 sur Arte, suivi de "Les Mercredis de l'Histoire", "1946, Essais atomiques à Bikini", une autre source d'inspiration pour le Maître de l'Atome, à travers le livre du physicien français Charles-Noël Martin "L'Heure H a-t-elle sonné pour le Monde"...

Dans le Maitre de l'Atome, Axel Borg demande à Guy Lefranc de faire savoir à ses lecteurs que désormais le "Grande Menace" ne vient plus d'Axel Borg, mais bien de leur propre gouvernement !

Merci de signaler cela.

Je connais l'histoire terrifiante des expériences que les américains on fait en 1946 sur l'atoll Bikini (je possède une vidéo à ce sujet). Je suppose que c'est le sujet de l'un des reportages diffusés ce soir. On a aujourd'hui de la peine à croire que ceci a pu se passer.

Vu que l'autre documentaire présente également une histoire d'accident nucléaire, je pense que la soirée sur Arte est consacrée aux conséquences du syndrôme d'irradiation massive (ce que l'on a pu voir ensuite avec Tchernobyl).

A ne pas manquer !

Je suis d'accord avec toi... Ce qui est surtout intéressant ("interpellant"), c'est le mensonge d'état !!...
Je signale aussi qu'il est possible de se procurer un exemplaire du livre historique de charles-Noël Martin !!
http://www.priceminister.com/offer/buy/18964103/Martin-Charles-Noel-L-heure-H-A-T-Elle-Sonne-Pour-Le-Monde-Livre.html

Michel, tu as bien entendu tout à fait raison d'attirer notre attention sur ce type d'émissions documentaires.

Malheureusement, je doute fort qu'elles soient suivies par un large public et nos gouvernants et leurs "Docteurs Folamours" peuvent dormir tranquilles et continuer à jouer avec la vie de leurs concitoyens.

Charles-Noël Martin avait pourtant "tiré la sonnette d'alarme" déjà en 1955 !

Bien entendu, mais les catastrophes d'origine militaire ou industrielle sont toujours niées au départ par leurs auteurs et il faut qu'il y ait un nombre important de victimes pour que ces messieurs-dames daignent reconnaître les faits (et encore avec des "pincettes" et sans jamais s'excuser auprès d'elles des dégats occasionnés !! ) et que les opinions publiques prennent enfin conscience de la triste réalité.

L'affaire de l'amiante est encore présent dans les esprits et combien d'autres (hélas) à venir.

J'ai vu les émissions hier soir sur Arte.

Je n'ai rien de spécial à dire. La fiction française de même que le documentaire américain restent finalement très factuels. Les aspects les plus horribles de ces événements ne sont pas montrés. A cet égard, le petit documentaire intitulé "Radio Bikini" (qui est passé il y a longtemps à la TV) montrait des choses plus terrifiantes, puisque j'y ai découvert les expériences d'irradiation qui ont été réalisées sur des GI américains en 1946.

Il va falloir maintenant que je relise le Maître de l'Atome.

Voici la maquette de couverture envoyée par l'éditeur dans les dossiers destinés à la presse et aux libraires ; on avait probablement jugé inutile de l'encombrer avec mon nom et celui d'Erwin Drèze. C'est parce que je suis accidentellement tombé sur ce projet que l'on a corrigé cet "oubli"...

Voici mon storyboard pour les planches 40 et 41 ; on peut observer que cela correspond à ce que l'on trouve dans l'album.



Ensuite, on peut remarquer que les trois planches suivantes ont été complètement réécrites, contre mon gré et à mon insu.





Ensuite, on "retombe" sur ce que j'ai écrit, quoiqu'avec certaines modifications incongrues...