Une exposition qui réunit bien naturellement de nombreuses planches de bandes dessinées et des esquisses préparatoires, mais également des peintures et des aquarelles qui nous en mettent plein la vue.
Les planches originales, en grands formats, sont présentées à côté du story-board : un choix qui permet de mieux saisir comment l’art du bédéiste consiste à concilier le découpage séquentiel de son histoire et la composition de chacune de ses planches – les esquisses colorées du story-board permettant d’avoir un aperçu général des grandes masses.
Plébiscitée aussi bien par le public que par la critique, la bande dessinée autobiographique Ailefroide, altitude 3954, sortie l’an passé, raconte la progressive découverte de l’alpinisme par un jeune Grenoblois au début des années 1970. Avec une première riche section consacrée à cet ouvrage dont le succès éditorial a surpris l’auteur lui-même, l’exposition Jean-Marc Rochette, artiste au sommet nous plonge dans l’univers montagnard du dessinateur et nous dévoile les différentes étapes nécessaires à la création d’une bande dessinée dont le processus de fabrication s’apparente à une forme d’artisanat.
Les planches originales, en grands formats, sont présentées à côté du story-board : un choix qui permet de mieux saisir comment l’art du bédéiste consiste à concilier le découpage séquentiel de son histoire et la composition de chacune de ses planches – les esquisses colorées du story-board permettant d’avoir un aperçu général des grandes masses.
Le parcours de l’exposition se termine en beauté avec, dans la chapelle du musée, une présentation des planches du Loup, dernier ouvrage de Jean-Marc Rochette qui vient tout juste d’être publié. Avec cette BD, le Grenoblois semble tirer doublement profit de sa récente installation dans un village perdu au fin fond de l’Oisans. Il vit donc aujourd’hui au plus près de l’univers de la montagne qui le fascine depuis son enfance et dont l’atmosphère et les histoires nourrissent son travail. Et cela lui permet également une productivité décuplée, favorisée par un isolement propice à la concentration. En effet, non seulement Jean-Marc Rochette a produit l’ouvrage qui nous intéresse en un temps record, mais en plus, il sort conjointement un nouvel album du Transperceneige, bande dessinée post-apocalyptique démarrée dans les années 1980 et récemment adaptée au cinéma.
Mais revenons à nos moutons dont l’attaque d’un troupeau sert de point de départ à cette histoire de confrontation entre un berger et un loup et dont le territoire des Écrins fait office d’arène. Ce récit, loin d’être manichéen comme le prouvent les nombreuses planches présentées dans l’exposition, soulève la complexité des rapports que l’Homme entretient avec la nature. Jean-Marc Rochette s’évertue ainsi, tout au long de son récit, à témoigner comment celle-ci est à la fois une menace et une source vitale. Servi par un graphisme nerveux et acéré qui retranscrit particulièrement bien l’univers glacial et vertigineux de la haute montagne, Le Loup propose une réflexion ouverte sur la question de la possible cohabitation entre les hommes et les animaux. Tout à fait d’actualité en plus d’être du grand art.