FESTIVAL QUAI DES BULLES A SAINT MALO, 37° EDITION...
Comme de coutume, je vous propose un bref compte-rendu de ma visite au Quai des Bulles. Je n'ai pas pu tout voir et ceci ne constitue qu'une sélection personnelle.
LES EXPOSITIONS
MICHEL PLESSIX
Cette 37° édition est doublement placée sous le patronage de Michel Plessix, d'abord parce que c'est lui qui avait réalisé l'affiche du festival, ensuite parce qu'après son décès brutal en août dernier, cet hommage lui était rendu. M. Plessix était d'ailleurs originaire de Saint Malo et l'un des parrains du Quai des Bulles.
Sont exposées ici de nombreuses planches de ses dernières oeuvres "Le vent dans les saules" et "Le vent dans les sables", ce dernier inspiré par ses voyages au Maroc, à Essaouira ( ex Mogador ), dont l'architecture fortifiée lui rappelait le Saint Malo de son enfance. J'avoue avoir lu les aventures de Rat, Taupe et Crapaud il y a bien longtemps et ne plus guère m'en souvenir. Le dessin de M. Plessix est clair et précis, fourmillant de détails sans pour autant être surchargé, tout reste compréhensible grâce aussi aux couleurs délicates.
On trouve aussi dans l'exposition des maquettes, la reconstitution de l'atelier de l'artiste et sa documentation, son univers personnel rejoignant l'univers dessiné.
En hommage, de nombreux dessins et lettres de collègues sont également présentés.
JEAN-LOUIS PESCH
Sylvain, Sylvette, les Compères et compagnie... Je fais partie de la génération qui les a découverts dans les années 1950 sous la plume de leur créateur, M. Cuvillier, J.-L. Pesch ( Poisson de son vrai nom ) ayant pris le relais en 1956. Présent sur l'exposition ( il a 89 ans ), il racontait dessiner depuis 1949, estimait avoir assez de travail et n'avait nulle envie de reprendre ces personnages, puis il s'est laissé faire... pour 60 ans ! Ce qui m'a permis de les redécouvrir dans les lectures de mes enfants.
Outre de nombreuses planches de Sylvain et Sylvette, on trouve celles d'une adaptation du Roman de Renart, ainsi que la maquette d'une catapulte moyenâgeuse, construite par lui-même, ce qui lui permettait de la dessiner sous tous les angles pour les exploits de Bec-en-fer ( malheureusement absent de l'exposition ).
GERARD LAUZIER ( 1932/2008 )
Pour moi, Lauzier, c'est Pilote des années 1970 avec les Tranches de vie, les Chroniques de l'Île grande, la Course du Rat, la Tête dans le sac, et toutes les autres... où il n'épargne personne : la gauche et la droite, les blancs et les noirs, les cadres et les ouvriers, les riches et les pauvres, les réacs et les bobos, ce qui prouve qu'il est toujours d'actualité et plus que jamais.
Dessins originaux, documents d'archives, parfois inédits, font un tableau passionnant d'une époque pas si lointaine dont la férocité n'a pas pris une ride, car il a toujours su appuyer là où ça fait mal, dénoncer nos moeurs, nos us et coutumes, nos modes et nos travers avec justesse et humour.
ASTERIX
Les repreneurs d'Astérix, Ferri et Conrad, et leur personnage, étaient faits pour se rencontrer : tous sont nés en 1959, il n'y a pas de hasard ! Outre les planches du dernier album, paru ce mois-ci, plusieurs artistes, extérieurs au monde le BD, ont donné leur version des célèbres Gaulois, la plus impressionnante étant, trônant devant l'entrée du festival, une superbe statue d'Obélix constituée de pièces métalliques telles que roues dentées, engrenages, etc... Il n' a pas que des sangliers dans le ventre, celui-là !
Il en faut pour tous les goûts, mais j'ai moins aimé :
OLIVIER JOSSO HAMEL
Dans ses deux albums intitulés "Au travail" ( publiés par l'Association ) il pose la question : pourquoi fais-je de la BD ? Ses originaux sont réalisés à la plume et à l'encre de Chine sur papier orange et vert qu'il découpe et colle, ce qui donne une ambiance particulière à son travail, à la fois autobiographique et décrivant son parcours artistique. On y trouve aussi la revisitation de classiques, tel que "L'île noire" de Hergé, encore que je ne comprenne pas bien l'intérêt de l'exercice.
THE GROCERY
En v.f. : l'épicerie. Cette BD de Singelin et Ducoudray est située à Baltimore, ville du nord-est des Etats-Unis, particulièrement touchée par la crise des subprimes et dont 1/4 de la population vit sous le seuil de pauvreté. L'épicerie est celle de M. Friedman et de son fils Elliott. Celui-ci vit avec sa bande de copains sur un fond de chaos social et de violence, ce qui n'incite pas particulièrement à l'optimisme. Les personnages aux physiques étranges ( on ne sait pas très bien, pour certains, si ce sont des humains ou des animaux ) ajoutent encore à l'inquiétude éprouvée par cette histoire sombre.
JEUNES TALENTS
Le thème de cette année est : "Au delà du Rio Grande". Plutôt un thème de western, mais les jeunes auteurs semblent avoir été particulièrement inspirés par le fameux mur entre le Mexique et les Etats-Unis.
Il y avait bien d'autres expositions dans d'autre endroits de la ville, des films, des conférences, etc...
LE HALL DES EDITEURS
Dès vendredi, il y avait affluence.
Première station au stand de l'ami JYB pour bavarder et me procurer le n° 5 des aventures de Allan MacBride "La ronde des Apsaras", puis au stand des éditions OREP pour leur version de "Gergovie" ( voir par ailleurs la rubrique consacrée à cet album ) enrichie d'une superbe dédicace du dessinateur Mogère : un impressionnant guerrier Gaulois en couleurs !
Chez Glénat, acquisition du tome 3 des "Derniers Argonautes" et plus loin, du tome 10 de Murena "Le Banquet", celui-ci sorti semble-t-il avec un peu d'avance à l'occasion du festival.
Enfin, grâce aux bouquinistes, j'ai pu compléter ma collection des albums de Jacques Martin avec un Jhen et pas moins de trois Lefranc ! Que demande le peuple ?
Le festival continue dimanche.