peronnette a écrit:C'est à partir de là que le scénario devient lourdingue,c'est pourquoi j'ai toujours considéré que cette histoire est l'une des moins bonnes de Zéphyr,alors que le dessin est au top...attention,j'apprécie quand même,ne me faites pas dire ce que je ne dis pas.Le personnage de Denis est truculent alors qu'il n'est jamais apparu dans aucune des autres aventures
Encore merci Fripon, ce fut un grand plaisir de découvrir cette histoire, en renouant, au bas de chaque groupe de planches, avec le désir enfantin de connaître la suite :
à suivre…J'en profite pour revenir sur la remarque de Péronnette, qui avait de quoi surprendre un peu, s’agissant d’un inconditionnel (!) de Zéphyr : que se passe-t-il donc à partir de la planche 21 pour qu’il ait ressenti que le scénario devenait « lourdingue » ?
A la première lecture, j’ai personnellement plutôt ressenti une impression de confusion puis, vers la fin, du mal à tenir le lecteur en haleine jusqu’à la planche 36. J’ai donc repris toute l’histoire avec le point de vue du scénariste, et voilà ce qui m’est apparu.
Le récit démarre de façon très efficace, avec l’évènement perturbateur qui survient dès la première planche, où la radio met dans la bouche de Richelieu ces paroles historiques : « Ce soir, le bourricot est chargé ». Trois vignettes plus loin apparaît dans la nuit un planeur sans feux de position…
L’action s’accélère à partir de la troisième planche (où les Baux de Provence, qui s’avèreront être l’épicentre de l’histoire, apparaissent dans leur ensemble pour la première fois),
sous la forme d’une
course-poursuite après un méchant qui se fait passer pour un représentant de commerce de la savonnerie Mouss (!) – entamée d’abord par Zamba, puis par Zéphyr jusqu’à Arles, ce qui nous vaut un premier morceau de bravoure à Radio-Méditerranée.
Mais dès la sixième planche apparaît un premier décalage entre Tony et Clara d’un côté, qui s’attachent à
résoudre l’énigme des messages, et Zéphyr de l’autre, qui ne pense qu’à laver son honneur et celui de son ami Denis :
C’est précisément à partir de la fameuse planche 21, repérée par Péronnette, que le décalage devient une rupture complète, dès lors que Zéphyr se lance dans une
chasse au trésor - avec la trouvaille scénaristique de la galéjade de Denis, qui l’embarquera pour Aix, puis à Saint-Tropez (où « les gens sont si sales qu’il faut leur livrer des savonnettes en pleine nuit ») – ici, le second morceau de bravoure du Circus Radio -, et enfin en baie de Toulon – troisième morceau de bravoure sur les skis nautiques…
Ce n’est qu’aux planches 32-33 qu’on apprend que Tony et Clara ont résolu l’énigme des messages. Pierre Brochard allonge alors un peu la sauce pour reboucler sur la chasse au trésor de Zéphyr, qui l’a (évidemment…) mené jusqu’au repaire des méchants.
On retrouve donc dans cette histoire les trois ressorts dramatiques habituels des récits d’aventure : la résolution d’une énigme, la course-poursuite et la chasse au trésor. Dans les premiers titres de la série, Pierre Brochard se limitait à une seule trame (résolution d’une énigme dans
Cap au Sud et
Le grand mur blanc, chasse au trésor dans
Le prince des sables), voire en combinait deux, mais successivement : résolution de l’énigme + chasse au trésor dans
Le ravin aux loups et
La montagne de l’oubli. Le scénario du
Message est donc plus ambitieux, puisqu’il embarque le lecteur sur la fausse-piste d’une course-poursuite avant de raconter en parallèle une chasse au trésor et la résolution d’une énigme.
Il n’est pas sûr que le résultat soit à la hauteur des ambitions, car la lisibilité de l’action n’est pas toujours au rendez-vous et certaines planches, trop bavardes, sont visiblement « expédiées » au niveau du dessin (rappelons-nous que PB livrait simultanément les planches, scénario et dessin, d’
Alex, Tambour et la flûte magique à Cœurs Vaillants).
Mais, outre les morceaux de bravoure déjà signalés, le « décor » nous transporte dans une Provence très crédible (les paysages des Alpilles, le marché d’Estoublou, la belle séquence de nuit du port de Saint-Tropez…)
et les personnages secondaires, Denis de Gonfaron en tête, mais aussi la tragédienne Pâquerette Deschamps, le brigadier Tironossi… bien que caricaturaux, sont savoureux – alors qu’on oubliera vite les méchants qui, nous l’avons vu à propos de la série Alex et Eurêka, n’ont jamais été le fort de Pierre Brochard.
Au total donc, une aventure en demi-teinte, mais qui montre que l’auteur cherche à se renouveler, et qui prépare la vraie réussite qu’est
L’escale du Balaou.