On connait particulièrement la collaboration des Funcken au Piège Diabolique de Jacobs.
extrait d'une interview de Fred et Liliane Funcken dans le livre numérique de HUGUES DAYEZ "LE DUEL “TINTIN” - “SPIROU”" :
Vous évoquez Jacobs : c’est à cette époque que vous lui rendez un
fameux service, puisque vous assurez les crayonnés d’une douzaine de
planches du “Piège diabolique”. Comment s’est déroulée cette participation aux aventures de “Blake et Mortimer” ?
Liliane : Edgar est venu chez nous parce qu’il ne se sentait pas à même
de réaliser ce qui constituait une nouveauté pour lui, à savoir la
séquence du Moyen Âge dans “Le piège diabolique”. Il nous a laissé les
planches avec les dialogues, puis nous avons travaillé de notre côté...
Fred : Nous avons fait les crayonnés, mais c’était comique, parce
qu’Edgar, à l’inverse de moi, était super-maniaque et voulait que nous
nous chargions aussi du dessin de ses propres personnages parmi les
autres figurants ! Nous avons accepté, mais nous lui avons dit que ce
serait lui qui règlerait le problème de la ressemblance... Et naturellement, c’est aussi lui qui a assuré l’encrage de nos crayonnés : Liliane et
moi étions parfaitement incapables d’encrer dans son style. Mais le
résultat est curieux : on sent, en ouvrant l’album, que ces douze plan -
ches sont différentes ! C’est la main de Jacobs, mais c’est forcément une
autre manière de dessiner qui pointe en filigrane... Parce qu’il nous a
laissé toute liberté, et ce que nous avons fait, il l’a gardé.
Et pourtant, alors qu’il s’agit d’une série reconnue, vous ne signez pas
votre participation...
Liliane : Non, parce qu’Edgar aimait bien signer seul ses albums, et
puis, nous l’avions fait pour le dépanner, par amitié...
Vous avez été payés, quand même ?
Fred : Finalement, non !
Liliane : Il voulait nous payer, mais il y eut un contexte un peu malheureux... Nous nous sommes retrouvés au banquet annuel des auteurs
du Lombard, dans un restaurant à côté du château de Beersel. Et devant
plusieurs confrères, Jacques Martin et d’autres, Edgar a sorti son portefeuille en me disant : “Ah, Liliane, à propos, combien te dois-je pour les
“petites choses” ?... Un peu vexée, je lui ai répondu : “Mais Edgar, tu
-connais le nombre de planches, mais nous le faisons par amitié pour toi!”
Il en est resté assez interloqué. Mais personnellement, j’ai déploré son
attitude un peu dédaigneuse de ce soir-là...