Pour mémoire, Fred Funcken s'occupe des crayonnés, son épouse Liliane de l'encrage et la mise en couleurs. Et ils font ensemble les scénarios, quand ils n'ont pas un scénariste attitré. Vous trouverez une longue interview d'eux dans Le duel Tintin-Spirou, par Hugues Dayez, Editions Contemporaines.
Personnellement, je considère que la meilleurs série des Funcken est Le Chevalier Blanc, dont j'ai l'intégrale couleur aux éditions Rombaldi (1 volume). J'avais alors été très séduit par le dessin nerveux de Fred, aussi les couleurs poétiques de Liliane. On y trouvait des cadrages audacieux très cinématographiques, les histoires étaient pleines de charme et de mystère...
Mes compliments sont d'autant plus sincères que je ne suis pas spécialement attiré par les séries de chevalerie. L'arrière-plan religieux du Moyen-Âge m'a toujours ennuyé, ayant un esprit très rationnel. Mais on ne le sent heureusement pas trop dans Le Chevalier Blanc.
J'aime aussi beaucoup le premier Harald le Viking : L'île de la brume. Cette histoire avait été rééditée un certain moment : du grand spectacle hollywoodien valant bien Thorgal !
Les westerns des Funcken sont par contre trop conventionnels, comme aussi Jerry Spring (Jijé). Ils ne supportent pas la comparaison avec ce qu'on a fait depuis : Blueberry (Giraud), Comanche (Hermann), Mac Coy (Palacios), Cartland (Blanc-Dumont), voire Buddy Longway (Derib), Durango (Swolfs), Ringo (Vance)... Je ne parle pas de Lucky Luke (Morris), des Tuniques bleues (Lambil) et de Chick Bill (Tibet) : du western parodique !
Mais pour en rester aux genres historiques, je suis beaucoup plus attiré spontanément par les séries de cape et d'épée que de chevalerie. C'est le 17e siècle, une époque plus laïque que le Moyen Âge. J'apprécie alors les beaux costumes, les intrigues amoureuses, les péripéties et duels épiques... Tout cela dégage une atmosphère optimiste et gaie.
J'ai donc plusieurs romans d'Alexandre Dumas (Les trois mousquetaires...), aussi le recueil en un volume de Michel Zévaco : Le Capitan - L' Héroïne. Celui-ci a paru aux éditions Robert Laffont, dans leur collection Bouquins. Je vous garantis que vous ne vous ennuierez pas avec Zévaco !
Aussi, je m'étais précipité quand les éditions Récréabull avaient réédité six Capitan. Mais là, j'ai été sacrément déçu par certains : dessin souvent bâclé, scénarios indigents... Cela m'a surpris, notamment pour le dessin. Fred est un dessinateur remarquable quand il le veut et Liliane ne démérite pas non plus. J'ai appris plus tard qu'ils pensaient déjà quitter la bande dessinée pour leur encyclopédie monumentale des uniformes et des armes.
Des six albums Récréabull, j'en ai finalement cédé quatre aux bouquinistes et conservé deux seulement : Capitan défie d'Artagnan, Capitan et l'agent secret. Ces histoires sont tout à fait réussies, avec parfois des scènes très prenantes. Mais elles ne comportent que 30 pages chacune, comme d'ailleurs tous les Capitan (hors récits complets). Je trouve cela un peu dommage, car on pourrait facilement les allonger sur 62 pages comme pour un Tintin.
Disons que les intrigues de ces deux histoires ne sont pas d'une complexité inouïe. Elles valent surtout par l'ambiance, le portrait des personnages, l'humour, des dialogues percutants, certaines scènes assez étonnantes. Je vous en dirai plus tard un mot pour chacune.
Je regrette en tout cas qu'il ait assez peu d'histoires de cape et d'épée en bande dessinée. Ce genre a pourtant toujours du succès auprès du grand public. Il suffirait de reprendre une série comme Capitan avec de nouveaux auteurs et des histoires plus longues cette fois...