La bande dessinée, tout comme le cinéma et le roman sont des
contes de fées pour "adultes" : fées, ogres et dragons y sont protéiformes. La super nana, le gros méchant bien dégueu (pauvre Pompée et ses hypostases, dans "Alix"!). Normal que le fantastique en soit un ingrédient. Moi qui suis fan d'histoires de vampires, et quoique athée jusqu'au trognon, je suis toujours ravi de voir Dracula se décomposer sous une aspersion d'eau bénite !
Tiens, parlons-en de l'eau bénite. Je suis amateur de fictions archéologiques style Indiana Jones, The Librarian etc. Curieux que le fantastique gravite toujours autour de symboles du christianisme (ah ah!, Jacques Martin et la patte de bouc censée être la marque du Diable dans LE CHEVAL DE TROIE - je le croyais plus subtil
). On a l'impression que la Bible serait l'unique source de spiritualité, sans doute parce que chez nous le commun des mortels - même mécréant - n'a jamais eu d'autres références. Les reliques du Christ, en particulier, ont encore de beaux jours devant elles, notamment la fameuse lance qui lui a percé le flanc ( http://www.peplums.info/pep54d.htm#q ).
Mais revenons à Alix. Relèvent du fantastique, les
mondes disparus qu'Alix retrouve au fond de grottes, et qui souvent disparaissent à la fin de l'histoire par la faute de quelque cataclysme. Thierry Groensteen l'avait noté dans son AVEC ALIX. Mais à vrai dire tous les héros de romans d'aventure connaissent ce genre de situation.
Autre poncif, on l'a dit plus haut :
les rêves prémonitoires. Au niveau de la technique scénaristique, ces rêves anticipant les péripéties qui vont suivre sont imparables : c'est l'occasion pour l'auteur-Dieu de tendre au naïf lecteur un brin de l'écheveau que celui-ci va dévider au fil de sa lecture, établissant ainsi une sorte de dialogue entre lui-même et son lecteur.
En fait, le mécréant le plus endurci - comme moi - a besoin de s'évader dans un univers différent. Plein de putes magnifiques, de supplices, de catastrophes, de morts, de morts-vivants et autres revenants etc. auquel il est rarement confronté dans la vraie vie. Et bien sûr des miracles, et des créatures aussi improbables que la licorne, le loup-garou etc.
A propos du loup-garou, je note dans la série ORION ces hommes-lions que le héros athénien de Jacques Martin rencontre... en Arcadie (dans la mythologie grecque, l'Arcadie est peuplée d'hommes-boucs - les Satyres - ainsi que d'hommes-chevaux, comme le Centaure Pholos! Alors, pourquoi pas des hommes-lions, même si la mythologie grecque les ignore?).
Dans ALIX il y a aussi ces hommes-crocodiles du FLEUVE DE JADE. Je ne sais trop où Martin est allé pêcher ces créatures mutantes - ah oui, paraît que cet album est un message écolo -; je suppose que si je faisais tourner les tables, Martin sortant des limbes de l'Hadès référerait au dieu égyptien Sobek; mais moi qui suis un mauvais esprit j'y verrais plutôt la resuscée d'une tarzannerie d'E.R. Burroughs.