Bonsoir
Night Hawk constitue le premier opus de la série
Black Squaw, une BD d’aviation, écrite par Yann, dessinée par Henriet et mise en couleur par Usagi.
L’intrigue débute à Saint-Pierre et Miquelon puis se déplace aux Etats-Unis, ce durant les années 1920. En 1919, la loi Volstead interdit la production et la vente d’alcool sur tout le territoire américain. Il en résulte un vaste trafic d’importation illégale de vins et spiritueux. La contrebande s’appuie sur un réseau de transport transatlantique passant notamment par le Canada. Ainsi, des hydravions font la navette entre Saint-Pierre et la Nouvelle Ecosse. Et nous suivons les aventures d’un pilote, Bessie Coleman, une jeune métis afro-indienne. Deux lignes temporelles structurent l’ouvrage. En contrepoint du présent, Yann conte la jeunesse de Bessie et son combat contre l’injustice et le racisme.
On retrouve dans
Black Squaw le cocktail déjà concocté par Yann pour
Dent d’Ours : un mélange détonnant entre une personnalité féminine forte ayant réellement existée (https://fr.wikipedia.org/wiki/Bessie_Coleman), l’Histoire (https://fr.wikipedia.org/wiki/Prohibition et https://fr.wikipedia.org/wiki/Ku_Klux_Klan) et l’aviation. Par une étrange prémonition, dans un album conçu en 2018-2019, Yann aborde le sujet de la condition des afro-américains dont les media se sont récemment largement faits l'écho (https://fr.wikipedia.org/wiki/I_can%27t_breathe).
L’intrigue manque un peu de souffle épique. Mais nous n’en sommes qu’au premier opus de la série et nul doute que Yann saura dramatiser les futurs items. Les décors et le petit monde des trafiquants sont très fouillés. On sent que le scénariste s’est beaucoup documenté. L’ambiance est aussi remarquablement restituée et de nombreux anglicismes pavent la route du lecteur, à commencer par le titre du tome,
Night Hawk, qui peut être traduit par engoulevent, oiseau de nuit ou faucon de nuit (non-sens ornithologique car le faucon est un oiseau diurne), et par la dénomination de la série,
Black Squaw, qui signifie femme indienne noire.
Les dessins d’Henriet sont toujours parfaitement léchés. Ainsi, l’hydravion Loening C-1W est magnifiquement dessiné même si cela met en exergue un petit anachronisme du scénario puisque les premiers vols de cet aéronef datent de 1928, soit deux ans après le décès de Bessie Coleman. Peut-être manquent-ils un peu de dynamisme ? Quoiqu'il en soit, le dessinateur n'hésite pas à varier le format et la forme des vignettes, favorisant ainsi l’immersion dans des décors somptueux.
Les couleurs d’Usagi sont vives, éclatantes et elles donnent un beau relief aux dessins.
En résumé, j’ai apprécié cette BD et les amatrices (amateurs) de
Dent d’Ours seront ravies(ravis) de retrouver leurs artistes fétiches dans un univers voisin. En tout cas, les éditions Dupuis croient à cette série, et comme c'est la mode (
) actuellement, ont publié deux versions de l'oeuvre : celle standard et celle avec jaquette et ex-libris. Je vous recommande cette dernière car l’illustration qui court sur le recto et le verso de la jaquette est magnifique.
Eléanore