Hoka Hey est une bande dessinée écrite et dessinée par Neyef.
Georges, un jeune indien Lakota, est élevé par le directeur d'une réserve indienne dans le but de l'acculturer et d'en faire un citoyen américain modèle, fier de son pays et craignant Dieu. Sauf que son père adoptif oppresse les amérindiens et qu'un d'entre eux, Little Knife, l'assassine. Little Knife est à la recherche de son père pour une sombre histoire de vengeance. Il est accompagné dans sa quête par No Moon, une femme dont le nez a été coupé suite à adultère, et par Sully, un irlandais ayant fui la misère de son pays. Georges va progressivement s'intégrer dans le petit groupe. Mais un chasseur de primes est à la recherche de Little Knife...
La bande dessinée traite du sujet de la culture indienne et de sa survie dans la nation américaine. L'ouvrage est profondément manichéen et prend clairement partie pour les amérindiens au point de légitimer les meurtres commis par ceux-ci pour défendre leurs valeurs
. Georges oscille en permanence entre les deux civilisations mais finira par retrouver ses racines, sous l'influence d'un tropisme invincible. On peut d'ailleurs s'étonner de sa conversion. Tel Saint-Paul sur le chemin de Damas, et sans hésiter, le jeune garçon va rejeter la société "blanche" et adhérer à la "religion" de ses ancêtres. Au cas où nous en douterions de la justesse de ce choix, Neyef établit un parallèle entre l'oppression britannique en Irlande et la brutale Conquête de l'Ouest...
La BD porte aussi un projet pédagogique puisque la civilisation indienne, ses mœurs, sa religion, ses coutumes mais aussi sa dureté font l'objet de nombreuses explications. Et l'écologie imprègne le texte rendant étonnement moderne les coutumes sioux.
Le sujet de l'acculturation colle aussi à l'actualité comme le démontre les récentes affaires au Canada : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pensionnats_pour_Autochtones_au_Canada.
Et les États-Unis ne sont pas en reste en ce domaine : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pensionnats_pour_Autochtones_aux_%C3%89tats-Uniscomme quoi deux nations profondément différentes, une jeune démocratie et un membre du Commonwealth, ont eu les mêmes idées et pratiques.
Mais le vrai point fort de ce roman graphique réside dans l'exploit graphique. De grandes et belles planches sans texte appellent à la contemplation d'une nature grandiose. La qualité des vignettes est telle que l’œil pense à des peintures, à des aquarelles prodigieuses restituant avec amour la beauté des paysages des Grandes Plaines et des Collines Noires. Les visages ne dégagent pas la même puissance mais leur dessin est plus qu'honorable.
Au final, on ne peut que saluer la qualité de ce western graphique. Tous les ingrédients des grands films hollywoodiens se retrouvent ici : des personnalités fortes, une intrigue âpre, une violence innée, des espaces immenses et vierges, des panoramas superlatifs, etc.
EEEou
EEEE.
Eléanore