Je viens de récupérer mon exemplaire; je l'ai lu et suis assez perplexe car je ne croise pas toujours ma lecture avec ce qui a été dit ici plus haut. Notamment à propos du rôle d'Enak. Demain ou après-demain je le relirai. La chute est assez ahurissante...
Pour la
Cyrénaïque, le dossier donne quelques éclaircissements intéressants. Mais plutôt que de rapprocher cette histoire du DIEU SAUVAGE, je la rapprocherais plutôt du TOMBEAU ETRUSQUE. J'avoue que les "uniformes" des "Siwites", par leur uniformité justement, me fait davantage penser à celui des Molochistes, plutôt qu'aux Cyrénéens. Je reconnais que ça apporte à la lisibilité des images mais je n'irais pas plus loin.
La couverture montrant cette idole assise et à faciès animal (*), et la barque de rameurs aux yeux bandés - sans oublier le titre référant au monde des morts, m'avaient lancé sur une fausse piste. Je me dirigeais vers certains récits grecs (Hérodote, Diodore) référant à des
labyrinthes à l'image du Monde des Morts - aux Enfers - servant à des rituels initiatiques, genre "Mystères d'Eleusis" dont les rituels maçonniques semblent avoir conservé le goût. Et dont on retrouve encore l'ADN dans LA FLUTE ENCHANTEE de Mozart. Mais là, j'étais à côté de la plaque. Normal, je ne suis pas le scénariste d'ALIX SENATOR !
En revanche, il me semble que - logique avec elle-même - Valérie Mangin conserve l'idée science-fictionnelle déjà exploitée dans un précédent ALIX SENATOR, à propos de l'origine antédiluvienne des pyramides d'Egypte. En effet, à la différence des momies égyptiennes horizontales et bandelettées, celles des Siwis sont
accroupies et ficelées. Ce qui me fait songer aux coutumes funéraires incas ou pré-incaïques (?). A ce sujet, je n'insisterai pas sur certains crédos de ce qu'on a appelé "l'archéologie romantique". Pour moi, la civilisation inca est contemporaine de notre Moyen Age européen, mais bon, dans une BD... Disons que ça permet de suggérer une civilisation plus ancienne encore que l'Egyptienne, à rattacher sans doute à l'hypothèse saharienne de l'
Atlantide. J'aime beaucoup le roman de Pierre Benoit mais... j'ai appris à le lire entre les lignes !
Or justement, l'Atlantide... Ce continent fabuleux tient une place d'une certaine importance dans la mythologie martinienne. Voici une quarantaine d'années, le père d'Alix m'avait annoncé un album ATLANTIS qu'il méditait, sans troup savoir s'il la situerait en Crète ou dans l'Atlantique. Projet resté en friche, sauf un épisode du dessin animé "ALIX". Mais dans le LE SPECTRE DE CARTHAGE, il est question d'un orichalque météoritique responsable... de l'explosion du port de Carthage (!). Comment un simple minerais d'uranium (?) provoqua-t-il cette explosion ? Martin aimait suggérer des pistes sans trop expliquer. Par exemple dans L'ENFANT GREC, il suggérait qu'un philosophe grec avait inventé/découvert l'atome (une vignette montrant une explosion atomique soulignait le récitatif). Ce minerais radio-actif et corrosif revient dans un autre album, ORION je crois (je n'ai pas mes notes sous la main).
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Je reviens à LA MONTAGNE DES MORTS. Donc, cette statue de
Cybèle faite d'un orichalque aux mêmes propriétés radio-actives aurait été rapporté à Rome par Octave. (En fait le culte de la Cybèle de Pessinonte fut introduit à Rome par Scipion Nasica en -204, c'est-à-dire à la fin de la 2e Guerre punique.)
C'est en soi très amusant, car ça reprend l'idée développée dans ROMA AETERNA par Gilles Chaillet à propos du
Palladium - en orichalque lui aussi,
of course - ramené à Rome par les Troyens d'Enée. Sauf que chez Chaillet cette idole de type cycladique, mais en orichalque, est habitée par la Ker (chez Homère, une ou plutôt des déesses grecques - les Kères - assez semblables aux Walkyries germaniques dans leurs fonctions, mais moins sexy tout de même, qui ramassaient les âmes des morts sur le champ de bataille). Chez Chaillet, l'idole d'orichalque n'est pas radio-active mais apporte bien des malheurs.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Art_cycladique
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(*) Dans la même attitude que Moloch chez Flaubert, sauf le brasier. Mais Moloch étant un nom indûment rapproché du dieu carthaginois Baal-Hammon (Khamon, chez Flaubert) suggérait une passerelle vers Zeus-Ammon dont ici question ! Dans les '80 j'en avais largement traité dans une communication aux Paralittératures de Chaudfontaine (Liège) publiée par le Céfal, aussi ne vais-je pas revenir là-dessus.