Vous dérivez, messieurs, vous dérivez !
Revenons plutôt au
véritable sujet, qui est le 6ème album d'Alix Senator !
Or donc, après la terrible amputation dont il a été victime à la fin du 5ème tome, Khephren n'arrive pas à accepter la perte de ses mâles attributs. Il est de plus toujours hanté par ses rêves de toute puissance et il décide de se rendre vers l'oasis d'Amon (un lieu qui se nomme aujourd'hui Siwa), en plein désert égyptien. Il espère y retrouver la statue de Cybèle, qui lui donnera .. tous les pouvoirs. Alix l'accompagne bien sûr, sans croire une seule seconde à cette chimère.
Je ne connaissais par cette oasis de Siwa, que Valérie Mangin nous présente avec beaucoup de précision dans le cahier didactique qui accompagne l'édition spéciale de l'album. Les photos actuelles de cet oasis ne sont en fait pas si impressionnantes que ça, mais Thierry Démarez nous dessine un endroit paradisiaque, une sorte de paradis sur terre.

J'éviterai bien sûr de dévoiler toute l'intrigue, qui se passe entièrement en Egypte, et je noterai simplement que la suite des événements révèle de plus en plus le caractère tourmenté de Khepren. Ce dernier se comporte de plus en plus d'une manière sauvage, voir inhumaine, et le fils d'Enak devient même parfois franchement odieux. Et si c'était lui, le véritable méchant de la série ?

Autre motif de tristesse : l'attitude d'Alix qui apparaît bien trop passive en face de cette quête insensée. Il vieillit mal et subit avec tristesse les événements qui découlent des initiatives de Khephren, ou des manœuvres cachées du préfet Barbarus. Le héros a perdu toute fierté et ... s'humilie même d'une façon sinistre devant le préfet, lorsqu'il cherche à sauver son ami.

C'est en fait un récit bien pessimiste, qui ne mettra pas en joie les admirateurs du héros. J'ai pour ma part de la peine à accepter ce déclin physique et psychique d'Alix, qui se révèle incapable d'influencer le cours de cette histoire, mais c'est peut-être bien cela ... vieillir !
Remarquons sinon que Valérie Mangin a inséré un petit "entracte romain" au milieu de ce mélodrame égyptien. Il met en scène Titus, qui a regagné Rome avec le fameux livre sibyllin, et ce dernier se préoccupe toujours de retrouver sa mère. Cet entracte donne à la scénariste l'occasion de nous montrer un curieux dialogue entre Auguste et Lydia, sa sœur. Il y parlent tout deux de Titus, et c'est bien sûr une nouvelle piste ouverte par Valérie Mangin, qui sera peut-être le sujet d'une prochaine aventure.

A ce sujet, je l'ai déjà écrit plus haut : je pense avoir deviné qui est la mère de Titus.

Telle est donc cet album, à la fois mythique et réaliste, crispant et intéressant, historique et ... tellement proche de notre époque.
Le débat est ouvert !