Décidément (hasard ou coïncidence !!), les scénaristes-repreneurs de la série Blake et Mortimer se sont donné le mot pour démarrer l'action de leur dernier album dans les sous-sols (sans doute, un retour aux sources de Jacobs dont l'attrait pour les souterrains n'est plus à démontrer).
Jusqu'à présent, il semblait bien que les histoires de Jean Van Hamme étaient davantage prisées du public que celles d'Yves Sente ( exception faite de "La Machination Voronov" qui avait reçu un bon accueil).
Je dois avouer que, pour cette fois, l'auteur de Thorgal ne m'est pas apparu comme ayant fait preuve d'une verve scénaristique très originale.
Certes, le début de cette histoire est bien amené (avec deux actions successives situées dans des pays radicalement éloignés et qui semblent n'avoir aucun lien direct entre elles de prime abord) mais, très rapidement, la trame de cette aventure fait plus référence à des stéréotypes qu’à de véritables innovations.
Ainsi, Van Hamme reconnaît-il explicitement s'être inspiré du personnage cinématographique d'Indiana Jones pour construire son récit ("je revendique volontiers ma filiation avec l'archéologie fantastique des Indiana Jones" explique-t-il dans son entretien au Figaro du 20 novembre dernier).
Mais pourquoi diable a-t-il cru bon aussi de faire référence (comme dans le film) à l'idéologie nazie en la personne de "l'employeur" d'Olrik ?
Ce thème de l’ancien dignitaire du Troisième Reich, qui voudrait par vengeance devenir Maître du Monde, n’est pas une nouveauté en soi (et, bien que d'origine asiatique, Basam Damdu avait une toute autre envergure !!) et ne renforce en rien les péripéties du scénario.
La filiation avec l'album du "Mystère de la Grande Pyramide" est également bien présente dans cette intrigue et nous avons droit pour le même prix à un court évènement "surnaturel" (de nature météorologique, comme dans "S.O.S Météores"
), dont la force d’évocation apparaît bien mineure si on se réfère aux "illusions magiques" du Cheik Abdel Rasek, magnifiquement mises en scène par Jacobs.
Heureusement que le dessin de René Sterne soit a contrario la véritable réussite de cet album.
Je le reconnais d'autant plus volontiers que je n'ai jamais appécié le graphisme de ses personnages de sa série "Adler" qui m'ont toujours paru assez inexpressifs.
Ici, au contraire, il a réussi ce pari insensé de s'accaparer les héros de Jacobs (très bonne représentation de Blake, Mortimer et Olrik
) tout en conservant son style d'origine pour les personnages secondaires.
Enfin, il faut louer comme il se doit le travail de reprise de Chantal De Spiegeleer qui s'est efforcée de se tenir au plus près du dessin de son regretté compagnon et ne pas lui tenir trop rigueur des imperfections perceptibles dans la physionomie de Mortimer principalement.