Parlons maintenant du Ciel dans la Tête, cette admirable chronique d'un jeune migrant africain racontée par Antonio Altarriba et dessinée par Sergio Garcia Sanchez. Attention chef d'œuvre !
C'est l'histoire d'un jeune congolais de 12 ans, nommé Nivek, qui est enrôlé de force par des soldats pour travailler dans une mine. Victime d'un éboulement dans un souterrain, il survit de justesse mais doit tout de même mourir, car il est considéré comme un travailleur peu rentable. Nivek se met alors en colère et égorge le soldat qui veut le tuer. Cet exploit morbide lui vaut d'être d'être pardonné et d'être promu lui-même comme soldat. L'armée va dès lors lui apprendre à se comporter comme un salopard et un sauvage. Fin du premier chapitre !
Toute la suite du récit découle logiquement de ce cruel et pervers apprentissage. Nivek réalise en effet (un peu plus tard) que ce poste de soldat est sans avenir et il décide d'émigrer vers l'Europe. Il a alors l'espoir de trouver un monde meilleur et traverse courageusement un continent africain qui se révèle plein de surprises et de mystères dangereux. Et le garçon franchit tous les obstacles grâce à sa débrouillardise, ainsi bien sûr qu'à une certaine chance.
Au cours de ce long périple, les auteurs nous font découvrir un monde africain que l'on connait assez mal, plein de superstitions, gouverné par une cruauté assez enfantine et rempli d'une malice parfois surprenante. Dans cet univers, il ne faut pas avoir peur des imprévus ! Et surtout, il faut pouvoir s'adapter avec rapidité, sans montrer de scrupule.
Avec ce livre, le lecteur constate aussi une certaine réalité économique. Une grand partie du continent africain est exploitée par des tyrans locaux, qui sont bien sûr à la solde de divers consortium occidentaux. Les autochtones n'ont que peu de chances de s'en sortir honnêtement et en réalisant cela, je ne me suis pas senti fier d'être européen !
Pour arriver jusqu'à la Méditerranée, il faut traverser le Sahara, puis la Méditerranée, Ces nouvelle épreuve sont cruelle pour les migrants et Altarriba les raconte avec un réalisme assez cru. Pour aller jusqu'en Europe, il faut être aussi fort que méchant mais Nivek s'en tire bien, grâce à sa sauvagerie.
Le Ciel dans la tête est donc une fiction aussi féroce que réaliste. Bien sûr, les enfants africains ne vivent pas tous ce genre d'expérience, heureusement ! Mais le récit est assez proche de la vérité car le problème des "enfants soldats" est une triste réalité de l'Afrique noire. Je suppose que leur sort est assez semblable à celui de Nivek et cette BD le raconte avec justesse et élégance.
Remarquons que cette sombre histoire est dessinée avec élégance par Sergio Garcia Sanchez, dont le style caricatural évite toute vulgarité. Si les images avaient été réalistes, certaine scènes auraient probablement été insupportables mais le dessinateur étire les silhouettes, tandis que les jambes deviennent démesurément longues et que les décors sont souvent proches de l'abstraction. La méchanceté et la violence restent bien présentes mais le récit prend l'allure d'un conte africain, aussi mystérieux qu'exotique, parfois cruel et parfois poétique, alternant les moments de bonheur et les chagrins insoutenables.
La fin est très sombre mais pouvait-il en être autrement ? Les expériences sauvages vécues par Nivek ne l'ont en effet pas préparé aux réalités économiques de l'Europe, et sa débrouillardise ne peut rien faire contre les structures juridiques et l'organisation sociale des pays occidentaux. L'image finale est déchirante mais elle est profondément logique. On ne peut pas à la fois survivre à toute les épreuves et rester civilisé.
Cette BD est un véritable coup de poing, et aussi un conte intelligent, qui est plein de style et d'enseignements, qui nous happe et dont la lecture ne nous laisse pas indemne.
Bref c'est un must, et bien sûr un EEEE !
C'est l'histoire d'un jeune congolais de 12 ans, nommé Nivek, qui est enrôlé de force par des soldats pour travailler dans une mine. Victime d'un éboulement dans un souterrain, il survit de justesse mais doit tout de même mourir, car il est considéré comme un travailleur peu rentable. Nivek se met alors en colère et égorge le soldat qui veut le tuer. Cet exploit morbide lui vaut d'être d'être pardonné et d'être promu lui-même comme soldat. L'armée va dès lors lui apprendre à se comporter comme un salopard et un sauvage. Fin du premier chapitre !
Toute la suite du récit découle logiquement de ce cruel et pervers apprentissage. Nivek réalise en effet (un peu plus tard) que ce poste de soldat est sans avenir et il décide d'émigrer vers l'Europe. Il a alors l'espoir de trouver un monde meilleur et traverse courageusement un continent africain qui se révèle plein de surprises et de mystères dangereux. Et le garçon franchit tous les obstacles grâce à sa débrouillardise, ainsi bien sûr qu'à une certaine chance.
Au cours de ce long périple, les auteurs nous font découvrir un monde africain que l'on connait assez mal, plein de superstitions, gouverné par une cruauté assez enfantine et rempli d'une malice parfois surprenante. Dans cet univers, il ne faut pas avoir peur des imprévus ! Et surtout, il faut pouvoir s'adapter avec rapidité, sans montrer de scrupule.
Avec ce livre, le lecteur constate aussi une certaine réalité économique. Une grand partie du continent africain est exploitée par des tyrans locaux, qui sont bien sûr à la solde de divers consortium occidentaux. Les autochtones n'ont que peu de chances de s'en sortir honnêtement et en réalisant cela, je ne me suis pas senti fier d'être européen !
Pour arriver jusqu'à la Méditerranée, il faut traverser le Sahara, puis la Méditerranée, Ces nouvelle épreuve sont cruelle pour les migrants et Altarriba les raconte avec un réalisme assez cru. Pour aller jusqu'en Europe, il faut être aussi fort que méchant mais Nivek s'en tire bien, grâce à sa sauvagerie.
Le Ciel dans la tête est donc une fiction aussi féroce que réaliste. Bien sûr, les enfants africains ne vivent pas tous ce genre d'expérience, heureusement ! Mais le récit est assez proche de la vérité car le problème des "enfants soldats" est une triste réalité de l'Afrique noire. Je suppose que leur sort est assez semblable à celui de Nivek et cette BD le raconte avec justesse et élégance.
Remarquons que cette sombre histoire est dessinée avec élégance par Sergio Garcia Sanchez, dont le style caricatural évite toute vulgarité. Si les images avaient été réalistes, certaine scènes auraient probablement été insupportables mais le dessinateur étire les silhouettes, tandis que les jambes deviennent démesurément longues et que les décors sont souvent proches de l'abstraction. La méchanceté et la violence restent bien présentes mais le récit prend l'allure d'un conte africain, aussi mystérieux qu'exotique, parfois cruel et parfois poétique, alternant les moments de bonheur et les chagrins insoutenables.
La fin est très sombre mais pouvait-il en être autrement ? Les expériences sauvages vécues par Nivek ne l'ont en effet pas préparé aux réalités économiques de l'Europe, et sa débrouillardise ne peut rien faire contre les structures juridiques et l'organisation sociale des pays occidentaux. L'image finale est déchirante mais elle est profondément logique. On ne peut pas à la fois survivre à toute les épreuves et rester civilisé.
Cette BD est un véritable coup de poing, et aussi un conte intelligent, qui est plein de style et d'enseignements, qui nous happe et dont la lecture ne nous laisse pas indemne.
Bref c'est un must, et bien sûr un EEEE !