Quelle automne ! Les albums classiques sortent à la pelle ! il y a eu le dernier Astérix, puis le nouveau Michel Vaillant, puis Alix, Corto Maltese ou Lefranc, cela n'en finit pas. C'est maintenant le nouveau Buck Danny qui apparait, et comme c'est une autre série fétiche de mon enfance, je n'allait pas dédaigner ce nouvel opus.
Cet album a été concocté par un nouveau team, avec Gil Formosa au dessin et Frédéric Zumbiehl au scénario. Les critiques de l'album précédent (
Cobra Noir) avaient été sévères, moi le premier d'ailleurs (voir sur cette
page) et je n'avais pas de grandes illusions en débutant ma lecture. Mais voilà que... oh surprise ... cette histoire se lit assez agréablement, et facilement. L'intrigue n'est pas étouffée par les détails techniques (mon principal reproche pour l'album précédent) et les dialogues sont compréhensibles. J'ai de plus suivi avec plaisir cette aventure de Buck en Extrême-Orient car le thème de départ est assez bien trouvé (un millionnaire japonais, épaulé par Lady X, cherche à déclencher une guerre entre les USA et la Chine). Le scénariste a ainsi fait de nets progrès depuis l'histoire précédente, et il s'adresse enfin aux lecteurs naïfs dans mon genre.
Gil Formosa n'est pas un nouveau venu en matière de BD (il a déjà une longue carrière) et il dessine avec efficacité les personnages. Il a tendance à souligner les silhouettes musclées et les formes voluptueuses de Lady X (probablement des souvenirs de son passage dans le genre "heroic fantasy"), mais il s'approprie avec justesse les visages des héros. Il compose par ailleurs très bien ses séquences d'images, et évite certaines maladresses qui m'avaient agacé dans l'opus précédent. Sur le plan graphique, donc, cet album représente aussi un net progrès.
Les combats aériens sont un des ingrédients classiques de la série, et cet épisode n'en manque pas. Ils ont bien changé depuis le temps de la Guerre dans le Pacifique, et les tactiques sont devenues complexes. Les avions de chasse sont automatisés, parfois furtifs (indétectables au radar) et ils envoient des fusées à têtes chercheuses qu'il n'est pas toujours évident d'éviter. Frédéric Zumbiehl arrive à nous raconter ces combats sophistiqués d'une manière assez simple, et Buck se révèle (évidemment) être un expert dans ce domaine.
En fait, j'ai eu du plaisir à lire cette aventure qui n'est que le premier tome d'un diptyque. J'ignore comment les très sévères spécialistes du genre "BD d'aviation" vont réagir (vont-ils critiquer les dessins des avions, ou les performances des moteurs ?), mais pour un simple bédéphile dans mon genre, cet album est plutôt une réussite. Les fans de Buck Danny auraient donc tort de désespérer.