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La réédition des séries de Jean-Michel CHARLIER

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JYB


vieux sage
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Michel Jacquemart a écrit:Certaines reprises ont été très bien gérées : le monde de Peyo, Michel Vaillant... Spirou ne s'en sort pas trop mal, malgrè certaines hésitations... Rappelons que le Spirou de Franquin est une reprise !! Idem pour Tif et Tondu de Will ! La reprise de Batman (l'après Bob Kane) a donné de purs chefs d'oeuvre !
Digression par rapport au sujet présent. Je ne me risquerai pas dans cette discussion dans la discussion, mais grosso modo, je maintiens ce que je dis sur le choix de l'abandon pur et simple des séries BD après la disparition du scénariste-créateur...
La reprise de Spirou par Franquin ? Attention, autres circonstances : l'auteur créateur n'était pas mort, on était à la fin des années 40, époque formidable où, dans la BD européenne, beaucoup de choses étaient à faire (voir aussi ce que je dis un peu plus haut sur la différence des générations d'auteurs entre autrefois et aujourd'hui), Franquin est un génie de la BD, Spirou n'est pas une BD d'aventures réalistes (et on y accepte donc mieux les adaptations et fantaisies diverses), etc.

JYB


vieux sage
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Raymond a écrit:En fait, Gil St-André est un polar standart plutôt bien réalisé. Les 5 premiers volumes forment un tout qui est plaisant à lire.
Voici ma belle histoire du jour...
Un jour de janvier 1978, je prends le train pour Paris, à partir de Rennes en Bretagne. Dans le compartiment où je me suis installé, un jeune appelé du contingent entre à son tour et s'assoit. La scène est brumeuse dans mon esprit, mais il me semble qu'il était accompagné d'un autre "bidasse", en permission lui aussi. Peu après, alors que le train a démarré, le premier semble présenter à son copain des dessins grand format qu'il a réalisés ; je me rappelle (très vaguement) que le dessinateur parle de projets futurs, pas affirmés. J'observe les dessins du coin de l'oeil ; je me souviens d'un portrait en pied d'un soldat napoléonien. Ce n'est pas extraordinaire, mais étant à l'époque à la recherche d'un dessinateur pour réaliser des BD, j'ose m'adresser à ce dessinateur en herbe à un moment où son collègue s'est absenté. Je lui explique mon boulot (qui n'était qu'un passe-temps à l'époque), lui demande s'il serait intéressé par la réalisation d'une BD et, si oui, lui propose qu'on se revoie à Paris, où il me dit habiter chez ses parents. Le gars, qui ne s'attendait vraiment pas à une telle rencontre ni à une telle proposition, est un peu surpris ; il réfléchit un peu et me dit : "Oui, pourquoi pas...?"
Comme il est sous les drapeaux, il me prévient d'emblée qu'il ne peut pas tellement travailler, sinon lentement. Je lui envoie quand même des bouts d'un début de scénario (qui se déroule dans l'Armée de l'air). Le dessinateur réalise deux ou trois planches. C'est très moyen, je vois des défauts, mais bon, ça lui permet au moins de se faire la main. Plus tard, avec ces planches et des planches de Patrice Pellerin (débutant dans la BD lui aussi) ainsi que de Patrick Dumas (idem) que tout le monde ici connaît, je me rends à Bruxelles pour proposer nos travaux au rédacteur en chef du journal de Tintin, un certain André-Paul Duchâteau. Je commence par présenter à Duchâteau les dessins les moins bons (j'aurais dû commencer par les meilleurs... Mais je me disais qu'il valait mieux finir en beauté...) et je présente celles de ce jeune dessinateur malhabile. Duchâteau fait la grimace... Aussitôt, pour effacer cette mauvaise impression, je passe aux planches de Pellerin. Là, Duchâteau est réjoui : "Entre le premier dessinateur et celui-là, dit-il, c'est le jour et la nuit...". Puis je montre celles de Patrick Dumas ; Duchâteau trouve ça chouette et dit être intéressé, ajoutant : "Finalement, vous avez de bons dessinateurs...". Bien sûr, il pensait aux deux derniers.
Lorsque je revois le jeune débutant, je suis obligé de lui avouer que ça s'est mal passé pour lui chez Tintin. Comme j'avais avec moi les planches de Pellerin, il les regarde et est impressionné. Un peu plus tard, il me demande si je peux le mettre en relation avec ce Pellerin au talent si affirmé (alors que nous avons tous les trois à peu près le même âge, entre 21 et 23 ans, Pellerin sort nettement du lot par son talent précoce...). Je dis oui, pas de problème. C'est ce qui se passe : par mon intermédiaire, la rencontre a lieu. En fait, Pellerin et ce jeune sympathisent, se revoient et finissent pas bosser ensemble ; du moins, pendant des mois, Pellerin lui apprend d'abord à dessiner...
A l'époque toujours, le jeune dessinateur, assez épaté, me l'avoue à deux ou trois reprises : sans notre rencontre dans le train, sans ma démarche auprès de lui, sans ce hasard assez extraordinaire, jamais il ne se serait lancé dans la BD, jamais il n'aurait eu même l'idée de choisir la voie de la BD, et jamais il n'aurait eu l'occasion de rencontrer Patrice Pellerin qui l'a vraiment initié et a orienté sa vie professionnelle.
Avec le jeune dessinateur ainsi pris en main, et que je vais parfois voir chez ses parents à Pantin, j'entame une tout autre BD. Son dessin se peaufine - pas encore abouti, mais il y a du mieux, grâce aux conseils de Patrice Pellerin. Nous proposons le récit à un éphémère journal du nom de Pistil (à thème écologiste avant l'heure ; d'autres auteurs devenus célèbres y ont fait leurs premières armes). Miracle : c'est accepté ! Mais, pas de chance, Pistil cesse peu après de paraitre ; nos projets tombent à l'eau. Qu'importe ! Pour Tintin encore, je propose à ce jeune dessinateur de réaliser une nouvelle BD, un récit court comme le journal en acceptait assez facilement à l'époque. Une planche et les trois quarts de la suivante sont réalisés. C'est à ce moment-là que je me rends compte que mon jeune débutant, qui n'avait donc au départ aucune intention ni idée de se lancer dans la BD, argumente de temps en temps pour changer un peu le scénario, les dialogues, à sa sauce. Je le trouve assez directif ; il a l'air de savoir ce qu'il veut et de s'imposer dans ces modifications. Je ne proteste pas, puisque l'idée est d'améliorer la création. C'est à ce moment que je sens qu'il a envie d'écrire, lui aussi. Non seulement ça, mais en outre qu'il serait même plus enclin à écrire du scénario qu'à dessiner... Je me dis in petto : "Mmh, celui-là, un jour, il y viendra, au scénario ! C'est davantage son truc...".
Ce dessinateur continue de bosser dans l'illustration et un peu dans la BD. Un jour, il m'apprend que sa compagne Patricia est enceinte ; ils attendent un heureux événement. Je réplique du tac au tac, comme une évidence : "Et le parrain sera Patrice..." Le gars paraît assez estomaqué : "Comment le sais-tu ? Il n'y a que ma femme et moi qui en avons parlé entre nous, Patrice n'est même pas au courant !" Certes...
A peu près à la même époque, Patrice Pellerin, passionné de moyen-âge, décide de créer une série de BD sur ce thème. Il s'associe naturellement avec son assistant et ami. La série s'appelle : Les Aigles décapitées. Vous avez maintenant compris qui est le jeune dessinateur : Jean-Charles Kraehn, auteur (entre autres) de cette série dont vous parlez plus haut, Gil Saint-André...
Voyez aussi à cette page de mon propre site : http://www.jybaventures.com/bdin_kra.htm

Raymond

Raymond
Admin

Belle anecdote. Ils sont assez nombreux, je pense, ces dessinateurs pas très doués au départ qui ont réussit tout de même à s'imposer à force de travail

Ceci me rappelle autre chose que j'ai lu jadis dans Auracan (version papier Wink ). Kraehn avait semble t-il le projet de reprendre Tanguy et Laverdure et je me souviens de quelques dessins de ces personnages qui ont été publiés dans le fanzine. Apparemment, cela n'avait pas plu à Charlier puisque c'est Patrice Serres, puis Coutelis qui ont poursuivi la série. Mais voilà qu'on se remet à parler de Charlier ... cela devient une manie. cyclops


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Et toujours ... La réédition des séries de Jean-Michel CHARLIER - Page 7 Charli10
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JYB


vieux sage
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Il est fort probable que la version papier d'Auracan - selon toi ; si c'est bien cette revue et si tu ne confonds pas - ait repris l'information (du projet de reprise de la série Tanguy & Laverdure par JC Kraehn) d'après le numéro 44 de HOP consacré à Charlier. Or, c'est moi qui avais donné ce scoop à HOP (avec un extrait d'une planche de Tanguy par JC Kraehn ; j'avais pu avoir cette planche justement parce que je fréquentais Kraehn à l'époque comme je l'ai raconté plus haut). J'ai dit aussi dans ce numéro de HOP que JCK avait fait un essai de reprise de Jacques Le Gall avec Charlier au scénario, et j'y ai présenté une demi-planche de cet essai ; j'étais au courant et j'ai eu cet essai parce que je connaissais personnellement JCK.
JCK avait eu l'occasion de rencontrer Charlier dans les années 80, par le fait qu'il fréquentait Pellerin (voir plus haut), lequel Pellerin dessinait un spin off de Barbe-Rouge avec le même Charlier.
Mais attention, il faut se méfier. Charlier disait souvent "oui " à tout ce qu'on lui proposait, mais n'en faisait secrètement qu'à sa tête. Il a pu laisser croire à JCK qu'à eux deux, ils pourraient reprendre Tanguy ou Le Gall, mais à mon avis ça pouvait être du baratin et rien n'aurait pu en sortir (d'ailleurs, rien n'est sorti de ces discussions, et c'est effectivement Patrice Serres qui a repris Tanguy, puis plus tard Al Coutelis). Or des histoires comme ça, sur les mensonges et promesses non tenues de Charlier, je pourrais en raconter pas mal, parfois énormes. Voir aussi ce que j'ai déjà raconté sur la reprise de Barbe-Rouge, dans le sujet "Charlier" de ce forum, une anecdote qui est assez extraordinaire dans le genre, et qui en dit long sur les manipulations tarabiscotées de cet auteur plutôt machiavélique ; il y aurait un livre à écrire là-dessus. C'est incroyable le nombre de gens qui ont dit avec assurance : "Je dois bosser avec Charlier" ou : "Oui, c'est moi que Charlier a choisi" pour ceci ou cela, etc. Et en fait, il n'en était rien, ou alors ce sont d'autres personnes qui étaient choisies. A la fin de sa vie, Charlier avait décidé de relancer - entre autres - la série Marc Dacier. Du moins, il l'avait dit... Or, je ne sais plus qui m'a raconté que deux éditeurs différents étaient persuadés que c'était chez eux que Charlier allait le faire ! Ceci n'est qu'un exemple parmi de nombreux autres de la duplicité de Charlier. Il ne le faisait peut-être pas méchamment ; plus par jeu ? Allez savoir...
Sinon, il ne faut pas dire ou laisser entendre que JC Kraehn n'était "pas très doué au départ". Comme le dit sans cesse le dessinateur de ma série Missions Kimono, Francis Nicole : n'importe qui peut devenir un bon dessinateur, c'est juste une question de travail. Mais si un dessinateur n'a pas l'occasion de faire des rencontres motivantes et intéressantes qui le révèlent, le guident, le fassent progresser et lui mettent le pied à l'étrier, il risque de végéter longtemps.

Raymond

Raymond
Admin

Oui, il s'agit bien d'Auracan (le dernier numéro en fait) qui consacre plusieurs pages à Jean-Charles Kraehn. On y trouve quelques images de Tanguy et de Jacques le Gall dessinés par ce dernier. Je peux essayer d'en faire quelques scans ce soir si ça vous intéresse.

Sinon, ça serait une bonne idée d'écrire une biographie de Charlier qui ne soit pas une banale hagiographie, qui recueille toutes ces anecdotes et qui s'attacherait plutôt à bien décrire ses défauts et ses qualités.


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Invité


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Raymond a écrit:Oui, il s'agit bien d'Auracan (le dernier numéro en fait) qui consacre plusieurs pages à Jean-Charles Kraehn. On y trouve quelques images de Tanguy et de Jacques le Gall dessinés par ce dernier. Je peux essayer d'en faire quelques scans ce soir si ça vous intéresse.


Je laisse à Raymond le soin de faire ces fameux scans mais je ne résiste pas au plaisir de vous montrer le visuel de la couverture dessinée justement par Jean-Charles Kraehn. La réédition des séries de Jean-Michel CHARLIER - Page 7 419400 .

La réédition des séries de Jean-Michel CHARLIER - Page 7 Aur10

JYB


vieux sage
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Raymond a écrit:Sinon, ça serait une bonne idée d'écrire une biographie de Charlier qui ne soit pas une banale hagiographie, qui recueille toutes ces anecdotes et qui s'attacherait plutôt à bien décrire ses défauts et ses qualités.
J'te le fais pas dire... Mais ce serait une biographie "non autorisée" en quelque sorte, et il faudrait se passer de la participation de sa famille, qui détient quand même beaucoup de documents indispensables. Je rappelle, pour l'avoir dit ailleurs sur ce forum, que des projets de livres sur Charlier ont été lancés, mais n'ont jamais abouti.

JYB


vieux sage
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Raymond a écrit:Oui, il s'agit bien d'Auracan (le dernier numéro en fait) qui consacre plusieurs pages à Jean-Charles Kraehn. On y trouve quelques images de Tanguy et de Jacques le Gall dessinés par ce dernier. Je peux essayer d'en faire quelques scans ce soir si ça vous intéresse.
Il suffit de comparer les images dans Auracan et celles dans Hop, et de voir si ce sont les mêmes (en effet, si tu peux faire des scans et les envoyer ici...). Pour t'éviter de chercher, les dessins dans Hop figurent pages 41 et 59.
Déjà, je vois que ce numéro d'Auracan date d'avril 1999 ; pour rappel, le numéro spécial "Charlier" de Hop date, lui, de janvier 1989 (six mois avant le décès de JMC). Donc, comme je le disais : le scoop est bien dans Hop, de toute façon (et par mon intermédiaire, donc...).

Raymond

Raymond
Admin

J'ai facilement retrouvé dans Auracan ces images de Jean-Charles Kraehn qui concernent Michel Tanguy et Jacques le Gall. Elles sont en effet extraites de deux demi-planches publiées dans le N° 44 de Hop.

Voici tout d'abord un dessin de Michel Tanguy :

La réédition des séries de Jean-Michel CHARLIER - Page 7 Kraehntanguy

Et celui de Jacques le Gall :

La réédition des séries de Jean-Michel CHARLIER - Page 7 Kraehnlegall

Dans Hop, on trouve des demi-planches, ce qui permet de mieux juger de son travail.


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JYB


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Non, si on compare les dessins, on voit que ceux d'Auracan sont un poil meilleurs. C'est évident, pour moi, que JCK a dû fournir directement à Auracan de bonnes photocopies de ses dessins ; pour ma part, j'ai des photocopies de ces planches, et j'avais fourni à Hop des photocopies de ces photocopies, d'où une perte de qualité dans les traits. Cela dit, les deux images sont bien extraites des mêmes demi-planches que j'ai présentées dans Hop. Un hasard.
Pour info, JCK avait réalisé, en guise d'essais, des dessins d'après des planches d'histoires existantes : Plan de vol pour l'enfer pour ce qui est de Tanguy, et L'Oeil de Kali pour ce qui est de Jacques Le Gall. Aucun scénario nouveau de Charlier n'avait été fourni à JCK à cette occasion.

Raymond

Raymond
Admin

Comme JYB le souhaitait, j'ai inséré cette petite discussion "Kraehn - Charlier" dans le sujet dédié à Charlier. Wink


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JYB


vieux sage
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OK, ça roule.
J'ajoute une précision : au départ, fin des années 70/début des années 80, quand il cherchait du boulot, Patrice Pellerin, en démarchant divers éditeurs et auteurs, avait rencontré Jean Giraud, dessinateur de Blueberry, à qui il avait montré ses premières planches. Emballé (il y avait de quoi), Giraud avait dit à Pellerin qu'il faudrait absolument qu'il rencontre Charlier. Donc Pellerin et Charlier se sont rencontrés par l'intermédiaire de Giraud. Une collaboration sur une série du Moyen-Âge, thème de prédilection de Pellerin, a été envisagée. Finalement, c'est une collaboration sur une série parallèle de Barbe-Rouge qui a été lancée. Travaillant avec Charlier d'un côté, et avec Jean-Charles Kraehn de l'autre (voir plus haut mes anecdotes), Pellerin a eu l'occasion de mettre en contact JCK avec Charlier, pour lequel JCK a une grande admiration et dont on peut dire qu'il est un de ses élèves (mais quel scénariste de BD d'aventures réalistes, aujourd'hui, n'est pas plus ou moins l'élève de JMC ?). Et voilà comment un début de collaboration Charlier/Kraehn a failli se faire... "Failli", puisque, comme je l'ai précisé, aucun des deux projets de reprises de Tanguy et de Le Gall avec JCK n'a abouti.

JYB


vieux sage
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Au fait, je retrouve ce poste relativement ancien (fin mai) :

JYB a écrit:Philippe Charlier a dit lui-même sur Aéroplanète que Dupuis s'en f... de Buck Danny (il l'a écrit l'année dernière, le post existe toujours aux dernières nouvelles, donc je peux le répéter ; cela dit, l'ambiance a peut-être changé entre-temps ?).
En complément et pour illustrer le propos, Philippe Charlier a dit il y a plusieurs jours sur le même forum Aéroplanète, au sujet des deux nouveaux auteurs de la série, que "Zumbiel et Lamy attendent un contrat de la part de DUPUIS qui ne semble pas très pressé, ou en tous cas, pour son service juridique cela ne semble pas être une priorité. La réédition des séries de Jean-Michel CHARLIER - Page 7 Icon_rolleyes "
A l'occasion du 21e anniversaire de la disparition de Jean-Michel Charlier, j'avais en effet posé des questions sur le devenir de ses séries (Buck Danny et les autres), et au vu des réponses du fils, on ne peut pas dire, à l'image de la réponse ci-dessus, que ça bouge...

Raymond

Raymond
Admin

Il est clair que si les ayant-droits eux-même n'y croient pas, le succès d'une reprise devient plus qu'aléatoire.

Il n'y a plus qu'à se précipiter sur les Kim Devil. Il y a aussi 2-3 albums isolés (par exemple celui de J. Armand) que je n'ai pas lu, mais est-ce que cela en vaut vraiment la peine ? Rolling Eyes


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JYB


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Raymond a écrit:Il n'y a plus qu'à se précipiter sur les Kim Devil. Il y a aussi 2-3 albums isolés (par exemple celui de J. Armand) que je n'ai pas lu, mais est-ce que cela en vaut vraiment la peine ? Rolling Eyes
Est-ce que ça vaut la peine de quoi ? De rééditer ces albums isolés et anciens comme Le Tigre de mer de Jacques Armand ? Ou alors de relancer des séries tombées dans l'oubli ? Ou encore de poursuivre des séries en cours en créant des nouveauté (exemple : Buck Danny, puisqu'on en parle) ?
Et comment ça se passe chez d'autres éditeurs avec les séries d'autres auteurs décédés ? Vous qui avez l'air tuyautés du côté des séries de Jacques Martin pourriez dire quelques mots sur la gestion de ses séries et de l'exploitation du fonds que représente l'ensemble des titres ? Mais il est vrai aussi que Jacques Martin vient juste de décéder ; Charlier, ça fait 21 ans, et beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Et du côté de Jacobs par exemple ?
De toute façon, il y a plusieurs facteurs défavorables qui s'additionnent pour que les séries de Charlier qui survivent battent de l'aile (pas forcément commercialement, mais j'entends au niveau du rythme de production par exemple), et pour que les autres tombent dans l'oubli. Quant aux rééditions chez Sangam, les tirages tournent autour de, je crois, mille exemplaires chaque titre, ce qui est très peu et peu encourageant, mais c'est hélas peut-être le maximum qu'on puisse espérer imprimer, vu le marché, vu le type de BD (classiques, anciennes et connues surtout des collectionneurs et aficionados) et vu le système de diffusion (peu de ventes en librairies bien que l'éditeur ait engagé récemment un commercial pour essayer de toucher les librairies justement).

Raymond

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JYB a écrit:
Raymond a écrit:Il n'y a plus qu'à se précipiter sur les Kim Devil. Il y a aussi 2-3 albums isolés (par exemple celui de J. Armand) que je n'ai pas lu, mais est-ce que cela en vaut vraiment la peine ? Rolling Eyes
Est-ce que ça vaut la peine de quoi ? De rééditer ces albums isolés et anciens comme Le Tigre de mer de Jacques Armand ? Ou alors de relancer des séries tombées dans l'oubli ? Ou encore de poursuivre des séries en cours en créant des nouveauté (exemple : Buck Danny, puisqu'on en parle) ?
Un peu de tout cela. Faire vivre une oeuvre, c'est rééditer des oeuvres peu connues (au fait, est-ce bien, le Tigre de mer ?) et également prolonger certaines séries, en les adaptant à l'esprit des nouvelles générations.

JYB a écrit:[Et comment ça se passe chez d'autres éditeurs avec les séries d'autres auteurs décédés ? Vous qui avez l'air tuyautés du côté des séries de Jacques Martin pourriez dire quelques mots sur la gestion de ses séries et de l'exploitation du fonds que représente l'ensemble des titres ? Mais il est vrai aussi que Jacques Martin vient juste de décéder ; Charlier, ça fait 21 ans, et beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Et du côté de Jacobs par exemple ?
Pour Jacques Martin, il y a 7 séries qui comptent. Deux d'entre elles semblent définitivement abandonnées (Keos et Arno), tandis que trois (Alix, Jhen et Lefranc) se poursuivent sur un rythme soutenu (peut être un peu trop) de 1 album par an en utilisant plusieurs dessinateurs. Pour les deux dernières, une (Loïs) suit le rythme plus calme de son dessinateur fondateur (Olivier Pâques) tandis que la dernière (Orion) est créée sur un rythme très lent, mais on espère une sortie du 4ème album pour 2011.

JYB a écrit:De toute façon, il y a plusieurs facteurs défavorables qui s'additionnent pour que les séries de Charlier qui survivent battent de l'aile (pas forcément commercialement, mais j'entends au niveau du rythme de production par exemple), et pour que les autres tombent dans l'oubli. Quant aux rééditions chez Sangam, les tirages tournent autour de, je crois, mille exemplaires chaque titre, ce qui est très peu et peu encourageant, mais c'est hélas peut-être le maximum qu'on puisse espérer imprimer, vu le marché, vu le type de BD (classiques, anciennes et connues surtout des collectionneurs et aficionados) et vu le système de diffusion (peu de ventes en librairies bien que l'éditeur ait engagé récemment un commercial pour essayer de toucher les librairies justement).
Pour faire survivre une oeuvre, ce n'est pas forcément le nombre d'albums vendus qui est le plus important. C'est plutôt, je pense, la qualité des nouvelles publications. Grâce à Kim Devil, Charlier est toujours présent dans l'actualité de la bande dessinée, et comme les commentaires sont plutôt élogieux, ce n'est au fond pas très important qu'il s'en vende mille ou dix mille. Bien sûr, je ne me place pas du côté des ayant droits. Wink


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Raymond a écrit: au fait, est-ce bien, le Tigre de mer ?
Hélas, je suis de parti pris, ce n'est pas de moi que viendra une critique méchante ou négative, ou même tiède, d'un scénario de JM Charlier... Le savoir-faire de Charlier (découpage, dialogues...) lui permet de toujours parvenir à une narration au top. Oui, c'est bien... Un scénario un peu à part dans l'oeuvre de Charlier. Quelqu'un qui a lu l'album a dit que la fin est "short", mais il faut savoir que (à mon connaissance) Charlier est décédé avant d'avoir terminé le scénario ; le dessinateur Jacques Armand a dû écrire la dernière planche pour "boucler" l'album (ce que conteste le fils Charlier, qui a dit sur Aéroplanète que son père avait écrit la totalité du scénario ; personnellement, je maintiens ce que je dis, mais le mieux serait de retrouver le scénario original pour avoir le fin mot - c'est le cas de le dire - de l'histoire).
A noter qu'un projet de relance de la série, avec un autre scénariste et un autre dessinateur (puisque Jacques Armand est décédé d'un accident de moto deux ans après Charlier), a été mis au point vers 2007, mais ça a capoté (eh oui, encore un projet de reprise d'une série de Charlier qui n'aboutit pas...).

Raymond a écrit:et également prolonger certaines séries, en les adaptant à l'esprit des nouvelles générations.
Euh... là, discussion délicate en perspective. Ca dépend jusqu'où va cette adaptation ; s'il faut arriver à quelque chose qui diverge par rapport au concept de départ, il vaut mieux créer une autre série, un autre personnage, et pas exploiter (j'emploie le mot "exploiter" exprès) le personnage du début pour lui faire vivre des aventures ou un genre d'aventures qui le dénaturent. Je pourrais épiloguer là-dessus, mais ça risque d'être long.

Raymond a écrit:Pour Jacques Martin, il y a 7 séries qui comptent. Deux d'entre elles semblent définitivement abandonnées (Keos et Arno), tandis que trois (Alix, Jhen et Lefranc) se poursuivent sur un rythme soutenu (peut être un peu trop) de 1 album par an en utilisant plusieurs dessinateurs. Pour les deux dernières, une (Loïs) suit le rythme plus calme de son dessinateur fondateur (Olivier Pâques) tandis que la dernière (Orion) est créée sur un rythme très lent, mais on espère une sortie du 4ème album pour 2011.
OK.
Questions : faut-il tout poursuivre ? Comment, sur quels critères, se fait le choix des séries qui sont arrêtées et de celles qui sont poursuivies ? D'ailleurs, y a-t-il un choix conscient et raisonné ? N'y a-t-il pas une sélection naturelle ? Et peut-être cette sélection naturelle, due à des critères variables et parfois indéfinis, conduit-elle à la disparition de séries parfois nombreuses, comme dans la bibliographie de Charlier ? Ne parlons pas de séries mineures, qui disparaissent carrément à jamais et que personne, ni des auteurs, ni des éditeurs, ne pense à relancer. Au hasard, une série qui me vient à l'esprit : Jess Long ; longue série de chez Dupuis, créée par Maurice Tillieux (au scénario ; pas n'importe qui, même s'il s'est fait connaître avec des trucs formidables comme Gil Jourdan), et pourtant oubliée et laissée de côté pour toujours j'en ai peur (d'autant que le dessinateur, Arthur Piroton, est lui-même décédé il y a belle lurette).
Je rappelle quand même ma position, au cas où certains l'auraient oubliée : à la mort du scénariste créateur, il vaut mieux arrêter une série, l'"après" ayant de forts risques de ne plus être comme l'"avant", ni dans l'esprit ni dans la qualité, car comme dit Hergé, "après moi, Tintin ne sera plus Tintin".

Raymond a écrit:Pour faire survivre une oeuvre, ce n'est pas forcément le nombre d'albums vendus qui est le plus important. C'est plutôt, je pense, la qualité des nouvelles publications.
Oui, mais il y a une limite quand même... Un album de loin en loin, pour moi, c'est insuffisant, et surtout, ça ne reflète pas et ça ne correspond pas à la production phénoménale d'un auteur riche et surprenant comme JMC. A moins que le but de la manoeuvre soit de tenir pendant les 70 ans que dure le maintien du droit d'auteur après le décès d'un auteur? Et donc qu'il faille sortir les titres au compte-gouttes jusqu'en 2059...?

Raymond a écrit:Grâce à Kim Devil, Charlier est toujours présent dans l'actualité de la bande dessinée
Certes, mais depuis des années, il y a eu peu de choses, pour ne pas dire très peu de choses (anciennetés et nouveautés confondues, alors qu'avec tout ce potentiel, il y a pourtant de quoi faire, non...?) ; avec un album de Buck Danny (nouveauté) en 2008 je crois, l'album Clairette l'année dernière et un album Kim Devil cette année, ça ne fait qu'un titre par an, toutes séries confondues (les anciennes et les contemporaines). Un autre Kim Devil va sortir à l'automne, mais attendons qu'il sorte, et de toute façon, ça fait léger quand même, étant donné l'importance du fonds.



Dernière édition par JYB le Dim 25 Juil - 10:52, édité 1 fois

Raymond

Raymond
Admin

Une bonne façon de prolonger l'esprit des oeuvres de J-M Charlier serait de faire des suites de "Buck Danny" ou de "Tanguy" avec des histoires qui se déroulent à l'époque de Charlier, donc pendant les années 50 ou les années 60. On pourrait ainsi retrouver de façon logique l'état d'esprit assez manichéen de ces aventures (les bons américains contre les méchants terroristes ou les méchants communistes).

Maintenant, tout est plus compliqué ! On ne sait plus où sont les bons et où sont les méchants. Les pilotes américains sont souvent loin d'avoir le bon rôle, et je ne vois pas quel rôle crédible donner à Buck Danny aujourd'hui (d'autant plus qu'il a atteint l'âge de la retraite Smile ).


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Invité


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Raymond a écrit:Une bonne façon de prolonger l'esprit des oeuvres de J-M Charlier serait de faire des suites de "Buck Danny" ou de "Tanguy" avec des histoires qui se déroulent à l'époque de Charlier, donc pendant les années 50 ou les années 60. On pourrait ainsi retrouver de façon logique l'état d'esprit assez manichéen de ces aventures (les bons américains contre les méchants terroristes ou les méchants communistes).


Je ne vois pas bien aujourd'hui quel scénariste se risquerait à relever un tel challenge : à part notre ami JYB, bien sûr. La réédition des séries de Jean-Michel CHARLIER - Page 7 Icon_wink

Michel Jacquemart

Michel Jacquemart
bédéphile pointu
bédéphile pointu

Raymond a écrit:Une bonne façon de prolonger l'esprit des oeuvres de J-M Charlier serait de faire des suites de "Buck Danny" ou de "Tanguy" avec des histoires qui se déroulent à l'époque de Charlier, donc pendant les années 50 ou les années 60. On pourrait ainsi retrouver de façon logique l'état d'esprit assez manichéen de ces aventures (les bons américains contre les méchants terroristes ou les méchants communistes).

Maintenant, tout est plus compliqué ! On ne sait plus où sont les bons et où sont les méchants. Les pilotes américains sont souvent loin d'avoir le bon rôle, et je ne vois pas quel rôle crédible donner à Buck Danny aujourd'hui (d'autant plus qu'il a atteint l'âge de la retraite Smile ).

C'est justement l'erreur à ne pas commettre !! La naïveté et le manichéisme qui "passaient" dans les années '50 ou '60 ne "passent" plus aujourd'hui ! Notre vision du monde et des choses a changé, ce que l'on tolère dans les anciens albums parce qu'ils ont une saveur de madeleine de Proust, on ne le tolère plus dans les albums d'aujourd'hui, sauf sous forme de pastiches, mais, même ces pastiches commencent à être éculés, car c'est toujours la même charge facile contre des caractéristiques des BD des années '50 : absence de femmes, etc...

Ceux qui ont écrit des albums en affirmant qu'ils le faisaient "avec la même naïveté que dans les années '50" se sont plantés !

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Après la Toscane et un passage aux francofolies de Spa, je vois que le forum se porte toujours aussi bien La réédition des séries de Jean-Michel CHARLIER - Page 7 Icon_biggrin

Michel Jacquemart a écrit:
C'est justement l'erreur à ne pas
commettre !! La naïveté et le manichéisme qui "passaient" dans les
années '50 ou '60 ne "passent" plus aujourd'hui ! Notre vision du monde
et des choses a changé, ce que l'on tolère dans les anciens albums parce
qu'ils ont une saveur de madeleine de Proust, on ne le tolère plus dans
les albums d'aujourd'hui, sauf sous forme de pastiches, mais, même ces
pastiches commencent à être éculés, car c'est toujours la même charge
facile contre des caractéristiques des BD des années '50 : absence de
femmes, etc...

En ce qui concerne Martin, le caractère intemporel de son œuvre réside entre autre dans le fait qu'il a toujours accordé un rôle important aux femmes et qu'il a aussi évité tout manichéisme dans toutes ses séries. C'est ce qui fait, je pense, qu'on peut et même qu'on doit les reprendre avec ces caractéristiques-là, ce que certains repreneurs-scénaristes ont tendance à négliger, donnant alors une caricature, dont parle Michel plus haut (voir les nouveaux Jhen, La cité engloutie ou le dernier Lefranc)

JYB


vieux sage
vieux sage

Raymond a écrit:Une bonne façon de prolonger l'esprit des oeuvres de J-M Charlier serait de faire des suites de "Buck Danny" ou de "Tanguy" avec des histoires qui se déroulent à l'époque de Charlier, donc pendant les années 50 ou les années 60. On pourrait ainsi retrouver de façon logique l'état d'esprit assez manichéen de ces aventures (les bons américains contre les méchants terroristes ou les méchants communistes).
Encore une fois, on ne parle pas de la même chose. Rester dans le droit fil de Charlier (s'il faut perpétuer ses séries bien sûr), c'est écrire des scénarios forts, avec le savoir-faire propre à Charlier, qui implique plusieurs caractéristiques notables :
- points de départ authentiques, historiquement ou techniquement, à partir desquels il élaborait des scénarios de fiction réalistes (et des scénarios d'autant plus plausibles qu'ils sont basés sur un fait authentique) ; le petit "plus" étant que le fait authentique ne se voit pas, car fondu dans l'ensemble du scénario et arrangé à la "sauce" Charlier (parfois, une anecdote est vraie, et Charlier l'indiquait dans une case par un astérisque et un renvoi précisant "Authentique" ; mais le ou les points de départ de son histoire, il se les gardait pour lui, ne serait-ce que parce qu'à partir de cette base, il extrapolait, imaginait, trouvait des rebondissements) ;
- sens du découpage (découpage toujours parfait d'une bulle à l'autre, d'une case à l'autre, d'une planche à l'autre, d'une scène à l'autre) ; le genre de "détail" qui passe complètement à l'as auprès des lecteurs car on ne s'en aperçoit pas, tellement c'est bien fait et tellement les scénarios "coulent" bien au niveau du découpage - je mets "détail" entre guillemets car pour moi ce n'est pas un détail : au contraire, c'est le principal point dans l'oeuvre de Charlier, et c'est en fait le principal point que je regarde quand je lis n'importe quelle BD ; car ce qui caractérise un scénario de BD par rapport à tout autre support (roman, film, téléfilm...), c'est son découpage case par case ; un autre "découpeur" exceptionnel est Hergé. Tout le secret de fabrication d'une BD est là, dans le sens inné et parfait du découpage de son scénariste ;
- suspense constant ;
- dialogues vifs et nerveux (malgré les apparences, et malgré certaines lourdeurs), en tout cas ayant de l'épaisseur, un vocabulaire juste, parfois recherché et/ou littéraire ;
- le souffle de l'Aventure exaltante qui emporte et fait rêver le lecteur (je n'en connais pas beaucoup capables de ça) ;
- des scénarios puissants et longs, dénotant une imagination apparemment inépuisable (des sagas se sont étalées sur plusieurs albums souvent, dans Barbe-Rouge ou Blueberry par exemple, même dans Buck Danny) ;
- des rebondissements nombreux, parfois extraordinaires (parfois même tirés par les cheveux, je le reconnais, mais là encore c'est la "patte" Charlier) ;
- des actions simultanées (deux, parfois trois), racontées en parallèle (combien de fois on a lu des pavés de texte commençant pas : "Or, pendant ce temps-là...") ;
- des plans machiavéliques et audacieux (qui réussissent parce que, dans la BD, ceux d'en face n'y penseraient pas).
- un humour particulier (on a dit "tarte à la crème", mais il n'y a pas eu que ça), en tout cas rare dans des BD d'aventures réalistes, avec certaines scènes d'anthologie que je trouve personnellement épatantes et audacieuses dans des séries "sérieuses".
- etc ; il y a d'autres caractéristiques, propres à Charlier, mais je ne vais pas tout énumérer.
C'est tout ça que j'appelle l'esprit Charlier, avec des caractéristiques que, je crois pouvoir le dire, je ne retrouve rassemblées dans aucune reprise qui a été faite d'une de ses séries après son décès.

Raymond a écrit:Maintenant, tout est plus compliqué ! On ne sait plus où sont les bons et où sont les méchants. Les pilotes américains sont souvent loin d'avoir le bon rôle, et je ne vois pas quel rôle crédible donner à Buck Danny aujourd'hui (d'autant plus qu'il a atteint l'âge de la retraite Smile ).
Il ne faut pas confondre le pilote militaire (américain ou français ou ce que tu veux) qui mène et réussit sa mission, et dont aucun média ne parle parce que ça s'est bien passé (un peu comme les trains qui arrivent à l'heure dont aucun journal ne parle), et le pilote qui rate sa mission (et là, tout le monde lui tombe dessus parce qu'il y a eu en l'occurrence une bavure et des "dommages collatéraux" comme on dit, en Irak, en Afghanistan, au Pakistan ou ailleurs), parce que les conditions ne sont pas favorables et souvent indépendantes de la qualité du pilote. Personnellement, je scénarise une série d'aviation contemporaine (Missions Kimono), j'en suis à onze albums parus, le douzième est en cours de fabrication et je prépare le scénario du treizième, je peux te garantir que tout cela ne me pose aucun problème ; d'ailleurs, je les écris en collaboration avec des pilotes qui me disent comment se déroulent leurs missions ; dans la réalité, les missions ou manoeuvres ou opérations se déroulent bien aussi. En revanche, le contexte dans lequel ces pilotes agissent, dans la réalité, oui, peut créer des cas de conscience, mais le propre d'un scénario de BD est de poser des jalons et un postulat qui font qu'une mission est justifiée. Si une série d'aviation en BD comme Buck Danny doit être le reflet des indécisions, des complications, des attermoiements, de la faiblesse, de la duplicité, du manque de moyens ou de renseignements de la politique américaine (réelle), alors là, autre débat... Il ne faut plus faire une BD de divertissement et de fiction, mais il faut plutôt écrire un livre critique, publier un Livre blanc, se lancer dans la politique d'opposition ou que sais-je. En outre, si un héros, prétendument invincible et fort, rate gravement une mission, il risque fort de ne plus rester dans son escadrille et c'en est fini de son boulot de pilote de chasse, et c'en est donc fini de la série BD... Il faut savoir ce qu'on veut ; un dicton dit : "Pour voyager loin, il faut ménager sa monture" ; pareil : si on veut raconter de longues et nombreuses aventures d'un héros de BD, il faut ménager ce héros et ne pas le détruire ou lui faire faire une grosse connerie qui le disqualifie au premier album...
Quant à l'âge de Buck Danny (ou de tout autre héros créé il y a longtemps), on en a déjà parlé sur ce forum, et j'ai déjà dit que personnellement, ça ne me choque pas. Et ça ne devrait d'ailleurs choquer personne ! Quand un lecteur découvre un album de Buck Danny, que ce soit le numéro 5, le numéro 19 ou le numéro 42 de la série, ce lecteur voit un pilote d'un âge plausible par rapport à la situation en cours. N'importe quelle histoire de Buck Danny (ou de Michel Vaillant, Ric Hochet, Alix, Lefranc, qui tu veux) peut se lire à n'importe quel moment, le lecteur qui la découvre pour la première fois voit un héros d'un certain âge. Et de découvrir une série en commençant par le tome 2 ou le tome 34, ça ne gêne en rien, l'âge ne choque en rien. Ce qui gêne, c'est quand toi, tu alignes les albums d'une longue série, tu fais la juxtaposition de toutes ces aventures, et là tu te dis : "Y'a un problème, ça ne tient pas la route, le héros ne vieillit pas !" La différence entre toi et moi, c'est que moi, je fais mentalement l'impasse sur cette juxtaposition, cette comparaison, car dans le cadre d'une série BD comme ça, cette juxtaposition et cette comparaison n'ont pas lieu d'être. Et c'est là que vous êtes malheureux, toi et ceux qui se tracassent pour le même problème... alors que moi, je suis très heureux de lire toutes ces séries BD, avec un héros intemporel !

Michel Jacquemart

Michel Jacquemart
bédéphile pointu
bédéphile pointu

Bravo! Très bonne analyse de style de Charlier ! (Comme quoi, ce n'est pas la décennie dans lequel une série a débuté qui fait le style d'un auteur !...)

Très bonne argumentation en faveur du "héros classique intemporel".

(Concernant le deuxième point: toutefois, des problèmes de conscience, des échecs, etc, peuvent constituer des ressorts scénaristiques même dans des BD classiques...)

JYB


vieux sage
vieux sage

Michel Jacquemart a écrit:Bravo! Très bonne analyse de style de Charlier ! (Comme quoi, ce n'est pas la décennie dans lequel une série a débuté qui fait le style d'un auteur !...)
Très bonne argumentation en faveur du "héros classique intemporel".
Merci (surtout venant d'un autre scénariste de BD).

Michel Jacquemart a écrit:Concernant le deuxième point: toutefois, des problèmes de conscience, des échecs, etc, peuvent constituer des ressorts scénaristiques même dans des BD classiques...
Pour ce qui me concerne, j'y ai déjà pensé il y a longtemps ; il faut juste une occasion, une histoire qui s'y prête. Cela dit, à mon avis on ne pourrait le faire qu'une fois, dans un album ; un héros pilote militaire qui se pose trop de questions à longueur d'albums, il finit par démissionner ou on le débarque parce que pas fiable en cas de coup dur.

Jean-Luc

Jean-Luc
grand maître
grand maître

Petit intermède ludique dans ces discussions passionnées et passionnantes s'agissant de ce monument de la BD qu'est Jean-Michel charlier.

J'ai dans un de mes albums de Barbe-Rouge ce dessin-dédicace.


La réédition des séries de Jean-Michel CHARLIER - Page 7 Barberouge17devinette


D'après vous, qui l'a réalisé et dans quel album ?

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