Sorti en 1999, soit plus de 6 ans après le Cobra, le Veau d'or est apparu après une longue attente. Les changements répétés d'éditeur laissaient d'ailleurs craindre l'abandon de la série.
Cet album me semble être le plus "historique" des trois. Au départ, le récit semble vouloir reprendre certaines traditions bibliques : l'épisode du buisson ardent, l'histoire du veau d'or et celles des tables de la loi. Le portrait de Moïse y reste assez fidèle à celui de la tradition chrétienne.
En racontant l'arrivée des hébreux en Palestine, Jacques Martin s'écarte toutefois du récit biblique. Il imagine que le peuple de Moïse se soit installé dans le pays de Canaan sans faire la guerre aux autochtones, et qu'il soit resté soumis à l'autorité du pharaon égyptien. Ce scénario est moins spectaculaire que les récits de "l'Exode" et de "Josué", mais il semble plus conforme aux découvertes des historiens actuels. En fait, l'histoire de Moïse appartient au domaine de la légende, et les indices archéologiques laissent supposer que les hébreux ont acquis tardivement leur autonomie politique (probablement 1000 ans avant JC, soit à l'époque du roi David). Au temps de Keos, qui correspond au règne du pharaon Mineptah (fils de Ramsès II), l'Egypte était une puissance militaire redoutable et la Palestine lui était complètement soumise. En reprenant toutes ces données, Jacques Martin mélange habilement dans le Veau d'or la tradition juive, les sources historiques et le récit imaginaire. Il en résulte un récit troublant et original, qui joue à cache-cache avec la vérité.
Pour ma part, je reste agréablement surpris par la liberté avec laquelle Jacques Martin adapte le récit biblique. Prenons par exemple la conquête de Jéricho (une des plus vieilles cités du monde, selon l'archéologie). Le livre de Josué nous raconte avec emphase l'écroulement des hautes murailles de la cité, grâce à un miracle divin. C'est un épisode que de nombreux dessinateurs (comme Gustave Doré) ont illustré. Voici par exemple comment l'imagine Jean Torton, dans la "Fresque Biblique" publiée par les éditions du Lombard.
Dans le récit de Jacques Martin, Jéricho devient la résidence du gouverneur égyptien et l'arrivée de Keos, puis des hébreux, est totalement pacifique.
C'est totalement surprenant, mais peut-être plus proche de la vérité que le récit biblique (il n'est d'ailleurs par sûr que le récit de l'Exode repose bien sur des faits réels). Jacques Martin mélange par ailleurs avec habileté la tradition hébraïque à celle de l'Egypte. Il se souvient que le pharaon Mineptah a dû affronter l'invasion du delta égyptien par les célèbres et mystérieux "peuples de la mer" (qui étaient probablement des grecs). Il nous raconte à sa manière la fameuse bataille, à laquelle participe bien sûr Keos.
C'est ainsi qu'entre la Bible et l'Histoire, Jacques Martin choisit résolument l'histoire. Son récit garde toutefois une ambiance irréelle ou fantastique, grâce aux apparitions divines d'Osiris ou aux manifestations miraculeuses du Dieu juif. L'auteur donne par ailleurs au héros un allié providentiel, à savoir un lion à l'intelligence improbable, qui sauve plusieurs fois Keos (ou le pharaon) d'un mauvais sort. A mon goût, ce personnage est totalement irréaliste et n'est pas la meilleure idée de l'album. Je me demande si des lions ont vécu une fois dans le désert du Sinaï.
A la fin du récit, les hébreux s'installent en Palestine et Keos retrouve les rives du Nil. Pleyers dessine quelques images lumineuses en guise de conclusion, qui me font légèrement regretter l'abandon de cette série.
Jacques Martin avait imaginé une suite, mais il est probable que personne n'osera jamais la dessiner.
Cet album me semble être le plus "historique" des trois. Au départ, le récit semble vouloir reprendre certaines traditions bibliques : l'épisode du buisson ardent, l'histoire du veau d'or et celles des tables de la loi. Le portrait de Moïse y reste assez fidèle à celui de la tradition chrétienne.
En racontant l'arrivée des hébreux en Palestine, Jacques Martin s'écarte toutefois du récit biblique. Il imagine que le peuple de Moïse se soit installé dans le pays de Canaan sans faire la guerre aux autochtones, et qu'il soit resté soumis à l'autorité du pharaon égyptien. Ce scénario est moins spectaculaire que les récits de "l'Exode" et de "Josué", mais il semble plus conforme aux découvertes des historiens actuels. En fait, l'histoire de Moïse appartient au domaine de la légende, et les indices archéologiques laissent supposer que les hébreux ont acquis tardivement leur autonomie politique (probablement 1000 ans avant JC, soit à l'époque du roi David). Au temps de Keos, qui correspond au règne du pharaon Mineptah (fils de Ramsès II), l'Egypte était une puissance militaire redoutable et la Palestine lui était complètement soumise. En reprenant toutes ces données, Jacques Martin mélange habilement dans le Veau d'or la tradition juive, les sources historiques et le récit imaginaire. Il en résulte un récit troublant et original, qui joue à cache-cache avec la vérité.
Pour ma part, je reste agréablement surpris par la liberté avec laquelle Jacques Martin adapte le récit biblique. Prenons par exemple la conquête de Jéricho (une des plus vieilles cités du monde, selon l'archéologie). Le livre de Josué nous raconte avec emphase l'écroulement des hautes murailles de la cité, grâce à un miracle divin. C'est un épisode que de nombreux dessinateurs (comme Gustave Doré) ont illustré. Voici par exemple comment l'imagine Jean Torton, dans la "Fresque Biblique" publiée par les éditions du Lombard.
Dans le récit de Jacques Martin, Jéricho devient la résidence du gouverneur égyptien et l'arrivée de Keos, puis des hébreux, est totalement pacifique.
C'est totalement surprenant, mais peut-être plus proche de la vérité que le récit biblique (il n'est d'ailleurs par sûr que le récit de l'Exode repose bien sur des faits réels). Jacques Martin mélange par ailleurs avec habileté la tradition hébraïque à celle de l'Egypte. Il se souvient que le pharaon Mineptah a dû affronter l'invasion du delta égyptien par les célèbres et mystérieux "peuples de la mer" (qui étaient probablement des grecs). Il nous raconte à sa manière la fameuse bataille, à laquelle participe bien sûr Keos.
C'est ainsi qu'entre la Bible et l'Histoire, Jacques Martin choisit résolument l'histoire. Son récit garde toutefois une ambiance irréelle ou fantastique, grâce aux apparitions divines d'Osiris ou aux manifestations miraculeuses du Dieu juif. L'auteur donne par ailleurs au héros un allié providentiel, à savoir un lion à l'intelligence improbable, qui sauve plusieurs fois Keos (ou le pharaon) d'un mauvais sort. A mon goût, ce personnage est totalement irréaliste et n'est pas la meilleure idée de l'album. Je me demande si des lions ont vécu une fois dans le désert du Sinaï.
A la fin du récit, les hébreux s'installent en Palestine et Keos retrouve les rives du Nil. Pleyers dessine quelques images lumineuses en guise de conclusion, qui me font légèrement regretter l'abandon de cette série.
Jacques Martin avait imaginé une suite, mais il est probable que personne n'osera jamais la dessiner.
Dernière édition par Raymond le Dim 10 Aoû - 17:51, édité 1 fois