Quelques idées ont été lancées lors du sondage sur Keos, et je vous propose de continuer la discussion en regardant de plus près les albums.
Du premier album, intitulé Osiris, j'avais surtout le souvenir d'images splendides et j'ai retrouvé cet émerveillement dans une récente lecture. Dès la première vignette, qui montre une barque voyageant sur le Nil, Jean Pleyers dessine avec minutie les détails du bateau, les rameurs et le paysage. On retrouve à de nombreuses reprises ce type d'image dans l'album.

L'ambition principale de cette série est bien sûr de recréer l'ambiance et la vie de l'Egypte antique. Les auteurs utilisent une documentation précise et les touristes qui ont visité l'Egypte retrouvent dans l'album des images familières, provenant de Karnak ou de la Vallée des Rois. Pour mieux mettre en valeur la précision de la reconstitution et les détails de son dessin, Pleyers n'hésite pas à agrandir ses cases. Elles occupent souvent toute la largeur de la page, comme par exemple cette image de transition qui montre l'arrivée de Keos au temple de Karnak

A côté de ce plaisir du voyage dans le temps, il y a une intrigue bien construite. Jacques Martin imagine les intrigues de cour qui pouvaient survenir autour du pharaon, et met en scène deux partis rivaux qui s'affrontent après la disparition de Ramsès II. L'un est dirigé par le grand prêtre d'Amon, avide de pouvoir et défenseur de la tradition, et l'autre par Moshe, un prince d'Egypte descendant d'une cannanéenne et du pharaon Seti. L'auteur s'est certainement bien amusé à donner un rôle de conspirateur au "prophète juif". Il prend malicieusement ses distances avec la tradition biblique mais se contente, dans ce premier récit, de mettre en place ses personnages. Les événements marquants (tels que les Dix plaies ou l'Exode) sont réservés pour le deuxième album. On découvre cependant une curieuse scène qui met face à face les religions égyptiennes et judaïques, lorsque Keos invoque Osiris devant Moïse. Cet affrontement se termine par une sorte de "match nul", et cela correspond sans doute aux idées de Jacques Martin en matière de religion.

Jean-Marc a évoqué les événements fantastiques qui abondent dans cette série. Dans ce premier album, on découvre surtout le dieu Osiris qui apparait en personne à plusieurs reprises. Il donne à Keos un pouvoir surnaturel, et ceci aboutit à une scène très surprenante, lorsque Keos terrasse le grand prêtre Roy. C'est complètement irréaliste, mais je trouve que cela passe assez bien dans ce récit qui imprégné par la tradition biblique. Quand on lit la Genèse ou l'Exode, ce genre d'intervention divine est assez fréquente.

Bien sûr, ce genre d'image se retrouve plus souvent dans les histoires de super-héros que dans la BD franco-belge.
Au total, Osiris associe un récit intelligent, des événements curieux et des images chattoyantes. L'album semble dominé par une vision animiste du monde (j'entends par là une nature qui est habitée par les dieux) et le ton de la série est complètement différent de ce que l'on peut trouver dans Alix. Plutôt que de chercher une ambiance réaliste, les auteurs nous montrent une Egypte toute imprégnée de ses légendes. Cela me surprend aujourd'hui encore, mais j'imagine qu'il traduit certaines idées de Jacques Martin qui n'a jamais caché son intérêt pour le fantastique.
Je n'ai jamais eu l'occasion de parler avec Jacques Martin de cette série. Par ailleurs, on ne trouve pas grand chose sur Keos dans les multiples interviews du "maître". Est-ce que vous en savez un peu plus ?

Du premier album, intitulé Osiris, j'avais surtout le souvenir d'images splendides et j'ai retrouvé cet émerveillement dans une récente lecture. Dès la première vignette, qui montre une barque voyageant sur le Nil, Jean Pleyers dessine avec minutie les détails du bateau, les rameurs et le paysage. On retrouve à de nombreuses reprises ce type d'image dans l'album.

L'ambition principale de cette série est bien sûr de recréer l'ambiance et la vie de l'Egypte antique. Les auteurs utilisent une documentation précise et les touristes qui ont visité l'Egypte retrouvent dans l'album des images familières, provenant de Karnak ou de la Vallée des Rois. Pour mieux mettre en valeur la précision de la reconstitution et les détails de son dessin, Pleyers n'hésite pas à agrandir ses cases. Elles occupent souvent toute la largeur de la page, comme par exemple cette image de transition qui montre l'arrivée de Keos au temple de Karnak

A côté de ce plaisir du voyage dans le temps, il y a une intrigue bien construite. Jacques Martin imagine les intrigues de cour qui pouvaient survenir autour du pharaon, et met en scène deux partis rivaux qui s'affrontent après la disparition de Ramsès II. L'un est dirigé par le grand prêtre d'Amon, avide de pouvoir et défenseur de la tradition, et l'autre par Moshe, un prince d'Egypte descendant d'une cannanéenne et du pharaon Seti. L'auteur s'est certainement bien amusé à donner un rôle de conspirateur au "prophète juif". Il prend malicieusement ses distances avec la tradition biblique mais se contente, dans ce premier récit, de mettre en place ses personnages. Les événements marquants (tels que les Dix plaies ou l'Exode) sont réservés pour le deuxième album. On découvre cependant une curieuse scène qui met face à face les religions égyptiennes et judaïques, lorsque Keos invoque Osiris devant Moïse. Cet affrontement se termine par une sorte de "match nul", et cela correspond sans doute aux idées de Jacques Martin en matière de religion.

Jean-Marc a évoqué les événements fantastiques qui abondent dans cette série. Dans ce premier album, on découvre surtout le dieu Osiris qui apparait en personne à plusieurs reprises. Il donne à Keos un pouvoir surnaturel, et ceci aboutit à une scène très surprenante, lorsque Keos terrasse le grand prêtre Roy. C'est complètement irréaliste, mais je trouve que cela passe assez bien dans ce récit qui imprégné par la tradition biblique. Quand on lit la Genèse ou l'Exode, ce genre d'intervention divine est assez fréquente.

Bien sûr, ce genre d'image se retrouve plus souvent dans les histoires de super-héros que dans la BD franco-belge.

Au total, Osiris associe un récit intelligent, des événements curieux et des images chattoyantes. L'album semble dominé par une vision animiste du monde (j'entends par là une nature qui est habitée par les dieux) et le ton de la série est complètement différent de ce que l'on peut trouver dans Alix. Plutôt que de chercher une ambiance réaliste, les auteurs nous montrent une Egypte toute imprégnée de ses légendes. Cela me surprend aujourd'hui encore, mais j'imagine qu'il traduit certaines idées de Jacques Martin qui n'a jamais caché son intérêt pour le fantastique.
Je n'ai jamais eu l'occasion de parler avec Jacques Martin de cette série. Par ailleurs, on ne trouve pas grand chose sur Keos dans les multiples interviews du "maître". Est-ce que vous en savez un peu plus ?
Dernière édition par Raymond le Dim 10 Aoû - 17:54, édité 1 fois