Continuons donc avec les monographies des années 90. Il ne fait pas de doute que la luxueuse collection cartonnée d'album éditée par
DBD est un des fleurons du genre.
En fait, cette collection est assez curieuse puisque qu'elle
accompagne un journal. En effet,
DBD est au départ une petite revue luxueusement imprimée et diffusée uniquement en librairie. D'après son contenu, c'est un fanzine parmi d'autres d'environ 30 pages et consacré essentiellement à l'actualité. On y trouve une dizaine de rubriques assez courtes présentant des infos sur les nouveautés ou les collectors, des images de dessinateurs (photographiés dans leur atelier), des interviews de "people" intéressés par la BD, une revue de la presse BD et des autres
fanzines, un compte rendu sur les ventes aux enchères, une rubrique "l'incontournable" où une oeuvre plus ou moins connue est commentée par une personnalité,, une autre rubrique "à l'orée du bois" s'intéressant à des sujets divers (par exemple Star Wars" dans la BD), la page de dessin "avoir un bon copain" qui est réalisée par un tandem de vedette (par exemple Tibet et Uderzo), la chronique "à la loupe" qui présente divers éditeurs ou journaux de BD ... bref pas mal de sujets d'intérêts variés et originaux susceptibles d'intéresser les bédéphiles.
Vous avez ci-dessus la couverture du
DBD N°1 dont l'intérêt en soit n'était pas exceptionnel, il faut bien le dire. Ce qui était indispensable, en revanche, c'était le "supplément" qui l'accompagnait (l'image est ci-dessous), à savoir un album consacré à Franquin, les deux publications étant soigneusement emballées ensemble sous cellophane.
Ce supplément Franquin est-il une monographie ? Pas tout à fait car s'il contient une longue et intéressante interview du dessinateur ainsi que de multiples illustrations souvent rares, il ne propose pas de bibliographie ni de texte critique. La bibliographie est apparue toutefois à partir du numéro 2 (consacré à Manara) et on pouvait dès lors considérer que même s'il était légèrement incomplet (pas d'analyse), le "
DBD" (ce nom a finalement été attribué au supplément plutôt qu'au fanzine lui-même
) contenait bien l'essentiel de ce qu'il fallait savoir sur un auteur.
La maquette de ces "monographies" était impeccable et c'était de beaux albums que l'on avait plaisir à placer sur les rayonnages de la bibliothèque. En fait, il y a eu dès le départ un "âge d'or" du
DBD et celui-ci a duré pendant les 16 premiers numéros. Le choix des auteurs était varié, avec une alternance de vieilles gloires (Franquin, Tillieux Goscinny) de classiques toujours actifs (Juillard, Hermann, Schuiten) et de vedettes prometteuses des années 90 (Zep, Arleston, Crisse). Les interviews étaient intelligents et les numéros consacrés aux auteurs disparus (comme Tillieux) mélangeaient astucieusement divers entretiens rares ou classiques pour commenter finalement toutes les étapes de leur carrière. Je souhaitais que ce travail très soigné dure le plus longtemps possible mais ... voilà, rien n'est éternel ! Une première mauvaise surprise intervenait au N° 17, consacré à Buchet, avec la disparition de la bibliographie. La maquette restait la même et de nouveaux auteurs intéressants étaient présentés (Christophe Blain, Sfar, Swolfs, Berthet) mais quoique le
DBD restât un bel ouvrage, il était devenu un peu moins indispensable que les précédents. La deuxième mauvaise surprise a été la fin de "l'album monographie" au N° 24. Dès son N° 25, le
DBD devenait un journal luxueux assez proche de qu'il est acutellement. Il y a eu ensuite divers changements de noms ou de maquettes qui sont au fond anecdotiques. Le
DBD était dès lors un journal pompeux dont l'intérêt était tout relatif et qui était très coûteux par rapport à ce qu'il proposait.
Aujourd'hui, les 24 albums restent toujours en bonne place dans ma bibliothèque, tandis que les
fanzines sont partis au grenier. J'achète de temps en temps le journal actuel, faute de mieux (
Casemate n'est pas distribué en Suisse), et je regrette amèrement ce qu'il aurait pu devenir s'il y avait eu plus d'ambition et de rigueur de la part de ses initiateurs.