Eh oui, c'est la dernière des analyses d'albums pour les aventures d'Alix... ( en attendant la prochaine parution ).
Je rappelle quand même que ces analyses avaient été lancées par Diego sur le site "Alix l'intrépide" où vous pouvez lire les huit premières rédigées par lui :
Iorix le grand
Le fils de Spartacus
Le spectre de Carthage
La tour de Babel
L'empereur de Chine
Vercingétorix
Ô Alexandrie
Le fleuve de jade.
J'avais enchaîné sur ce même site avec :
Les légions perdues
Le dieu sauvage ( et, pour celui-ci, avec un complément sur le présent forum ).
Il me restera donc à vous présenter prochainement les analyses des deux romans inédits, bien que je pense que tout le monde ne les a pas lus :
Le sortilège de Khorsabad
L'ombre de César.
Revenons donc au "Démon du Pharos". Cette fois-ci, Alix et Enak sont en mission officielle, quoique secrète, à Alexandrie, et ce ne sont pas précisément des vacances. J'aime bien l'ambiance de cette histoire, traitée sous la forme d'un polar urbain, sans chevauchées ni grands espaces, et avec un enjeu intéressant, même si le récit se sent un peu à l'étroit dans ses 46 pages, bien mis en valeur cependant par le dessin de Christophe Simon.
Je vous propose ci-après une brève histoire de la dynastie des Ptolémée et quelques informations sur Alexandrie, sa Bibliothèque, son phare, son dieu Sérapis... En route pour l'Egypte !
LE DEMON DU PHAROS
Vingt-septième aventure d'Alix
Le résumé
Alix et Enak sont de retour à Alexandrie où ils sont chargés d'une mission confidentielle : la reine Cléopâtre, qui n'a pas encore rencontré César, veut le prévenir d'un complot que le roi Ptolémée XIII et ses conseillers ourdissent contre lui, peut-être à l'instigation de Pompée. Pour se dissimuler, ils se font passer pour des étudiants travaillant à la Bibliothèque, sous l'autorité du philosophe Cristène, ce qui intrigue l'un de ses élèves, Philippos. C'est ainsi que, des fenêtres de la Bibliothèque, ils assistent, une nuit, à l'extinction du Phare guidant les navires pour entrer au port, ce qui se traduit par le naufrage de l'un d'eux. Ils ne peuvent s'empêcher d'enquêter dans le phare et rencontrent son gouverneur, le Crétois Polynice. Ils comprennent alors, non seulement que celui-ci a de sombres projets, mais qu'il travaille pour plus puissant que lui...
Quand cela se passe-t-il ?
Nous sommes entre l'avènement des souverains actuels, Ptolémée XIII et Cléopâtre VII, qui a eu lieu en -51 après la mort de Ptolémée XII Aulète, et avant l'arrivée de César en Égypte, en octobre -48, et plus probablement avant le milieu de l'année -49. En effet, à partir de cette dernière date et jusqu'au milieu de l'année -48, Cléopâtre n'était pas à Alexandrie, qu'elle avait dû fuir pour se protéger des manigances de son frère-époux ; elle se trouvait alors en Syrie, où elle essayait d'engager des mercenaires pour contrer Ptolémée, qu'elle retrouvera à Péluse, peu avant les arrivées mouvementées de Pompée, puis de César. Disons, pour simplifier, que nous sommes au second semestre -50.
Où cela se passe-t-il ?
Pour la première et unique fois dans les aventures d'Alix, cette histoire se déroule exclusivement dans un cadre urbain : celui de la ville d'Alexandrie, dont nous ne sortons pas.
Le contexte historique
Le contexte égyptien
Depuis qu'ils ont succédé à leur père Ptolémée XII Aulète en -51, Ptolémée XIII et Cléopâtre VII sont en constante opposition. En fait, le roi laisse gouverner ses trois principaux conseillers : le vizir Pothinus ( un eunuque ), le général Achillas, chef des armées, et un certain Théodotus dont je n'ai pu définir le rôle exact. Ces trois-là s'opposent parfois entre eux, leur seul point commun étant de circonvenir le souverain et d'écarter la reine des affaires. Cléopâtre ne se laisse pas faire, mais elle doit céder, à son corps défendant : comme on l'a vu, du milieu de l'année -49 au milieu de l'année -48, elle quitte l'Égypte et se réfugie en Syrie où elle cherche à lever une armée de mercenaires. Elle y réussira et regagnera l'Égypte, mais ce sera pour tomber à Péluse sur les troupes de Ptolémée. Il n'y aura pas de confrontation cette fois-ci, ce sera pour plus tard, quand les Romains, après plusieurs mois de siège dans Alexandrie, auront reçu des renforts.
En attendant, les évènements se sont précipités : Pompée, vaincu à Pharsale le 9 août -48, débarque pour se mettre à l'abri en Égypte où il croit que les nouveaux souverains sont dans le même état d'esprit à son égard que feu Ptolémée XII et le protégeront. Mais Ptolémée XIII et Pothinus ont entendu parler de la victoire de César, et, pour se faire bien voir du nouvel homme fort de Rome, font exécuter Pompée. César en est fort mécontent quand il débarque à son tour en octobre -48 ( aurait-il voulu se rabibocher avec son ancien complice devenu ennemi ? ) et prend les choses de haut avec Ptolémée et ses conseillers. C'est alors que Cléopâtre, qui a été tenue à l'écart jusqu'à présent, rencontre enfin César, avec ou sans tapis. Une émeute de la population d'Alexandrie ( ce n'est pas la première, ces gens-là sont coutumiers du fait, voir ci-après l'histoire des Ptolémée ) oblige César et ses hommes, en trop petit nombre pour faire face, à se retrancher dans le Palais royal. Une armée formée au Proche-Orient vient enfin à leur secours et bat les troupes d'Achillas au début de -47. Ptolémée et Pothinus sont liquidés, Cléopâtre a le trône, l'Égypte et César pour elle toute seule. Elle va régner pendant 17 ans.
Le contexte romain
A Rome, les choses ne sont pas plus simples. Si nous sommes en -50, comme c'est probable, César a terminé la pacification de la Gaule, et il gère sa conquête en proconsul consciencieux. Il assure qu'il lui reste du temps de commandement à faire dans sa province et demande la permission de se présenter aux élections du consulat sans être présent à Rome. Un succès le préserverait des poursuites judiciaires dont ses ennemis politiques le menacent : ils l'accusent d'abus de pouvoir en Gaule. Mais ses adversaires affirment aussi qu'il a épuisé la durée du pouvoir pour lequel il était désigné en Gaule, qu'il se trouve réduit au rang de simple particulier et qu'il peut être traîné devant les tribunaux.
Les uns et les autres ont raison, mais il est évident qu'ils ne calculent pas de la même façon. César compte deux fois cinq ans : sa province lui a été accordée par le Sénat pour 5 ans, de -58 à -54, et cette durée a été renouvelée de -53 à -49. Ses adversaires font partir la seconde étape du jour où la loi la concernant a été votée, soit un an avant la fin de la première étape, ce qui fait 5 + 4 = 9 ans, se terminant donc à la fin de -50, et non pas à la fin de -49 comme le soutient César.
A cette argumentation juridique, il faut ajouter le conflit d'ambition entre César et Pompée. Depuis son camp de Ravenne, César envoie des messagers à Rome où il a l'appui des tribuns de la plèbe. Il n'est pas certain qu'il eût été très heureux si ses exigences avaient été acceptées. Par chance pour lui, les Sénateurs les plus durs, sans doute appuyés par Pompée, refusent toutes ses requêtes.
Le 12 janvier -49, César franchit le Rubicon. Non seulement il ne veut pas être traduit en justice, mais encore il n'entend pas laisser le champ libre à Pompée. En s'engageant dans cette nouvelle phase de la guerre civile, il risque davantage qu'en combattant les Gaulois : il aurait contre lui des légionnaires menés par un chef qui a fait ses preuves. Cette guerre, il pourrait ne pas la gagner...
Comment est racontée l'histoire ?
C'est la deuxième aventure d'Alix entièrement due à Christophe Simon au dessin ; il est signalé une participation aux décors de Manuela Jumet. L'ensemble est très cohérent du point de vue de l'ambiance : on vit vraiment dans une ville vivante et colorée où l'on croise des représentants de toutes les populations existant autour de la Méditerranée et même plus loin. On va à peu près partout avec le même bonheur : au port, dans le Phare, dans la Bibliothèque, au palais royal, dans l'atelier du sculpteur Démosthène, et, bien entendu, dans les rues. Un seul regret : il n'y a aucune vue d'ensemble, alors que la disposition des bâtiments dans la ville est assez bien connue, et on ne comprend pas toujours très bien comment les personnages vont de tel endroit à tel autre.
Du point de vue du scénario, nous avons plus affaire à une enquête à suspense – cette fois-ci, la clé du mystère ne nous est révélée qu'à la fin – qu'à une aventure épique comme nous en avions l'habitude. On nous avait promis Arbacès, on a Polynice à sa place, mais ce dernier n'a rien à voir avec le fils d'Oedipe, d'ailleurs il est Crétois et non pas Thébain ; il fait cependant très bien l'affaire, avec son physique impressionnant, et on est sûr qu'il ne reviendra pas dans une prochaine histoire. Il est vrai qu'il aurait peut-être été difficile de caser encore une fois Arbacès après ses exploits en Assyrie. Il est quand même un peu là, car l'avant-dernière image de la page 9 contient une réplique de Polynice, reconnaissant Alix et Enak dans le marché, qui aurait mieux convenu à Arbacès : en effet, page 16, Polynice les croise dans le Phare et ne les reconnaît plus ! Mais c'est un détail. Pour le reste, l'histoire est plaisante et bien charpentée, et tous les personnages épisodiques ont beaucoup de caractère.
Une dernière réplique pour sourire ; page 48, Cléopâtre dit à Alix : « Tu es encore bien jeune et naïf ». Or, ils ont le même âge, étant nés tous les deux en -69. Mais Cléopâtre est une reine et peut s'autoriser ce genre de remarque. Pour moi, Alix a autant d'expérience qu'elle, mais d'un autre genre.
Les Ptolémée, quelle famille !
Les successeurs d'Alexandre sont désignés soit par ce nom, soit par celui de Lagides, car ils descendaient du général Lagos, dont le nom tout à fait de circonstance signifie : « conducteur du peuple ». Ces noms désignent les souverains qui régnèrent sur l'Égypte de -323, date de la mort d'Alexandre, à -30, date de la prise d'Alexandrie par Octave et de la mort de Cléopâtre VII.
Les nouveaux maîtres de l'Égypte vont organiser à leur convenance, moderniser, rationaliser et restaurer l'administration héritée des Pharaons et des Perses. Pour les Égyptiens, le roi étant leur médiateur devant les dieux, peu importait au fond qu'il soit Égyptien, Perse ou Grec : il suffisait qu'il soit reconnu comme tel par les dieux, ce qu'Alexandre s'était empressé de faire dire aux dieux en question, et ses successeurs après lui.
L'ancêtre : Ptolémée 1er Sôter ( sauveur )
Après un conflit avec son voisin et collègue Séleucos, qui a hérité du Proche-Orient, pour fixer leurs frontières respectives, il prend en -305 le titre de basileus ( roi ). A partir de son règne, l'Égypte dominera une partie de l'Asie mineure : Ionie, Lycie, Pamphylie et Cilicie, c'est à dire la façade occidentale de l'actuelle Turquie, et sera installée à Chypre, en Phénicie, en Syrie-Palestine et en Cyrénaïque. La puissance et la cohésion de l'État Lagide, enrichi par l'exportation de blé, seront assurées par une marine longtemps invincible qui imposera une véritable « thalassocratie » dans le bassin oriental de la Méditerranée. Ptolémée 1er fait d'Alexandrie la capitale du royaume à la place de Memphis. Il innove en matière religieuse en instaurant le culte de Sérapis ( voir l'article ) et commande la construction du Phare à Sostrate de Cnide ; autre de ses grands chantiers : le Musée et la Bibliothèque. Il meurt de sa belle mort dans son lit à plus de 80 ans, en -282 ( il était né en -360 ).
Ptolémée II Philadelphe ( qui aime sa sœur ) : le roi victorieux
Il monte sur le trône à 25 ans en -282 et épouse sa sœur aînée Arsinoé II ( d'où son surnom ? ) : c'est la première d'une longue série d'unions incestueuses censées garantir l'essence divine de la dynastie. Il accroît un empire déjà très vaste, modernise l'agriculture et fait édifier de nombreux temples. Sous son règne, on traduit la Bible en grec : la Septante. Alexandrie attire de nombreux savants auxquels on fournit d'excellentes conditions de travail pourvu qu'ils exaltent la gloire des Lagides. Il meurt à 63 ans en -247.
Ptolémée III Évergète 1er ( bienfaiteur ) : l'empire à son apogée
Roi à 30 ans en -247, il convole avec sa cousine Bérénice II de Cyrène. Pour venger l'assassinat de sa sœur Bérénice de Syra, épouse du roi Antiochos II de Syrie, et de son neveu, il saccage Antioche et guerroie en Asie pendant 5 ans. Grâce à ses victoires, l'empire Lagide s'étend jusqu'à l'Euphrate. Le savant Ératosthène lui suggère de réformer le calendrier égyptien, mais il n'y réussit pas. Il meurt de mort naturelle en octobre -221. Après lui, les choses vont commencer à se gâter pour la dynastie.
Ptolémée IV Philopator ( qui aime son père ) : premiers signes d'essoufflement
Sitôt roi en -221, et marié à sa sœur Arsinoé III, il liquide sa mère, son frère et son oncle pour éliminer toute concurrence au sein de la famille. Antiochos III de Syrie veut récupérer la Phénicie et la Palestine, mais l'armée Lagide résiste. Après cette guerre, des troubles importants éclatent dans le delta et en Haute-Égypte, liés à de mauvaises récoltes ayant engendré une famine. Il meurt en -205.
Ptolémée V Épiphane ( illustre ) : nouveaux troubles dans le delta
Il est roi à 5 ans en -205 et marié à Cléopâtre 1ère, fille du roi de Syrie Antiochos III qui a chassé les Lagides de Palestine en -200. Son conseiller Agathoclès s'empare du pouvoir après avoir fait assassiner sa mère Arsinoé III, ce qui provoque des troubles à Alexandrie, au cours desquels Agathoclès est exécuté, tandis que d'autres troubles s'intensifient dans le delta. Ces derniers dureront jusqu'en -196, date à laquelle un décret royal prenant acte de leur fin sera gravé sur une stèle en trois caractères : hiéroglyphiques ( caractères sacrés ), démotique ( égyptien courant ) et grec ; c'est celle que nous connaissons aujourd'hui sous le nom de « pierre de Rosette », pour la future gloire de Champollion.
Mais désormais, les Romains sont maîtres du jeu politique dans l'Orient méditerranéen. A partir de là, les Lagides vont perdre progressivement toutes leurs possessions extérieures à l'Égypte, sauf Chypre, et tout contrôle sur ce qui reste de leur royaume.
Ptolémée VI Philométôr ( qui aime sa mère )
Il était marié à sa sœur Cléopâtre II. Sa mère Cléopâtre 1ère assure la régence à partir de son avènement en -181 jusqu'à sa propre mort en -176. Deux régents lui succèdent en tant que conseillers du jeune souverain et décident de récupérer la Syrie. Son roi, Antiochos IV Épiphane, réagit, écrase l'armée Lagide, s'empare de Péluse, un port à l'est d'Alexandrie, et remonte la vallée du Nil jusqu'à Memphis. Le roi est fait prisonnier, la révolte naît une fois encore à Alexandrie et les rebelles proclament roi le frère cadet de Ptolémée VI. Les Romains interviennent alors, obligent Antiochos à se retirer d'Égypte et de Chypre, et répartissent les rôles entre les deux frères : à l'aîné l'Égypte et Chypre, au cadet la Cyrénaïque. Mais Ptolémée VI meurt au combat en Syrie en -146.
Ptolémée VII, Ptolémée VIII Évergète II Physon ( le bouffi )
Le frère cadet revendique alors la royauté sur l'ensemble du pays au détriment de son neveu Ptolémée VII, l'emporte et devient Ptolémée VIII. Il épouse Cléopâtre II, veuve de Ptolémée VI, mais aussi sa nièce Cléopâtre III, fille de Cléopâtre II. Alors qu'il liquide ses opposants à Alexandrie, la population tente d'incendier le Palais royal en -132. Ptolémée VIII trouve refuge à Chypre avec Cléopâtre III et ses enfants. Cléopâtre II reste seule souveraine, mais certaines régions d'Égypte ne la reconnaissant pas, elle doit s'enfuir à son tour en -128.
Ptolémée IX Sôter II, Ptolémée X Alexandre, Ptolémée XI, Ptolémée XII Aulète, Bérénice IV
La mort de Ptolémée VIII, en -116, déclenche d'interminables querelles dynastiques entre Cléopâtre II, Cléopâtre III, Ptolémée IX et Ptolémée X qui est assassiné en -80 après seulement 20 jours de règne, sans héritier légitime. Deux bâtards accèdent alors aux trônes : Ptolémée XI à Chypre, Ptolémée XII Aulète ( joueur de flûte ) en Égypte. En -58, le Sénat romain vote la transformation de Chypre en province romaine, dont le roi se suicide quand Caton lui réclame son royaume. Sous la pression populaire, qui l'accuse de n'avoir pas aidé son frère, Ptolémée XII quitte précipitamment Alexandrie et cède le pouvoir à sa fille Bérénice IV. En -55, les armées romaines pénètrent pour la première fois en Égypte, réinstallent sur son trône Ptolémée XII, qui s'empresse de faire exécuter Bérénice, celle-ci ayant apprécié le pouvoir et s'y accrochant.
Ptolémée XIII Dionysos, Ptolémée XIV l'enfant, Cléopâtre VII Philopator, Ptolémée XV Césarion
Le testament de Ptolémée XII, mort en -51, laissait le pouvoir en co-régence à Ptolémée XIII et à sa sœur-épouse Cléopâtre VII. Celle-ci, alliée à César, évince le roi qui se noie dans le Nil en -47 à l'issue d'une bataille. Elle règne ensuite avec un autre frère, Ptolémée XIV, qu'elle empoisonne, ainsi que sa sœur Arsinoé. Elle règne alors avec son fils, qui est aussi celui de César : Ptolémée XV Césarion. Elle s'allie ensuite avec Marc Antoine, qu'elle épouse et à qui elle donne trois autres enfants, pour exploiter les querelles romaines de la dernière guerre civile, rétablir la puissance lagide et créer autour de l'Égypte un contrepoids politique à Rome. La bataille navale d'Actium, en -31, mettra un terme à son rêve. Après Antoine, Cléopâtre VII se suicide le 12 août -30 et Octave fait exécuter Ptolémée XV Césarion : « Il n'y a pas de place dans le monde pour deux César », dit-il alors.
La dynastie Lagide disparaît, chassée par un autre pouvoir étranger, et Auguste transforme l'Égypte en province romaine, domaine personnel de l'empereur, gouvernée par un préfet de rang équestre et où les Sénateurs n'ont pas le droit de mettre les pieds, pour éviter toute concurrence possible.
Le Musée et la Bibliothèque
Le sanctuaire des Muses ( mousaiôn ), c'est le Musée d'Alexandrie, là, où entre autres activités, on joue de la musique. En effet, c'est aux Muses qu'on attribue l'inspiration philosophique ou artistique. Le Musée ressemblait à une Académie des Sciences et des Arts. Les savants y demeuraient à résidence, bénéficiant de divers privilèges : nourriture et exemption d'impôts. Mais le plus grand de ces privilèges était l'accès aux trésors incomparables de la Bibliothèque.
« Bibliothéke » signifie « rayonnage », ceux sur lesquels on dépose les livres, ou plutôt les rouleaux, puis par extension l'ensemble des rouleaux, enfin les salles où étaient placées les « bibliothékés ».
Il n'y avait pas de salle de lecture, ni de pièce dédiée, les ouvrages étaient dispersés sur l'ensemble du Musée.
Le Musée et la Bibliothèque se trouvaient, ainsi que la Soma, le tombeau d'Alexandre, à l'intérieur du quartier du Palais Royal, qui représentait un bon quart ( nord-est ) de la ville d'Alexandrie.
Le Musée était constitué de salles où l'on se livrait à toutes sortes de recherches, de la dissection à l'astronomie. Il y avait aussi un réfectoire et un zoo, car le Musée abritait une collection d'animaux exotiques vivants.
Les rouleaux constituant les ouvrages se présentaient sous la forme de papyrus enroulés autour d'un bâton, que le lecteur tenait de la main droite tandis qu'il saisissait la feuille de la main gauche. Chaque rouleau était étiqueté avec mention du titre, du nombre de lignes, parfois de la première ligne de l'œuvre pour distinguer les textes homonymes. Le classement était l'objet du plus grand soin : le catalogue, œuvre d'un directeur de la Bibliothèque, Callimaque, occupait à lui seul 120 rouleaux.
Ptolémée 1er fonda la Bibliothèque sur l'inspiration d'Aristote, qui avait été le précepteur d'Alexandre : c'était un bon moyen de se référer à deux modèles illustres dans leur aspiration à l'universel et leur volonté de rassemblement du savoir.
Ptolémée II la développa et dirigea personnellement les opérations : « Il écrivit des lettres dans lesquelles il demandait aux rois et aux grands de ce monde de lui envoyer des œuvres de quelque nature qu'elles fussent : poésie, prose, rhétorique, sophistique, magie, histoire ou tout autre. » ( Épiphane, IV° siècle ).
Ptolémée III poursuivit l'œuvre : « Il était si ambitieux et si fastueux en ce qui concernait les livres, qu'il ordonna que tous les livres de ceux qui débarquaient à Alexandrie lui soient apportés, afin qu'on en fasse immédiatement des copies et que l'on rende aux visiteurs non pas les originaux, mais les copies. » ( Zeuxis, -II° siècle ). On appela ces ouvrages : « les livres de navires ».
Il ne nous reste aucun vestige de la Bibliothèque : aucun papyrus, aucun rayonnage, aucun portique. Sa localisation elle-même est incertaine et sa destruction l'objet de nombreuses polémiques. On ne sait même pas combien il y avait de rouleaux, probablement entre 500 000 et 700 000. Et on ne se contentait pas de lire et de commenter, on traduisait et on éditait aussi des copies pour le public : 28 drachmes pour mille lignes, nous apprend un papyrus du II° siècle.
Parmi ces traduction, il y a la Septante, traduction de la Bible en grec ( voir mon commentaire dans « Le sphinx d'or » ) et aussi celle des textes religieux fondamentaux de l'Égypte, que Ptolémée II commanda à Manéthon de Sebennytos.
Comment la Bibliothèque fut-elle détruite ?
La destruction attribuée à César, pendant qu'il était assiégé dans la ville en -48 ( voir ci-dessus ), repose sur un malentendu colporté par Dion Cassius : pour se défaire de la pression de ses assaillants, César aurait incendié ses vaisseaux à l'ancre dans le port oriental et le feu se serait propagé jusqu'à la Bibliothèque ; mais les « bibliothékés » qui brûlèrent étaient en fait les dépôts de livres destinés à l'exportation.
Plus tard, dans la seconde moitié du II° siècle, la ville subit de nombreux et irrémédiables dommages. Zénobie de Palmyre l'envahit en 269, puis l'empereur Aurélien la reconquit. Un usurpateur, Domitius Domitianus, l'envahit à son tour 25 ans plus tard, puis, en 297, l'empereur Dioclétien la reprit après un siège d'un an. Un siècle plus tard, le chroniqueur Ammien Marcellin décrit le quartier royal du Bruccheion, où se trouvait la Bibliothèque, comme désert.
En 391, l'évêque Théophile applique l'édit de Théodose interdisant le culte païen, ce qui entraîne la destruction du temple de Sérapis et probablement de ce qui restait de la Bibliothèque et de son contenu.
Elle avait donc disparu lorsqu'en 641, Amrou ben al-As s'empare de l'Égypte. On connaît son ordre fameux à propos des ouvrages trouvés dans la Bibliothèque : « Si ces livres contiennent ce qui est dans le Coran, brûle-les, car ils sont inutiles ; s'ils ne contiennent pas ce qui est dans le Coran, brûle-les aussi, car ils sont mauvais. » Mais c'est une légende : il n'y avait plus ni Bibliothèque, ni livres à détruire, et les conquérants faisaient au contraire un grand cas du savoir antique.
Alors, où sont passés les rouleaux ? Pour Jean-Yves Empereur : « Les philosophes qui ont continué leur enseignement de la tradition grecque jusque dans le milieu du VI° siècle devaient bien disposer des œuvres de Platon et d'Aristote, ils devaient bien avoir sous la main les papyrus de leurs prédécesseurs. » Luciano Canfora rappelle que la destruction de la Bibliothèque d'Alexandrie fut suivie par celles d'Antioche, de Pergame et d'Athènes, mais que la transmission des livres a pu emprunter d'autres chemins : « Ce qui est resté ne vient pas des grands centres, mais des lieux marginaux, comme les couvents, ou des copies privées. »
Le Phare d'Alexandrie
La côte sur laquelle était bâtie Alexandrie était particulièrement dangereuse, et les naufrages tels qu'on en voit dans cet album, même sans le concours de pillards, n'étaient pas rares. « La côte était remplie d'écueils, les uns affleurant au-dessus de l'eau, les autres invisibles. » écrit Strabon au -I° siècle.
Les épaves grecques et surtout romaines, retrouvées par les archéologues au large du Pharos, en témoignent. Or, Alexandrie était, dès l'origine, vouée à devenir un grand port commercial. L'idée fut donc naturelle de guider les marins avec une tour alimentée d'un feu durant la nuit, comme les Grecs en avaient déjà l'habitude à l'époque.
Son emplacement exact est décrit dans plusieurs textes anciens : sur la pointe orientale de l'île de Pharos ( Pharus en latin ), d'où le nom de phare. Sa construction est attribuée à Sostratos de Cnide, un ami des deux premiers Ptolémée. Le phare n'avait pas pour seule fonction de guider les marins, mais aussi de témoigner jour et nuit de la puissance des nouveaux maîtres de l'Égypte.
Le monument comprenait trois étages.
Le premier était de forme carrée et légèrement pyramidal ; il était bâti sur une plateforme d'une dizaine de mètres de hauteur ; une large rampe reposant sur seize arcades voûtées permettait d'y accéder ; ce premier étage mesurait 72 m de haut sur 30,60 m à la base ; il se terminait par une rambarde de 2,30 m de haut ; il contenait une rampe en colimaçon sur laquelle des bêtes de somme montaient le combustible jusqu'au sommet du premier étage, ainsi qu'une cinquantaine de pièces intérieures dotées de fenêtres qui servaient à loger le personnel et stocker le combustible ; des escaliers menaient ensuite aux étages supérieurs, mais à partir de là, le transport se faisait à dos d'hommes.
Le deuxième étage était de forme octogonale et mesurait 35 m de haut, chaque côté de l'octogone mesurant 6,80 m. Il était suivi d'un troisième étage, de forme cylindrique, haut de 9 m pour 8,60 m de diamètre. L'ensemble atteignait 130 m de haut, statue comprise.
La décoration sculpturale se composait des statues colossales du couple royal ( 13 m pour 20 tonnes chacune ) placées de chaque côté de l'entrée principale ( qui mesurait aussi 13 m de haut ), le roi à gauche, la reine à droite ; des tritons munis de cornes de brume étaient placés aux angles du premier étage et une statue était dressée au sommet de l'édifice. On n'a jamais su exactement ce que représentait cette statue ( pas Nikanor, en tout cas ) : il pouvait s'agir de Zeus, comme l'affirme un poème de Posidippos ( -III° siècle ), de Poséidon, dieu de la mer, comme l'atteste une représentation retrouvée sur un gobelet de verre du -II° siècle, ou encore d'Hélios, dieu du soleil, représenté sur une mosaïque datée du VI° siècle. Et pourquoi pas les unes et les autres successivement ? Le phare figure sur des monnaies frappées à partir du II° siècle ; il comporte selon les cas deux ou trois étages, et la statue et les tritons du premier étage sont toujours représentés. Sur la dernière image de l'album, le texte parle de Zeus Ptolémée tandis que la statue porte le trident de Poséidon.
On ne sait pas non plus comment fonctionnait précisément le phare, quel en était le combustible utilisé, ni comment le feu s'agençait avec la statue, au risque de la faire fondre si elle était en métal. L'archéologue Jean-Yves Empereur : « Comment protégeait-on ce feu du vent qui est souvent violent, de la pluie, des embruns ? On sait seulement qu'il y avait un feu de nuit et un filet de fumée qui guidait les voyageurs pendant la journée. » Voilà qui ressemble aux colonnes de feu ou de fumée qui guidaient Moïse et les Hébreux pendant l'Exode vers la Terre Promise ; le phare aurait-il inspiré les rédacteurs de la Septante ?
Construit en calcaire local blanc et en granit d'Assouan, le phare fonctionna pendant près de 17 siècles. Mais le sol d'Alexandrie s'affaissant peu à peu, il se retrouva les pieds dans l'eau, et les nombreux séismes de la région le fragilisèrent. Durant l'été 365, un tsunami avec des vagues de plus de 20 m de haut envoya des bateaux jusque sur les toits des maisons et dans le désert, et fit souffrir le phare. Entre 320 et 1303, il y eut 22 séismes. En 796, le troisième étage s'écroula et fut remplacé par une mosquée. En 956, des pans se lézardèrent et l'édifice perd alors 22 m. En 1261, un nouveau séisme en fait s'effondrer une nouvelle partie. Le coup de grâce lui fut donné lors du séisme de 1303. Vers 1450, le sultan Qaitbay utilisa les décombres pour construire la citadelle qui porte son nom.
Depuis 1961, mais surtout depuis 1994, les archéologues explorent la rade et remontent des statues et des morceaux du phare.
Le dieu Sérapis
Il est question du dieu Sérapis ( ou Sarapis ) dans cet album, et j'ai déjà plusieurs fois parlé de lui dans d'autres articles consacrés à l'Égypte. Aussi, voici quelques précisions sur cette divinité peu connue.
Il correspond à une forme syncrétiste de l'assemblage des deux divinités Osiris et Apis. Il serait une création de Ptolémée 1er, désireux d'unir les deux communautés, hellénique et autochtone, dans le culte d'un même dieu dynastique. On ne sait pas où est né son culte : peut-être à Memphis où se trouvait le lieu d'inhumation des taureaux Apis et où le clergé en a parlé. Pour Alexandrie, on a pensé que le premier Sérapéum édifié par Ptolémée III dans le quartier de Rakhotis avait été précédé par un petit sanctuaire dédié à Isis et Sérapis, mais le grand Sérapéum d'Alexandrie qu'on voit ici date de Ptolémée IV.
L'image du dieu fut conçue à la grecque : il est figuré assis, le visage barbu et sévère, souvent accompagné du chien Cerbère ; il est possible que ses effigies dérivent d'une représentation du Pluton grec.
Comme pour Osiris, sa théologie est celle d'un dieu sauveur, dieu de l'au-delà et de la fertilité. Il donne des ordres et des oracles par des songes. Rapidement, il s'enrichit de symboles nouveaux : maîtrise sur le monde agraire, protecteur de la richesse, pouvoir guérisseur. Plus tard, il adoptera les symboles de Zeus, l'aigle et la foudre.
En association avec Isis, il sera identifié à Alexandrie avec le couple royal. Leur culte sera présent à l'époque impériale jusqu'aux lointaines frontières du Danube et du Rhin. La fin du culte de Sérapis correspond à la destruction de ses temples d'Alexandrie et de Canope en 391.
Les personnages
Alix : le voici de nouveau en service commandé. A priori, servir d'agent de liaison entre César et Cléopâtre ( malgré l'agrément de fréquenter cette dernière ) n'a rien d'une sinécure, puisqu'il lui faut se dissimuler dans la Bibliothèque en se faisant passer pour un étudiant. On comprend que l'acquisition de la culture n'est pas son souci immédiat, au grand désespoir de Cristène et pour la non moins grande inquiétude de Philippos. Mais voilà qu'un mystère qui n'était pas prévu au programme se présente et qu'il ne peut pas s'empêcher d'y aller voir de plus près, au risque de compromettre sa mission, ce qui sera bien près d'arriver. Il se comporte comme toujours avec beaucoup de courage et une bonne dose d'inconscience. Ce qu'il fait, dans le contexte de l'époque, est aussi, à sa manière, de la politique, et je crois que le conseil de Cléopâtre de ne pas s'en mêler sera à jamais inopérant.
Enak : il participe à l'aventure sans trop se démarquer d'Alix, toujours présent quand il s'agit d'explorer le marché ou le phare, d'enquêter chez le sculpteur, de délivrer Philippos ou de s'opposer aux conspirateurs dans l'affrontement final. Il se montre efficace et vigilant : ce n'est plus, depuis un certain temps, le gamin malchanceux des premières aventures.
Et, par ordre d'entrée en scène :
Cristène : c'est le personnage le plus intéressant de cet épisode. Ce grand savant et honnête homme a accepté sans trop se faire prier apparemment de participer à la mission d'Alix et d'Enak en les acceptant parmi ses étudiants, à la demande de Cléopâtre qui le protège et donc commande. Mais comme c'est le couple royal qui est le tuteur du Musée, il est bien difficile de se cacher du roi. Et pourtant, c'est en toute connaissance de cause que Cristène agit à l'encontre de son maître dont il a sans doute vite compris l'insuffisance et l'assujettissement à ses conseillers. Cela n'ira pas sans mal quand les évènements se précipiteront et qu'il lui faudra faire alliance avec le diable, en l'occurrence Polynice, pour protéger son élève Philippos. Obligé de participer à la mystification organisée par Nikanor et Polynice, il trouve alors Alix et sa mission bien encombrants, mais ils se réconcilieront une fois les comploteurs éliminés.
Ptolémée XIII : comme on l'a vu dans « le contexte », le jeune roi n'est guère plus qu'un pantin dans les mains de ses conseillers. Ici, on n'en voit qu'un, mais ce n'est pas mieux pour le souverain qui risque de ne plus l'être longtemps. Ses problèmes immédiats sont de s'assurer des rentrées de fonds substantielles et de se débarrasser de sa sœur-épouse, et voilà qu'on lui propose les eux solutions en une : qui ne sauterait sur l'occasion ? Mais le piège est aussi pour lui...
Nikanor : le rôle politique exact de ce personnage n'est pas précisé : conseiller, vizir ? Le seul Nicanor dont l'Histoire ait retenu le nom était un général syrien qui vivait un siècle plus tôt. Le nom de celui-ci semble forgé d'après le mot grec « niké » ( victoire ), ce qui laisserait entendre qu'il ne s'agit pas d'un Égyptien. Il est dommage aussi que le récit ne nous fasse part que de ses ambitions, mais pas de ce qui les motive et encore moins des origines du personnage. On comprend qu'il a un poste important et et confiance du roi, même si elle est mal placée. Il a aussi bien préparé son affaire d'usurpation du pouvoir : un complice audacieux et qui prend les risques à sa place, une référence illustre, une mise en scène grandiose, le tout au service d'un piège habilement tendu. On est seulement étonné par le manque de moyens apparents en hommes d'armes qui auraient dû grouiller partout : toute l'affaire se résout avec quelques gardes, ce qui est bien peu pour une révolution de cette importance.
Philippos : l'élève de Cristène est légitimement inquiet de l'irruption de ces deux étrangers, fort peu motivés pour les études et dont il ne parvient pas à s'expliquer les objectifs. Après une phase d'observation et d'hostilité plus ou moins avouée, il passe à l'action parce que le Musée a été envahi, rendant ainsi un signalé service à Alix qui lui rend aussitôt la pareille quand il se retrouve prisonnier et menacé d'être exécuté. Ils finiront alliés et réconciliés pour le combat final. On peut espérer qu'après son acte de courage Cristène lui assurera effectivement sa succession.
Polynice : en fait, il n'est que le brillant second de Nikanor. L'Histoire ne dit pas qui percevait les revenus du phare, s'il y en avait ; il était la propriété du roi, comme tout le reste en Égypte. En tirait-il des bénéfices ? Peut-être faisait-on payer une taxe aux navires commerciaux qui pouvaient ainsi se guider sûrement pour entrer au port et rien n'empêchait le roi de le confier à quelqu'un d'autre. Dans ce cas, Polynice devait en tirer de confortables revenus, puisqu'il veut en reprendre pour dix ans, en échange, toutefois, d'un petit service. C'est l'exécutant parfait pour débarrasser le roi de son épouse exécrée, mais il ratera son coup pour avoir misé sur le mauvais chef et avoir visé trop haut. Il faut reconnaître que l'auteur l'a doté d'un physique impressionnant, franchement démoniaque, qui justifie le titre de l'histoire.
Cléopâtre : nous avons vu dans les articles précédents que notre jeune reine ( 19 ou 20 ans au moment de cette histoire ), quand on lui laisse les coudées franches, est plutôt du genre expéditif : ses deux frères et sa sœur seront les victimes de son goût pour le pouvoir. Pour l'instant, elle est étroitement surveillée par son frère-époux, et doit recourir à des stratagèmes pour mettre le nez dehors. Quand on voit que les conseillers du roi proposent de la liquider purement et simplement, on comprend qu'elle préfèrera s'exiler quelques mois pour pouvoir revenir en force. En attendant, même si elle n'a en Alix qu'une confiance limitée, il lui rend quand même dans cette affaire assez de services pour qu'elle lui en soit une fois de plus reconnaissante.
Théognis : c'est le serviteur et l'homme à tout faire de Polynice, dévoué envers son maître et bien renseigné.
Démosthène : ce n'est pas un orateur, mais un sculpteur de grand talent ( la visite de son atelier est un grand moment artistique ) qui agit en toute connaissance de cause au profit d'un candidat usurpateur. Il aurait été intéressant de savoir par quel moyen Nikanor et Polynice le contraignent à travailler pour eux, à moins qu'il n'agisse que pour la seule beauté de son art.
Arsinoé : la jeune sœur de Cléopâtre et de Ptolémée XII est une petite garce qui manipule son frère pour s'assurer la première place, celle de reine que le roi semble lui avoir imprudemment promise. Et elle revient à la charge autant de fois qu'il lui paraît nécessaire ! En revanche, elle ne comprend rien à la scène finale, qui la dépasse, et quant à se débrouiller toute seule, c'est un peu au dessus de ses possibilités !
Conclusion
Une bonne histoire, très bien dessinée, même si elle manque un peu de grands espaces, et bien racontée avec son lot de mystères, y compris ceux qui subsistent à la fin. Il faut se garder de dévoiler tous les ressorts de ce récit plus complexe qu'il n'y paraît au premier abord, malgré quelques raccourcis que le lecteur doit pendre le soin de reconstituer !
Sources : presque toute la documentation de ces articles provient des trois numéros suivants des « Cahiers de Science et Vie » : n° 76 consacré à la ville d'Alexandrie, n° 91 consacré aux 7 merveilles du monde ( et donc au phare ), n° 99 consacré à la fin des Pharaons ( et donc aux Ptolémée ), complétée par le recours au « Dictionnaire de l'Antiquité », de Jean Leclant ( PUF ) et à « L'Histoire du monde » de Jean Duché ( Flammarion ).
La prochaine fois, nous passerons aux romans en commençant par : « Le sortilège de Khorsabad ».
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