En complément de mon billet consacré ce matin à La mine de l'allemand perdu et à la métamorphose graphique du personnage de Blueberry - ainsi que celle des personnages d'une manière générale et des paysages eux-mêmes - voici quelques images qui montrent ce processus. Cela pourrait s'intituler mort et résurrection stylistique d'un héros. Voici tout d'abord les derniers portraits en gros plan du Blueberry "belmondien", avant qu'il en s'engage dans la poursuite des tueurs, de Mc Clure et de Prosit Luckner :
La seconde image est le premier portrait en gros plan de Blueberry après l'effondrement de la galerie de mine dont il sort miraculeusement vivant grâce à un wagonnet sous lequel il s'est abrité. On voit que la métamorphose est déjà accomplie, même si le visage de notre homme est évidemment couvert de poussière, mais il cependant changé :
On le découvre davantage quelques cases plus loin lorsque il émerge de la galerie et tombe sur Crazy et Wally. Il reste encore quelque chose de l'ancienne physionomie, mais celle-ci s'est déjà beaucoup modifiée :
Il faut à Blueberry une seconde mort et résurrection pour que le processus de sa métamorphose graphique s'achève. Elle aura cette fois lieu à ciel ouvert dans le désert :
Sauvé inopinément par Guffie Palmer - à qui il devra bien plus tard une seconde fois son salut dans Angel Face, Blueberry est renouveau représenté en gros plan et cette fois son visage est définitivement devenu celui que Giraud déclinera par la suite, dès Le spectre aux balles d'or qui en fixera le canon. Jusque à Ballade pour un cercueil, Giraud ne lui fera subir que peu de variations, maintenant le canon établi dans La mine de l'allemand perdu. Même les altérations dues à la coupe rase du prisonnier, dans Le hors la loi et Angel Face ne l'écarteront que de manière mineure de cette physionomie qu'on retrouvera ensuite telle qu'en elle-même à partir de Nez cassé. Même dans le dernier cycle, celui de Tomstone, Giraud conservera le même visage, le coiffant parfois de façon différente, selon les circonstances.
Voici donc le premier portrait en gros plan du Blueberry éternel, dans La mine de l'allemand perdu. Il reste à peine une allusion à sa physionomie antérieure, celle qui avait notamment dominé le cycle de la construction du chemin de fer et de la guerre avec les Sioux :
Et voici pour finir le visage de Blueberry dans Le spectre aux balles d'or, où Giraud a simplement accusé l'individualisation nouvelle de son personnage selon le nouveau canon stylistique, effaçant cette fois toute référence possible au modèle belmondien de l'origine :