Angoulême

Je préciserai tout de même qu'à mon sens, Cinquante mille kilomètre par seconde est un très beau livre. Il faut le lire et (surtout) le relire. Il ne me semble pas anormal qu'il soit primé à Angoulême ... mais je n'en aurai pas fait le meillleur album de l'année.

Par rapport à la question du JYB ("Comment se décident les prix dans les festivals ?"), il faut lire un très bel article de Du9 qui a été écrit il y a une année. Il explique comment a été choisi le "Prix du public" à Angoulême en janvier 2010. Cela s'intitule "plébiscite" et cela se trouve à cette adresse.

http://www.du9.org/Plebiscite

Deux remarques s'imposent :
1) Paul à Québec est un très bel album (Totoche en a d'aileurs fait une chronique dans son blog).
2) Personne (ou presque) en France ne l'avait lu au moment où cet album a reçu le "prix du public, et il y avait une bonne raison pour cela : il n'était pas encore distribué en librairie.

A mon avis, c'était une bonne idée de décerner un prix à cet album (d'autant plus que toute la série "Paul" est excellente) mais c'était tout de même une imposture de le distinguer par le "prix du public".

Il y a tant de choses à dire sur l'ensemble de l'attribution des prix et sur l'ensemble des salons qui existent tout au long de l'année. Mais vaste sujet, vaste problème. Il se trouvera toujours des gens pour raconter des exemples frappants qui vont dans un sens, et d'autres dans l'autre sens...

Et je n'ai toujours pas lu Blast !

Honte à toi ! Tu vas cependant pouvoir te rattraper, car on annonce le deuxième album de la mini-série.

Ayant été absent une partie de la journée, je n'ai pas pu poursuivre la discussion sur les mystères de l'attribution des prix dans un salon.
Pour poursuivre sur le prix attribué à la BD Paul à Québec, lors de l'avant-dernier salon d'Angoulême :
- une BD inconnue d'une grande partie du public, réalisée et éditée au Canada, réussit à franchir la barre et à intégrer le lot des quelques albums pré-sélectionnés que le jury va avoir à apprécier (selon ce qu'a raconté Du9 dans un texte tout plein de bons sentiments et d'émerveillement). Si l'album est si inconnu que ça, comment a-t-il pu atteindre cette position, alors que plus de 4000 albums sont sortis l'année dernière ? Peut-être que tout est "clair" et honnête, mais j'aimerais que l'on me raconte le détail des coulisses, ce que "les gens" ne savent pas (la partie immergée de l'iceberg, comme je l'ai dit plus haut). Du9 a raconté ce qui s'est passé au niveau du jury dont il faisait partie. Très bien. Oui, mais en amont, qu'est-ce qui s'est passé ? Je répète : peut-être que tout est "nickel", mais j'aimerais savoir, comme ça.
- Du9 raconte qu'il y a eu un vote préalable par Internet, et que ce vote a été pris en compte. Alors, voulez-vous que je vous raconte les coulisses du vote par Internet à un certain grand salon annuel, ici en France, et ce, deux années de suite, en 2009 et 2010 (ça ne s'est pas passé avant le déluge, d'autant que les votes Internet, ce n'est pas si ancien...) ? En fait, non, je ne le raconterai pas, ça va m'attirer des remarques et peut-être des ennuis, car j'ai des amis et des connaissances ici et là, et si je veux être invité au prochain, j'ai intérêt à rester discret...
Cela dit, l'album dont on parle est sans doute excellent et mérite son prix (je ne l'ai pas lu et ne l'ai même pas vu). Il n'empêche que... j'aimerais connaître son parcours.

Ce qui a "présélectionné" Paul au Québec, je suppose, c'est que l'album appartient à une série (6 albums au moins) qui existe depuis une quinzaine d'années et qui est d'une qualité constante. La série est peu diffusée en France mais elle rencontre un petit succès public au Canada où elle a remporté plusieurs prix. Ce n'est pas du tout une BD intellectuelle, mais plutôt une oeuvre simple, bien dessinée (dans un style ligne claire") et d'inspiration autobiographique qui expose avec finesse la vie personnelle d'un dessinateur québequois. Elle apporte aux canadiens une image malicieuse de leur propre vie et ça leur plait. Les organisateurs d'Angoulême ont probablement tenu compte de tout cela lors de leur choix.

Même remarque que pour Atrabile :
que "pèse" économiquement La pastèque par rapport à Média Participations, Flammarion, Glénat ou Soleil ?
Ces "arrangements" me gêneraient plus si l'enjeu était purement économique.

Je vous conseille vraiment de lire "Paul au Québec".
Je ne me souviens pas d'une BD qui m'ait amené au bord des larmes...
Il mérite selon moi son prix.

Dommage que JYB ne veuille pas en dire plus, maintenant qu'il nous a alléché !

http://www.actuabd.com/Angouleme-2011-la-bande-dessinee,11387

Totoche Tannenen a écrit:Dommage que JYB ne veuille pas en dire plus, maintenant qu'il nous a alléché !

Sur la question des votes par Internet ? Non, je ne dirai rien, mais tous ceux qui s'y connaissent un peu en informatique, sur le fonctionnement d'Internet, etc., peuvent au moins mettre en doute le degré de fiabilité d'un tel vote...
Je précise que je ne mets pas en doute la qualité de Paul à Québec, puisque tout le monde est tombé d'accord pour dire que c'est une excellente BD. Mais vu le nombre de BD excellentes qui sortent dans le monde, pourquoi est-ce précisément elle qui a eu un prix à Angoulême en 2010...?
Vous allez me dire : il en fallait bien une. Certes... Et le Schmilblick n'aura pas avancé...

http://www.citebd.org/spip.php?article2313

https://picasaweb.google.com/metabunkeren/Angouleme2011#

Raymond a écrit:Ce qui a "présélectionné" Paul au Québec, je suppose, c'est que l'album appartient à une série (6 albums au moins) qui existe depuis une quinzaine d'années et qui est d'une qualité constante. La série est peu diffusée en France mais elle rencontre un petit succès public au Canada où elle a remporté plusieurs prix. Ce n'est pas du tout une BD intellectuelle, mais plutôt une oeuvre simple, bien dessinée (dans un style ligne claire") et d'inspiration autobiographique qui expose avec finesse la vie personnelle d'un dessinateur québequois. Elle apporte aux canadiens une image malicieuse de leur propre vie et ça leur plait. Les organisateurs d'Angoulême ont probablement tenu compte de tout cela lors de leur choix.

Je reviens sur ce prix du public remporté en 2010 par l'album "Paul au Québec".

Il vaut la peine de mentionner dans ce sujet cette interview (qui se trouve ICI) dans laquelle Michel Rabagliatti s'exprime en toute sincérité sur sa série, et sur le prix gagné à Angoulême.

Ce point de vue de l'auteur me semble compléter de manière intéressante la discussion que nous avons eue sur cette affaire.

Vous allez dire que j'ai l'esprit mal tourné, mais je lis dans cette interview : "M. Rabagliati : J’ai rencontré 3 ou 4 membres de ce jury-là, ils ont été honnêtes, ils n’étaient pas au fait que ce tome-là n’était pas encore sur les rayons à l’époque." Donc, sur quoi se sont basés les membres du jury pour attribuer un prix à un album qui n'existe pas ? Ils se sont procuré des photocopies ? Mais qui les leur a passées ? S'il n'y a pas manigance...
C'est une autre aberration qui consiste à attribuer à un prix à un livre qui n'existera que dans trois mois, pour la simple raison que tout peut arriver dans l'intervalle, y compris un problème majeur inattendu qui fait que l'album NE SORTIRA JAMAIS. Le jury et le salon d'Angoulême auraient eu l'air malin... De la même façon qu'un journaliste ne va jamais publier un article sur un livre tant que ce livre n'est pas sorti. Ca paraît d'une logique simplissime et implacable (il existe un terme de journaliste pour ça : l'embargo ; tant qu'on n'est pas sûr, on ne sort pas une info ; le sujet est sous embargo, et on le publiera en temps et en heure). Mais cette logique n'habite pas l'esprit des gens à Angoulême pour l'attribution d'un prix...
A moins de considérer que le prix a été attribué à la série existante, soit, ai-je cru comprendre, aux cinq précédents albums à l'époque de l'attribution du prix ? Il aurait fallu le dire, car j'en reste à l'info que le prix a été attribué à un seul album, Paul à Québec, qui, donc, n'était pas encore sorti.
A part ça, dans l'organisation des prix, quels qu'ils soient, tout va très bien Madame la marquise...

JYB a écrit:Vous allez dire que j'ai l'esprit mal tourné, mais je lis dans cette interview : "M. Rabagliati : J’ai rencontré 3 ou 4 membres de ce jury-là, ils ont été honnêtes, ils n’étaient pas au fait que ce tome-là n’était pas encore sur les rayons à l’époque." Donc, sur quoi se sont basés les membres du jury pour attribuer un prix à un album qui n'existe pas ? Ils se sont procuré des photocopies ? Mais qui les leur a passées ? S'il n'y a pas manigance...(...)

La réponse se trouve dans l'article de Du9 dont j'ai donné la référence un peu plus haut dans ce sujet. Le "public était composé d'un jury de 5 personnes qui devaient lire 5 albums présélectionnés par le festival. Parmi ces 5 livres, il y avait bien sûr Paul à Québec, cet album étant déjà diffusé au Canada mais pas en France.

Voilà la référence de cet article qui décrit très bien le processus menant au choix de cet album:

http://www.du9.org/Plebiscite

Les jurés (ce qui est bien différent d'un "public") avaient donc un choix très limité, mais ils se sont prononcé pour une oeuvre qu'ils ont lue.

http://www.actuabd.com/Subventions-bloquees-pour-le

C'est un article qui éclaire un peu mieux le conflit actuel. J'ignorai que la manifestation était sponsorisée à hauteur de 2 millions par les collectivités publiques et que cette somme est touchée par un organisme privé. Le responsable de 9e Art+ est devenu le directeur du festival, et il dicte ses conditions à tous les autres intervenants.

On ne se méfie jamais assez de ceux qui proposent d'apporter de l'argent. L'appât du gain nous empêche presque toujours de déceler le plus simple des pièges.

http://www.charentelibre.fr/2011/03/17/le-conseil-general-plombe-la-tresorerie-du-festival-de-la-bd,1026318.php

Treblig a écrit:http://www.actuabd.com/Subventions-bloquees-pour-le

Intéressant aussi le débat qui suit l'article, avec des échanges impliquant des auteurs.
Intéressants, encore, certains propos dans ces échanges, qui confirment ce que je disais de la "galère" que représente pour les auteurs la participation à un festival avec dédicaces "à la chaîne".

http://www.actuabd.com/La-Cite-Internationale-de-la-Bande

http://www.actuabd.com/Gilles-Ciment-Directeur-de-la-Cite

http://www.actuabd.com/Signe-des-temps-La-5e-Universite-d

http://www.actuabd.com/Universite-d-ete-de-la-BD-d

Treblig a écrit:http://www.actuabd.com/Universite-d-ete-de-la-BD-d

Mouais ...

http://www.citebd.org/spip.php?rubrique176

Une monographie à paraître en octobre qui pourrait bien m'intéresser au plus haut point.

N'étant jamais allé au festival d'Angoulême, je ne suis pas aussi attiré que toi, mais ce livre peut en effet apporter quelques anecdotes intéressantes.