Patrice et moi avons lu
Wendigo.
Voici notre avis commun. Patrice en a publié une version sur le forum Thorgal et je l'ai enrichie par quelques éléments personnels.
Après leurs aventures dans le pays Qâ, Thorgal, Aaricia et Jolan retournent dans leur pays. Notre héros, s'étant opportunément souvenu de la présence de colonies vikings en Amérique du Nord, prend cette route. Sauf que dans cette contrée, une guerre sans merci oppose le Peuple de l'Eau et celui de la Forêt. Chaque tribu se fait aider par "sa" divinité, d'un côté le serpent géant Jörmugang, et de l'autre, le wendigo. Ce dernier se révélant le plus fort, les Indiens du lac décident de recourir à Thorgal car une ancienne prophétie dit qu'une flèche fabriquée à partir de l'arbre de vie et tirée par un archer venu d'ailleurs peut tuer le monstre. Aaricia est donc mortellement contaminée par le serpent et les chamans conditionnent sa guérison à l'aide de notre héros. Flanqué de Tonnerre, un jeune indigène, le viking part rechercher l'Yggdrasil local. Chemin faisant, il découvre que la colonie viking a été décimée par le wendigo et que seule Birkäa, la mère adoptive de son compagnon, a survécu. La jeune femme décide de se joindre au petit groupe. Mais le peuple des arbres a missionné une petite troupe de guerriers, dirigée par un couple, Cotinga et Alapi (?), pour empêcher Thorgal de réussir sa mission...
Duval a concocté une BD de pure aventure, d'
héroïc-fantasy, rythmée par de nombreux combats, entre les hommes, entre les dvinités et entre les hommes et les divinités. L'hémoglobine coule à flot ! Les émotions si présentes dans
Adieu Aaricia n'ont guère leur place ici. Seule subsiste la violence et l'action. Au final, l’intrigue se déroule de manière par trop prévisible. Bien évidemment le wendigo n'a pas l'ombre d'une chance face à Thorgal qui d'ailleurs ne s'arrêtera pas à ce premier succès... Le suspense est donc le parent pauvre d'un album bien avare en surprise, à la seule exception de la surprenante évolution de Birkäa. Quoique les amateurs de romans policiers auront sûrement "flairé" un loup en découvrant qu'elle est l'unique survivante dans un village totalement dévasté...
Thorgal est égal à lui-même, la fusion de caractéristiques très opposées : un super-héros et un père de famille, un combattant et un pacifique. Étrangement, dans cet opus, nous le voyons subir les choix qui lui sont imposés. Et sa finesse n’apparaît qu’à la toute fin. Dans la grande tradition de Van Hamme, nous avons droit à un plongeon infini. Notre héros peut sans souci concourir aux JO dans la catégorie "haut vol" ! Quant à Aaricia, le scénario la cantonne dans un rôle très convenu de future mère. Nous avons ainsi droit au cliché de l'épouse enceinte qui attend le dernier moment pour annoncer sa grossesse à son époux. L'Aaaricia du
Pays Qâ ou de
Louve semble bien loin. Et les guerriers indiens apparaissent bien frustres d'autant plus que Duval se focalise étrangement sur un sens de l’honneur un peu outrancier qui en devient bêta. Cotinga est clairement ridicule. Et la tentative féministe avec Alapi ne m’a pas convaincue. Clairement la greffe d’une « amazone » au Canada prend mal. D’une façon générale tous les personnages manquent de profondeur et de finesse. Des "gros bourrins" en quelque sorte
Le dessin est très bon, dynamique, un peu « gore ». Les paysages et les monstres démontrent la parfaite maîtrise de Rouge. Néanmoins, l’arbre géant, l’Yggdrasil, apparaît bien trop sage. Pour un végétal portant le monde, il semble bien simple.
Et les couleurs douces manquent de personnalité. On eut aimé quelques envolées lyriques comme l'a fait Gaétan Georges dans les planches nocturnes d'
Adieu Aaricia.
La BD manque d’épaisseur. Duval a produit un film de série B, à grand spectacle, qui manque de subtilité et de maturité, avec des émotions très convenues, "adolescentes » oserais-je dire ?
Ce nouvel opus de
Thorgal Saga se situe en dessous d’
Adieu Aaricia, beaucoup plus ambitieux. Le lien avec le corpus créé par Van Hamme et Rosinski apparait bien maigre. En fait
Wendigo a été publié dans
Thorgal Saga mais eut très bien pu être publié dans la série de base. Un tome 13,5 en quelque sorte.
Entre
EE et
EEEEléanore
Accueil
http://www.thorgal.com/le-nouvel-album-de-thorgal/
Planète PD en fait un compte rendu assez honnête.
), mais je suis en revanche conquis par celle de l'édition standard de Corentin Rouge. Elle surprend et tranche du modèle classique des couvertures de Thorgal (ce qui n'est pas forcément absurde pour une collection de one-shots)... J'aime ce gros plan sur le visage de Thorgal, avec cette peinture de guerre qui fait ressortir l'intensité de son regard. 
