Avec
Hong Kong Paris, les époux Charles finissent en apothéose tétralogie
China Li.
Avec l'aide de son "garde du corps", Chou, China Li tente de retrouver son père adoptif, Zhang. Mais l'armée nationaliste a attaqué le repère du caïd et celui-ci s'est réfugié chez un de ces anciens lieutenants devenus seigneur de la guerre. Zhang décède et confie son empire mafieux à sa fille. Celle-ci décide alors de retrouver son fils et sa quête l'amène à Nankin, peu après son occupation par l'armée nippone. Li va être prise dans les massacres japonais et sera une nouvelle fois sauvée par Chou. Elle perd néanmoins la trace de son enfant et finit par s'installer à Hong Kong où elle relance le commerce de l'opium. De nouveaux indices sur le devenir de son garçon et notamment une adoption par une famille américaine conduisent notre héroïne aux Etats-Unis où, de loin, elle elle assiste à la diplomation de son fils. Entre-temps, de nouveaux gangs ont pris le contrôle de la colonie britannique et Li doit prendre le chemin de l'exil. Elle s'installe alors en France…
Ce quatrième opus se veut plus sombre que les précédents et aucune des horreurs de l'invasion japonaise de 1937 ne nous sera épargnée. Aussi, le scénario traite longuement des massacres de Nankin, massacres d'ailleurs toujours niés par beaucoup de japonais contemporains. J'ai d'ailleurs pu le constater lors d'un récent séjour à Tokyo où la guide m'a expliqué que son mari, un historien, interprète la condamnation internationale des évènements de Nankin comme une manœuvre de l'industrie chinoise destinée à freiner les exportations nippones
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Mais la BD va plus loin qu'un simple récit historique. Elle mélange avec talent la petite et la grande histoire, celle de Li et celle de la Chine. Chaque événement de l'une se reflète dans l'autre. Par exemple, après avoir fait la longue marche, Li subira les violences de l'armée du Mikado.
L'ouvrage se veut aussi moral. Nous suivons le parcours âpre de l'héroïne, son chemin vers la criminalité. Et sa déshumanisation s’accompagne de la perte de ses enfants, comme si son nouveau statut de mafieuse l'éloignait de la maternité. Mais la rédemption viendra et avec elle le retour de la famille. L'opposition ou la complémentarité du Yin et du Yang caractérisent parfaitement ces êtres ambigus que sont l’eunuque et sa fille adoptive. Et chacun des deux connaîtra une une vie émaillée de drames et de combats, de joie et de beauté.
Clairement, les personnages constituent le point fort de la tétralogie. Et ce nouvel opus apportent son lot de merveilles à la comédie humaine des Charles. Nous découvrons ainsi un Général Chrétien qui baptise ses soldats à la lance incendie ! Et puis, les auteurs introduisent John Rabe, un sympathisant nazi, le "Schindler" local, dont l'action va sauver la vie de milliers de chinois. Côté sombre, l'officier japonais Azaka viole les femmes de Nankin. Un petit dossier à la toute fin de l'ouvrage détaille la vie des personnalités ayant inspiré les auteurs.
Les dessins sont toujours aussi excellents, en couleur directe, avec de nombreuses vignettes géantes de la taille d'une page.
EEEEEléanore