Joel Alessandra et les voyages

Il est temps d'ouvrir un sujet dédié à ce dessinateur ! Il est peu connu mais il m'a donné beaucoup de plaisirs de lecture !



J'ai déjà écrit divers commentaires d'albums consacrés à ce dessinateur au style élégant, qui travaille beaucoup avec l'aquarelle. Ils sont hélas dispersés dans les sujets du forum et je les rappatrierai si j'y arrive.

J'avais découvert Alessandra grâce à Lady Whisky, touchante histoire d'une tournée nostalgique en Ecosse à la recherche d'un arôme perdu. La fiction s'inspirait bien sûr beaucoup de la réalité.



Le thème du voyage s'imposait encore plus dans Errance en Mer Rouge, un livre que j'avais emprunté par hasard à la bibliothèque. le voyage est un des thèmes dominants de son œuvre.



L'autre thème important de ses BD, ce sont les femmes qu'il décrit souvent avec empathie. A Fleur de Peau est un de ces livres-là, qui est consacré à une jeune fille malade de la neurofibromatose. C'est en fait une œuvre de commande, mais l'élégance du dessin d'Alessandra lui permet de sortir de la banalité.



Et puis il y a eu en 2020 les Voyages d'Ibn Barutta, dont j'ai dû normalement parler dans "Je viens de lire". C'est à la fois une BD historique et un récit de voyage (encore). J'en garde le souvenir d'un livre très beau !



Les discussions à son sujet sont devenus presque introuvables avec le temps ... alors il est temps de les rassembler !  

Deux albums de Joel Alessandra sont sortis cet automne. Il y en a un qui est consacrés aux femmes excisées et ce n'est pas la première BD consacrée à ce sujet (on se souvient surtout de l'album de Christophe Simon). Cette première nouveauté s'intitule la Force des femmes et je ne me souviens pas de l'avoir vue en librairie. 

 

Le second album se passe en Thaïlande et il s'intitule Taï Dam traverser le Mékong. 



C'est un livre semble-t-il autobiographique qui joint à la fois le plaisir du voyage (en image) et un hommage à sa compagne qui est thaïlandaise. Les pages dessinées à l'aquarelle sont comme d'habitude d'une douceur séduisante.



Didier Quella-Guyot présente avec beaucoup d'éloges et de tendresse ces deux nouveautés !

Mali, Thaïlande, Vietnam… avec Joël Alessandra ! | BDZoom.com

Et bien sûr, ce sont des titres que je en vais pas manquer.  

Le critique d'Auracan apprécie lui aussi beaucoup Taï Dam Traverser le Mékong ! il semble que ce livre soit riche en émotions !



La critique se trouve à cette page :

Critique d'album : Taï Dam. Traverser le Mékong, par Joël Alessandra (Steinkis) (auracan.com)

Décidément, tous les webzines disent du bien de Tai Dam. C'est au tour d'ActuaBD de vanter les qualités de cet album !



Je ne vais probablement pas manquer cet album mélancolique !  

Taï Dam, Traverser le Mékong - Par Joël Alessandra - Steinkis - ActuaBD

J'ai retrouvé mon billet au sujet des Voyages d'Ibn Battuta, qui se trouvait dans "Je viens de lire". Je le rapatrie dans ce sujet.

J'ai lu ce week-end les Voyages d'Ibn-Battûta, un album dessiné par Joël Alessandra, et c'est vraiment très beau.



J'avais apprécié il y a quelques années son album Lady Whisky et j'espérai y retrouver la même intensité. Ce livre-là est un peu différent car c'est avant tout un carnet de voyages, qui est de plus complètement reconstitué car Ibn-Battûtat est un juge arabe qui a vécu au XIVème siècle. Ce dernier a écrit le récit des ses nombreux voyages (ou faut-il dire errances ?), en mélangeant le récit de ses périples avec des éléments beaucoup plus imaginaires. Les images de l'album ont en fait été recréées par Joel Alessandra, qui est lui-même un grand voyageur, et qui s'est inspiré de l'aspect actuel des sites afin d'imaginer comment ils pouvaient être au Moyen-Âge. Le résultat est assez bluffant.



Le manuscrit médiéval a été traduit et adapté par Lotfi Akalay, un intellectuel marocain passionné par Ibn Battûta. Il est malheureusement décédé avant que ne paraisse cette BD et une postface du livre lui rend un vibrant hommage. Il m'est difficile de juger de la qualité de son travail mais il semble avoir bien respecté certains traits de caractère du grand voyageur médiéval. Il en résulte sinon une intrigue savamment désorganisée, à l'image des pérégrinations d'Ibn-Battûta que se succédaient selon l'inspiration et les envies du moment. Ce n'est donc pas du tout un récit d'aventure, mais plutôt un livre sur lequel on peut rêver, ou admirer des paysages qui ne sont qu'à moitié imaginaires.  



Ce n'est pas un "must", avouons-le, et l'œuvre n'est pas aussi réussie que Lady Whisky (à mon goût), mais c'est un livre qui nous fait découvrir l'islam de l'intérieur et qui peut-être propice à certaines rêveries, tout en admirant ses images.


Signalons au passage que Didier Quella-Guyot vient d'écrire beaucoup de bien sur cette nouveauté :

http://bdzoom.com/157635/actualites/voyages-voyages-de-tanger-a-pekin/

Et voici la réponse d'eleanore dans le même sujet, sur les Voyages d'Ibn Battûta !

Je viens de finir l'ouvrage   .

Outre les points mentionnés par Raymond, j'y vois une exploration du monde musulman du 14ème siècle. A l'instar de Marco Polo, le voyageur se voit confier des missions diplomatiques par les sultans des royaumes traversés. Les déplacements sont lents, incitant à la réflexion. Et quelques contes émaillent le passage d'un pays à un autre. Les affabulations du héros sont aussi discrètement évoquées à travers ses propos sur les pyramides égyptiennes coniques.
Les vignettes (des aquarelles ?) sont magnifiques et illustrent les différents voyages du héros, comme le feraient des cartes postales. Ibn Battûta était peintre et Alessandra met ses pas dans celui du voyageur en reproduisant des paysages et des monuments somptueux. Les couleurs sont de toute beauté, fortes sans êtres criardes, chaudes pour les extérieurs et rafraichissantes pour l'intérieur des palais. Elles contribuent fortement au plaisir de la lecture. Notons à ce sujet que le dévot Ibn Battûta ne suit pas les préceptes de sa religion car la tradition de l'islam proscrit la peinture par trop réaliste. Mahomet aurait en effet déclaré que Les anges n’entreront pas dans une maison où il y a un chien, ni dans celle où il y a des images. Et ce propos a été retranscrit dans des recueils sacrés, les hadîths. La fin de l'ouvrage est donc très "morale" !

Par contre, le récit d'Ibn Battûta est clairement antiféministe car la femme y est regardée quelques instants, épousée rapidement, "collectionnée" et "rangée" dans un harem, répudiée encore plus rapidement, et enfin présentée comme une nymphomane. Le sort de la gente féminine est d'ailleurs identique, que ce soit au Moyen Orient, dans le sous continent indien ou encore dans la lointaine Cathay. Faut-il replacer cette vision dans le contexte de l'époque ou alors s'étonner du choix du scénariste "d'enfoncer le clou" là ou "le bât blesse" ? Après tout le voyage en Inde est survolé en quelques pages alors qu'il représente une importante partie du récit original.

En conclusion, je vois dans cette BD une plongée ethnographique, géographique et géopolitique dans un monde aujourd'hui disparu mais dont l'idée fait encore rêver (https://fr.wikipedia.org/wiki/Panislamisme).

Eléanore

Un autre album de Joel Alessandra est sorti récemment. Il s'intitule On la trouvait plutôt jolie et c'est une histoire policière. Cette BD est adaptée d'un roman de Michel Bussi.



Cela fait beaucoup d'albums à la fois, mais apparemment la qualité est au rendez-vous ! Planète BD attribue en tout cas le Bédien d'Or à ce dernier album :

On la trouvait plutôt jolie, bd chez Michel Lafon de Bussi, Alessandra (planetebd.com)

J'attends toujours l'arrivée de Taï Dam, que mon libraire a commandé, et je me contente pour l'instant d'en lire les critiques.  



Planète BD en dit en tout cas du bien, même si ce n'est pas la note maximale !

Taï Dam, bd chez Steinkis de Alessandra (planetebd.com)

ActuaBD commente On la trouvait plutôt jolie, l'autre nouveauté de Joël Alessandra qui est arrivée cette automne.



Pour le critique, cette adaptation d'un roman de Michel Bussi est agréable à lire :

On la trouvait plutôt jolie - Par Joël Alessandra -Edition Michel (...) - ActuaBD

Je rapatrie la chronique de Taï Dam, que j'avais mise dans "Je viens de lire".     

 Joël Alessandra est un dessinateur qui voyage beaucoup et il a créé de nombreux albums en fonction de ses souvenirs de voyages. Taï Dam est une œuvre qui s'inscrit totalement dans cette lignée, mais c'est en plus une BD qui rend hommage à sa compagne d'origine vietnamienne. Il s'en dégage pour cette raison une séduction inhabituelle, qui associe à la fois l'émotion et la vérité.



Marijah est le nom de la compagne de Joël Alessandra et elle est originaire du Taï Dam, une région montagneuse au nord du Vietnam. Elle fait de la peinture et c'est peut-être elle qui est la véritable artiste du couple. Marijah ne sait pas grand chose de ses origines et Alessandra l'encourage à découvrir une fois les lieux de sa petite enfance.



Puis après en avoir parlé avec ses parents, Marijah finit par accepter l'idée de ce voyage. Le couple part donc vers l'Indochine et leur exploration commence à Bangkock. De là, ils partent pour le Laos où se trouvent de nombreux vietnamiens originaires du Taï Dam.



Il n'y a en fait pas de grande aventure dans ce voyage, mais simplement une suite de rencontres qui vont assez vite révéler à Marijah la vérité de ses origines. Et pour raconter cela, l'auteur n'utilise aucun effet romanesque. L'intensité des émotions de l'héroïne est suffisante pour donner à ce livre une atmosphère de bonheur.



Les souvenirs de la Guerre du Vietnam, qui ont poussé les parents de Marijah à émigrer vers la France, sont également évoqués à plusieurs reprises mais pas d'une manière politique. Alessandra ne prend pas position pour un camp et il s'intéresse surtout au sort des individus qui se sont retrouvés pris dans la tourmente. Il n'a au fond pas tort car on dit souvent que dans une guerre, il n'y a que des perdants !



Et à la fin de leur traversée de l'Indochine, les voyageurs partent pour le Taï Dam, enfin ! Je ne vous dirai pas ce qu'ils y découvrent mais tout ce qui est raconté est vrai, bien sûr !



Ce qui frappe d'abord le lecteur dans cet album, c'est bien sûr le dessin rapide et enlevé de l'auteur. Le trait se limite souvent à de simples esquisses mais il est tout à fait suffisant pour donner corps au spectacle et aux réalités du voyage. L'utilisation de l'aquarelle permet par ailleurs d'ajouter aux images toutes les nuances qui sont nécessaires pour leur donner du sens, que ce soit pour exprimer l'émerveillement, le drame, la beauté ou la douceur.



Et ainsi, sans en avoir l'air, avec un simple récit de voyage, l'auteur parvient à nous transmettre une belle gamme d'émotions. En fait, cette bande dessinée est intéressante (et belle) parce qu'elle exprime avec justesse une étonnante vérité. Toutes ses personnes que les voyageurs rencontrent sont présentées avec délicatesse et empathie. Et malgré la modestie de leur condition, sans oublier leur vie difficile, ces simples vietnamiens gardent une authentique gentillesse et une belle dignité. ils donnent ainsi une belle leçon aux durs et réalistes européens que nous sommes.

J'ai bien aimé cette leçon !   

EEEE

Les voyages peuvent être imaginaires ! Telle est l'idée du Voyageur, une BD de Joel Alessandra et Théa Rojzman.



Les auteurs racontent l'histoire d'un français moyen qui est littéralement aspiré par le tableau de la Joconde, dont il va découvrir l'univers.



Didier Quella Guyot présente cette intéressante curiosité !

http://bdzoom.com/185315/actualites/toscane-quand-tu-nous-tiens%e2%80%a6/

Planète BD parle aussi d'un façon positive du Voyageur, qui est publié par Daniel Maghen et que je n'ai pas encore vu en librairie.



Il faudra que je m'y intéresse ! La critique est sur cette page :

https://www.planetebd.com/bd/daniel-maghen/le-voyageur/-/50932.html

J'ai fini par lire le Voyageur, car le scénario attisait ma curiosité.

C'est un bon album, qui se lit agréablement mais l'ensemble reste un peu léger. Je ne regrette pas mon achat et le plaisir visuel est par moment indiscutable, mais cen'est pas une lecture dont je vais faire une chronique interminable.

Par contre, je recommande toujours beaucoup Taï Dam, traverser le Mékong.

ActuaBD fait une critique honnête du Voyageur, positive mais sans être dithyrambique.

https://www.actuabd.com/Le-Voyageur-Par-Thea-Rojzman-et-Joel-Alessandra-Editions-Daniel-Maghen

La Namibie est une région peu connue du monde et c'0était l'occasion pour Alessandra de réaliser un nouvel album de voyage, sur un scénario de Didier Quella-Guyot. Le livre est une fiction qui s'intitule Les amants de la Terre-sans-nom et qui raconte une histoire d'amour se passant au début du XXe siècle.



Le dessinateur est tout à fait dans son élément.



BDZoom présente cet album intéressant et interviewe brièvement les auteurs.

https://www.bdzoom.com/189991/interviews/une-romance-improbable-dans-une-terre-sans-nom-mais-pas-sans-histoire%e2%80%a6/