Bonjour à tous
L'année 2021 fut riche et foisonnante. A la différence de 2019 et de 2020, où
Les indes Fourbes et
Peau d'homme s'étaient imposés et avaint cumulés les prix, aucun ouvrage ne semble avoir transcendé la diversité des goûts.
Mes choix peuvent donc surprendre même s'ils restent très consensuels. De plus, je n'ai pas pu m'empêcher de retenir quelques valeurs sures comme
Undertaker ou
Blacksad .
Voici donc mon écot au sujet :
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Ballade pour Sophie de Cavia et Melo, une BD bouleversante sur la musique, sur la jalousie, sur la seconde chance, etc. Et cerise sur le gâteau, la fin est heureuse
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Undertaker n°6 - Salvaje, de Dorison et Meyer. Les auteurs avaient mis la barre très haut dans le tome 5. Et bien, ils ont été fidèles au rendez-vous avec une fin de diptyque encore plus épique, encore plus folle, encore plus belle.
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Oleg de Peeters. Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un album de rentrer dans ma bibliothèque (
). Et
Oleg a triomphé de tous les obstacles. Je l'ai lu à la FNAC, et l'ai beaucoup apprécié. Quelques semaines, j'achetais l'album mais finis par douter de la qualité du livrer. Je le donnai alors à une amie. Et puis, le temps a fait son œuvre. Et le souvenir de l'ouvrage a bien vieilli au point que je l'ai racheté ! Cette BD est un hymne à la vie, à la vie familiale en premier lieu, mais aussi à une vie simple loin des turpitudes de l'hyperconnexion. C'est en quelque sorte la mise en scène de l'Eden.
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Blacksad n°6 - Alors, tout tombe, de Canales et Guarnido. Disons le tout de suite, Guarnido est un des plus grands dessinateurs du moment. Et les huit années écoulées depuis
Amarillo ont permis à Canales de retrouver son souffle pour nous donner un superbe opus. Et puis, je me sens un peu new-yorkaise alors mon cœur bat la chamade quand on parle de cette ville.
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Sur un air de Fado de Barral. Ah, Lisbonne ! Les promenades dans le quartier de l'Alfama. Les petits cafés où l'on peut déguster un délicieux pasteis de Nata. La proximité de Fatima avec cette religiosité puissante qui vous emporte comme un torrent. Et les concerts de Fado entre 2h et 3h du matin. Les azulejos qui enchantent le regard. Bref, vous l'avez deviné. Je ne puis pas être objective quand il s'agit de cette ville. Et Barral a compris l'âme portugaise, cette mélancolie douce-amère.
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L'étreinte de Jim et Bonneau. Voilà une BD mal aimée, à peine remarquée par les critiques. Et pourtant quel hommage à l'Art et quelle prodigieuse mise en scène de la fin de vie. L'importance accordée à l’œuvre de Dalí m'a beaucoup fait penser à un message de Draculea sur la
Tentation de de Saint-Antoine :
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Sangoma, les damnés de Cape Town, de Ferey et Rouge. L'envie de lire cette BD m'est venue de Murikami. Quelle souffle ! Quelle violence ! Quelle plongée dans l'horreur ! Et pourtant, rien est désespéré. Ainsi, les couples de Jacob et de Savela incarnent l'union parfaite. Tandis que les différentes coéquipières du lieutenant Shepperd font beaucoup rire. Un beau paradoxe, n'est-ce pas ? Et la peinture sociale est terriblement crédible tout en étant d'une dignité sans pareil. Enfin, la scène finale devant la tombe est bouleversante et fait splendidement écho au regard échangé entre Nelson et Eva quelques pages avant. Cependant tout n'est pas parfait et je regrette notamment que la place des femmes dans l'intrigue. Le scénariste nous offre un choix terriblement restreint entre une adolescente en révolte, une propriétaire terrienne dure et une géante grognonne
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Un océan d'amour de Lupano et Panaccione. Et non, je ne me trompe pas. Cette BD fut publiée en 2014 et n'aurait pas dû être mentionnée. Mais j'ai apprécié la légèreté de
Quelqu'un à qui parler, du même dessinateur. Et, grâce à Raymond, j'ai découvert bien mieux. Un ouvrage massif et détaillé, tendre et cruel, écologiste et humoristique, grave et léger. Bref, c'est une perle que j'avais laissée filer. Et elle prend donc légitimement la place de l'ouvrage du même dessinateur paru en 2021.
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Le serpent et la lance n°2. Hub nous plonge dans un polar aztèque. Le dessin est extrêmement riche et nous fait découvrir la vie quotidienne de cette sanglante civilisation précolombienne. La narration sur deux fils temporels est d'une grande habileté. Là encore, la place accordée aux héroïnes est vraiment mineure. D'un autre côté, c'est une réalité historique incontournable.
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Sous les galets la plage de Rabaté. La BD est une belle critique sociale et porte haut les couleurs des mouvements post-soixante-huitards. On peut ne pas être d'accord (c'est mon cas) mais on ne peut qu'admirer l’honnêteté intellectuelle du scénariste. Les amateurs de la nouvelle vague, de Godard notamment, y retrouveront leurs petits.
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Le Spirou d’Emile Bravo - L’espoir malgré tout – t.3 de Bravo. Alors que les mouvements populistes tiennent le haut de l'affiche en France, que les États-Unis et le Royaume-Uni ont ou connaissent des pouvoirs démagogues, que les complotistes de tout bord affichent ouvertement des croyances malsaines et fausses (les antivax étant le dernier mouvement en date mais il y en aura d'autres), que la Russie et la Chine témoignent de l'excellente santé des dictatures, il est plus que jamais nécessaire de ne pas oublier ce qui s'est produit entre 1933 et 1945.
Faire un pronostic sur le futur lauréat du prix est difficile. Néanmoins, je pense que
Les juges intègres pourraient s'imposer en raison de l'originalité de son thème et puis nous sommes sur un forum dédié à Jacques Martin
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Eléanore