Planches disparues des albums de BD

Alors, je possède l'intégrale Valhardi en question et c'est bien la version complète de 59 planches (et non 58) qui y figure. Ci-dessous, le petit texte explicatif qui la précède :

Je possède aussi l'intégrale Valhardi, de même que l'album retouché des Etres de la Forêt publié pendant les années 80. Je peux donc faire des comparaisons entre les deux éditions.

Commençons avec le texte ! Il y a énormément de corrections dans l'édition de 1980, qui vont dans le sens de rendre les dialogues et les récitatifs plus concis et plus clairs. Ces modifications ont été introduites dans la majorité des images.

Voici un petit exemple avec le bas de la page 3 ! Voici d'abord la forme originale de cette demi-planche, que l'on trouve dans l'intégrale.



Et voici maintenant la même séquence dans l'album des années 80 :



L'histoire ne change pas, ni bien sûr le sens des textes, mais tout est un peu raccourci et adapté

Passons maintenant aux planches !

Dans l'album de 1987, seules les 41 premières planches de l'histoire ont été rééditées. Pourquoi un arrêt à la planche 41, au lieu de 44 ou 46 ? Tout simplement parce que l'aventure semble se terminer à ce moment-là. Valhardi et ses compagnons sont effet "sauvés" par un camion qui vient les chercher au milieu de la jungle, après un incendie qui avait détruit le temple où se cachaient les bandits. La moment pouvait être logique pour terminer l'histoire et l'imprimeur a ajouté la mention "fin de l'épisode" en bas de la planche.



La planche 42 (qui vient de l'intégrale) semble au départ confirmer que tous les bandits sont bel et bien morts, puisque Valhardi et ses amis sirotent tranquillement une boisson dans un bistrot de Bangkok. Les personnages semblent faire du tourisme.



Puis l'intrigue redémarre à la page 43. En fait, les bandits ne sont pas morts et ils vont attirer Valhardi et ses amis dans un piège. C'est le point de départ de la seconde partie de l'aventure et elle va se prolonger sur 18 pages.



Je ne vais pas vous montrer tout le reste, puisque le tome 3 de l'intégrale est encore disponible dans le commerce !  

Surprenant comme ces planches ressemblent à celle du 5ème buck danny , dans les griffes du dragon noire
Un trait très similaire , mais je pense que eddy paape devait sans doute aider victor Hubinon en cas de retard
Merci pour ces planches

Je ne découvre qu'aujourd'hui l'histoire de cette demi-planche extraite de l'album "Un trône pour Natacha" qui fut réalisée en 1977 afin de remplacer les strips 2 et 3, jugés trop violents, de la planche initialement publiée dans le Journal de Spirou n°1902 de 1974, ci-dessous.


La demi-planche originale est à découvrir ici :
https://www.2dgalleries.com/art/un-trone-pour-natacha-154404

Bravo ! C'est une substitution que je n'avais jamais remarquée !   

Walthéry avait un dessin énergique, en ce temps-là ... 

Excellent

En parcourant ce sujet, je me rends compte que je n'ai pas parlé des planches disparues de l'île aux Perles, le 3ème tome de l'Epervier bleu. C'est une série légendaire de Sirius qui a été dessinée dans Spirou à la fin des années 40 et au début des années 50, et que j'aime relire de temps en temps.



A cette époque, les dessinateurs ne "prévoyaient pas l'album" et il ne faisaient donc pas attention au nombre de pages qu'ils faisaient. Et quand était venu le temps de publier l'album, l'éditeur n'hésitait pas à tailler dans le vif !

Et c'est ainsi que dans l'île aux Perles, l'éditeur Dupuis n'a pas hésité à enlever un bloc de 6 planches, rien que ça ! Bon, il faut admettre que la coupure n'était pas faite au hasard, et que l'épisode supprimé n'était pas tout à fait indispensable, mais en lisant l'album pendant les années 60, je m'étais rendu compte qu'il y avait une transition que ne fonctionnait pas bien à la page 52. Eric et Larsen y font en effet allusion à des coupeurs de tête, présents dans les 6 pages supprimées, et leur dialogue perd tout son sens.

Voici une page de cet épisode disparu !



Mais dans l'album suivant, intitulé les Pirates de la Stratosphère, j'ai fait quelques années plus tard une stupéfiante découverte ! Comme cette quatrième aventure est assez courte (elle fait 36 pages), l'éditeur a eu l'idée de faire réapparaître les 6 planches disparues. Et c'est ainsi que j'ai découvert tardivement cet "épisode des coupeurs de têtes" de façon isolée, absolument hors de son contexte, dans un album qui racontait par ailleurs une étrange histoire spatiale.



Qu'est-ce que l'on bricolait en ce temps-là !  

Je découvre ce topic seulement maintenant, bizarre que je ne l'aie pas vu avant.
Très intéressant, tout ça. Raymond dit ci-dessus : "Qu'est-ce qu'on bricolait en ce temps-là !" mais je dirais plutôt (dans certains cas, car d'autres cas sont admissibles à défaut d'être vraiment justifiés) : "Qu'est-ce que les éditeurs se fichaient de leurs lecteurs...!".

Au sujet des strips manquants au début de l'album unitaire de Tanguy & Laverdure Baroud sur le désert, dont il est question dans la page 2 de ce topic, je signale que tout est montré et réunifié dans l'intégrale Tanguy n°6 de 2016. Il n'y a que là à ma connaissance qu'on peut lire l'histoire entière, telle qu'elle a paru à l'origine dans Pilote. Il me semble qu'un précédente intégrale (que je n'ai pas) a présenté les strips manquants, mais là c'était du bricolage mal fait... Il vaut mieux lire l'intégrale 6 de 2016.

Au sujet de l'anecdote des deux albums de L'Epervier bleu, citée précédemment par Raymond, où 6 planches avaient été retirées de l'un pour être placées, comme un cheveu sur la soupe et sans explications, dans l'album suivant, surtout pour "boucher un trou" : cela me rappelle (mais en pire) l'album de Barbe-Rouge Le roi des sept mers, dont une quinzaine de planches de la fin ont sauté (faute de place pour faire un album de 46 planches et pas une de plus), pour être replacées dans un autre album, mais... 20 ans plus tard ! Et alors que bien d'autres albums ont été publiés dans l'intervalle... Arnaque supplémentaire : l'album unitaire Le roi des sept mers se termine par une mention disant qu'on suivra la suite des aventures de Barbe-Rouge dans l'album Le fils de Barbe-Rouge. Ce n'est pas faux, sauf que cet album est une nouvelle aventure, et pas la suite du Roi des sept mers... L'album de complément sorti 20 ans plus tard s'intitule Le jeune capitaine. A noter que pour mettre à la fin du Roi des sept mers la mention, en gros, de l'album à suivre, il a fallu supprimer des images... Quant à l'album Le jeune capitaine, il ne donne strictement aucune explication. Aucun lecteur qui tombe sur cet album ne comprend pourquoi une aventure commence "bille en tête" en pleine action, sans résumé, sans rien... Si tout ça, ce n'est pas se f... de la g... du monde...
Heureusement, tout est rétabli dans les intégrales Barbe-Rouge correspondant aux deux premières aventures de la série : l'intégrale 1 de 1992 et l'intégrale 1 de 2013...

Bravo !   Je n'avais plus pensé à ces pages importantes qui font le lien entre le Roi des 7 Mers et le Fils de Barbe-Rouge.  

D'ailleurs, si on ne les a pas lu, on ne comprend pas bien le début du "Fils de Barbe-Rouge". Cela avait été en tout cas mon cas en lisant l'album à la fin des années 60.

J'avais plus tard acheté le tome 1 de "l'intégrale Barbe-Rouge 1992" pour avoir ces pages. Je vais le ressortir de la cave.  

Comme je connais bien l'oeuvre de JM Charlier, je connais toutes les coupures qui ont été faites dans les BD dont il a écrit le scénario. C'est assez frustrant et énervant à la fois de voir ce qui a été fait par tel et tel éditeur, en se moquant des auteurs (tant le scénariste que ses dessinateurs, auteurs de planches ou de strips qui seront supprimés lors de la publication en albums).

C'est énervant aussi quand, pour montrer l'intégralité d'une BD telle qu'elle a paru à l'origine dans un journal, un éditeur publie les bouts manquants, mais à part, dans un dossier au début d'une intégrale (comme ce qu'a fait Dupuis avec les Buck Danny ; voir en particulier l'épisode X-15, mais pas que). Pour une raison que j'ignore - mais que j'imagine : par facilité et par économie -, cet éditeur ne pense pas à réintégrer les bouts manquants dans le récit lui-même ; non, il le fait à côté, ce qui oblige le lecteur à aller du début de l'intégrale à la partie du récit où auraient dû se trouver les bouts manquants, et à passer d'une partie à l'autre de l'intégrale, dans un va-et-vient de pages.

Et encore : ça, c'est quand Dupuis pense à présenter les bouts manquants. Car parfois, il ne dit rien. Par exemple, dans les albums reprenant les récits des Jacques Le Gall dans Pilote, combien de pages ou de strips manquent, mais on n'en sait rien car les albums sont muets à ce sujet (du moins, les lecteurs qui découvrent pour la première fois les histoires grâce à ces albums ne savent pas comment elles étaient à l'origine ; pourtant, parfois, il y a des "charcutages" qui se voient...).

C'est idiot aussi quand une BD est republiée dans un support qui permettrait de publier l'intégralité des histoires, mais qui ne le fait pas. Par exemple, la BD de la série Blueberry Général Tête Jaune a été publiée dans les pages du quotidien Ouest-France pendant à peu près six mois, de janvier à juin 1974. Ce n'était pas compliqué d'ajouter quelques jours de plus à la parution pour permettre de présenter les strips manquants dans une publication intégrale des planches. Eh bien, non ; Dargaud a fourni à Ouest-France les films de l'album, avec l'équivalent d'une planche et demi en moins dans le début... Les planches entières ont finalement reparu dans l'intégrale Dargaud des années 2010 (une intégrale qui, du coup, porte bien son nom, car les histoires sont publiées vraiment intégralement...).

J'ignorais que certaines bandes (ou planches) avaient disparu de l'album pour le Général Tête Jaune. En connais-tu les références précises ?

Sinon, pour le Roi des Sept Mers, le manque était beaucoup plus évident pusque l'éditeur avait enlevé 31 dernières planches, eh oui ! On ne pouvait s'empêcher de le remarquer parce que l'album des années 60 se terminait au beau milieu d'une aventure inachevée, de cette manière :



Sur ce coup-là, Charlier et Hubinon n'avaient pas pourtant fait d'erreur puisqu'ils avaient réalisé deux histoires en 62 planches. Manque de bol, Dargaud n'acceptait de publier que des albums de 46 planches. Il y avait donc un gros surplus qui a complètement été abandonné pendant presque deux décennies. Et dans ces 31 planches, Eric arrivait sur une île où il pouvait enfin se ravitailler et il y avait ensuite toute une aventure. Il finissait même par rencontrer Barbe-Rouge, qui ramenait ensuite Eric en France, et c'est pour cette raison qu'au début du "Fils de Barbe Rouge", on voit le héros qui galope en terre bretonne.

La véritable dernière planche de "Roi des Sept Mers" (ou plutôt du Démon des Caraïbes tome 2) est donc celle-ci (je l'ai un peu rapetissée). Le "Capitaine sans Nom", c'est le titre initial de l'histoire remplacé ensuite par l'appellation "Fils de Barbe-Rouge", quand l'album a été publié.



La vraie fin de l'histoire du "Roi des Sept Mers", je l'ai en fait découverte au début des années 80, lorsque Dargaud (davantage poussé par l'appât du gain que par le remord ) décida de publier les 31 planches disparues dans un album indépendant intitulé le Jeune Capitaine. Et pour combler la place qui restait dans l'album, l'éditeur y a ajouté deux courtes histoires parues dans le Pocket Pilote. Rien ne se perd, quand on le veut bien !   



Mais le must, c'est bien sûr de pouvoir lire l'histoire tout entière d'une façon logique ! Et c'est pour cette raison que je n'ai pas hésité pendant les années 90 à acheter le tome 1 de l'intégrale Barbe-Rouge. qui avait en plus quelques bonus intéressants. L'erreur était enfin réparée.

Raymond a écrit:J'ignorais que certaines bandes (ou planches) avaient disparu de l'album pour le Général Tête Jaune. En connais-tu les références précises ?

Voilà ce que tu as raté (pourtant, il y a des intégrales à ne pas rater, chez Dargaud, pour avoir l'intégralité des planches de Tanguy, Barbe-Rouge et Blueberry). Ici, la double page complète (planches 1 et 2) de Général Tête Jaune, dans l'intégrale Blueberry n°4 de 2016 :


Et voilà un recadrage dans la grande image de la planche 1 :