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Références et monographies d'auteurs

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Raymond

Raymond
Admin

Dessinateur pendant 11 ans la série Spirou et Fantasio, Jean-Claude Fournier n'a pas vécu une carrière facile. Il était sensé faire mieux que le génial Franquin en dessinant Spirou, et c'était clairement une mission impossible. Après avoir été renvoyé en 1980 par Dupuis (soit neuf albums plus tard), il a repris une œuvre personnelle qui s'est révélée aussi surprenante que diverse, passant de la poésie (Bizu) à l'horreur (Les Crannibales) puis au réalisme (les Chevaux du Vent). Son travail échappe à toute classification et, dans le fond, Fournier a été une sorte d'aventurier de la bande dessinée.

Organisateur de festival (le Quai des Bulles) et adoré par le public (en particulier les bretons), Fournier a donné de nombreuses interviews pour les fanzines. Les livres qui le concernent sont en revanche très rares et les critiques l'ont clairement négligé. Et pourtant, ce dessinateur gagne à être connu.

Lorsque je cherche dans la bédéthèque d'éventuels ouvrages critiques à son nom, je ne trouve rien du tout. Mais il existe toutefois un livre d'étude consacré à Fournier, et c'est très curieusement une bande dessinée qui prend la forme d'un roman graphique. Écrit et dessiné par Joub et Nicoby, cet ouvrage s'intitule Dans l'atelier de Fournier et il a été publié chez Dupuis en 2013. Commençant avec une longue interview plutôt classique, dans laquelle Fournier s'exprime sans faire de détour, cette visite d'atelier nous fait découvrir un personnage hirsute et sympathique, totalement indépendant et qui reste encore aujourd'hui plutôt original. La visite se poursuit avec la découverte de ses cartons à dessins et de son énorme travail pour la presse provinciale (en particulier Ouest France). Elle se termine avec une contemplation toute simple de ses couvertures de ses albums et en fait, cet album inhabituel et ludique reproduit presque la structure d'une petite monographie, à l'exception du fait que l'image y joue un rôle bien plus important que le texte. C'est aussi une magnifique "BD qui raconte la BD" ... mais nous touchons là un autre sujet !   Wink

références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Fourni10

Sinon, il n'y a presque aucune étude sur Fournier et c'est probablement pour cette raison que Louis Cance s'est senti obligé de lui consacrer le N° 131 de Hop. Constitué d'une interview et d'une bibliographie traditionnelle (faite en 2011), ce journal complète très bien la BD de Joub et Nicoby. Il y manque bien sûr un ou deux petits textes analytiques mais ce n'est pas la spécialité de Louis Cance et l'existence de ce numéro est déjà en soit une consolation. Ce fanzine a en effet toujours répondu présent pour sortir de l'oubli les auteurs méritants.

références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Fourni11

Comme Fournier n'a jamais été une vedette, il est probable qu'il faudra se contenter de ces deux références à long terme. Et dans le fond, il a eu relativement de la chance par rapport à ses autres collègues qui sont apparus dans Spirou pendant les années 60 ... mais on va très vite en parler. Cool


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Raymond

Raymond
Admin

Et me voici déjà à la fin des livres consacrés aux auteurs Spirou des années 60. C'est la preuve (indirecte) que bien peu d'entre eux ont réussi à percer et à devenir "des grands".  deso

Mais pourquoi y en a t-il si peu, à partir des années 60 ? Peut-être parce que que cette génération a été écrasée par les vedettes qui travaillaient déjà dans le journal ? Ou alors parce qu'ils avaient moins de talent ? Ou aussi parce qu'il n'y avait aucun renouvellement du style graphique dominant dans Spirou. Il y a probablement un peu de tout cela.

Et en fait, quand je consulte la longue liste des dessinateurs (ou scénaristes) qui ont débuté pendant les années 60, il ne me semble pas y avoir eu beaucoup d'oublis injustes de la part des critiques. Ces auteurs des années 60 sont souvent des "seconds couteaux", si j'ose dire. Mais parlons tout de même de certains d'entre eux, qui ont longtemps œuvré dans Spirou !

Je commence avec Jidéhem, qui était au départ le dessinateur de Gaston (ce n'est pas rien). Dès qu'il s'est tourné vers ses propres créations, il a dessiné les aventures de Starter, puis de Sophie, et ce sont aujourd'hui des BD très "oubliables". Il n'existe donc aucune monographie à son sujet mais les fanzines se sont tout de même intéressés à lui. Il y a eu par exemple l'Âge d'Or qui a fait une longue interview de Jidéhem il y a une trentaine d'années. Plus récemment, le fanzine Hop N° 154 a publié un beau dossier en 2017 pour faire le bilan de sa carrière, et cela s'accompagne d'une bibliographie qui est probablement définitive.

références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Jidzoh10        références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Jidzoh11

Parlons également d'Arthur Piroton qui avait dessiné Michel et Thierry à ses débuts. Il a rencontré plus de succès avec Jess Long pendant les années 70, mais cela reste quand même une BD de seconde zone. Piroton n'a certainement pas démérité mais la plupart des journaux l'ont complètement ignoré, jusqu'à ce que le Hop N° 106 sorte un petit dossier avec un résumé de sa carrière et une bibliographie. C'était bien le minimum.

références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Piroto11

C'est encore pire pour le sympathique Paul Deliège ! Il avait un humour agréable mais ses séries principales (Bobo et les Krostons) sont toujours restées au second plan dans le journal. Il existe quelques interviews de lui mais elles sont bien difficiles à trouver. Je me souviens surtout de celle de François-Xavier Burdeyron, qui a d'ailleurs publié un livre où l'on retrouve d'autres petits maîtres comme Remacle et Piroton, en particulier.

références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Burdey10

Et j'en resterai là ! Il y a bien sûr eu beaucoup d'autres auteurs pendant les années 60, mais la plupart de ceux qui restent ne m'intéressent pas beaucoup. Je ne vais donc pas vous donner ici une liste interminable de noms et je vous laisse parcourir ce sujet (où il faudra que je remette en ligne des images) :

https://lectraymond.forumactif.com/t460-les-dessinateurs-meconnus-de-spirou-infos-et-interviews-rares?highlight=spirou



Dernière édition par Raymond le Mer 19 Aoû - 16:49, édité 1 fois


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Raymond

Raymond
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Et nous attaquons les années 70 !

Par rapport aux grands dessinateurs qui commencent pendant cette décennie ... il n'y en a vraiment pas beaucoup !  pale  C'est encore pire que pendant les années 60. Le journal Spirou a vraiment connu une période de stagnation et très peu d'individualités émergent durablement à ce moment-là.

La cause principale de ce manque de renouvellement est peut-être une sorte d'académisme qui domine alors le journal. Même si de nombreux membres de la "dream team" ont disparu ou quasiment pris leur retraite, les imitateurs de Franquin et Peyo sont présents sur presque toutes les pages. Peu de dessinateurs se lancent alors avec un style vraiment original, et les rares qui le font n'obtiennent le plus souvent pas de succès.

Corollaire logique de cette constatation, les interviews et les références intéressantes sont peu nombreuses pour les auteurs de cette "génération 70", qui a bien peu intéressé les critiques. Les beaux livres sont encore plus rares, mais j'en ai heureusement trouvé quelques uns.  

Ce sera donc assez court.  Cool


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Raymond

Raymond
Admin

C'est en 1970 qu'apparu dans Spirou la première histoire de Yoko Tsuno. Son auteur se nommait Roger Leloup et ce grand dessinateur de décors était alors très imprégné par le style d'Hergé, chez qui il avait travaillé près de 15 ans. Minutieux et passionné par son métier, Leloup se mit à créer des histoires associant de la science-fiction et des décors hyperréaliste, et il devint d'emblée une vedette du journal Spirou. Pour ma part, je n'étais pas un fan de ses "histoires de vinéens" mais ... j'ai été d'emblée fasciné par les premières aventures terriennes de Yoko, dans lesquelles apparaissait souvent une belle ambiance. Leloup avait en fait son style propre, qui ne devait rien à Franquin ni à Peyo.

Le créateur de Yoko a toujours eu de nombreux admirateurs et il a souvent été interviewé par les fanzines et les revues de BD. Il est ainsi plutôt curieux qu'il n'y ait jamais eu de monographie ni de beau livre illustré à son sujet, car son style graphique très léché y aurait fait merveille. L'amateur doit donc se contenter de ce qui est paru dans la presse spécialisée et l'interview le plus intéressant à mon avis reste celui qui est paru dans le N° 6 de A Propos. Leloup s'y lâche parfois un peu (sur le studio Hergé entre autres) et certains de ses commentaires sont assez révélateurs.

références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Leloup10

Une petite monographie sur Leloup ... ce ne serait pas de trop car l'homme est intéressant, et le dessinateur me semble avoir une certaine importance !



Dernière édition par Raymond le Mar 18 Aoû - 19:12, édité 1 fois


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Au début des années 70, les dessinateurs collaborant avec Cauvin étaient facilement mis en vedette dans Spirou, car ses scénarios pétillaient d'idées et de rythme.

Il y avait ainsi Louis Salvérius qui dessinait "les Tuniques Bleues". J'aimais bien son dessin assez sec qui illustrait avec une certaine dureté ces histoires de militaires, et peut-être est-ce d'ailleurs lui qui a fait les meilleurs albums de la série. Salvérius est mort prématurément, hélas, et les journalistes n'ont pas eu le temps de s'intéresser à lui. Il n'existe donc aucun article qui le concerne dans la presse spécialisée et, pour trouver quelque chose, il faut lire les deux premiers tomes de "l'Intégrale des Tuniques Bleues" dont les préfaces sont assez riches en infos. Salvérius est en fait un dessinateur oublié qui mériterait que l'on s'intéresse à lui ... mais je n'irai pas plus loin puisqu'il y a déjà un sujet là-dessus dans le forum.  Wink

Spirou publiait à la même époque les passionnantes aventures de "Sammy" qui étaient dessinées par Berck (Arthur Berckmans). Ce dessinateur flamand était un transfuge du journal Tintin et son dessin aussi souple que dynamique faisait merveille dans ces histoires pétaradantes, pleines de poursuites ou de bagarres imaginées par Cauvin. La série a vite connu un grand succès mais le dessinateur est resté étrangement méconnu. Il n'existe presque pas d'interview de lui et ce n'est qu'après sa retraite (en 2009) que le fanzine Hop a consacré à Berck un copieux dossier de 16 pages. Contenant une interview et une bibliographie exhaustive, ce Hop N° 123 représente une sorte de minimum syndical pour un dessinateur de cette envergure. Malheureusement, il est peu probable qu'apparaissent à l'avenir d'autres publications sur Berck et il faudra bien s'en contenter.

références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Berck-10

Apparues à peu près en même temps que Sammy, les aventures de "Câline et Calebasse" offraient un cocktail assez semblable d'aventure et d'humour. Son dessinateur se nommait Mazel (Luc Maezelle) et sa collaboration avec Cauvin fût tout aussi longue puisqu'il y eut ensuite "Boulouloum et Guiliguili" (rebaptisés plus tard "les Jungles perdues"), suivis pendant les années 90 des gags des "Paparazzis" qu'il dessina jusqu'à sa retraite en 2004. Son nom fût rapidement connu du grand public mais l'homme restait discret, jusqu'à ce qu'une magnifique "biographie" soit publiée en 2003 par Caroline Loré et Falltère Pierottini chez un petit éditeur. Intitulé Mazel la passion du dessin, cet hommage richement illustré contient en effet une biographie assez simple qui raconte surtout la carrière du dessinateur. Le texte incorpore toutefois de nombreuses déclarations et commentaires de Mazel et l'ouvrage devient ainsi une hagiographie plutôt sympathique. La bibliographie se résume par contre à une banale liste d'albums mais ce minimalisme a peu d'importance, car l'essentiel est la découverte du monde du dessinateur qui est présenté d'une manière agréable. Le "dossier" du livre fait par ailleurs 90 pages, et il est magnifiquement complété par une histoire inédite de 44 pages des Jungles perdues. Le "fan" de base y trouvera donc autant de plaisir que le critique curieux et cet ouvrage restera bien sûr à long terme la référence absolue sur Mazel.

références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Mazel-10


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Raymond

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Une autre filière pour réussir une bonne carrière dans Spirou était de faire son apprentissage chez Peyo. Après Walthéry, il y eut en effet Derib, Gos, De Gieter, Wasterlain, Benn ou Desorgher qui firent tous leurs débuts dans le journal pendant les années 60 et 70. Le succès n'était généralement pas immédiat et certains d'entre eux mirent même de nombreuses années à s'imposer dans le journal.

Lucien De Gieter se place un peu à part car il commença par dessiner des mini-récits en 1962, avant de rejoindre Peyo en 1965. Il lança ensuite quelques séries dont le succès resta assez médiocre, jusqu'à ce que la création de Papyrus en 1974 lui permette enfin de devenir un auteur d'importance. Cette BD historique consacrée à l’Égypte Antique avait des qualités certaines, mais elle ciblait plutôt un jeune public et De Gieter resta dès lors catalogué comme tel. Il publia certes de nombreux albums mais resta en revanche ignoré par la critique. Il existe heureusement quelques vieilles interviews dans les fanzines, mais personne ne lui a jamais consacré de monographie et il est aujourd'hui difficile de trouver quelque chose à son sujet. Je possède un vieux numéro de Belles en Bulle datant de 1998 qui contient une interview assez fouillée, et c'est sans aucun doute une bonne référence mais il doit y en avoir d'autres.

références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Degiet11

André Benn mis lui aussi des années avant de percer grâce à sa série Mic Mac Adam, apparue en 1978. Mélangeant le "style Peyo" avec des scénarios plus adultes (intrigues policières ou récits fantastiques), ce dessinateur obtint ainsi une reconnaissance assez méritée de la part du grand public. Il n'eut pas en revanche les faveurs de la critique et il n'existe aujourd'hui aucune monographie à son sujet. Quelques fanzines comme Auracan ou Rêve en Bulles l'ont bien sûr interviewé mais il est difficile de distinguer parmi tout ça un véritable article de référence. On peut supposer que la plupart de ces entretiens ont un intérêt assez équivalent.

références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Benn-a10

Sinon, je passerai sous silence quelques élèves de Peyo qui me paraissent moins intéressants. Cette remarque ne concerne bien sûr pas Wasterlain qui est un créateur important, et dont je parlerai demain.  Wink


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Raymond

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S'il fallait désigner le plus grand auteur révélé par le journal Spirou pendant les années 70, le nom de Marc Wasterlain me viendrait immédiatement à l'esprit. A la fois fidèle à l'école de Marcinelle par son dessin, et foncièrement original dans le choix de ses scénarios, ce dessinateur longtemps incompris éclata brusquement en 1976 dans Spirou avec une merveilleuse BD intitulée "Il est minuit Docteur Poche". Mélangeant habilement féerie, romantisme et monde quotidien, cette histoire poétique bousculait avec impertinence la routine et le bon sens. Elle révélait surtout au public un nouveau grand dessinateur du journal, et même si certains albums ont présenté plus tard quelques inconstances, Wasterlain est toujours resté pour moi un auteur important. Ce sont les chefs-d'œuvre qui comptent, à la fin, et Wasterlain en a dessiné plusieurs qui sont mémorables. C'est d'ailleurs pour cette raison que l'auteur a gardé à travers le temps un gros bataillon d'admirateurs irréductibles. Ceux-ci ont d'ailleurs fondé un club ("les amis de Wasterlain") pendant les années 2000, et je crois qu'il existe toujours.

L'originalité et la créativité de Wasterlain ont d'emblée suscité l'intérêt des critiques et c'est en 1986 qu'est apparue une première monographie publiée par les Cahiers de la BD N° 67. Structuré d'une façon classique et passant en revue toute la carrière de l'auteur (qui était alors assez courte), ce premier dossier essayait de cerner l'originalité et la fascination que pouvait exercer Wasterlain sur son public. Ce numéro a un peu vieilli aujourd'hui, mais certains articles restent toujours d'actualité et il plaira de toute façon aux grands fans du dessinateur.

références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Waster10

Par la suite, il y eut bien sûr beaucoup d'interviews dans les journaux spécialisés et les fanzines, mais il fallut attendre 2012 pour découvrir enfin un bel ouvrage consacré au père du Docteur Poche. Intitulé simplement Wasterlain une monographie et rédigé par les efforts conjoints d'Eric Poelaert, Jean-Michel Vernet et Gilles Ratier, ce livre de la collection "Mosquito" est indiscutablement la référence de choix aujourd'hui. L'interview à lui seul fait environ 90 pages et il révèle de nombreux détails peu connus de la carrière du dessinateur. L'iconographie est très variée, l'analyse de l série Jeannette Pointu par J-M. Vernet est pertinente et la "bibliographie commentée" de Gilles Ratier ressemble comme une petite sœur au fameux "coin du patrimoine" de BDZoom. C'est donc un beau livre à lire et à regarder, et je suppose qu'il est encore disponible (pour un prix modique d'ailleurs) sur le site des éditions Mosquito.  Wink

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eleanore-clo

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vieux sage
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Bonsoir Raymond

Je renouvelle mes remerciements pour cette chronique toujours aussi passionnante.

Je ne connais pas le Docteur Poche  Embarassed . Auriez-vous quelques titres à conseiller ?
Et la série Jeannette Pointu, est-elle du même niveau ?  Merci  Very Happy

Eléanore

Raymond

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Sur ces dernières questions, je préfère te répondre dans le sujet consacré à Wasterlain. Cela me semble plus logique.  Wink

La réponse est ici (au post 47) :

https://lectraymond.forumactif.com/t1388p25-wasterlain-le-dr-poche-et-autres-travaux-plus-ou-moins-connus


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Raymond

Raymond
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Et j'en arrive aux années 80 !   Cool

Contrairement à la décennie précédente, les années 80 sont une véritable époque de renouveau pour le journal. De nombreux auteurs au style neuf font alors leur apparition, grâce des rédacteurs en chef (Alain De Kuysche puis Philippe Vandooren) qui souhaitaient renouveler le style de Spirou, et ces jeunes dessinateurs furent une véritable bouffée d'air frais. L'irruption de cette nouvelle génération ne se fît cependant pas sans bisbilles, et plusieurs dessinateurs issus de la vieille "école Peyo-Franquin" souffrirent douloureusement de cette arrivée brutale (en particulier avec les fameux "Hauts de Page" de Yann et Conrad qui étaient quasiment une sorte de mobbing en images). Certains auteurs de cette génération 80 sont très vite devenus des vedettes, tandis que d'autres menèrent une carrière plus confidentielle, mais presque tous méritent que l'on parle d'eux. Ce chapitre nous prendra donc un peu plus de temps que le précédent.   Wink


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grand maître
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Raymond

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Avant de développer les années 80, j'introduis juste un petit complément sur les artisans des années 60 et 70, car je viens de retrouver le numéro 94 du dBD qui date de juin 2015 !

références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Leloup11

Habituellement consacré aux actualités, ce magazine était pour une fois aller interviewer trois vieux dessinateurs de Spirou. Ces auteurs proches ou déjà à la retraite étaient Leloup, De Gieter et Jidéhem et les entretiens accordés au journal faisaient en quelque sorte le bilan de leurs carrières. Ce sont des articles intéressants, dédiés à des petits artisans qui ont travaillé pendant l'âge d'or et qui ont vécu des expériences pas toujours joyeuses. Jidéhem s'y exprime probablement pour la dernière fois (c'était deux ans avant son décès), Roger Leloup y fait quelques confidences intéressantes et De Gieter se montre parfois assez acide.

On peut voir ces entretiens comme un bon complément des références que j'ai déjà proposées.

Voilà, on attaque les années 80 !  Cool


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Raymond

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Et pour évoquer la "génération 80", commençons d'emblée avec le duo d'auteurs qui a le mieux incarné les changements importants du journal. Ils ont dessiné les fameux Hauts de Page, puis les surprenants Innommables, et ces personnages controversés sont bien sûr les terribles Yann (Yann le Pennetier) et Conrad (Didier Conrad).

Même aujourd'hui, il est bien difficile de trouver des dessinateurs de BD qui aient été plus féroces, plus clivants et plus talentueux que ces deux marseillais émigrés en Belgique. Bousculant sans honte et sans remord toute une génération d'auteurs belges (la seconde, bien sûr, celle qui était moins talentueuse), ils ont introduit la méchanceté et l'humour acide dans un journal qui se voulait aventureux et poétique. Cherchant inlassablement à aller un peu plus loin, ils finirent par se faire renvoyer du journal après trois années de contestations dessinées et hilarantes. Par la suite, le journal se remit gentiment à ronronner mais une légende était née ! Et les lecteurs ne l'ont jamais oubliée.

Mais pourquoi êtes-vous si méchants, aurait-on envie de leur demander ? Avec une telle interrogation, les fanzines et les revues spécialisées avaient un sujet en or à exploiter et ils ne se sont pas privés de le faire. Aussi bien Yann que Conrad (souvent séparément) se sont exprimés à de multiples reprises sur cette question, et ces entretiens sont souvent passionnants. Mais si j'ose avancer une opinion toute personnelle, la raison de leur agressivité m'apparait aujourd'hui presque évidente. Je pense en effet que si les deux compères se sont acharnés avec une telle sévérité, c'est d'abord parce qu'ils adoraient totalement la BD. On brûle parfois ce que l'on a aimé, mais encore plus souvent ce qui nous contrarie. Et il est certain que Yann et Conrad détestaient les suiveurs dociles d'un "style Spirou" devenu académique. La suite de leur carrière prouva d'ailleurs leur amour d'un véritable classicisme, que ce soit pour Yann qui scénarisa avec talent des BD d'aviation ou d'aventures, ou pour Conrad qui dessina successivement des reprises de Lucky Luke, du Marsupilami et d'Astérix. Leur colère avait secoué le journal, mais leur passion les poussa très vite à créer individuellement des BD dans la ligne des auteurs qu'ils admiraient.

Mais venons-en aux monographies ! La meilleure référence est sans aucun doute la Monographie Mosquito dédiée spécifiquement à Yann et Conrad, qui est parue en 2007 (et qui n'aborde pas leurs carrières séparées). Elle contient principalement une longue interview (environ 120 pages) de Yann et Conrad bien sûr, mais on y trouve aussi des interventions d'Alain de Kuysche, de Bernard Hislaire, de Frank Pé, d'Yvan Delporte et d'un certain nombre de dessinateurs brocardés dans les Hauts de Page par les deux féroces compères (Leloup par exemple). Toutes ces déclarations sont habilement orchestrées et cette multiplicité d'avis fait revivre d'une manière très vivante l'étonnante carrière de ce duo contestataire dans Spirou. Le texte est de plus intelligemment illustré et la fin de l'ouvrage est complétée par quelques commentaires de Serge Buch et par une bibliographie de Gilles Ratier. Ce travail impeccablement conçu est passionnant à lire, et le livre reste par ailleurs en vente sur le site des éditions Mosquito. Avis à la population !  Wink

références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Yann-c10

Sinon, il y a quelques ouvrages intéressants sur Yann tout seul, mais il n'existe hélas pas grand chose sur la carrière de Conrad en solo. Je continuerai donc à parler uniquement de Yann.

En 1988 déjà, les Cahiers de la BD N° 83 avaient consacré un intéressant dossier de 40 pages à Yann. On y trouve une assez longue interview dans laquelle s'intercalent de multiples interventions qui proviennent de certains critiques (comme Jean-Pierre Mercier ou Jean-Christophe Menu) ou de dessinateurs collaborant avec Yann (comme Marc Hardy ou Frank Le Gall). A la fois vivant, contrasté et très richement illustré, ce dossier peu académique se révèle riche en idées pertinentes, mais il reste bien sûr destiné aux intellos qui aiment réfléchir et discuter. Avis aux collectionneurs d'images ! Very Happy

références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Yann-c11

Et puis Ronan Lancelot a publié en 2003 aux éditions Toth un beau "livre-interview" intitulé Yann un harem de papier. Abordant cette fois toute la carrière de Yann (et pas seulement son épopée avec Conrad), cet entretien d'environ 90 pages passe en revue son enfance, les débuts dans Spirou, ses diverses collaborations et sa méthode de travail. Complété d'une bibliographie assez exhaustive et d'un cahier graphique dans lequel se trouvent des synopsis, des recherches de personnages et des story boards, cet album enrichi de nombreux dessins rares est tout aussi passionnant que la Monographie Mosquito. Ce n'est pas un doublon inutile et il est donc tout aussi hautement recommandable.

références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Yann-h10

Il existe sinon quelques interviews intéressantes et plus récentes de Yann dans le dBD par exemple, mais cela sortirait un peu du sujet. J'en resterai donc là !


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Autre binôme essentiel des années 80, Tome (Philippe Vandevelde) et Janry (Jean-Richard Geurts) suivirent une trajectoire plutôt inverse à celle de Yann et Conrad. Repreneurs du personnage Spirou et apparemment défenseurs de la tradition belge, ils mirent un point d'honneur à renouveler intelligemment la série en y introduisant peu à peu diverses surprises, voir même quelques ruptures. La création d'un "Petit Spirou" grimaçant et farceur symbolisa fortement cette volonté de changement, tout en leur permettant d'assouvir un net penchant pour l'humour potache. Mais le plus important, c'est qu'en prenant souvent des risques et en se comportant comme de véritables auteurs, Tome et Janry réussirent pendant 20 ans à donner de l'intérêt à un personnage qui devenait presque désuet. C'est grâce à eux que Spirou se remit à vivre de belles aventures et on ne les remerciera jamais assez pour cela.

Rapidement devenus des vedettes du journal Spirou, Tome et Janry ont été souvent interviewés par les fanzines et les revues spécialisées à la fin du siècle dernier, mais il n'existe pas de véritable monographie à leur sujet. La publication qui se rapproche le plus d'un tel concept est certainement le N° 42 de Sapristi qui contient une longue interview des deux auteurs (concernant essentiellement Spirou) suivie d'une bibliographie exhaustive pour l'époque. Publié en 1999, cet entretien peut presque être considéré comme un bilan de leur travail puisque le dernier album de la série principale de Spirou ("Machine qui rêve") était déjà paru un an auparavant. Il n'était pas encore question d'un abandon de la série au moment de l'interview (Tome et Janry y décrivent en effet le prochain album à venir) et ceci me fait à nouveau regretter leur démission finale au cours des années 2000, décidée après quelques années d’atermoiements et d'incompréhension de la part de l'éditeur.

références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Tom-ja10

Il existe sinon peu d'interviews de Tome et Janry pendant les années 2000, mais il faut signaler un long et intéressant entretien publié en 2015 dans le dBD N° 99. Les auteurs y expliquent pourquoi ils ont abandonné Spirou, ce choix les ayant bien sûr incités à se consacrer au "Petit Spirou". Comme Tome est décédé quelques années plus tard, cette belle interview est devenue en quelque sorte "leur dernier mot", et cet article peut être vu comme un bon complément du "Sapristi !

références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Tome-j10

Pour ce qui concerne les carrières séparées de Tome et Janry, il y a bien peu de chose. J''ai retrouvé une interview de Tome dans Bo Doï N° 19 en 1999, dans laquelle il parle de ses autres séries. Ce "dossier Tome" est malheureusement bien léger et c'est hélas habituel dans des revues comme BoDoï ou Casemate, qui restent très focalisées sur l'actualité.

références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Tome-b10

Il existe encore moins d'articles consacrés à Janry pendant les années 2000, et c'est un signe qui ne trompe pas. J'ai en fait l'impression que l'on est en train de les oublier et  c'est bien dommage.  Le Casemate N° 131 a toutefois consacré deux page à Janry en 2019, lors de la sortie du 18ème album de Petit Spirou, publié juste après le décès de Tome. Le dessinateur y raconte ses 40 ans de collaboration et fait part de ses incertitudes sur l'avenir de ses séries. Le temps est vraiment un maître impitoyable ...

références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Janry-10



Dernière édition par Raymond le Jeu 15 Oct - 17:52, édité 2 fois


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Apparu discrètement dans Spirou à la fin des années 70, Frank (Frank Pé) reste très aimé par les fans de BD, même s'il a suivi une trajectoire bien singulière. Tantôt consacrée à la bande dessinée (avec sa fascinante série Broussaille), tantôt dédiée au dessin pur (et à la publication d'art-books très originaux), et parfois marquée par de longs silences pendant lesquels le dessinateur s'est mis à faire autre chose (il y eut par exemple cette interruption pour aller dessiner dans les studios Walt Disney), sa carrière s'est déroulée d'une façon aussi surprenante que chaotique. A la fois rêveur et artiste (et intermittent de la BD), il n'a publié qu'une douzaine d'albums de bandes dessinées en 40 ans de travail ... mais on n'arrive pas à lui en vouloir. Toutes ses œuvres, qu'elles soient géniales ou insignifiantes, sont en effet dominées par un mélange de fantaisie et de passion qui n'est comparable à nul autre. Et à force de se faire attendre, Frank est paradoxalement devenu un auteur culte, dont on attend avec impatience le prochain livre. C'est probablement le privilège des poètes.  Cool

Un auteur aussi singulier ne pouvait que fasciner les journalistes et il a bien sûr été interviewé maintes fois par les fanzines ou la presse spécialisée. Il existe aussi quelques ouvrages sur Frank mais, curieusement, il n'y a jamais eu de vraie monographie à son sujet. Il faut donc rassembler plusieurs publications différentes pour satisfaire cette envie d'un "dossier complet".

L'album qui s'impose en premier est certainement le Dossier Frank du DBD N° 3, publié en 1999. Il contient une interview portant sur toute la carrière du dessinateur, une bibliographie complète pour l'époque et pour terminer une interview de René Follet réalisée par Frank lui-même, ce qui est une autre façon de faire sa connaissance. Cet ouvrage est bien sûr très beau et richement illustré, et s'il fallait se contenter d'un seul livre, ce serait bien sûr celui-là.

références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Frank-10

En second, je retiendrai un art-book datant de 2001 qui s'intitule Frank de A à Zoo. Il s'agit probablement d'un catalogue d'exposition qui présente plusieurs textes critiques bien écrits, et ceci précède une magnifique sélection d'images, d'affiches, de dessins rares, de sérigraphies et d'illustrations diverses. Cet ouvrage est d'abord un beau livre pour les collectionneurs, bien sûr, mais il permet également à tous les amateurs de comprendre le caractère réellement artistique et personnel du travail de Frank Pé, car ce dernier fait beaucoup de choses par pur plaisir.

références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Frank-11

En troisième, j'ai envie de mentionner un vieux fanzine qui a longtemps été rangé à côté des albums de Broussaille dans ma bibliothèque, car il contient un joli dossier (pour l'époque) sur Frank. Il s'agit du Champagne N°4-5, une vieille publication datant de 1987, qui a disparu depuis longtemps et qui a rarement été égalée. L'interview de Frank est suivie d'une discussion avec Bom, le scénariste habituel de Broussaille, et ces deux entretiens témoignent de l'esprit de cette époque, marquée par l'enthousiasme de la jeunesse. Une bibliographie et certaines illustrations rares donnent à ce petit dossier une belle envergure, et je trouve qu'il a bien vieilli. Ce n'est certainement pas un doublon par rapport au Dossier du DBD.

références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Frank-12

Et puis, j'ai envie d'y ajouter l'interview accordés à L'Indispensable N° 1, publiée en 1998, dans laquelle Frank s'explique sur son incroyable "arrêt de carrière" au milieu des années 90 pour se consacrer au dessin animé. Cet inopiné changement de cap l'avait obligé à interrompre pendant deux ans son travail sur "Zoo" (les fans n'étaient bien sûr pas contents Wink ) mais lorsque l'on lit après ses explications ... on a d'emblée envie de lui pardonner. Eh oui ! Frank est un vrai charmeur.  Smile

références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Frank-13

Il existe sinon des interviews plus récentes (par exemple dans Casemate ou dBD) mais elles ne sont pas mémorables à mon avis. N'hésitez pas à me donne votre avis. Wink


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Autre dessinateur à la production assez lente, Frank Le Gall est rapidement devenu une vedette du journal Spirou. Cette dimension d'auteur classique fût conquise grâce à quelques albums mémorables de sa série "Victor Poussin", chronique assez  intimiste d'un homme ordinaire qui partait explorer le monde. Mélangeant avec sincérité l'aventure, le rêve et les confidences personnelles, les albums de Le Gall se situaient à mi-chemin entre la littérature de divertissement et la bande dessinée d'auteur, et ils ont apporté un nouveau souffle à la BD traditionnelle. De longues périodes de silence sont ensuite apparues, surtout pendant les années 2000, mais Frank Le Gall est resté un auteur à suivre car ses œuvres sont rarement décevantes.

Il existe de nombreuses interviews de Frank Le Gall dans les journaux spécialisés, mais je n'ai trouvé qu'une seule véritable monographie et elle commence à dater. Elle s'intitule Carnet Passion N° 1, Frank Le Gall et elle représentait un bel effort du fanzine Swof pour se renouveler au début du 21ème siècle. Daté de septembre 2002, ce splendide album cartonné est resté l'unique publication de la série, mais il est mémorable. Il se présente comme une monographie intelligente et séduisante, avant tout dominée par la passion de Franck Bouysse pour le dessinateur (il a écrit la moitié des articles). Respectant l'organisation classique d'une revue d'étude, avec une longue interview, quelques articles sur  Victor Poussin, un beau portfolio et une bibliographie complète, cette monographie richement illustrée est réellement passionnante. Le contenu est certes uniquement laudatif et c'est peut-être un point faible mais ... peut-on demander à des amateurs passionnés, consacrant tout leur temps libre à confectionner un tel livre, de dénigrer ce qu'ils aiment ? Il me parait évident qu'ils ne le fassent pas et cette hagiographie doit simplement être appréciée pour ce qu'elle est, en considérant sa beauté et sa richesse en informations. Et au fond, c'est déjà pas mal !   Cool

références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Le_gal10

Avant la sortie de cet ultime travail de l'équipe de Swof, la référence de choix sur Frank Le Gall était sans aucun doute le N° 29 de PLG, un ancien fanzine assez luxueux des années 90. Contenant essentiellement une belle interview et une bibliographie, cette revue "assumait le job" d'une façon séduisante, si j'ose dire, et c'était un beau fascicule que l'on avait du plaisir à classer à côté des albums de Théodore Poussin. Aujourd'hui, il ne me parait plus impérativement nécessaire de l'avoir, mais il reste bien conçu.

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Et puis, parmi les multiples publications plus récentes usuellement centrées autour d'une interview, j'ai envie de retenir aussi le N° 152 de Hop qui date de 2016. Sa bibliographie est récente et complète, tandis que son interview de Frank Le Gall complète assez bien celle de "Carnet Passion". Cette revue est de plus bien plus facilement disponible que les deux ouvrages précédents ... quoique ... sur eBay et Amazon, on trouve assez facilement tout cela. Wink

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Au début des années 80, le journal Spirou eut l'idée d'introduire dans ses pages de grands dessins d'humour au style inhabituel ! Ils évoquaient beaucoup certaines images de Sempé car on y découvrait généralement des petits personnages ridicules au milieu d'un décor gigantesque. L'humour était plutôt délicat et j'ai mis un certain temps avant de savoir que son auteur se nommait André Geerts. Son travail contrastait beaucoup avec le reste du journal mais il était bien un membre du groupe des "petits nouveaux" qui étaient regroupés autour de Bernard Hislaire, Berthet ou Yann et Conrad. Geerts devint assez vite un dessinateur fétiche et après quelques temps, son dessin devint parfois la première page que je regardais en ouvrant le journal !

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Plus tard, ce "Sempé belge" se mit à faire de la bande dessinée et il créa les attendrissantes histoires de "Jojo", un petit garçon plutôt naïf qui vivait chez sa grand-mère. Cette BD assez nostalgique ne fît jamais beaucoup parler d'elle mais elle eut quand même droit à des albums qui furent repérés par un public de fidèles. Et André Geerts mena ainsi une carrière un peu confidentielle, jusqu'à sa mort prématurée en 2010 (à cause d'un cancer). On édita après cela une Intégrale de Jojo, ce qui est souvent un signe de la belle qualité de l’œuvre, mais on a déjà tendance à l'oublier. Et aujourd'hui, Geerts laisse le souvenir d'un discret "petit maître" du siècle dernier, au style très personnel et que l'on relit avec plaisir.

Les fanzines et journaux d'actualités de la bande dessinée se sont naturellement intéressés à Geerts et il existe pas mal d'interviews, mais ils sont souvent très "circonstanciels", voir même parfois décevants. Il n'existe aucune monographie qui lui soit consacrée et il est bien difficile de choisir un article de référence. La meilleure interview que je connaisse à été publiée dans le N° 8 d'Archibald, un petit fanzine genevois à la distribution très confidentielle qui est aujourd'hui introuvable. Il faut donc se tourner vers des journaux comme BoDoï (N° 88), On a marché sur la Bulle (N° 24) ou Suprême Dimension (N° 3) pour trouver des entretiens qui ne sont hélas hélas parfois pas très longs.

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Le BDM signale sinon un album intitulé les Trésors de Jojo mais je crois qu'il s'agit surtout d'un art-book. Je n'ai en tout cas jamais eu l'occasion de le feuilleter.

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C'est bien peu, et tout cela est un peu à l'image de Geerts lui-même, qui était un dessinateur assez secret. Il y a probablement plus d'infos dans les préfaces de l'intégrale, mais je n'ai jamais vérifié.  Rolling Eyes


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Démarrant avec un succès presque immédiat, la carrière de Bernard Hislaire (devenu par la suite "Yslaire") a connu une belle époque de gloire, mais aussi des moments de relative déprime et il y aurait beaucoup à raconter sur les hauts et les bas de l'auteur. Dessinateur important de Spirou grâce à ses personnages "Bidouille et Violette", il n'a pas hésité à quitter le journal au milieu des années 80 afin de réaliser des œuvres plus ambitieuses comme "Sambre" (qui fût un succès phénoménal) ou le "XXe Ciel.com" (qui fût un flop tout aussi mémorable). En fait, Yslaire n'a eu jamais peur de voir trop grand, et son esprit conquérant l'a conduit peu à peu à devenir un personnage hors norme. L'auteur de Sambre a certes manqué parfois de modestie mais on n'a pas envie de le lui reprocher, car il reste un artiste dont on peut espérer le meilleur. Et sa carrière est bien sûr loin d'être terminée.

La presse s'est très vite intéressée à Hislaire/Yslaire et ses interviews (souvent intéressants) abondent. Il n'existe pas en revanche de véritable monographie à son sujet et c'est bien dommage, car il existe une abondante matière qui permettrait de réaliser un bon livre. Et c'est ainsi que pour faire le tour du personnage, il faut actuellement regrouper plusieurs articles et interviews d'origines et d'époques différentes.

Pour ce qui concerne les débuts d'Yslaire (cette orthographe du nom s'est actuellement imposée), il me semble que le dossier publié par Sapristi N° 31, datant de 1995, fait bien le tour du sujet. Il contient un entretien qui passe en revue toutes ses premières œuvres, ainsi qu'une bibliographie minutieuse et de nombreuses illustrations et dessins rares et c'est un beau travail. Comme alternative, il y aurait éventuellement le N° 2 de Champagne, un excellent fanzine qui est toutefois plus ancien (1985) et dont le contenu est forcément limité. Le Sapristi est par ailleurs facile à trouver sur les sites de vente du Web (ce n'est pas le cas de "Champagne") et le choix parait ainsi évident.

références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Hislai10                    références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Hislai11

Après les débuts du dessinateur, il y a la "période Sambre" que l'on peut diviser en deux parties, le premier cycle publié pendant les années 80 puis la reprise apparaissant dans les années 2000. Il existe sur la série un très beau livre édité par Glénat qui s'intitule la légende des Sambre et c'est une référence de choix. Cet album complémentaire de la collection Sambre contient une très longue interview qui parle des origines, de la conception, des problèmes avec le scénariste (Yann), de l'analyse des premiers albums, de la période d'arrêt suivie du redémarrage de la série, du caractère du graphisme et de la transformation de la série en une saga. Cet entretien est d'une grande qualité car Yslaire répond avec honnêteté et précision aux multiples questions stimulantes et intelligentes de Jean-Luc Cambier et Eric Verhoest. Seul inconvénient de ce livre : il commence à dater (2003) et les albums récents de la série n'y sont donc pas considérés.

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Il y a ensuite la période du XXe Ciel qui est marquée au départ par un certain enthousiasme, avant d'arriver au temps des doutes. Je n'ai pas trouvé de véritable article de référence pour cette œuvre mais les différentes interviews d'actualité accordées à BoDoï (N° 14, 30, 39) permettent de suivre assez bien l'évolution des idées et du moral d'Yslaire, qui se montre d'abord très optimiste puis un peu plus désabusé. Plus intéressante est l'interview du N°4 de l'indispensable qui confronte les déclarations du dessinateur avec celles d'une psychanalyste. Ce dernier article dévoile bien la complexité (et la fragilité) du projet initial du XXe Ciel, et on comprend finalement pourquoi il a été difficile de le mener à bout.

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Et pour finir, j'y ajouterai une interview plus récente (datant de 2014) accordée par Yslaire au dBD N° 80, qui est particulièrement intéressante. Frédéric Bosser essaie d'y faire un bilan de sa carrière, en n'hésitant pas à poser des questions sur des sujets sensibles (la famille, le XXe Ciel, l'orgueil de l'artiste etc.). "Génie ou artiste incompris", tel est le titre de cet article qui va au fond des choses et Yslaire y participe plutôt avec bonne grâce. Les réponses habiles du dessinateur démontrent en passant que l'intelligence est la meilleure des armes face aux questions inquisitrices. Cet article permet par ailleurs de découvrir un surprenant secret de famille, ainsi qu'un auteur qui reste toujours à l'avant-garde de l'actualité. Yslaire n'a probablement pas fini de nous surprendre.

références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Hislai17

Voilà ! Il est évident qu'un tel auteur mériterait que l'on s'intéresse plus sérieusement à lui, avec un bel ouvrage monographique. Mais en considérant la dimension indiscutable de cet artiste de la BD (le terme n'est pas usurpé), on peut légitimement prédire que ce livre se fera probablement un jour.


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Raymond

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Dessinateur beaucoup plus consensuel, Philippe Berthet a séduit d'emblée les lecteurs de Spirou grâce à son style graphique très lisse, se situant à mi-chemin entre le réalisme et la ligne claire. Ayant commencé avec une série policière très inspirée du cinéma, intitulée "Le Privé d’ Hollywood", il a su par la suite se renouveler et il s'est même essayé à la BD d'auteur vers 1990, avec un titre comme Halona. A la fin des années 90, Berthet a connu un petit temps de gloire avec sa fameuse série "Pin-up", une BD ambiguë et pleine d'allusions culturelles scénarisée par Yann. Mais après cela, il s'est à nouveau tourné vers une production plus confortable de polars calibrés sur mesure, au succès commercial assuré, que son dessin un peu glacé met par ailleurs bien en valeur. Personne ne pourra lui reprocher cette formule confirmée mais ... à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.  Wink

Berthet a toujours été apprécié par les critiques et la presse spécialisée et ses interviews sont donc nombreuses. Cette admiration des professionnels de la BD n'est pas allée jusqu'au stade de la belle monographie, mais certains fanzines ont quand même publié de très beaux numéros ... dont on va évidemment parler ici.

L'ouvrage le plus intéressant est certainement le Dossier du DBD N° 21 qui est paru en 2004. L'interview réalisée par Brieg Haslé est approfondie et riche en informations, l'iconographie qui l'accompagne est somptueuse, le papier est impeccable et l'édition de ce "dossier" sous la forme d'un album cartonné donne à l'ensemble un format séduisant. En découvrant ce beau recueil, j'avais toutefois été déçu à l'époque par l'absence d'une vraie bibliographie, alors que le DBD avait fait ce travail dans les numéros antérieurs. Ce dossier est donc incomplet, à mon avis, mais cela reste bien sûr un bel ouvrage.

références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Berthe11

Si l'on cherche une bibliographie, il faut se tourner vers le N° 40 de Sapristi, une publication plus ancienne (parue en 1998) dont le dossier est également très copieux. L'interview assez longue n'ajoute pas grand chose à celle du DBD mais la bibliographie minutieuse plaira par contre beaucoup aux collectionneurs, même si elle n'est plus vraiment à jour.

références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Berthe12

Et qu'en est-il de la littérature critique ? Il y a bien peu de choses, hélas, car la tendance à l'interview est dominante dans la presse spécialisée. On peut toutefois signaler un bel article dans le N° 31 de BoDoï, qui date de juin 2000 et qui décortique la série fétiche de Berthet. Consacré aux "Dessous de Pin-up", ce petit dossier de 7 pages s'ingénie en fait à montrer combien le scénariste Yann s'est inspiré de la réalité pour créer une BD apparemment fictionnelle et fantaisiste. Ce texte richement illustré est également étoffé par quelques commentaires de Yann et Berthet eux-même, et le lecteur pourra peut-être y découvrir quelques aspects de l’œuvre qui lui avaient échappé. Ce n'est bien sûr pas de la grande critique, mais c'est un article plaisant à lire et intelligent.

références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Berthe13

Voilà, je n'allongerai pas trop la liste de ces références sur Berthet ! Il y manque bien sûr une publication un peu plus récente mais je n'ai trouvé que des articles et entretiens "circonstanciels" qui sont donc d'un intérêt secondaire. Ceci dit, vous pouvez bien sûr intervenir et faire ici des suggestions !  Wink


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Godot

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docteur honoris causa
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Raymond a écrit: [...]

Et qu'en est-il de la littérature critique ? Il y a bien peu de choses, hélas, car la tendance à l'interview est dominante dans la presse spécialisée. On peut toutefois signaler un bel article dans le N° 31 de BoDoï, qui date de juin 2000 et qui décortique la série fétiche de Berthet. Consacré aux "Dessous de Pin-up", ce petit dossier de 7 pages s'ingénie en fait à montrer combien le scénariste Yann s'est inspiré de la réalité pour créer une BD apparemment fictionnelle et fantaisiste. Ce texte richement illustré est également étoffé par quelques commentaires de Yann et Berthet eux-même, et le lecteur pourra peut-être y découvrir quelques aspects de l’œuvre qui lui avaient échappé. Ce n'est bien sûr pas de la grande critique, mais c'est un article plaisant à lire et intelligent.

références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Berthe13

[...]

Je suis très intéressé par cet article de 7 pages. Comme ce numéro date de 2000, est-ce que tu pourrais mettre la numérisation de cet article? ( Wink Bien entendu dans le sujet qui lui est consacré )

Sur la lancée :

Raymond a écrit: [...] La meilleure interview que je connaisse à été publiée dans le N° 8 d'Archibald, un petit fanzine genevois à la distribution très confidentielle qui est aujourd'hui introuvable. [...!

références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Geerts11        

[...]

Comme le but est de partager, que penses-tu de le publier Dans son "sujet" ?. Question

Raymond

Raymond
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Tu me donnes encore plus de travail ! affraid

Je vais voir ce que je peux faire ...


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Godot

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docteur honoris causa
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Je n’ai pas BoDoï mais j’ai Archibald. Alors durant la semaine prochaine je peux m’occuper de numériser Geerts.

Qu’en penses-tu ?

Raymond

Raymond
Admin

Très volontiers ! Je m'occuperai donc du BoDoï N° 131. pouce


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Godot a écrit:Je n’ai pas  BoDoï mais j’ai Archibald. Alors durant la semaine prochaine je peux m’occuper de numériser Geerts.

Qu’en penses-tu ?

Vu le temps de ce samedi, j'ai eu le temps pour numériser

références - Références et monographies d'auteurs - Page 5 Geerts39

Vous le trouverez Sous son sujet

Remarques :

- Je pense que tu as tous les numéros d'Archibald, depuis avril 1991, juste?
- J'imagine que tu as le fameux N°1 de BoDoï?

Si oui, qu'est-ce que tu en penses?

Raymond

Raymond
Admin

Eh bien  .. non je n'ai pas tous les Archibald. Il me manque ceux sur Buche, Desorgher, Sokal, Mitton, Van Hamme et Girod + Meynet. Je suppose qu'ils sont bien fait, comme tous les autres.

Pour le BoDoï N° 1, il est d'un intérêt très mineur, comme d'ailleurs les 10 premiers numéros du journal. Ce n'est que par la suite que le journal a progressé par rapport à la qualité de son contenu.

NB : Je m'étais déjà exprimé dans ce sens dans le fameux sujet "fanzines et revues d'étude", il y a presque 10 ans, sur cette page et au post N° 283 !  Wink

https://lectraymond.forumactif.com/t378p275-fanzines-et-revues-d-etude-sur-la-bd?highlight=fanzines


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