Bon ! Poursuivons cette année 1950, avec un chapitre un peu moins glorieux de la carrière de Cazanave !
Mais tout d'abord, connaissez-vous la malédiction des albums Prifo ? Cet éditeur des années 70, qui était situé au Mans, n'a en effet jamais réussi à publier un album de BD qui soit digne d'intérêt, malgré ses efforts. L'explication la plus plausible est à première vue l'amateurisme de cet entrepreneur qui a accumulé les erreurs de toute sorte, que ce soit dans la conception, la sélection ou la distribution de ses BD. Ceci dit, c'est un peu arbitraire de ma part, et on pourrait aussi supposer que la fée Carabosse s'est penchée sur le berceau de cette toute jeune entreprise, en prononçant la malédiction fatale : "Jamais tu ne publieras un seul livre de bande dessinée qui soit digne d'être lu !". Et de fait, cet éditeur a effectivement abandonné la BD en moins d'une année, après avoir publié une trentaine d'albums invendus et insignifiants. On pourrait presque dire que "c'était écrit" … voilà voilà … mais je reconnais quand même que ma seconde hypothèse est moins probable.
Et donc, en corollaire de ces affirmations, vous ne serez pas étonné de savoir que Prifo a choisi à l'époque de rééditer une des plus mauvaises BD de Cazanave (en particulier pour ce qui concerne le scénario). L'album s'intitule
Le Secret du capitaine Wake, et c'est une catastrophe. En fait, c'est surtout le genre de BD négligeable que l'on ignore régulièrement sur divers sites de vente. Quoique ... il y a les fous de Cazanave qui l'achètent, bien sûr, mais dans ce cas de figure, il est certain que l'achat n'est de toute façon pas raisonnable.
Initialement, cette BD est parue dans l'hebdomadaire
Bravo pendant toute l'année 1950, en plusieurs parties. Ces épisodes avaient pout titre
Pirate malgré lui, puis le
Secret du Capitaine Wake, et enfin
l'Etrange Marquis de Carrepont. Mais voilà, cette suite n'est au fond qu'un bête feuilleton qui accumule les invraisemblances et les stupidités. Il semble que l'auteur du scénario soit Cazanave lui-même et je ne voudrais pas trop l'accabler mais … il n'y a rien à sauver dans ce récit.
Précisons tout de même qu'avant d'arriver à cette conclusion, j'ai essayé à deux ou trois reprises de lire l'album en entier mais ... voilà ! Ce récit est tellement bête et embrouillé que je ne suis jamais arrivé au bout.
Donc, il n'y a rien à sauver dans le scénario. Mais il reste tout de même le dessin, me direz-vous ! Et de fait, Cazanave n'avait pas soudainement perdu ses aptitudes picturales en 1950, puisqu'il dessinait en parallèle "le Capitaine Wake" et le magnifique "Retour de Monte-Cristo". Mais voilà, il a choisi pour "le Capitaine Wake" une mise en page bizarre et difficile à lire. Pour mieux le faire comprendre, regardons les premières bandes de la première planche !
La disposition des cases est chaotique, le lecture n'est pas fluide, les récitatifs sont envahissants et surtout, il y a quelques zones blanches absolument inexplicables au sein de la planche. Et après réflexion, en regardant les autres pages, je crois que la seule explication c'est que l'éditeur a un peu bidouillé l'emplacement des cases. On le voit encore mieux sur cette autre page ci-dessous. L'éditeur a "étiré" les bandes à la verticale, et remanié un peu les récitatifs, ce qui crée les espaces vides.
Le mauvais goût de l'éditeur s'est donc ajouté aux "expériences graphiques" de Cazanave, et certaines pages sont difficilement lisibles. Les personnages, les décors ou les scènes maritimes sont correctement dessinés, mais l'ensemble, c'est à dire la BD elle-même, est quand même proche de la nullité.
Peut-être faudrait il vérifier la qualité du travail graphique de Cazanave en lisant cette BD dans son écrin originel, c'est à dire l'hebdomadaire
Bravo, mais il est peu probable que cela puisse sauver le scénario. Je n'ai donc jamais eu le courage de faire cette vérification, et je pense qu'il vaut mieux laisser cette œuvre dans l'oubli.
Mais peut être que quelqu'un a un avis contraire ?