Mister Paririe est le premier tome d'un diptyque écrit par Xavier Dorison et dessiné par Ralph Meyer.
Jonas Crow reçoit une lettre signée R.Prairie requérant ses services. Les tendres sentiments qu'il éprouve pour celle qui fut sa compagne d'aventure dans les opus 1 à 4 de la série l'envahissent et il répond sans hésiter à l'appel. Arrivant au domicile de Rose, il apprend que Prairie est le nom de son époux, le médecin local... C'est d'ailleurs ce dernier qui a écrit la missive car il a besoin que Jonas enterre le fœtus d'une femme souhaitant avorter, ainsi que le corps du prêtre qui la soutenait, décédé accidentellement.... Notre héros découvre alors que la petite ville est tombée sous la coupe de Sister Oz, une extrémiste religieuse pour laquelle toute interruption de grossesse constitue un crime contre lequel il faut se dresser. Les intégristes font alors le siège de la maison des Prairie qui abrite la patiente du médecin…
Dorison nous livre ici une BD militante. La Cour Suprême des États-Unis a révoqué en juin 2022 l'arrêt permettant à une femme d'avorter sur tout le territoire, ouvrant la voie à des législations différentes entre États. Et le président de la République Française propose d'inscrire ce droit dans la constitution. Le sujet est donc brûlant et le monde de la BD s'en est emparé. Le traitement de Dorison diffère profondément de celui de Béka dans le troisième opus de
Champignac. Il insiste sur le clivage de la société et s'attarde peu sur la détresse de la femme enceinte.
Le scénariste, comme a son habitude, construit de superbes personnages. Sister Oz oscille entre l'orthodoxisme, l'extrémisme et la folie. Une protagoniste forte. Dorison va plus loin dans son approche des tabous puisque le shérif est homosexuel et qu'il tombe ainsi sous les rets d'une culture rude et intolérante. Quant au docteur Prarie, il incarne une certaine sagesse séculiere, et relaie à ce titre le prêtre de la petite ville, compréhensif et empathe.
Enfin, l'auteur nous livre quelques indices sur le passé de Jonas dont on verra ce que le scénario fera dans la seconde partie.
Les dessins de Meyer enchantent toujours le lecteur. Il nous gratifie de superbes nocturnes dont la statue de la vierge ci-dessous. Il aborde aussi ici une nouvelle saison, l'automne, et tant son crayon que la palette de Caroline Dalabie, la coloriste, font des merveilles.
Ce sera donc une fois de plus un
EEEE. Il conviendra de voir le deuxième volet du dytique pour savoir si la qualité reste au rendez-vous.
A noter que les librairies Cultura sortent la BD avec une autre couverture, tout aussi belle que la première, moins dramatique mais beaucoup plus riche ancrée dans la saisonnalité
Eléanore.