Génial, tout le forum s'y met, comme dans les indégonflables de Chantovent!
Deomp 'ta, allons-y donc!
La saga Zéphyr, c'est 16 titres à raison d'une page par semaine dans
Fripounet et Marisette, pratiquement non stop pendant 12 ans, de 1952 à 1963, soit l'équivalent de 600 planches de 4 bandes, au fil desquelles Zéphyr va devenir peu à peu l'emblème du journal à la place de Fripounet et Marisette eux-mêmes. C'est ainsi que les "grands concours" communs aux illustrés de la rue de Fleurus (fin 1957, au moment du changement de format, et fin 1960) vont être placés sous le sigle Z.E.F. - pour Zéphyr (
Fripounet et Marisette), Eurêka (
Coeurs Vaillants) et Finette (
Âmes Vaillantes).
Comme Eurêka pour Alex, Zéphyr apparaît d'abord comme un faire-valoir. Les héros de Cap au Sud sont en effet plutôt Tony et sa soeur Clara, flanqués de leur berger allemand Zemba - enfants du village imaginaire de La Renardière, à côté de Chantonnay en Vendée. On découvre Zéphyr à la troisième planche, au détour d'un chemin creux :
C'est un petit gars de Ménilmontant qui s'ennuie (pas pour longtemps) à la campagne. A la différence des personnages de François Bel, Pat et Moune et Jordi, il n'est pas orphelin, même si Tony et Clara lui feront très vite office de parents de substitution : son père "connaît le concierge de la femme de ménage d'un balayeur du ministère de l'intérieur" (un intérieur sans doute très bien tenu) et il pense à sa "pauvre mère" dans les situations désespérées :
Ce qui est remarquable dans cette première histoire, alors que le scénario frise le n'importe quoi (une bande de voleurs de trésors opère avec cargo et sous-marin à partir d'une base située dans une île de l'Antarctique...) et que le trait de Pierre Brochard est encore assez fruste, est que Zéphyr est immédiatement très bien campé, tant au physique (un petit rouquin élastique - Tintin n'est pas loin -) qu'au mental - et là, on s'éloigne vraiment du modèle hergéen, car Zéphyr est un parfait anti-héros : peureux ("Zéphyr ainsi nommé pour sa faculté de disparaître dans les moments difficiles", explique Tony à Zemba dès leur première rencontre), vantard, susceptible, provoquant les catastrophes... mais indispensable aux rebondissements de l'intrigue. C'est même grâce à ses connaissances en radio apprises au patro (on faisait fort à Ménilmontant au début des années cinquante!) qu'il sauve Tony des griffes de la bande du Bison noir.
Au final, à part Zéphyr lui-même, il y a à mon avis peu de choses à retenir de cette première (més)aventure, sauf quelques vignettes qui annoncent la virtuosité graphique qui sera la signature de Pierre Brochard - notamment la dernière, assez étrange -
[encore impossible de télécharger ce soir certaines images, quelles que soient leurs dimensions, sans que je comprenne pourquoi - j'ai eu le même pb hier avec
Les portes du fleuve - -> donc je publie ce post sans les 3 vignettes que j'avais retenues ici]
et celle-ci, qui dénonce de façon prémonitoire les méfaits de l'agriculture productiviste...