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Alix 34 Par delà le Styx

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76Alix 34 Par delà le Styx - Page 4 Empty Re: Alix 34 Par delà le Styx Jeu 29 Oct - 17:02

Draculea

Draculea
vieux sage
vieux sage

Il me semble effectivement que c'est le Senator qui est prévu pour fin novembre, je l'avais vu annoncer, tandis que l'Alix de Marc Jailloux et Mathieu Breda restent bien attendus pour la semaine à venir.

http://www.marchenriarfeux.net

77Alix 34 Par delà le Styx - Page 4 Empty Re: Alix 34 Par delà le Styx Jeu 29 Oct - 18:12

stephane

stephane
vieux sage
vieux sage

Bruno, auras-tu les TT pour les EDA?

http://alixmag.canalblog.com/

78Alix 34 Par delà le Styx - Page 4 Empty Re: Alix 34 Par delà le Styx Jeu 29 Oct - 18:33

bruno

bruno
grand maître
grand maître

Je ne sais pas encore...

http://www.canalbd.net

79Alix 34 Par delà le Styx - Page 4 Empty Re: Alix 34 Par delà le Styx Jeu 29 Oct - 18:36

stephane

stephane
vieux sage
vieux sage

Crying or Very sad

http://alixmag.canalblog.com/

80Alix 34 Par delà le Styx - Page 4 Empty Re: Alix 34 Par delà le Styx Ven 30 Oct - 10:33

Erik A

Erik A
martinophile distingué
martinophile distingué

Comme c'est une opé prévue par l'éditeur, qui a eu la bonne idée de ces sorties simultanées, il est bien évident que les trois seront livrés en temps et heure pour "faire le buzz". C'est d'ailleurs une très bonne initiative qui est susceptible de faire bouger la presse et peut booster les ventes indéniablement en attirant le regard du potentiel acheteur. Je crois savoir que certains n'étaient pas chauds chez Casterman, craignant la dispersion et préférant trois sorties différentes, échelonnées, mais au final il a été entériné de mettre en place les trois en même temps... Du jamais vu dans l'univers Martin.

http://erikarnoux.blogspot.com

81Alix 34 Par delà le Styx - Page 4 Empty Re: Alix 34 Par delà le Styx Ven 30 Oct - 10:43

Draculea

Draculea
vieux sage
vieux sage

Effectivement !
Allez, encore un tout petit peu de patience donc !



Image hébergée par servimg.com

http://www.marchenriarfeux.net

82Alix 34 Par delà le Styx - Page 4 Empty Re: Alix 34 Par delà le Styx Ven 30 Oct - 11:00

AJAX

AJAX
grand maître
grand maître

Il n'y a qu'ALIX SENATOR qui manque - de peu - ce rendez-vous avec l'Histoire ?
Mais que fait la police !!! scratch

83Alix 34 Par delà le Styx - Page 4 Empty Re: Alix 34 Par delà le Styx Ven 30 Oct - 18:20

Tarmac

Tarmac
vieux sage
vieux sage

Trois en un (Alix Lefranc Jhen) pourqoi pas, encore que le pari est audacieux d'un point de vue commercial. Senator en plus eut été,je pense et comme on dit "Too much" No

84Alix 34 Par delà le Styx - Page 4 Empty Re: Alix 34 Par delà le Styx Mer 4 Nov - 15:13

AJAX

AJAX
grand maître
grand maître

Quelques précisions à propos de Jules César et de Marc Antoine

En manière d'intro

Comme vous tous, j'ai vu cette première page publiée plus haut. Le récitatif en haut de la planche 1 mentionne Marc Antoine comme «premier magistrat de Rome».

Sachant que Par delà le Styx doit évoquer la bataille de Thapsus, 6 avril 46, on peut penser que l'album démarre, en fait, fin 47, quand Antoine est le magister equitum («maître de cavalerie») de Jules César; fonction qu'il exerça en 48 et 47, en alternance avec Lépide (magister equitum, 45-44). (En 46, César étant consul III, il n'y a ni dictateur ni maître de cavalerie.)

Le maître de cavalerie
On appelle «maître de cavalerie» le bras droit du dictateur. La dictature est une magistrature spéciale, normalement limitée à six mois. En des circonstances graves, un dictateur va donc remplacer les deux consuls (élus pour un an). En 49 av. n.È., Jules César s'était octroyé la dictature pour un an, puis se l'était faite conférer pour dix ans (47) et à vie enfin (44), rompant avec le principe républicain d'une magistrature temporaire. À sa mort, Marc Antoine promulguera une lex Antonia de dictatura tollenda abrogeant la dictature et l'éliminant des magistratures romaines. Pour cause d'obsolescence, Auguste ne la rétablira pas.

D'abord comme propréteur puis comme maître de cavalerie, Marc Antoine a donc la charge d'administrer l'Italie (la ville de Rome relevant du préteur urbain Lépide) en l'absence du dictateur parti en Espagne traquer les légions que Pompée y a laissées. En effet, quoique resté à Rome, Pompée était le proconsul (gouverneur) des deux Espagnes. César défera ses légats à Ilerida (26 juin 49).


Magistratures. Petit rappel

Consul (cos.) ou dictateur ?
Rien n'est plus agaçant dans un ouvrage de vulgarisation, un roman, film ou BD que l'emploi de termes aussi imprécis que «général», «gouverneur» ou «premier magistrat», qui ne sont concevables que comme synonymes de «préteur» ou «légat» etc. — ou par souci de simplification, ce qui est sans doute le cas ici.

59 : César cos. I & M. Calpurnius Bibulus, consuls;
58 à 50 : César proconsul des Gaules cisalpine & transalpine et d'Illyrie;
49 : C. Claudius Marcellus cos. II, & L. Cornelius Lentulus Crux, consuls. Ils suivent Pompée en Grèce.
Lépide (préteur) gouverne Rome pour César; Antoine (propréteur) gouverne l'Italie;
mi-octobre : grâce à Lépide au Sénat : César dictateur I & M. Antoine, maître de cavalerie;
48 : César cos. II & P. Servilius Vatia Isauricus, consuls.
C. Trebonius préteur urbain
Après Pharsale (août 48) : César dictateur II pour un an [à l'initiative du consul P. Servilius Vatia Isauricus] & M. Antoine, maître de cavalerie;
47 : Q. Fusius Calvus & P. Vatinius, consuls.
46 : César cos. III & M. Æmilius Lepidus, consuls.
César obtient la dictature pour dix ans;
45 : César cos. IV (seul),
puis dictateur III & M. Lepidus, maître de cavalerie.
Ensuite, pendant trois mois : Q. Fabius Maximus [inopinément décédé en fin de magistrature, remplacé quelques heures par C. Caninius Rebilus] et C. Trebonius, consuls;
44 : César cos. V [14 janvier 44] (remplacé par Cornelius Dolabella) & M. Antonius, consuls.
César dictateur à vie [14 février 44] & M. Lepidus, maître de cavalerie. Assassiné un mois plus tard (15 mars).


Les protagonistes historiques

César
Depuis janvier 49, César, proconsul-putschiste, exerce le pouvoir dans le vide juridique le plus complet car Pompée étant en pleine déroute, les autorités légales — les consuls Claudius Marcellus et Lentulus Crux — l'ont suivi en Grèce.
Mi-octobre de cette année-là, son préteur Lépide [M. Æmilius Lepidus, futur triumvir] obtient de ce qui est resté du Sénat que — vu la situation exceptionnelle — César soit nommé dictateur (et donc Marc Antoine, maître de cavalerie).
On sait comment cela finit : après différentes passes d'armes dans les Balkans, notamment autour de Dyrrachium, Pompée vaincu à Pharsale (9 août 48) s'enfuit en Égypte, poursuivit par César.
Là, après avoir évincé le jeune pharaon Ptolémée XIII, filé le parfait amour avec sa soeur-épouse Cléopâtre et soumis Alexandrie (48-47), César mène ensuite une campagne-éclair — Veni, vidi, vici — en Asie Mineure contre Pharnace, le fils de Mithridate (juillet-août 47). Puis, brièvement rentré à Rome où il ne demeure qu'à peine deux mois, il repart en décembre, en vue d'aller déloger les Pompéiens de l'Afrique du Nord (Thapsus, 6 avril 46).

Antoine
Autant était-il capable d'endurer les privations quotidiennes de ses soldats (ce qui lui valait leur adoration), autant Antoine pouvait se relâcher dans la luxure.

Ses frasques expliquent l'attitude négative d'Alix, dans la susdite planche 1 de Par delà le Styx :


    FLAVIUS SINNER : «Je m'étonne de te trouver ici Alix, je sais que tu désapprouves les extravagances de Marc Antoine.»ENAK : «César l'a [Antoine] chargé de veiller sur Rome pendant son absence, mais Marc Antoine a une façon bien à lui de s'acquitter de sa tâche.»).


Merveilleux guerrier, fidèle en amitié, etc. ce joyeux drille n'avait aucune mesure dans ses divertissements. Et en ce sens, l'année 48 fut particulièrement grave.

De janvier 49 à la mort de César en mars 44, Marc Antoine demeura en Italie — sauf de mars à août 48 où il rejoignit César en Grèce, lui amenant des renforts et combattant notamment à Pharsale où il commandait l'aile gauche. N'ayant toutefois pas le don d'ubiquité, Marc Antoine ne fut ni à Ilerida (juin 49) [Alix/26 : L'Ibère], ni à Thapsus (avril 46) [Alix/34 : Par delà le Styx], ni à Munda (mars 45).
Jouissant sans vergogne du «repos du guerrier», il s'acquittera assez mal de cette tâche, menant joyeuse vie de débauche et s'affichant avec une porn-star de l'époque, une affranchie nommée Volumnia — connue à la scène sous le nom de Cythéris, actrice de pantomimes licencieuses. En sa compagnie, il se pavanait sur un char attelé... de lions. Cicéron note avec horreur que Julia, mère d'Antoine, la chaperonnait telle sa bru (CIC., Philippiques, II, 58).
À décharge, si César ne partageait pas le goût de son lieutenant pour le vin, pour autant il ne crachait pas sur le beau sexe, même s'il avait encore un certain sens des convenances.

Cette même année, des troubles furent suscités par un agitateur nommé M. Caelius Rufus (et Milon, revenu d'exil). Ceux-ci trouvaient leur origine dans la question de l'amnistie des dettes où s'opposaient Trebellius soutenant les créditeurs et Dolabella les débiteurs.
Ni le préteur urbain C. Trebonius ni le consul Servilius Vatia n'en venant à bout, Marc Antoine intervint avec ses légionnaires, nettoyant le Forum à la pointe du glaive. Et aux grands maux les grands remèdes, quelques meneurs furent balancés du haut de la Roche Tarpéienne.
Mais c'était là le pire des sacrilèges que d'introduire des hommes en armes à l'intérieur du pomoerium ! Cela lui vaudra de perdre, un temps, la confiance de César. Il finira néanmoins par la retrouver puisqu'il deviendra son co consul en 44 av. n. È.

Antoine et Curion
Il faut dire qu'Antoine, cousin de César (sa mère étant une Julia), avait un sacré tempérament; dans sa folle jeunesse il scandalisait le bourgeois en affichant une liaison homosexuelle avec son ami Curion [C. Scribonius Curio], chose très mal vue entre citoyens. Réalité ou, de sa part, provocation de dandy ? On ne le saura jamais.
Homme austère (la formule César «mari de toutes les femmes et femme de tous les maris» est de lui), C. Scribonius Curio (cos. 76), aurait épongé les dettes de Marc Antoine (250 talents) pour qu'il fasse taire la rumeur et s'éloigne de son fils.

En 57, Antoine s'en fut alors étudier à Athènes où il se lia rapidement avec Aulus Gabinius en route pour la Syrie, dont il avait été désigné gouverneur. Comme préfet de sa cavalerie (præfectus equitum), il participa à la conquête de l'Égypte (en fait, le rétablissement par Rome du roi Ptolémée XII Aulète, destitué par sa fille aînée Bérénice). En 54, Gabinius rappelé à Rome pour répondre dans une affaire de concussion, Antoine reprit sa liberté et alla rejoindre César à Samarobriva (Amiens), en Gaule, où son ami Curion servait déjà.

Antoine et César
De la lutte pour le pouvoir qui se prépare à la mort de César, Shakespeare — dans son Jules César, que tout amateur de péplum connaît — a élagué beaucoup de détails préférant ne montrer d'Antoine que la facette de l'ami fidèle. Un ami fidèle qui, dans son amitié pour César dont il se voyait l'héritier spirituel, sans doute se sentit blessé, ne pouvant accepter de se voir préférer un fade et maladif neveu : Octave (adopté comme fils, par testament). Un Octave qui, clairement, avait davantage le sens de l'État que le soudard Antoine.
Lors du complot, le rôle d'Antoine reste assez nébuleux. Probablement approché par les conspirateurs — mais adepte d'un certain Wait and see ! — il aurait laissé courir.

Il nous faut, hélas, admettre que la plupart des 24 assassins de César étaient de ses anciens officiers déçus de ne pas avoir reçu satisfaction à leurs ambitions. De ce nombre étaient notamment Caius Trebonius, Tullius Cimber, Decimus Brutus, Sulpicius Galba ou Minucius Basilus...

L'initiateur du complot, Cassius [Q. Cassius Longinus], l'ancien questeur de Crassus à Carrhæ, avait comme tribun du peuple et avec ses collègues Antoine et Curion, soutenu la cause de César et, en leur compagnie, été chassé du Sénat — pour rejoindre César à Ravenne en janvier 49.

Quand aux «républicains» purs et durs qui — comme Marcus Brutus ou même le précité Cassius — avaient suivi Pompée contre César, et avaient été pardonnés après Pharsale, ils étaient nettement minoritaires ! Ce n'est pas sans raison que Dante, dans sa Divine Comédie (chant XXXIV, 9e cercle) renverra dos-à-dos comme les traîtres absolus : Judas, Brutus et Cassius, éternellement broyés dans la triple mâchoire d'un Cerbère...

La maison de Marc Antoine

Il y a deux ans, lorsque Marc m'a demandé où dans Rome résidait Antoine, j'ignorais que son album se déroulerait à l'époque de la bataille de Thapsus. Certes, je n'avais aucune idée du lieu où résidaient les Antonii. Le Palatin ? ( lectraymond.forumactif.com-/t369p15-la-demeure-d-alix#60690 ) C'est, en effet, ce que suggère Wikipedia ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Mont_Palatin )

En revanche, on sait qu'après le pronunciamiento de janvier 49, Pompée étant en fuite, Antoine s'appropria la demeure de ce dernier, mise aux enchères. François Chamoux écrit que Marc Antoine prononça son fameux discours au lendemain de l'assassinat de César devant le temple de Tellus, proche de sa maison mais suffisamment éloigné du Capitole où s'étaient retranchés les conspirateurs avec une forte troupe de gladiateurs (Fr. CHAMOUX, Marc Antoine, dernier prince de l'Orient grec, Arthaud, 1986, pp. 79 et 105). Vérification faite, ce temple se situe dans le quartier des Carènes (ou Carines). Cf. Wikipedia : http://en.wikipedia.org/wiki/Terra_(mythology)#Temple

On trouvera une précieuse indication dans la «Bible» de Gilles Chaillet. Même en tenant compte du fait que Chaillet s'est basé sur la maquette de Rome d'Italo Gismondi (1937) — elle-même basée sur la Forma Urbis, et qu'il s'agit donc de la Rome du IVe s. — il situe le Temple de Tellus [déesse de la Terre] dans un enclos sis dans l'extrême coin supérieur gauche de la page 146 (explication sur le rabat en vis-à-vis). Ce temple de la Terre est deux ou trois rues au N. O. du Colisée (qui n'existait pas encore à l'époque), bien évidemment en bordure du vicus Telluris. Et deux pâtés de maisons plus à l'Est, à l'aplomb du Colisée — entre le clivus Pullius et la Préfecture urbaine — on trouve la «Maison de Pompée puis des Gordiens». Selon toute probabilité, c'est là que depuis 49 résidait Marc Antoine à Rome (Gilles CHAILLET, Dans la Rome des Césars, Glénat, 2004). Et c'est là que, dans la réalité, Marc Antoine-Marlon Brando aurait dû prononcer son fameux panégyrique de César, et non devant le «Sénat» comme le film de Mankiewicz le suggérerait (Jules César, 1951). C'est sûrement là qu'est censé se dérouler le banquet ouvrant Par delà le Styx. Notre ami LOUP79 ( lectraymond.forumactif.com¬/t369p15-la-demeure-d-alix#58903 ) va pouvoir comparer avec les précédents albums où l'on voit Pompée chez lui à Rome... Very Happy
___________________

Addendum : Les tentations de saint Antoine

Après avoir été l'amant d'une Fadia, fille d'affranchi, Marc Antoine songea à se marier «sérieusement». Il épouse d'abord sa cousine Antonia, fille de son oncle paternel C. Antonius Hybrida. Il en divorce en 47, la soupçonnant d'être la maîtresse de P. Cornelius Dolabella, gendre de Cicéron.
En 45, il se remarie avec Fulvia, veuve de son ami Curion tué par les Numides en 48.
Il la congédie en 40 pour épouser Octavie, soeur d'Octave, en vue de sceller leur alliance politique.
Et en 37 ou en 34, on ne sait, il épouse en Égypte Cléopâtre dont il était de longue date l'amant. Une union sans valeur légale à Rome.

Fulvia apparaît peu dans les films et BD. Dans la série-TV Empire (ABC, 2005), elle est une matrone revêche et dominatrice. Dans la série Rome (HBO, 2004) où nombre de personnages et d'événements sont télescopés par souci de simplification, certains traits de son caractère ont été transférés sur Atia (mère d'Octave et maîtresse d'Antoine), dans un épisode mélangeant la guerre de Modène (avril 43) et celle de Pérouse (41-40). Fulvia, ou plutôt Atia, siège en armure au conseil de guerre d'Antoine contre Octave (2e saison)...
[La véritable Atia, mère d'Octave, semble avoir été une vertueuse matrone, peu portée sur les fantaisies. Mais la série-TV lui a superposé la personnalité de la «scandaleuse» Clodia (une demi-mondaine, soeur du fameux Clodius Pulcher) outre quelques virils éléments empruntés à Fulvia.]

Une BD pornographique italienne, Messalina, a connu de curieux avatars éditoriaux chez ElviFrance, sous le coup de la censure plusieurs fois contraint changer de nom : Messaline, Poppée et... Fulvia avant de devenir, en toute simplicité, Vénus de Rome. Tous noms connotés de stupre !

Fulvia Flacca Bambula (77-40 av. n.È.) fut successivement l'épouse de P. Clodius Pulcher (ca.62-52), de C. Scribonius Curio (ca.52-49) et de Marc Antoine (45-40). Par sa mère Sempronia Gracchæ (arrière-arrière-petite-fille de Scipion l'Africain), Fulvia descendait des fameux C. et Tib. Gracchus — les «Gracques» ! À la mort de son premier époux, le démagogue Clodius Pulcher, chef d'une milice populiste, elle suscita une émeute au cours de laquelle le Sénat fut incendié (52).

Elle haïssait Cicéron, coupable d'avoir défendu Milon, l'assassin de son mari Clodius. Lorsque Cicéron tomba sous les coups des proscripteurs (7 décembre 43), sa tête et ses mains coupées furent exposées sur le Forum. Ne décolérant pas, Fulvia lui perça encore la langue avec un poinçon.
Mais Antoine avait lui aussi de solides raisons de haïr Cicéron : lors de son consulat de 63, Cicéron avait fait exécuter sans procès son beau-père le sénateur P. Lentulus Sura accusé de conspiration avec Catilina. Détail amusant : contraint par César de se réconcilier avec Cicéron — qui soutient sa candidature à l'augurat — Antoine, le glaive au poing, pourchassera l'agitateur Clodius Pulcher, turbulent allié de César, qu'il contraindra à se cacher dans la boutique d'un libraire du Forum (53). Six ans plus tard il devait donc en épouser la veuve, Fulvia (entre-temps, bis repetita placent, devenue veuve de son ami Curion.

Précédemment, Fulvia avait eu de P. Clodius Pulcher une fille — Clodia Pulchra — que Marc Antoine donna à épouser à Octave pour sceller leur alliance [Paix de Brindes, 40]. Octave l'ayant renvoyée sans même avoir consommé cette union, Fulvia prit son attitude pour du dédain, une provocation. Elle ceignit les armes et, haranguant ses troupes, avec son beau-frère Lucius Antonius elle leva contre Octave huit légions et occupa Rome un court moment. Ce fut la Guerre de Pérouse. Vaincue, elle fut condamnée à l'exil par Octave; Antoine la répudia et épousa Octavie pour célébrer sa réconciliation.

À Marc Antoine, elle avait donné deux fils : M. Antonius Antyllus (47-30 av. n.È.), mis à mort par Octave, et Iullus Antonius (45-2 av. n.È.), consul en 10 av. n.È.

85Alix 34 Par delà le Styx - Page 4 Empty Re: Alix 34 Par delà le Styx Mer 4 Nov - 21:21

Tarmac

Tarmac
vieux sage
vieux sage

AJAX a écrit:Quelques précisions à propos de Jules César et de Marc Antoine

En manière d'intro

Comme vous tous, j'ai vu cette première page publiée plus haut. Le récitatif en haut de la planche 1 mentionne Marc Antoine comme «premier magistrat de Rome».

Sachant que Par delà le Styx doit évoquer la bataille de Thapsus, 6 avril 46, on peut penser que l'album démarre, en fait, fin 47, quand Antoine est le magister equitum («maître de cavalerie») de Jules César; fonction qu'il exerça en 48 et 47, en alternance avec Lépide (magister equitum, 45-44). (En 46, César étant consul III, il n'y a ni dictateur ni maître de cavalerie.)

Le maître de cavalerie
On appelle «maître de cavalerie» le bras droit du dictateur. La dictature est une magistrature spéciale, normalement limitée à six mois. En des circonstances graves, un dictateur va donc remplacer les deux consuls (élus pour un an). En 49 av. n.È., Jules César s'était octroyé la dictature pour un an, puis se l'était faite conférer pour dix ans (47) et à vie enfin (44), rompant avec le principe républicain d'une magistrature temporaire. À sa mort, Marc Antoine promulguera une lex Antonia de dictatura tollenda abrogeant la dictature et l'éliminant des magistratures romaines. Pour cause d'obsolescence, Auguste ne la rétablira pas.

D'abord comme propréteur puis comme maître de cavalerie, Marc Antoine a donc la charge d'administrer l'Italie (la ville de Rome relevant du préteur urbain Lépide) en l'absence du dictateur parti en Espagne traquer les légions que Pompée y a laissées. En effet, quoique resté à Rome, Pompée était le proconsul (gouverneur) des deux Espagnes. César défera ses légats à Ilerida (26 juin 49).


Magistratures. Petit rappel

Consul (cos.) ou dictateur ?
Rien n'est plus agaçant dans un ouvrage de vulgarisation, un roman, film ou BD que l'emploi de termes aussi imprécis que «général», «gouverneur» ou «premier magistrat», qui ne sont concevables que comme synonymes de «préteur» ou «légat» etc. — ou par souci de simplification, ce qui est sans doute le cas ici.

59 : César cos. I & M. Calpurnius Bibulus, consuls;
58 à 50 : César proconsul des Gaules cisalpine & transalpine et d'Illyrie;
49 : C. Claudius Marcellus cos. II, & L. Cornelius Lentulus Crux, consuls. Ils suivent Pompée en Grèce.
Lépide (préteur) gouverne Rome pour César; Antoine (propréteur) gouverne l'Italie;
mi-octobre : grâce à Lépide au Sénat : César dictateur I & M. Antoine, maître de cavalerie;
48 : César cos. II & P. Servilius Vatia Isauricus, consuls.
C. Trebonius préteur urbain
Après Pharsale (août 48) : César dictateur II pour un an [à l'initiative du consul P. Servilius Vatia Isauricus] & M. Antoine, maître de cavalerie;
47 : Q. Fusius Calvus & P. Vatinius, consuls.
46 : César cos. III & M. Æmilius Lepidus, consuls.
César obtient la dictature pour dix ans;
45 : César cos. IV (seul),
puis dictateur III & M. Lepidus, maître de cavalerie.
Ensuite, pendant trois mois : Q. Fabius Maximus [inopinément décédé en fin de magistrature, remplacé quelques heures par C. Caninius Rebilus] et C. Trebonius, consuls;
44 : César cos. V [14 janvier 44] (remplacé par Cornelius Dolabella) & M. Antonius, consuls.
César dictateur à vie [14 février 44] & M. Lepidus, maître de cavalerie. Assassiné un mois plus tard (15 mars).

.

Merci Ajax pour ce rappel sur le cursus honorum, et certaines magistratures. Finalement, le très populares Cesar s'est comporté comme un Optimates, un Sylla en puissance, en remettant au goût du jour, une magistrature exceptionnelle pour des circonstances exceptionnelles.Il est vrai que cela lui permettait de consolider un peu plus son pouvoir..

86Alix 34 Par delà le Styx - Page 4 Empty Re: Alix 34 Par delà le Styx Mer 4 Nov - 21:22

Tarmac

Tarmac
vieux sage
vieux sage

AJAX a écrit:Quelques précisions à propos de Jules César et de Marc Antoine

En manière d'intro

Comme vous tous, j'ai vu cette première page publiée plus haut. Le récitatif en haut de la planche 1 mentionne Marc Antoine comme «premier magistrat de Rome».

Sachant que Par delà le Styx doit évoquer la bataille de Thapsus, 6 avril 46, on peut penser que l'album démarre, en fait, fin 47, quand Antoine est le magister equitum («maître de cavalerie») de Jules César; fonction qu'il exerça en 48 et 47, en alternance avec Lépide (magister equitum, 45-44). (En 46, César étant consul III, il n'y a ni dictateur ni maître de cavalerie.)

Le maître de cavalerie
On appelle «maître de cavalerie» le bras droit du dictateur. La dictature est une magistrature spéciale, normalement limitée à six mois. En des circonstances graves, un dictateur va donc remplacer les deux consuls (élus pour un an). En 49 av. n.È., Jules César s'était octroyé la dictature pour un an, puis se l'était faite conférer pour dix ans (47) et à vie enfin (44), rompant avec le principe républicain d'une magistrature temporaire. À sa mort, Marc Antoine promulguera une lex Antonia de dictatura tollenda abrogeant la dictature et l'éliminant des magistratures romaines. Pour cause d'obsolescence, Auguste ne la rétablira pas.

D'abord comme propréteur puis comme maître de cavalerie, Marc Antoine a donc la charge d'administrer l'Italie (la ville de Rome relevant du préteur urbain Lépide) en l'absence du dictateur parti en Espagne traquer les légions que Pompée y a laissées. En effet, quoique resté à Rome, Pompée était le proconsul (gouverneur) des deux Espagnes. César défera ses légats à Ilerida (26 juin 49).


Magistratures. Petit rappel

Consul (cos.) ou dictateur ?
Rien n'est plus agaçant dans un ouvrage de vulgarisation, un roman, film ou BD que l'emploi de termes aussi imprécis que «général», «gouverneur» ou «premier magistrat», qui ne sont concevables que comme synonymes de «préteur» ou «légat» etc. — ou par souci de simplification, ce qui est sans doute le cas ici.

59 : César cos. I & M. Calpurnius Bibulus, consuls;
58 à 50 : César proconsul des Gaules cisalpine & transalpine et d'Illyrie;
49 : C. Claudius Marcellus cos. II, & L. Cornelius Lentulus Crux, consuls. Ils suivent Pompée en Grèce.
Lépide (préteur) gouverne Rome pour César; Antoine (propréteur) gouverne l'Italie;
mi-octobre : grâce à Lépide au Sénat : César dictateur I & M. Antoine, maître de cavalerie;
48 : César cos. II & P. Servilius Vatia Isauricus, consuls.
C. Trebonius préteur urbain
Après Pharsale (août 48) : César dictateur II pour un an [à l'initiative du consul P. Servilius Vatia Isauricus] & M. Antoine, maître de cavalerie;
47 : Q. Fusius Calvus & P. Vatinius, consuls.
46 : César cos. III & M. Æmilius Lepidus, consuls.
César obtient la dictature pour dix ans;
45 : César cos. IV (seul),
puis dictateur III & M. Lepidus, maître de cavalerie.
Ensuite, pendant trois mois : Q. Fabius Maximus [inopinément décédé en fin de magistrature, remplacé quelques heures par C. Caninius Rebilus] et C. Trebonius, consuls;
44 : César cos. V [14 janvier 44] (remplacé par Cornelius Dolabella) & M. Antonius, consuls.
César dictateur à vie [14 février 44] & M. Lepidus, maître de cavalerie. Assassiné un mois plus tard (15 mars).

.

Merci Ajax pour ce rappel sur le cursus honorum, et certaines magistratures. Finalement, le très populares Cesar s'est comporté comme un Optimates, un Sylla en puissance, en remettant au goût du jour, une magistrature exceptionnelle pour des circonstances exceptionnelles.Il est vrai que cela lui permettait de consolider un peu plus son pouvoir..

87Alix 34 Par delà le Styx - Page 4 Empty Re: Alix 34 Par delà le Styx Mer 4 Nov - 22:17

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grand maître
grand maître

Mmmouais Tarmac, mais il faut relativiser.
Le dictateur optimate Sylla a eu l'élégance de démissionner, une fois ses réformes fondues en textes de lois.
En revanche, l'oncle de César, Marius, et le beau-père de César, Cinna - des populares - furent sans doute les pires bouchers de la Rome tardo-républicaine. Les comparer à Pol-Pot ne me paraîtrait pas excessif.

De César, on se souviendra surtout de sa modération et de sa clémence. Il est plus connu pour cela que pour sa cruauté. Il est vrai que c'étaient les citoyens, même opposants, qui en bénéficièrent. Plus rarement les Barbares.
C'est sa magnanimité qui causa sa perte.

88Alix 34 Par delà le Styx - Page 4 Empty Re: Alix 34 Par delà le Styx Jeu 5 Nov - 8:31

AJAX

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grand maître
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AJAX a écrit:
De janvier 49 à la mort de César en mars 44, Marc Antoine demeura en Italie — sauf de mars à août 48 où il rejoignit César en Grèce, lui amenant des renforts et combattant notamment à Pharsale où il commandait l'aile gauche. N'ayant toutefois pas le don d'ubiquité, Marc Antoine ne fut ni à Ilerida (juin 49) [Alix/26 : L'Ibère], ni à Thapsus (avril 46) [Alix/34 : Par delà le Styx], ni à Munda (mars 45).

Lisez plutôt :

AJAX a écrit:
De janvier 49 à la mort de César en mars 44, Marc Antoine demeura en Italie — sauf de mars à août 48 où il rejoignit César en Grèce, lui amenant des renforts et combattant notamment à Pharsale où il commandait l'aile gauche. N'ayant toutefois pas le don d'ubiquité, Marc Antoine ne fut ni à Ilerida (juin 49), ni à Thapsus (avril 46) [Alix/34 : Par delà le Styx], ni à Munda (mars 45) [Alix/26 : L'Ibère].

En collationnant mes remarques (et supprimant quelques redites), j’ai parachuté le renvoi à Alix/26 certes dans la bonne phrase, mais pas à la suite de la bonne référence.
Dont acte. Smile

89Alix 34 Par delà le Styx - Page 4 Empty Re: Alix 34 Par delà le Styx Ven 6 Nov - 14:55

Draculea

Draculea
vieux sage
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Merci Ajax et Tarmac de ces commentaires et ces échanges passionnants qui permettent d'éclairer davantage la substance historique de cet album que je viens de lire une première fois.
Je l'ai lu avec, je dois le dire, un très grand plaisir, à tout point de vue. J'aime que le scénario de Matthieu Bréda soit aussi riche, complexe, sinueux dans le meilleur sens du terme. A aucun moment en effet ce récit ne nous déçoit. Les divers registres, celui de la quête privée, celui des destins individuels, celui des événements historiques, s'y nouent les uns aux autres de façon passionnante et admirablement conçue. La dimension des troubles psychologiques d'Héraklios, profondément liés à l'histoire de sa famille et de son peuple, donc à celle de la victoire romaine via Alix, est traitée avec une grande finesse et sait dans le contexte antique et les formes culturelles de l'époque s'inscrire partiellement dans une sorte d'onirisme magique captivant et sans excès. J'aime aussi des jeux d'échos inversés entre les batailles de César dans cet album et le précédent, Britannia.



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De même, par l'intermédiaire de certaines images, on devine des jeux d'allusions à La Dernière conquête , je songe en l'occurrence à la case dans laquelle Alix découvre les objets et la cassette dissimulés dans le temple d'Asclépios, situation qui n'est en effet pas sans faire songer à la découverte de la dépouille glorieuse d'Alexandre. Marc Jailloux signe là grâce au scénario un autre aspect de ce qui distingue un style authentique, la capacité à faire revenir des types d'images dans des formes chaque fois différentes, selon ce qu'on peut appeler de véritables archétypes visuels. Bien sûr il y a également là une intelligence du scénario qui sait créer des liens symboliques entre les épisodes aussi bien anciens que récents, qui montre la subtilité avec laquelle Matthieu Bréda a écrit cette histoire. De sorte que, contrairement à certaines séries dont les reprises se contentent de juxtaposer les épisodes successifs, en n'établissant éventuellement entre eux de liens qu'anecdotiques, Marc Bréda met son sens des échos narratifs au service d'une dramaturgie intérieure d'Alix, de plus en plus forte au fur et à mesure que s'écoule cet album en relation avec les précédents. On sent que le devenir d'Alix commence à devenir un véritable destin qui se retrouvera plus tard sous de toutes autres formes dans l'autre partie de sa vie que nous conte la série Alix Senator sous la houlette d'autres auteurs également de haut talent.



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Dans ce nouvel opus s'affirme une troisième fois de manière éclatante l'art de Marc Jailloux, la clarté et la beauté de son dessin d'une pureté sans égales et d'une inventivité parfaites, aussi bien dans le domaine architectural que paysager ou encore dans le portrait : à cet hagard, celui du roi numide Juba est exemplaire, quel que soit l'angle sous lequel nous est présenté le visage de ce personnage.



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L'ampleur de la planche telle que Marc Jailloux la pratique dans cet épisode, avec une aisance souple trouve une très juste respiration qui donne à ce vaste récit, (vaste par son ambition réussie de tresser des situations placées à de niveaux divers et à nous donner l'impression d'une grande quantité d'événements dans le même nombre de pages qu'habituellement), une dimension véritablement symphonique. J'observe avec grand intérêt que les indications de couleur pensées sans doute par Marc Jailloux et le travail de leur réalisation par le très remarquable et talentueux Robin le Gall, confirment l'impression que j'avais eue à la vision de la première planche dans ce même sujet avant la parution de l'album : l'usage tout au long de cette aventure d'une palette qui, d'une façon extrêmement intéressante, à la fois du point de vue dramatique et du point de vue pictural, fait jouer dans des camaïeux, deux grandes valeurs diurnes et nocturnes de rouges et ors, (qui évoque souvent le monde oriental safran et or de La Dernière conquête, en lui apportant de nouvelles variations graphiques et chromatiques de premier plan) avec des déclinaisons d'orange ou de sable et rose, et de bleus et verts sombres, les faisant soit dialoguer, soit s'interpénétrer, soit se juxtaposer lorsque les planches accueillent l'une des deux dominantes de manière plus exclusive. Si bien que nous avons là un album qui se construit selon une esthétique de quasi bichromie et trouve ainsi une unité chromatique remarquable et surtout d'une exceptionnelle originalité.



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S'il est souvent associé à la violence de l'action - devenant même dans ce cas intensément orange - il arrive que l'or et rouge devienne substance de songe et fait ainsi subtilement communiquer le monde du jour hanté de pressentiments et celui des apparitions oniriques quand, par deux fois, le spectre d'Héraklios apparaît à Alix. Voyez comment dans la seconde apparition où Héraklios avertit Alix que Xiphos s'apprête à frapper Astyanax, Marc Jailloux met en parallèle sur deux cases successives l'irruption du songe et le réveil d'Alix. Il est frappant de constater qu'alors, le visage qui fait écho à celui du spectre d'Héraklios est celui du jeune Mapta qui ne tardera pas à mourir, comme s'il fallait qu'une victime innocente soit sacrifiée pour qu'Héraklios guérisse. C'est à de tels rapprochements d'images que se perçoit aussi l'art d'un grand dessinateur qui est aussi un rêveur de symboles ! Assurément, Marc Jailloux est de ceux-là !



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Dans ces scènes de songe, les bleus et verts sombres servent d'écrin à la fauve luminosité du rêve, ce jour second de l'âme, permettant à l'apparition fantomatique d'intervenir efficacement dans le réel. Il y aurait certes beaucoup à dire, et j'y reviendrai par la suite, de cet album à mon sens passionnant, le temps me manquant pour l'heure et me contraignant à m'en tenir à quelques brèves considérations pour dire combien je trouve ce Par-Delà le Styx remarquable en tout point.
[justify]Une question pour finir : je suppose que c'est à dessein - et pas seulement à dessin - qu'à la planche 4, lorsque Alix et Enak suivent Héraklion dans Suburre, on voit à la quatrième case un graffiti représentant un personnage armé d'un trident et accompagné de la mention "Gonus". Quelqu'un pourrait-il éclairer ce terme dont, n'étant plus un latiniste depuis fort longtemps, je suis incapable de retrouver le sens - à moins que ce ne soit un nom, peut-être de gladiateur ?




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Dernière édition par Draculea le Ven 6 Nov - 18:36, édité 1 fois

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90Alix 34 Par delà le Styx - Page 4 Empty Re: Alix 34 Par delà le Styx Ven 6 Nov - 16:09

Fripon

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martinophile distingué
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Je reviens de chez mon libraire avec les albums (ainsi que le dernier Tuniques bleues).
Ma lecture va se faire baignée dans l'appui des commentaires éclairés.

91Alix 34 Par delà le Styx - Page 4 Empty Re: Alix 34 Par delà le Styx Ven 6 Nov - 17:17

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grand maître
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Draculea a écrit:
Une question pour finir : je suppose que c'est à dessein - et pas seulement à dessin - qu'à la planche 4, lorsque Alix et Enak suivent Héraklion dans Suburre, ont voir à la quatrième case un graffiti représentant un personnage armé d'un trident et accompagné de la mention "Gonus". Quelqu'un pourrait-il éclairer ce terme dont, n'étant plus un latiniste depuis fort longtemps, je suis incapable de retrouver le sens - à moins que ce ne soit un nom, peut-être de gladiateur ?


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Je devrais vérifier, mais il me semble - de mémoire ! - que Marc Jailloux a ici reproduit une partie d'un graffito assez connu représentant une paire de gladiateurs dont celui de droite se nomme tout simplement Chrysogonus.

Une paire gladiateurs hein ! Pas une paire de "gonades" !  Twisted Evil  A propos des graffitis obscènes, il y a un chapitre là-dessus dans l'excellent petit bouquin de Michel Dubuisson, Lasciva Venus, paru chez Talus d'Approche.

Les gladiateurs portaient souvent des "noms de scène" empruntés à la mythologie grecque. Ca me rappelle qu'un affranchi de Sylla portait lui aussi ce nom de Chrysogonus. Une crapule qui s'était scandaleusement enrichie pendant les proscriptions. Cicéron a prononcé contre lui son fameux Pro Roscio, mais c'est une autre histoire !

92Alix 34 Par delà le Styx - Page 4 Empty Re: Alix 34 Par delà le Styx Ven 6 Nov - 17:58

Draculea

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vieux sage
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Merci Ajax de ces précisions : j'avais supposé qu'il pouvait s'agir d'un nom de gladiateur mais je n'en étais pas certain. Cela correspond bien en tout cas à l'esprit de cette partie de Rome où s'égare Héraklion, sorte de monde social et fantasmatique par-delà le Styx de la vie patricienne, qui a ici quelque chose d'un labyrinthe infernal où le malheureux enfant reçoit les communications d'un monde mort, à travers les lettres d'Astyanax.
Merci également pour la référence à cet ouvrage de Michel Dubuisson qui doit être extrêmement intéressant. Il se trouve qu'une de amies a travaillé il y a quelques années déjà sur un sujet voisin : les injures et mots vulgaires en vigueur à l'époque impériale. J'avais beaucoup apprécié cette étude et celle de Michel Dubuisson devrait également beaucoup me plaire. Very Happy

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93Alix 34 Par delà le Styx - Page 4 Empty Re: Alix 34 Par delà le Styx Ven 6 Nov - 18:28

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grand maître
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Voilà, j'ai vérifié. Il s'agit en fait d'Antigonus, et tu trouveras la scène dans son ensemble p. 339 du bouquin d'Eric Teyssier, La mort en face. Le Dossier Gladiateurs (Actes Sud, 2009). Me disais bien que j'avais déjà vu ça quelque part.
Le graffito a été trouvé à Rome, sur le Palatin, au Paedagogium. Le rétiaire Antigonus, 20 combats, 6 couronnes, affronte le secutor Superbus. Entre les deux, le doctor arbitre le combat.

94Alix 34 Par delà le Styx - Page 4 Empty Re: Alix 34 Par delà le Styx Ven 6 Nov - 18:38

Draculea

Draculea
vieux sage
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Merci de ces précisions. J'irai consulter l'ouvrage la semaine prochaine en bibliothèque. Il ne manquera certainement pas d'être au catalogue de la BM de Lyon qui est très riche dans tous les domaines qu'elle aborde.

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95Alix 34 Par delà le Styx - Page 4 Empty Re: Alix 34 Par delà le Styx Sam 7 Nov - 11:06

Erik A

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martinophile distingué
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Marc est sidérant quand on se rappelle qu'il n'a pas tellement d'albums derrière lui à ce stade de sa carrière. Certes, il fait parfois des fautes de dessin et des erreurs de proportions de ses personnages surprenantes anatomiquement causant, mais je suis totalement scié par son encrage Martinien qui montre qu'il a tout compris des "tics" graphiques et des gimmicks du Maître, sur les visages, les yeux et la bouche ainsi que la forme très caractéristiques des têtes que Martin dessinait...

Du très beau travail qui ne peut aller qu'en s'améliorant.

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96Alix 34 Par delà le Styx - Page 4 Empty Re: Alix 34 Par delà le Styx Sam 7 Nov - 11:20

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grand maître
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Puisque tu es dans le graphisme, Erik, peut-être pourras-tu nous renseigner. Je n'y connais rien, n'étant pas dessinateur mais il me semble que Martin avait des exigences très précises en matière de trait. Il préférait la plume au rotring, si j'ai bien retenu ses explications...

Or il me semble que le trait de Marc est plus fin, manque d'épaisseur si tu vois ce que je veux dire. Que peux-tu dire à ce sujet ?

97Alix 34 Par delà le Styx - Page 4 Empty Re: Alix 34 Par delà le Styx Sam 7 Nov - 16:04

Erik A

Erik A
martinophile distingué
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C'est très subjectif tout ça. Et je crains ne pas pouvoir être juge et partie sous peine d'en prendre plein la poire, le jour où moi je... Mais voilà. Martin, on le sait tous, a fait une carrière pleine de rigueur et d'exigence(s). Les dessinateurs qui ont été dans ses traces n'ont pas toujours eu la même d'entrée (après, au fil du temps, évidemment), pour un tas de raisons: la première étant selon moi que Martin travailla uniquement (si on excepte Juillard) avec des débutants qu'il formait lui-même et jamais avec des pros déjà d'un très bon niveau et aguerris. Sans doute pour garder sa suprématie artistique et sa tutelle et ne pas se trouver face à un dessinateur qui aurait déjà une vraie expérience et des albums derrière lui. Il se souvenait aussi de ce que lui même pensait d'Hergé quand il travaillait sous sa tutelle. Est-ce nécessaire d'en dire plus ?...

Ces garçons, à commencer par mon ami Gilles Chaillet, ont donc été obligés de se former sur le tas, sur des séries très abouties comme Alix et Lefranc, demandant un niveau d'exigence incroyable, ce qui était un challenge énorme et très ardu. Songez que quand Gilles attaque son premier Lefranc, il a fait un tas de dessins, bien sûr, mais jamais une page personnelle publiée, il travaillait au studio Dargaud et s'occupait d'ailleurs - vous le savez sans doute - du merchandising "Idefix"... C'est bien loin du style Martin.Ceci dit, depuis tout petit, il s'inspirait de Alix, déjà...

Bref. Martin a "grandi" avec la plume et le pinceau. Le Rotring est un outil très sec et à pointe, qui ne permet pas les pleins et les déliés, à moins de les faire de manière artificielle, comme moi-même, débutant, je l'ai fait des années durant. Quand martin passe au Rapidograph Variant (plus communément "Rotring", donc) il découvre l'engin et l'adopte, mais son encrage ne prend un coup, devenant bien plus grinçant et sec,  à partir du Prince du Nil, je crois... Regardez les pages. En noir et blanc. C'est très différent de iorix, par exemple...

Et Martin adopte ce trait ensuite, probablement parce que c'est nouveau, et que le Rotring qui a une cartouche d'encre de Chine à l'intérieur est moins contraignant que la plume, qui nécessite un encrier et de recharger sans cesse.

Maintenant le dessin de Jailloux. Marc, je l'ai croisé en 2002 dans un salon dans le nord de la France, à Coudekerque et il débutait à peine. Il en est à son troisième Alix après avoir dessiné un Orion... Il ne lui manque pas grand chose, peut-être un peu plus de rigueur dans les personnages, anatomiquement causant. Je suis épaté par le trait de Marc sur les personnages qu'il a vraiment Martinisé. Sans trahir un secret, je lui ai montré des encrages sur des essais Martin (de moi) et il a été de très bon conseil en m'expliquant là où je péchais précisément sur le côté "encrage à la Martin". C’est en ça que je dis qu'il a tout pigé des gimmicks et des astuces de traits de JM. Ce que j'ai encore un peu de mal à trouver...

Je pense être un peu plus costaud sur l'anatomie et la mise en page, mais j'ai pas mal d'années de plus et d'albums aussi... C'est bien là que je m'aperçois à quel point Marc a une marge de manœuvre et donc de progression pour nous épater dans les années à venir. .



Dernière édition par Erik A le Sam 7 Nov - 17:12, édité 4 fois

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98Alix 34 Par delà le Styx - Page 4 Empty Re: Alix 34 Par delà le Styx Sam 7 Nov - 16:59

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Merci pour ces précisions, Erik.

99Alix 34 Par delà le Styx - Page 4 Empty Re: Alix 34 Par delà le Styx Sam 7 Nov - 17:14

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Merci pour ces précision éclairantes, Erik. Quand je travaillais sur les VOYAGES avec Martin (mais pas comme dessinateur, évidemment), il m'a exposé ce que tu viens de rappeler. Mais cela ne me concernait que de très loin, à l'époque.

Comme tu sais, je suis plus doué pour dire dans quelle pissotière Marc a trouvé tel graffito de gladiateurs que pour la technique du dessinateur. Chacun son boulot ! Rolling Eyes

100Alix 34 Par delà le Styx - Page 4 Empty Re: Alix 34 Par delà le Styx Sam 7 Nov - 17:28

Erik A

Erik A
martinophile distingué
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@AJAX: un dernier point dans ta question sur l’épaisseur des traits. Martin a eu plusieurs périodes graphiques assez distinctes quand on se penche sur les albums. On excepte le premier et le second qui sont d’un style très ampoulé un peu maniéré, à la limite de la gravure. Il va peu à peu (et là c'est l'influence Hargé et son travail sur les albums du patron qui l'y poussent) dégager un style davantage ligne claire, bien plus lisible, mais qu'adoptaient peu ou prou tous les auteurs du journal Tintin, il suffit de feuilleter les numéros des années 50 pour s'apercevoir de l'uniformisation du trait chez les auteurs, impressionnés par la direction artistique très orientée d'Hergé en personne, sans doute. Le lettrage, les cases, les traits...

Ensuite, la Griffe Noire marque un premier tournant avec peu à peu le style Martin qui se dégage tout au long de l'album. Il commence assez près de son encrage de l'album précédent et au fil des planches devient plus précis dans son style préfigurant la suite... Le dernier Spartiate ou encore Le Mystère Borg sont d'une précision inégalée ensuite quand à la rigueur et au réalisme des personnages et des décors... C'est l'apogée... Encrage plume.

Le Prince du Nil, on le constate marque une évolution technique due au média Rotring désormais utilisé par JM... Le trait devient nerveux, sec, grinçant.

Azara m'a dit un jour que son encrage très sec et irrégulier (moins "rond") sur Taka Takata venait des ses plumes volontairement trafiquées et "limées" avant usage, et du coup grattant sur le papier. Lui en a fait un style...

Pour Martin, c'est moins dans l'esprit. Mais il va peu à peu orienter le graphisme dans cette direction là. Regardez attentivement les pages en noir et blanc (j'en ai de toues les années et c'est assez criant). C'est évident pour un graphiste, l'encrage évolue et n'est plus aussi beau au fil des années. Comme devant une sorte de lassitude. Je m'explique: le crayon demeure élégant, mais comme souvent quand on repasse sur le dessin en l'encrant, le dessinateur n'est plis vraiment "dedans". Pour beaucoup, c'est une étape fastidieuse: le plus important a été fait et on se contente finalement de "repasser" sur un dessin déjà fait, où le plaisir a été donné d'entrée au crayon.

J'ai pas mal d'amis Auteurs qui détestent "refaire" un dessin au crayon, pour eux déjà "fini", par exemple...

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