Les travailleurs de la mer est l’adaptation en bande dessinée par Michel Durand du roman éponyme de Victor Hugo.
Mess Lethierry est un armateur heureux. La Durande, son navire à vapeur, embarque des cargaisons quatre fois plus lourdes que celles transportées par ses concurrents. Homme probe, il veille à l'éducation de sa nièce Déruchette, dont les parents ont disparu. Mais voilà que le capitaine du navire le fait échouer entre deux rochers, afin de récupérer discrètement l’argent dû par un ancien associé de Lethierry et transporté ce jour-là. L'armateur promet alors la main de sa nièce au premier marin qui sauvera la Durande. Et voilà que Gilliat, un humble pêcheur secrètement amoureux de la jeune femme, tente et réussit l'impossible. En même temps, Déruchette tombe amoureuse du jeune et nouveau pasteur de l'île...
L'adaptation se veut très fidèle au livre. Et transformer un "pavé" de plusieurs centaines de pages en un roman graphique de 152 planches relève de l'exploit, d'autant plus que Durand a scrupuleusement respecté le texte d'Hugo. Du coup, la narration souffre de ce décalage. Ainsi, le combat homérique contre la pieuvre géante en perd de son dynamisme et de sa folie.
Pour ceux qui ne connaisse pas l'histoire, on ne peut que saluer l'hymne d'amour à la mer et ses travailleurs. Et Gilliat, par sa force et sa bonté, se révèle le merveilleux successeur de Jean Valjean. Guernesey trouve ici une vie et un corps. Quelle beauté !
Côté graphisme, Durand regarde du côté de Gustave Doré et de Chiffrat. Des vignettes en noir et blanc, constituées d'une multitude de traits, recréent avec un certain succès l'ambiance de l'édition Hetzel de 1869. Les bédéphiles ayant apprécié Manu Larcenet et son adaptation de
La Route trouveront ici leur bonheur à n'en point douter. Je regrette juste la qualité des visages, manquant de détails et au final quelque peu caricaturaux. Mais je fais ma chichiteuse en disant cela
Au final, nous avons ici un beau projet artistique, complet, ambitieux et abouti. Les libraires du réseau Canal BD ont attribué à l'ouvrage un "gros plan" dans
Canal BD magazine n°157, daté d'octobre et novembre 2024.
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