Delan a écrit:En substance, il explique que Fournier avait été choisi pour succéder à Franquin en raison du caractère gentil et poétique de sa série Bizu, (des critères chers à Charles Dupuis qui n'aimait rien plus que "le nid du Marsupilami") mais qu'il lui avait été très difficile de concilier ce caractère avec les exigences d'action de Spirou. Il rappelle les nombreuses critiques dont il a été la cible.
Il précise qu'il a été remercié assez inexplicablement alors qu'il était parvenu à un certain équilibre.
Quant à Nic Broca, il rappelle que s'il était honorablement reconnu pour ses compétences dans le dessin d'animation, il n'avait aucune expérience en matière de bandes dessinées qu'il n'avait jamais pratiquées. Curieux choix, que Delporte impute à l'inexpérience de De Kuyssche.
Il ne cache rien des dénigrements dont Broca a fait l'objet (lui et Cauvin, d'ailleurs) et dit qu'il a quitté la BD, amer.
Ce résumé est très bien
et voici l'intégralité du texte si cela vous intéresse :
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NOUVEAU CHANGEMENTM. Dupuis, l’éditeur, a songé au dessinateur d’une série qu’il aimait beaucoup, une histoire pleine de cette poésie naïve et fraîche qui lui semblait convenir aussi à Spirou. La série en question s’appelait Bizu, et le personnage le plus remarquable était le Schnokbul, une créature aux pouvoirs particuliers et pittoresques. Des récits tendres, avec un peu de magie, des personnages touchants, des aventures charmantes qui se déroulaient dans les landes de Bretagne. Car l’auteur est un Breton et fier de l’être.
Jean-Claude Fournier a donc été appelé chez l’éditeur qui lui a annoncé sa décision. Fournier a reçu la nouvelle avec un ahurissement sans borne. Il ne s’attendait pas à celle-là. Lui, le modeste auteur d’une série à succès plutôt moyen, on voulait qu’il succède à Franquin, le plus grand de tous les dessinateurs de sa génération ?
Spirou et Fantasio ont vite changé de tête.
JEAN-CLAUDE FOURNIER, UNE SUCCESSION DIFFICILEM. Dupuis a bien précisé : Fournier avait été choisi pour le style gentil de ses dessins et ses histoires. Mais il fallait que la série reste néanmoins dans le même genre d’univers que celui de Franquin, c’est-à-dire de l’aventure et de l’action. Il était difficile d’allier d’une part le tempo paisible, les thèmes gentils de Bizu et d’autre part le dynamisme, le suspense des récits de Franquin. Mais Fournier s’est lancé dans la série pendant dix ans. Puis, à sa grande surprise, un directeur l’a remercié.
LE STYLE DE FOURNIERLes personnages dessinés par Fournier sont plus ronds, plus simplement dessinés que ceux de Franquin. À la suggestion de celui-ci, Fournier a choisi d’habiller Spirou différemment suivant les circonstances ou le climat. L’idée a déplu aux services commerciaux.
ENCORE UN NOUVEAU DESSINATEURLe nouveau responsable du « concept » du journal Spirou venait du dessin animé. C’est tout naturellement qu’il porta son choix sur Nic Broca, qui n’avait jamais fait de bande dessinée mais était un spécialiste du dessin animé. Il se disait incapable de trouver un scénario. La première histoire a été écrite par Alain De Kuyssche, le rédacteur en chef de Spirou à l’époque (il signait d’un pseudonyme), puis on a fait appel à Raoul Cauvin pour les suivantes.
Nic Broca a fait son possible pour respecter le style de ses prédécesseurs. Il faut dire qu’il avait déjà adapté Tintin et Lucky Luke pour des dessins animés.
NIC BROCAHomme charmant et simple, bon vivant et modeste, Nic Broca s’est attaché à animer Spirou le mieux possible. Mais la critique s’est déchaînée aussitôt : on n’aimait guère son dessin, on n’appréciait pas les scénarios, Spirou était desservi par cette bande dessinée… Nic Broca a vite abandonné la partie et a repris son boulot d’animateur, où on ne lui adressait que des compliments. Il n’a pas gardé de bons souvenirs de la bande dessinée."
Bien à vous, Romuald