Oui ! Je n'ai d'ailleurs presque fait que cela, hier !
Cette dixième manifestation du festival se distingue, à mon avis, par la qualité et la diversité de ses expositions ou ses événements. Il est impossible de tout voir et je regrette, par exemple, de ne pas avoir pu assister "duel de dessins" que se sont livrés hier Zep et Lewis Trondheim.
Il est en tout cas difficile de dire quelle était la plus belle expo. L'événement était bien sûr la reprise des "
Mondes de Gotlib", qui avaient déjà attiré un nombreux public à Paris, mais j'en connaissais déjà le contenu (je me suis acheté le catalogue ce printemps). J'ai donc davantage été impressionné par "
Promenade à Trondheimland", dont le parcours suit un véritable labyrinthe et qui montre beaucoup de clins d'œil et de détails amusants. Il y avait aussi deux expositions de Ruppert et Mulot, intitulées la "
Visite des lycéens" et le "
Petit théâtre de l'ébriété" qui m'ont ravit grâce à leur inventivité et leur humour. Le thème de "l'ébriété", en particulier, était présenté d'une façon très astucieuse, en construisant une suite de dessins découpés qui était collés sur un pick-up tournant, et éclairés par une lumière stroboscopique. Cette suite de scènes composait au total une histoire complètement délirante, mais ceci n'est pas nouveau de la part de Ruppert et Mulot.
Il y avait aussi une exposition de Tébo, nommée le "
Tébo Show", qui faisait la part belle à l'humour enfantin de l'auteur. C'était d'ailleurs souvent les enfants qui guidaient leurs parents, pour l'occasion (tout comme moi, la plupart des adultes ne lisent pas Capitaine Biceps). Les "
Exercices de Style" de Matt Madden étaient exposés sur les 4 faces d'un cube construit à la place Riponne, et c'était certainement l'idée la moins originale du festival (d'autant plus que je connaissais déjà ce livre, dont les pages étaient exposées telles quelles). Les "
Périples masculins" proposaient en revanche à 15 dessinatrices de représenter l'homme tel qu'elles le voyaient, et le résultat étaient assez époustouflant. Beaucoup de leurs dessins utilisaient un support original, comme par exemple une valise, un meuble, ou des feuilles pliées au pied d'une statue. Indépendamment des qualités graphiques de chacune de ces dessinatrices (souvent peu connues) qui étaient assez variables, l'ensemble de ces créations produisait un effet de surprise qui stimulait l'intellect. Le message (féministe bien sûr) passait clairement au second plan, derrière la virtuosité de la forme.
Il y avait encore "
La Grande Guerre" de Joe Sacco, qui étaient exposée sous la forme d'une grande frise, comparable à la Tapisserie de Bayeux, et cette "lecture en marchant" était tout à fait originale. Et puis, signalons encore l'exposition "
Fragments", consacrée à Emmanuel Lepage, assez traditionnelle. Je l'ai parcourue très rapidement, même si cet auteur est sans doute un artiste de la BD, car le ne suis pas un grand admirateur des albums "Muchacho" ou "Névé". Ce n'est toutefois qu'un goût personnel.
Il y avait sinon des diffusions de films (consacrés certains auteurs), des entretiens du public avec des dessinateurs, des dédicaces, les bouquinistes, etc. Impossible de faire tout cela en un jour, bien sûr !
Le festival est en tout cas pleinement réussi.